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8 mai 2022 7 08 /05 /mai /2022 06:57
Shawna Erback, peintre surréaliste


 


 
 je suis enfantée du sang et de la glaise,
de la côte d’Adam,
d’une nouvelle orfèvrerie de lumière tissus en soupirs…
je regarde la lune, je tourne autour du soleil,
je dis à la pierre et au ciel mère,
et pourtant, je m’attache aux choses, aux états, aux éphémères créatures que je crée par hasard
la chute est en moi,
je sens son goût salé tel du sang
j’entends la voix de l’ange,
qui semble déserte…
de mes pleures il lui pousse
une nouvelle paire d’ailes,
je vois s'effondrer la lourdeur du péché,
l’air s’émacie jusqu’à devenir onde,
la larme purifie même si elle pleurait juste pour une seconde…
j’ai peur que mon ange  ne sonne trop tôt,
je ne peux plus ensorceler le temps,
des voix s’entendent dans mes veines
elles murmurent que la fin approche,
ô, qu’il me donne encore une saison, un automne,
qu’il me serre dans ses bras,
qu’il  me tende la main afin que je guérisse une pensée éternelle…
puis, je vais me montrer devant lui telle qu’il me veut :
dénudée, mais sans corps,
délivrée de tous mes amours …
je les regarde se ranimer :
des vierges bleues marchant
au-dessus des eaux de ma pensée,
fumantes, brûlantes,        
délivrant le temps pétrifié en secondes

© Elina Adam                                               
 
 
 

 

 

 

 

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7 mai 2022 6 07 /05 /mai /2022 06:43


 

 

Les dernières vibrations de cloche
dans le silence de l’abbaye,
nous enveloppent de sagesse et de paix
à l’heure des vêpres.
Elles s’étirent  sur un rayon de lune
s’élèvent vers l’infini,
se perdent dans les nues.
L’espace en conserve les ondes
les moines seuls les perçoivent
jusqu’à l’appel du prochain office.


©Eliane Hurtado                                                
 
 
 

 

 

 

 

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6 mai 2022 5 06 /05 /mai /2022 06:39


 

 

que disions-nous
à la marge de nos danses
quand nos brindilles défaillantes
frissonnèrent en une seule plainte

que disait-tu
à la marge du naufrage
quand rugissaient tes fibres
arquées d’incessantes bourrasques

que me disais-tu
à la marge de l’abîme
quand je braconnais le plaisir
sur tes vagues en abondance

que disions-nous
quand les ciels déposèrent
en provisoire offrande
leurs naufragés exaucés ?

©Claude Luezior
 
Extrait du recueil « Prêtresse » aux éditions L’Harmattan

 

 

 

 

 

 

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5 mai 2022 4 05 /05 /mai /2022 06:35


 

Réécrire le poème
Mille fois calligraphié.
Sur les lignes de ma vie
Défilent des paysages
Aux syllabes lacérées
Par les vents de la haine.
Interlignes ravinés
De larmes d’orage,
Vocables grugés
Par les marchands du temple,
Accents travestis
Aigus de violence,
Marges biffées
A l’encre noire de la géhenne
Sur des feuilles blanches froissées,
Bréhaignes des promesses envolées.
Je n’ai de cesse
De lier les lettres
De pétrir le verbe
L’assouplir
De l’union des coeurs
Sous la lumière amie de l’éveil,
Que renaisse le poème
Aux sillons germinés
De mots phares
Eclos de pensées racines,
Prémices de fleurs humaines.

©Nicole Portay


Extrait du recueil : Les racines du miel - Editions les Poètes français
 
 

 

 


 
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4 mai 2022 3 04 /05 /mai /2022 07:38


De la source à l’estuaire
coule la Seine transparente de lumière
Fille de l’onde tu t’éveilles
le gris-bleu sur les paupières
Nymphe tu redessines les berges
quand l’échappée devient belle
Danse nef de Lutèce
dans les bras de Sequana.

 

 

Née des larmes d’une nymphe poursuivie par un satyre, Sequana* , fleuve d’histoire, de légendes et de poésie, coule depuis ses sources jusqu’à l’estuaire

 

Demi-vêtue quand vient le printemps, tu franchis ponts et passerelles.


