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25 octobre 2015 7 25 /10 /octobre /2015 07:50
La guerre – Abderrahmane Zakad
 
 
 
 
Je pars ce jour à la guerre
Sans savoir pour qui je me bats
On me dit qu’il faut la faire
C’est loin d’ici c’est là-bas
On laisse mourir les Palestiniens
On les enferme dans des murs
L’Otan, le juifs, les américains
S’entendent pour que cela dure
Je vais combattre les afghans
Je me demande ce que je vais y faire
On dit que ce n’est pas le Michigan
Ni nos forêts buissonnières
C’est la guerre des américains
Je n’y vais pas dans la joie
Ceux qui sont morts à Verdun
Au moins ils savaient pourquoi
Je voudrais que tu me jures
Surtout de ne pas m’oublier
Je ne sais combien elle dure
Compte les jours dans le sablier
Je verrai tomber nos hommes
Loin du pays ils seront seuls
Tu mettras dans ton album
Nos larmes ainsi que les deuils
Je verrai d’autres mourir encore
De jeunes  afghans de 20 ans
Des corps enchevêtrés aux corps
Leur sang mêlé à mes tourments
Si je dois mourir ma belle
Hélas ! Ce n’est pas pour le bien
La mort est chose cruelle
Surtout quand on meurt pour rien
  
A mon enterrement sois austère
Tu recevras une belle médaille
Tu iras au grand ministère
Pour la rendre à ces canailles
 
Si j’échapperai au trépas
Je te raconterai ma détresse
Je caresserai notre chat
De ma main souillée qui pèse
Je t’écris ce chant d’amour
Que je partagerai avec toi
Retiens-le et à mon retour
Je te le mettrai au doigt.
 
©Abderrahmane Zakad
Extrait du recueil : « Le Patrimoine »



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25 juillet 2015 6 25 /07 /juillet /2015 06:43
Un recueil d'Abderrahmane Zakad
Un recueil d'Abderrahmane Zakad est sortie pour le Festival de la culture arabe qui se déroule à Constantine (Algérie)
 
Question pour un champion :
 
A QUOI SERT LA POESIE ?
 
 
Introduction et 4eme de couverture
 
« ..Le contact du peuple avec les contes et la poésie suscite un rythme respiratoire, des tentions musculaires oubliées et développe l’imagination. Chaque fois que le conteur expose devant son public un épisode de la vie de son peuple, on assiste à une réelle invocation », écrit Frantz Fanon dans Les damnés de la terre.
A propos de la poésie maternelle, Youssef Nacib note: «Nombreuses et anonymes furent et demeurent les poétesses en Kabylie. Elles ont excellé dans la chanson d’amour mais aussi dans le chant de travail. En tournant le moulin à bras pour écraser son orge, en tissant, en modelant l’argile, en ramassant les olives, la femme kabyle chantait... Mais la création poétique féminine la plus spontanée et la plus concise se rapporte à ce que la mère a de plus cher: son enfant. Ce genre est, sans conteste, un des plus anciens de la littérature orale amazighe. Les mères ont langé, bercé et protégé leurs bébés antérieurement aux acculturations successives qu’a vécu le massif kabyle.»
Depuis la nuit des temps, les contes, les chants, la poésie ont été pour les sociétés un moyen pour alléger les souffrances, défendre le territoire, renforcer l’identité et la culture. Dès le déclenchement de la Révolution Algérienne, les autorités coloniales ont procédé à l’arrestation systématique des meddahs dans les douars et les souks. Par leur méthode d’exposer et le contenu de leurs récits, ils alertaient le peuple en  favorisant l’éveil.
A quoi sert la poésie ? On pose parfois la question. On pourrait demander aussi bien à quoi sert une quacida d’El Anka, le malouf ou une pièce de théâtre. Qui n’aime pas  la poésie, surtout celle chantée. Que c’est beau Hyzia, ce  poème d’amour écrit par Benguettoune en 1880 et que chantait Khellifi Ahmed. Que  c’est envoûtant l’Achwiq que lançaient les femmes de Kabylie pour conjurer le sort. Les poètes, les écrivains, les artistes ont projeté d’étonnantes lueurs sur leur époque. Sans eux les peuples se replieraient sur la solitude. (A.Zakad)
 
  
Mémoire de Constantine - Abderrahmane Zakad
 
En 100 vers et pour 1.000 raisons,
 je vous parle du Rocher de Constantine, la Vieille Ville,
qui subit les effets du temps et l’action destructrice des hommes. (A.Zakad)
 
 
1
 
Le Rocher s’entête à fasciner les voyageurs
Imprenable site aux généreuses faveurs
Que de livres et de chants ont raconté la ville
Sur le rythme du malouf aux paroles sublimes.
 