Avec un brin d’audace et le mépris du danger, tu nargues parfois le merle siffleur et les moineaux de Paris.


Arrivée à la passerelle Simone de Beauvoir, tu deviens chef-d’œuvre raffiné portant sur les plats de ta reliure les gemmes, l’or et l’argent.


Au couchant, ta tranche s’orne de garance laissant par instant fleurir la dorure ciselée d’une fibule.


Habillée de bon vélin, tu vogues vers la pointe de l’île Saint-Louis.


Le croisement d’un regard, un frisson qui court sur la berge ; ainsi passe ta beauté, chatoyante dans ses éclats fugitifs.


De remous en remous, telle une fille sauvage, tu files au Pont de Sully.


A l’approche du Pont Marie, tu resterais bien dans la douceur bleue d’une Madone, mais il te faut saluer la gloire hautaine des grandes et nobles familles.


Vêtue de soie, tu fais un pas de danse au Pont d’Arcole.


Emplie de volupté au parfum délicat, tu laisses éclater ta joie.


Tu presses le pas pour arriver à l’heure au Marché aux fleurs.


En tablier bleu, le jardinier a cueilli pour toi, Sequana, jonquilles et tulipes multicolores.
Tu glisses la mieux épanouie dans ton livre d’heures.

Au Pont au Change, tu es éblouie par la Sainte-Chapelle, merveille de l’art gothique.


Tu empruntes un cheval de fiacre pour traverser l’île de la Cité et rejoindre les bouquinistes quai des Grands Augustins.


Le temps d’un soupir, tu croises les belles dames qui se poudrent aux miroirs chez Lapérouse. Vite lasse des plaisanteries salées et des propos musqués, tu retrouves le Pont Neuf.

 

Dans le bruyant concert des mouettes en exil, tu observes le perpétuel va-et-vient d’une foule sentimentale.


Tu caresses des yeux le Vert-Galant en son logis de verdure.


Là, sûre de toi, tu deviens Sirène aux écailles brodées.


Sous le pinceau de Paul Signac, tu arrives au Pont des Arts où le peintre néo-impressionniste fait, par ses harmonies et arrangements rythmiques, palpiter ton cœur.


Entre le musée du Louvre et l’Institut de France, tu apparais naïade aux yeux verts.


Insouciante, tu as la grâce dansante d’une indomptée.


A peine sortie d’un songe, tu portes une jonchée de roses aux Immortels de l’Académie.

 

Tu rêves des sources déjà lointaines qui, goutte à goutte, ruissellent jusqu’à Lutèce :
Sequana !
Sequana !


Avec les nouvelles clartés printanières, de légères demoiselles te contemplent de la balustrade des Tuileries.

 

Belle et scintillante dans ta nudité, tu fais une révérence au Pont Royal.


Jolie frimousse,
tu chantes au gai matin
sans t’inquiéter du lendemain.

 

Au Pont de la Concorde, tu dresses ta nappe de lumière, et les peupliers bruissent sur tes berges familières.


Seul, un anneau de fer attend le lourd chaland en provenance de l’estuaire.

 

Passent les jours, les semaines et se termine ta longue promenade : sept cent soixante seize kilomètres et six cents mètres je crois.


Mais ta curiosité demeure lorsque, de ta rive gauche, tu aperçois Honfleur, cité des peintres qu’il serait trop long de citer : Boudin, Daubigny, Jongking, Marquet, Seurat, Luce et bien d’autres.


Tu nous offres une dernière image avec une peinture de Félix Vallotton qui, depuis la Côte de Grâce, exécuta, en 1910, une huile sur toile : Vue d’Honfleur matin d’été.


La Seine déroule son ruban d’argent, ravie d’épouser l’immensité intime de l’estuaire.

 

VISUEL : Figuration de la Seine. Bas-relief de Jean Goujon, conçu à l’origine pour la fontaine des Innocents à Paris, et conservé aujourd’hui par le musée du Louvre.

 

©Roland Souchon    
février 2022
 
 
 
 

 
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3 mai 2022 2 03 /05 /mai /2022 06:58
ccfd-terresolidaire.org/guerre-en-ukraine-la-souffrance-de-lexil-jeudi

 

 

Nuit profonde nuit nourricière
n’oublie pas de la terre tes enfants
Ils ont grand besoin de tendresse
Ils ont peur ils ont froid ils ont faim

 

Offre-leur ton sein bleu qu’ils redressent la tête
se grandissent de rayons qui émettent la vie
Déverse dans leurs âmes ta compassion de ciel
fais naître de tes doigts des lunaisons nouvelles

 

Unis-les berce-les de tes bras d’univers
Fais preuve en ta bonté de tolérance ouverte
qu’elle féconde régénère le fond des étangs lisses

 

Nuit éprise de silence calme nuit salvatrice
quémande notre salut promets-nous délivrance
car si l’humain s’oublie c’est qu’il ne se sait plus
depuis quand déjà, et si longtemps depuis

 

qu’il foule aux pieds l’amour… Use de bienveillance
guéris-le caresse-le rabaisse ses caquets
et lève de son sang versé
                           une semence d’étoiles.

 

©Jeannine DION-GUERIN

 
   
 

 

 

 

 

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2 mai 2022 1 02 /05 /mai /2022 07:00
Chasse à coeur - Sculpture d’Etienne Fatras©


 


On ne voit d’abord que la tension du corps
L’arc et les membres ont la même courbure
Celle de la course est de même allure
C’est l’ultime instant où se joue le sort.

Le regard, le bras, la flèche, sont alignés,
La cible, elle, encore ne sait rien,
Elle ne sait pas qu’a l’instant sa vie va basculer
Et qu’un autre monde s’ouvre que le sien.

L’arc est une métaphore
L’archer peut-être Eros ou Diane
Ce regard qui vous transperce le cœur
Ce coup de foudre qui vous a mis à mort
Fait de vous un autre homme ou une autre femme
Et vous ne voudrez plus que son bonheur.
 
©Etienne Fatras    
Sculpture et poésie                                  
 
 

 
 
 
 
 
 
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1 mai 2022 7 01 /05 /mai /2022 06:56

Quelle chance d’avoir Jeanne parmi mes poètes et abonnés, ce jour, elle nous propose son roman avec la 4ème de couverture signée Claude Luezior et deux recensions :


Recension de Louis Delorme en 2017
et recension de Michel Lagrange POUR LA RÉÉDITION de ce livre en 2022

 

 

 


UN TRAIN POUR ODESSA-Jeanne Champel Grenier
                                                     Lecture de Louis Delorme

 

              Comme le dit Michel Lagrange dans sa lettre adressée à Jeanne Champel Grenier, on ne distingue pas ce qui est vrai de ce qui est imaginé, parce que tout est vérité dans ce livre émouvant !
Tout y est : la culture russe, les détails de la vie, la simplicité du quotidien, l'authenticité des personnages divisés en pro-ukrainiens et pro-russes, les horreurs du ''soviétisme''. Une documentation riche et précise nous permet de recréer les scènes, de suivre l'itinéraire de cette européenne : Anne, originaire du sud de la France et, qui, par ce voyage d'agrément en Russie, va au-devant de son destin comme si celui-ci était tracé de toute éternité.
             L'auteur est sous-jacente dans le personnage car elle y a mis beaucoup d'elle-même, de ses connaissances sur l'art, de ses propres activités de peintre et de poète. Mais elle a reconstitué à merveille l'atmosphère de la vie russe et des conditions d'existence dans un milieu où la liberté est loin d'aller de soi. L'histoire est bouleversante. L'amour profond d'Anne et de Nikholaï nous touche jusqu'aux larmes. Leur scène d'amour, page 51, est un morceau d'anthologie, d'une délicatesse inégalée, d'un érotisme poétique de la meilleure facture. C'est Anne, l'héroïne, qui raconte ;
« des mots russes passaient furtivement comme le lièvre des neiges sur ma peau et je sentais la chaleur de son haleine qui faisait courir des frissons de désir dans tout mon corps, et puis ce fut la suite haletante, la traque du saumon sauvage entre les pierres des cascades, la fuite malicieuse de la zibeline au creux secret des steppes et l'extase enfin oû nous nous retrouvions tremblants et couverts de sueur en plein cœur de notre feu intime dont les flammes baissaient un peu et dont les braises allaient couver jusqu'à la prochaine étincelle. »
Comme cela est sobrement dit !
             On se passionne pour cette équipe d'artistes : hommes et femmes qui ont voué leur vie au chant et à la musique et qui s'en vont donner des concerts de ville en ville. On les suit dans leurs tournées. On rêve avec eux devant la beauté du pays ; on se réchauffe à leur amitié. On tremble lorsque l'histoire tourne au cauchemar, à cause du régime totalitaire dont les prétendues investigations cherchent à faire un coupable idéal d'un innocent qui déplaît pour son sens élevé de la liberté de pensée et de parole. Le procès de Vichinsky ne date pas d'hier. Le goulag est, et demeure l'épée de Damoclès de ce pays.
Avant même les évènements que l'on sait à ce jour en 2017, l'auteur a eu la prémonition de ce qui attendait l'Ukraine dès 2014, date de l'écriture de ce roman.
             Cette histoire se lit d'une traite ; on ne se résout pas à en détacher ses yeux avant d'atteindre le point final ; et elle nous laisse une impression de plénitude, d'accomplissement, avec son dénouement imprévu. Un roman qui met en exergue la force de l'amour, celle de la liberté, celle aussi de la résilience. Un livre où la poésie ne perd jamais ses droits : les poèmes que Nikholaï écrit à destination d'Anne semblent avoir été traduits du russe. Une telle histoire pourrait très bien avoir fait la une des journaux, tant sa réalité est prégnante.
« Un train pour Odessa  » de Jeanne Champel Grenier : un livre à lire absolument.