Ville écrasante aux odeurs lascives. Toutes.
Figée dans ses pierres, cernée par ses doutes
Je l’ai connue autrefois bien avant sa détresse
Mon cœur s’emballe en y revenant sans cesse
 
Le rocher aux quatre vents se noie sous les nuages
Les trombes d’eau s’écoulent et s’affrontent en apanage
Les ruelles absorbent ce qui reste de mémoire
Entraînant dans les flots les brins de paille et la gloire.
 
Violé sur La Brèche par la France de Napoléon
Le rocher garde encore les plaies pleurant le sang
Conquis par traîtrise par la poudre et le fer
On le raconte encore lors des veillées l’hiver.
 
Que peut-on dire aussi de cette ville légendaire
Hormis ses antiques souvenirs mêlés à la terre
Aux hommes qui l’on trahie à ceux qui la vénèrent
Tous gardent dans leur mémoire les odeurs millénaires.
 
Quand les martyrs de Novembre viendront visiter
Les hauteurs identitaires et la Souika héritée
Du peuple les soutenant dans la ville et dans les monts
Ils retrouveront les mots de ceux qui ont fait le serment.
 
Les cœurs sont aigris à mesure que le temps passe
Une histoire qui ne s’écrit plus sur les cahiers de la classe
Le Rocher s’effrite. En poudre. Ses rêves fuient la nuit
Les gens qui s’effacent et s’en vont sans faire de bruit
 
Serait-ce la vengeance de Massinissa dans Cirta
Capitale de l’aguellid que Syphax défait convoita
Est-ce venger la trahison de Sophonisbe promise
Par Carthage de Didon et Scipion en entremise.
 
C’était me diriez-vous un site noble et fier
Oui pardi c’était ! Mais cela était naguère
Aux hommes d’aujourd’hui qui ne sont plus les hommes d’hier
Leur dette est de redonner la joie dans les chaumières
 
2
 
Et sur le Rocher qu’évitent les cigales
Un crépuscule pèse comme une dalle
Les pensées s’envolent, dispersées
De ces femmes traînant leur passé.
 
Leurs yeux parlent et exposent
Leur regard qui cache les choses
Comme dans leur cage les oiseaux
Coulent leur peine et leurs sanglots.
 
Femmes devenues étrangères
Figées dans le patio qu’elles gèrent
On ne les reconnaît plus le soir
Furtives ombres dans leur voile noir.
 
Ces femmes citadines qui faisaient du tricot
D’autres sont venus ne connaissant pas le mot
Des fortunes se sont faites, tel le vol du Condor
Toutes ailes déployées, devant le ouali qui dort.
 
Leur douleur tue s’est brisée
Elle chute dans le Rhummel irisée
Leurs larmes deviennent de l’eau
Au pied du Rocher vu d’en haut.
 
Je connais les chemins pour avoir cheminé
Donné aux mains tendues une obole espérée
Dans les souks flânant j’ai entrevu encore
Les appels des yeux les plaintes et les remords
 
L’imposant Rocher aux couleurs perdues
Son histoire portée par des mains ardues
Qui paraphent les murs en évitant la haine
Susurrant un passé dans une morne vie qui traîne
 
Ou sont-elles les hirondelles d’antan ?
Celles qui annonçaient le printemps
Les unes partent pour ne plus revenir
Les autres reviennent pour y mourir.
 
3
 
Le Rocher n’est pas un cercueil qu’on ballotte
Des sages l’avaient honoré Ferhat Abbas était l’hôte
Brûlent encore dans son âme des amours hiziens
Et des intelligences vives que rien ne détruit. Rien.
 
Les porteurs d’écriture qui avaient peint le Rocher
Son palais et son bey et qui avaient tant fait chanter
« Au Café » de Mohamed Dib « Nedjma » de Kateb Yacine
« Les zéros tournent en rond » et la culture décline.
 
Se souvient-on encore des soirées de velours
Les fêtes colorées et les juvéniles amours
Les youyous stridents et le soyeux des tresses
Et les rimes féminines qu’aucune parole ne blesse.
 
C’était au temps où le Rocher chantait
C’était au temps où les ancêtres hantaient
Les esprits et les âmes du peuple algérien
Ce peuple connu, jadis, pour son art et pour le bien.
 
Ton souvenir n’est que remords et reliques
Ou dorment les joyaux d’Amour mélancoliques
Que j’ouvre à genoux pour voir un trésor
Tout un passé dans l’ombre étinceler encor
 
Comme un écho profond ce souvenir en moi persiste
Le reproche est bavard, la rancune s’incruste
Je ne dis rien sinon que je suis triste
De voir le Rocher en ruine et sinistre.
 