                                                                        Louis Delorme (05 mai 2017)

 

* * *

 

Un train pour Odessa - Jeanne Champel Grenier
                   Livre édité en 2015, réédité en avril 2022 en rapport avec la guerre en Ukraine
                            ISBN 9 782382 682302- Edition France Libris - Prix 9 euros

                                                            en faveur de
                                      La Voix de l'Enfant -URGENCE UKRAINE
                                BP 301-75464 Paris cedex 10- CCP 15 301 75 P Paris

                                                  
                                                    Lecture de Michel Lagrange

             Le titre de ce livre : ''Un train pour Odessa'' prend aujourd'hui une actualité brûlante autant que tragique. Ce titre fait penser, allez savoir pourquoi, au ''Docteur Jivago''. Il y a des mots qui portent en eux une lumière et une aura non seulement géographique mais spirituelle. Et ce visage tendu sur la couverture du livre, aux yeux fermés, est d'une tension merveilleuse. Avant de lire ce livre, on est impatients, fébriles, comme si l'on embarquait sur le quai du Destin. On sait que ce sera de ces voyages qui changent le voyageur, et que l'on sera ''voyagé'' comme me le disait le peintre Soulages, plus qu'on ne voyagera....
                                                
             Je viens de redescendre du train pour Odessa. Ce fut un beau voyage atout cœur. Il y a des livres qui ont des intuitions qui échappent à leur auteur. Qui lèvent comme des fleurs prématurées alors que la neige épuise ses dernières blancheurs. Ce ''Train pour Odessa '' est l'un de ceux-là. L'histoire lui a donné, non pas un train d'avance selon un jeu de mots facile, mais une longueur d'avance, celle de l'intuition qui visite les vrais créateurs.
             Lire ce livre aujourd'hui lui confère une plénitude qui était en germe dans ses lignes. J'ai ''découvert'' ce livre cette fois-ci avec grande émotion. J'ai voyagé dans la ''longue fermeture éclair noire'' de l'enfilade des wagons, j'ai été associé à la bonne humeur affectueuse de mes compagnons de route ferroviaire, j'ai trinqué avec eux. Le bruit des rails et leur psalmodie géniale : ''Tolstoï Dostoïevski, Tolstoï Dostoïevski...'' je la garde au cœur encore et encore...Je pense à la Prose du Transsibérien'' de Blaise Cendras, musicalement parlant. Car la musique n'est jamais absente de ces phrases si sensibles, si tendres.
             Il y a dans l'oeuvre d'un écrivain un voyage qui paraît surpasser les autres, parce que les conditions sont réunies pour que le mot ''chef d'oeuvre'' vienne aux lèvres. Et de cela l'artiste n'est pas forcément conscient, je dirais même responsable. L'oeuvre lui échappe. Il y a une sorte de coïncidence épatante entre le projet, les moyens mis en œuvre, et le but envisagé. Celà me paraît le cas avec cet ouvrage de prose et de poésie mêlées comme les eaux d'une rivière généreuse.
               Les images s'envolent par les fenêtres mal jointes du train, celle, entre autres, de ces ''oiseaux...buvant la neige de leurs plumes''...Que de belles images, dont la beauté paraît naturelle, naïve au bon sens du mot ! Ou celle-ci, dans une remarquable scène amoureuse : ''il parlait dans mes cheveux''...On ne peut qu'admirer la justesse, la sainte simplicité de cette vision, de cette musique.
              L'incarcération due au sadisme politique d'un univers infernal est douloureusement ressentie par le lecteur. Quand le cerveau innocent lutte pour survivre et devient ''machine de guerre'', on est dans la résistance et cela fait se lever dans nos mémoires de nombreux témoignages russes et étrangers, ou français. Résistance, ce que l'on voit, ce que l'on vit aujourd'hui dans une Ukraine martyrisée.
               La fin inattendue de cette histoire ajoute l'horreur à l'horreur d'un régime inhumain jusqu'à l'extrême.
               Un sincère '' spassiva '' à l'auteur pour ce grand petit livre.
                                                                                                          
                                     Michel Lagrange
                          Lauréat de l'Académie Française

 

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30 avril 2022 6 30 /04 /avril /2022 06:44


 

Traduction de Béatrice Gaudy

 


Quand les enfants à naître et les morts
votent plutôt deux fois qu’une
Ou quand le pouvoir en place
fignole une loi
qui interdit à tous les candidats
qui ne pensent pas ainsi que souhaité
de se présenter à de futures élections présidentielles
Les urnes ne chantent pas
elles hurlent la mort de la démocratie

 

    * * * * * * * *


 La Urna

 

Quouro loù efant e loû mort
voten plutot dua ve qu’uno
O quouro lou poudei en plaço
fignolo uno lei
que interdi à toû loû candidat
que ne pensen pas coumo desira
de se presenta à de futura elecci presidenciala
La urna ne chanten pas
la urlen lo mort de lo demoucracio


©Béatrice GAUDY                  
 
 
 

 

 

 

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29 avril 2022 5 29 /04 /avril /2022 06:36

Gérard le Goff, La raison des absents, Éditions Stellamaris, 2022. - Recension de Sonia Elvireanu

 

 

Après Argam, un roman très complexe en tant que structure narrative où le réel et le fantastique se côtoient dans une intrigue difficile à démêler, Gérard le Goff nous propose La raison des absents.


C’est un roman moins compliqué que le précédent, écrit à la première personne, focalisé sur l’histoire du personnage narrateur, Étienne Hauteville. Dans Argam, le romancier fait preuve d’une imagination débordante pour créer le côté fantastique du récit. Dans La raison des absents, la vision est réaliste, cependant son attraction pour l’inconnu et le mystère  transparaît dans le penchant vers le rêve de son personnage.


Gérard le Goff met à l’œuvre son talent pour raconter et décrire dans une fiction où le présent et le passé se mêlent pour nous faire comprendre leur réciprocité , que la vie elle-même ne suit qu’un modèle préexistant comme toute chose d’ailleurs. Il fait preuve d’un exceptionnel esprit d’observation, dévoilé dans ses remarquables descriptions de lieux (villes, hôtels, plages) et de gens. Il regarde à la manière de Balzac tout ce qu’il voit, attentif au moindre détail du réel.


En effet, le romancier s’avère un véritable peintre de l’atmosphère de la station balnéaire avec son fourmillement de vacanciers en saison estivale et la monotonie automnale et hivernale des plages, rues, hôtels, cafés, désertés après le départ des villégiateurs. On pourrait croire d’après la minutie de la description à la peinture de lieux bien connus par l’auteur mais, comme on ne connaît pas sa biographie, on se garde d’avancer l’idée d’une possible autofiction. De toute évidence, l’auteur excelle dans la description, réussit à rendre à merveille des scènes panoramiques aussi bien que d’autres plus intimes.  