En attente une jeunesse monte. Changera-t-elle le décor ?
Les mots doux vont pousser sur les ruines et encor
Les idées fleuriront drues en torrents Rhumméliens
Car ceux qui sont morts seraient-ils morts pour rien ?
 
Plus une seule larme à me mettre aux paupières
Ouvrant les bras au ciel comme une paire d’ailes
J’offre le muguet de mai au Rocher sans manières
Et c’est triste qu’aujourd’hui je vous parle d’hier.
 
©Abderrahmane Zakad
 

 

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Un recueil d'Abderrahmane Zakad
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26 avril 2015 7 26 /04 /avril /2015 07:14
Les nuits de Bougie - Abderrahmane Zakad
 
 
 
La rue est déserte, une porte rugit,
Le vide envoûtant des nuits de Bougie.
Nuits sans mouvements, sans bruit et où l’air
Mélange son parfum à l’iode de la mer.
 
On frôle distrait les verdures dans l’ombre
Et les rythmes digitales bourgeonnant de poésie
Epanouies de floraisons de senteurs sans bornes
Bougie ! Bougie ! Nuits d’été et frénésie
 
Le frisson des ramures que love l’alizé,
L’orgueil de l’ipomée pour l’abeille câlinée,
Le musc arrogant du galant de nuit,
La cigale qui craquette, la luciole qui luit.
 
S’entend la mélodie d’un rire velouté
D’une femme romantique et charmeuse.
Il pleut la mélancolie tombant du ciel voûté,
L’ambre et le benjoin sur la cité radieuse.
 
Piaffant et roucoulant près d’une porte close
Un amoureux transi qui piétine les roses
La femme s’esclaffe, chaste et puritaine
Vive et sensuelle sans être hautaine
 
Le chant tragique d’un luth s’atténue
Emportant vers le large la musique et le rythme
Il garde à l’horizon sur la mer et aux nues
La mémoire antique en des pics charnus
 
Le mouedden appelle et s’entend tout près,
Un passant se hâte, l’ombre décroît,
Une chatte, sans ombre, se retire assurée
La ville s’endort dans un rêve de soie.
 
On ferme les yeux pour mieux ressusciter :
- Datus le romain et Saldae du fond des âges[1]
- Nacer ibn Hamad dans la Casbah l’été
- les tribus fatimides campant sur la plage
 
Ibn Toumert  venant de loin[2]
Pourchassait une jeunesse gaie
Qu’Ibn Khaldoun avec  tant de soins
Préparait  au combat contre Charles Quint[3]
 
Nul geste n’aurait ce soir arraché,
La corde du chalut au port amarré.
La lune traîne, ronde et assagie,
Hésite et s’arrête sur le golfe de Bougie.
 
Quand les poètes pour plaire à Bougie
Epelleront les vers sans savoir qu'aujourd'hui
Malgré le temps qui coule et les stances qui fuient
Ils auront aimé qu'on lise leur symphonie.
 
©Abderrahmane Zakad
Alger
 

[1] Sous le règne d’Adrien (117-138), le gouverneur de Saldae, Varius Clemens adressa un texte au gouverneur de la Maurétanie Césarienne, texte qui est gravé sur la stèle qui se trouve  face à l’ancienne mairie : « Au nom de la cité splendide et de ses habitants, je te prie seigneur, d’engager le niveleur Nonius Datus, vétéran de la 3eme division Augusta, à venir à Saldae afin d’y terminer son œuvre ». L’œuvre consistait au tracé de l’aqueduc venant de Toudja.
[2] Ibn Toumert séjourna à Béjaia à partir de 1118. Pourchassé, il se réfugia à Mellala.
[3] En 1555, Salah Rais assiégea Bougie pour en chasser les troupes de Pédro de Navarre installées de puis 1509. En 1545, Charles Quint de passage à Bougie consolida les fortifications. Apparut alors la légende de Sidi Bou Djemline.
 