Le romancier retrace la vie d’Étienne Hauteville, le personnage narrateur qui évoque sa vie à Balmore où il s’installe suite à une lettre reçue de son oncle Bértrand pour occuper un emploi dans une compagnie d’assurances. Le roman commence juste par l’abandon d’une ville connue pour une autre inconnue où se trouve le poste recommandé. Très fin observateur de la réalité, le romancier parsème la narration de multiples descriptions pour rendre la couleur locale et faire le portrait de ses personnages. La perspective panoramique sur les paysages, villes, hôtels, brasseries, plages, vus de l’extérieur, alterne avec le premier plan des pièces de la compagnie d’assurances, des hôtels, des cafés, vus de près, dans leur ambiance intérieure.


Débarqué à Balmore, le narrateur observe les édifices et les gens de la place de la gare avec l’étonnement du déjà-vu. Ce lieu lui semble familier et va provoquer chez lui le surgissement des souvenirs. Il a la sensation de se retrouver dans le décor de Sandre, sa ville natale, de voir une reconstitution de celle-ci, malgré l’apparence de prospérité de Balmore s’opposant à la vétusté de Sandre.

Mirage optique, clin d’œil de la mémoire qui lui délivre des souvenirs à la manière de Proust (lieu, musique)?

La mémoire s’interpose dans la perception de la ville inconnue qu’il parcourt. Plusieurs lieux lui semblent pareils à ceux de son enfance. L’impression de répétition (bâtiments, gens, atmosphère) lui donne un sentiment d’angoisse, renforcé par la conscience qu’ « aux souvenirs précis succédaient des séquences irréalistes ». Le personnage se retrouve simultanément en des lieux et des temps différents sous l’injonction de la mémoire, dans une sorte d’irréalité de l’espace qui se découvre à lui.


Accueilli par son patron, monsieur Favre, il observe aussitôt l’atmosphère monotone et ennuyeuse de son lieu de travail : les pièces où s’entassent les meubles et les dossiers poussiéreux, conscient du manque de perspective d’une telle condition qui rend captif, anonyme tout employé.

 Obsédé par la ressemblance entre les deux villes, Sandre et Balmore, Étienne Hauteville commence à explorer le nouvel espace où les lieux lui rappellent ceux de son enfance. Il se rend compte que les deux villes sont des stations balnéaires où l’atmosphère, les bâtiments, les occupations, les villégiateurs sont pareils. Esprit contemplatif et très fin observateur, il décrit lieux et gens de loin ou de prêt, même une vieille peinture à l’aspect de caricature mythologique.


Le narrateur retrace de mémoire l’histoire de sa famille (grands-parents, parents), la sienne aussi. Il nous donne aussi son portrait fait par son instituteur : un enfant un peu rêveur, singulier, sans amis, indifférent à tout, asocial. Au collège il se nourrit de livres d’aventures et vit dans l’univers imaginaire de ses lectures.

Il se distingue du modèle familial et provoque l’incompréhension de ses parents.
Le récit de sa vie à Balmore alterne avec celui de sa famille à Sandre.


Le lecteur suit donc en parallèle le passé du personnage, reconstitué par ses souvenirs, et le présent, à savoir le quotidien d’un simple employé. Etienne Hauteville emménage dans un appartement loué chez un cordonnier, qui lui rappelle son grand-père maternel. En racontant la vie de ses parents et la sienne, le narrateur commente ses multiples identités à différentes étapes de sa vie. Enfant esseulé, taciturne, apathique, indifférent à son entourage, bizarre pour tous, y compris sa famille, dès ses classes primaires. Collégien maussade, fermé, fuyant toute forme de vie sociale ou familiale, un misanthrope, mais intéressé aux livres d’aventures, vivant dans l’imaginaire. Puis, lycéen tout aussi apathique mais qui découvre tout de même le côté divertissant de la vie.

 

Amoureux, cependant, qui fera d’Hélène son élue, partageant un certain temps avec elle l’illusion de la passion, elle qui sera le seul témoin de ses territoires de songe. Étudiant sans volonté, enfin, sans aucun appétit pour les études et l’existence réelle. Il se tient toujours en marge de la réalité sociale, n’ayant aucun idéal, attiré par le côté énigmatique des lieux déserts qu’il explore, en tant qu’enfant comme en tant qu’adulte.

Le narrateur ne nous cache rien concernant sa vie de débauche suite au renoncement aux études supérieures pour partir « sur des routes insupçonneées », après deux drames survenus dans sa famille (la maladie et le décès de sa mère, le suicide de son père, tombé dans une léthargie maladive après la perte de sa femme). Il mène une existence déréglée par l’alcool, le manque de sommeil, les maux de tête, l’épuisement, la fréquentation d’une bande de cambrioleurs. Il découvre ainsi un autre aspect de son altérité. C’est son oncle, soucieux de son destin, qui met fin à cette étape déplorable de sa vie en lui proposant le poste dans la compagnie d’assurances de Balmore, réinstaurant l’ordre dans sa vie.

Son emploi règle sa vie monotone avec la sensation que le temps passe inutilement, car il n’aime pas vraiment son travail. Cependant il s’acquitte honorablement de ses tâches quotidiennes. Mais sa vie sera bientôt troublée, déréglée par sa rencontre avec un pianiste russe, qui mène une vie de bohême, et avec une inconnue fascinante qui gravite dans son entourage. Le romancier nous présente ces deux personnages : le pianiste avec sa vie nocturne dans les boîtes et Laura, une journaliste de guerre, tous les deux avec une riche expérience de voyageurs et issus de milieux sociaux différents. Le narrateur n’est pas lui non plus étranger à ce type de vie, il se souvient de ses errances de jeune homme dans les grandes villes françaises.

Amoureux, Étienne Hauteville perd la tête et entame une liaison frénétique avec Laura. Il partage difficilement son temps entre son travail le jour et ses excès la nuit. Comme il se tient à distance de ses collègues, l’un d’entre eux, le comptable, le surveille pour le discréditer aux yeux de son patron et lui faire un rapport malveillant qui mène à son licenciement.

Le personnage vacille entre un monde trop réel et un autre irréel, celui du rêve, de sa fantaisie, attiré par le côté inconnu, énigmatique de la vie, exploité à merveille dans son premier roman, Argam. Le personnage narrateur voit le réel comme un spectacle de théâtre. Il peint avec finesse et plaisir des scènes, tel un peintre qui rend sur sa toile le mouvement, l’agitation, la rumeur des gens sur la plage, dans les rues, dans les bars, mais aussi les décors : paysages flous ou intérieurs de villas, restaurants, bars. Il vit dans le réel comme dans un décor irréel, car il ne se sent pas à l’aise dans le social, ni dans une ville balnéaire avec le bourdonnement de la foule de touristes qui l’envahit en été.


Le roman finit par une scène qui rappelle le commencement. Le personnage quitte la ville de Balmore pour une destination qu’il ne dévoile pas au lecteur. Il apprend par la suite la mort de Laura au cours d’un reportage concernant une quelconque guerre, par accident, en lisant un vieux journal, tout comme il avait appris le décès d’Hélène dans un accident de voiture. Les deux femmes tant aimées, qui auraient pu décider du cours de sa vie, ne sont plus que des souvenirs. Le destin a suivi son cours pour lui faire finalement comprendre que « les absents ont raison », d’où le titre du roman.

Des mots en italique au fil du roman suggèrent le côté mystérieux de la vie, la perception de l’auteur qui s’introduit ainsi dans le texte pour inciter ses lecteurs à réfléchir sur les perspectives différentes de l’existence : la vie prise au sérieux ou la vie comme jeu au gré des circonstances qui mènent le jeu.


La raison des absents est un livre sur l’identité /l’altérité du personnage. Pourrait-on oser entrevoir derrière le personnage, en quelque sorte, l’auteur même ? Et dans les descriptions et l’atmosphère du roman une fresque de la vie dans les stations balnéaires ? À chaque lecteur sa perspective de percevoir le roman.


©Sonia Elvireanu                 
 


 
 
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  • Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...
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