 
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23 mars 2015 1 23 /03 /mars /2015 07:49
Afrique 4 : Le Baobab – Abderrahmane Zakad
 
 
 
 
Verrons-nous en Ardennes
Sur les tombes africaines
pousser un baobab
sur la terre arrosée
du sang des poilus
des nègres et des tabors
et du soldat inconnu
 
Un après-midi de dimanche
verrons-nous le corps frêle
des vierges en robes blanches
et le regard envieux
des dernières sentinelles
les cadavres dans les planches
et l’odeur de leur peur
 
Verrons-nous enfin pousser
la blancheur fondamentale
et dans les mares tranquilles
des amours qui s’attardent
l’appel étouffé des oubliés
aux femmes qui les attendent
les seins sous les ombrelles
 
Verrons-nous en Ardennes
Plantée près d’un baobab
la stèle obélisque
d’un africain inconnu.
sur la terre arrosée
du sang des poilus
des nègres et des tabors
 
©Abderrahmane Zakad



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9 mars 2015 1 09 /03 /mars /2015 08:23
Afrique 3 : A l’heure des griots - Abderrahmane Zakad
 
 
 
 
Déjà le siècle ment et l’Afrique s’attarde
Dans une floraison de rencontres somptuaires
Les chefs africains nous inondent de bulles
Les promesses aussi creuses qu’une coloquinte
A l’heure où les griots s’abreuvent de vent.
 
Nous sommes aveugles, sourds et dans l’errance.
Sur les braises syndicales, le trop plein des discours
Et le nom des martyrs qui bousculent l’Histoire.
Les totems ne s’écroulent toujours pas.
A l’heure ou les griots s’abreuvent de vent.
 
Plus personne ne regarde du côté des  tombes
Où il ne reste rien que ce qui recommence.
Les gueux s’en vont toujours à la soupe populaire
Les moutons gambergent devant les palais présidentiels
A l’heure où les griots s’abreuvent de vent
 
L’intelligence cherche en vain la culture accessible
On a fait taire les voix et confisquer les livres
Les spasmes d’Anta Diop la mémoire d’Hampâté Bâ
Jaillissent timidement sur les rives du Niger
A l’heure où les griots s’abreuvent de vent.
 
Les râles des peuls sont encore incrustés sur les pistes
Et l’écho des voix rassemble les amitiés maliennes
Les mots pendent encore aux branches des imaginations
Dans la rumeur des promesses on ne les cueille plus.
A l’heure où les griots s’abreuvent de vent.
 
Déjà, le siècle ment et on se meurt de renaître
Le tam-tam brasse le désespoir de l’Afrique
Ne reste que le griot ivre qui rêve de n’être
Qu’une voix qui survit et s’abreuve de vent.
 
© Abderrahmane Zakad
 
 
 
 
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23 février 2015 1 23 /02 /février /2015 07:59
Afrique 2 – Abderrahmane Zakad
 
 
 
 
Je voudrais polir la vérité pour la rendre éternelle
Traduire avec des mots d’intraduisibles mensonges
Dire  avec ferveur ce que je n’ai pas dit d’elle
Confier aux baobabs la crainte de mes craintes
 
Je voudrais ameuter l’Afrique qui se dérobe
Rappeler la parenthèse des peuples asservis
Cueillir le sang noir versé dans les fleuves
Refaire la randonnée avec Samba Diouf
 
Je voudrais dire aux amis leur absence africaine
Faudrait-il remonter les venelles mémoires ?
Pour d'effluves survivances d'étoiles éphémères
Oublier les serments, trouver des caresses neuves
 
Je voudrais qu’on écoute les chants des griots
L’haleine généreuse des profondes savanes
Les  pleurs de la Cora, les spasmes du balafon
Qui enlacent la moiteur des peaux frémissantes
 
Je voudrais  faire danser les lianes tentaculaires
Faire repeupler les forêts de pulsations frénétiques
Du Niger au Congo voir trémousser les corps
Inventer une langue par des dialectes colorés
Et dire ma joie en malinké « wassa-wassa ayé » (1)
 
© Abderrahmane Zakad
 
 1 - Joie en dialecte malinké
 
 
 
 
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31 janvier 2015 6 31 /01 /janvier /2015 08:27
Afrique 1 - Abderrahamane Zakad
 
 
 
Ecoute monter de la lancinante Afrique
La musique intolérable des profondeurs
Qui brûle bout et bat sa pulsion frénétique
Au rythme mélancolique des tamtameurs.
 
Les lianes tentaculaires des rythmes-cadences
L’haleine des griots aux lèvres chaudes de caresses
La chlorophylle, les couleurs chaotiques traîtresses
Le bourdonnement des peaux frémissantes de sens
 
Le Mali ne chante plus car partout ça hèle
Les Manguins, les Ouolofs et les Bakélés
On voit des vents salés des cris dans le Sahel
Les tamtams sont amers et la Cora fêlée
 
Orages du Niger sur la neige des champs de coton
Pluie tant attendue sur les corps qui se trémoussent
Danses africaines sonores en paraphes longs
Beaux nègres du Congo dans le riz qui pousse.
 
Il faut repeupler les forêts d’okoumés et de mots
Semer des poèmes pour étouffer les blasphèmes
Expliquer à bwana* l’âme et le sens de l’homo
Et que l’on ne peut s’entendre que si l’on aime
 
© Abderrahamane Zakad
Alger
 
*bwana: en ouolofs, maître blanc du temps de la colonisation



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26 janvier 2015 1 26 /01 /janvier /2015 08:20
Depuis la nuit des temps – Abderrahmane Zakad
 
 
 
Depuis la nuit des temps, les contes, les chants, la poésie ont été pour les sociétés un moyen pour alléger les souffrances, défendre le territoire, renforcer l’identité et la culture. Dès le déclenchement de la Révolution Algérienne, les autorités coloniales ont procédé à l’arrestation systématique des chantres (les meddahs) dans les douars et les souks, comme en France, au XIIIème siècle les seigneurs interdisaient les troubadours dans les foires. Par leur méthode d’exposer et le contenu de leurs récits, ils alertaient le peuple en  favorisant l’éveil.
 
Au XVème siècle (déjà !), François Villon chantait la liberté. 
Mon seigneur n'est ni mon évêque,
Sous lui ne tiens, s'il n'est en friche
Foi ne lui dois n'hommage avec que,
Je ne suis son cerf ni sa biche
Peu m'a d'une petite miche
Et de froide eau tout un été ;
Large ou étroit, moult me fut riche
Tel lui soit Dieu qu'il m'a été.
 
A quoi sert la poésie ? On pose parfois la question. On pourrait se demander aussi bien à quoi sert un opéra de Verdi, une pièce de théâtre de Brecht ou une saudade. Que c'est beau "El Emigrante" de Juanito Valderrama ou encore Hyzia, ce  poème d’amour écrit par Benguettoune en 1880 lors de la mort de sa belle, Hyzia, fille des ouled naïls (Biskra). Et ces chansons napolitaines qui faisaient pleurer même Al Capone qui retrouve sa "Mamma".  Connaissez-vous les mélopées des femmes du Djurdjura ou celles des montagnes de Yougoslavie ou encore de Bulgarie. Quelles ressemblances dans les mélodies et les invocations de toutes ces femmes si lointaines et pourtant si proche par la manière de conter. Que c’est envoûtant l’Achwiq que lançaient les femmes de Kabylie pour conjurer le sort. 
 
Le premier poème a certainement été chanté dans une grotte du paléolithique par une femme pour endormir son enfant. La création poétique féminine la plus spontanée se rapporte à ce que la mère a de plus cher : son enfant. Plus tard, en tournant le moulin à bras pour écraser le blé ou pour ramasser les olives, la femme, toujours la femme, a suscité un souffle respiratoire en chantant pour apaiser les tentions musculaire dans leurs activités.
 
Les poètes, les écrivains, les artistes ont projeté d’étonnantes lueurs sur leur époque. Sans eux les peuples se replieraient sur la solitude.
 
© Abderrahmane Zakad



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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 07:32

 

foot.jpg

© 5 juillet 1962, Indépendance de l'Algérie



Nous étions si jeunes et si candides
La larme figée sur les joues
La terre s’ouvrait sous nos pas
La poitrine ouverte sous la pluie frénétique
A l’heure de la généalogie indigène.

C’était toujours la nuit astrale
La nuit alimentée vêtue de peur
Dans un silence plus froid que flocon
Irréversible sous un porche de cris
A force d’insomnies

Sur les rides de nos visages
Personne n’a obturé les trous
De notre juvénile amour
Comme des lames de fond
Jaillit le silence de nos pas.

L’injustice a délié nos langues
A mesure que la colère s’anime
La vérité était dans l’oubli
Et la fragile espérance infuse
Nous étions si jeunes et si candides.

© Abderrahmane Zakad


« Au commencement, avant la manifestation du Temps, le chaos primitif se trouvait baigné dans la nuit, image de la divine potentialité. »

André Chédel,

«Le Cercle et l’Infini » (Dervy-Livres, Paris 1977, Collection Mystiques et Religions B)



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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 08:22

 

kateb.jpg

- Kateb Yacine -

Poète, romancier , homme de théâtre, Kateb Yacine (1929-1989) a écrit de nombreuses oeuvres dont Nedjma et Le cadavre encerclé. Il reçoit en 1987 en France le Grand Prix National des Lettres et en 2003 son oeuvre est inscrite au programme de la Comédie française.



Boucherie de l’espérance.

Kateb ! Y’a signe de désespérance.
Ecoute les non-dits dans le trop-plein des discours
et le nom des martyrs qui bousculent l’Histoire.
Les totems ne s’écroulent toujours pas
et des promesses aussi creuses qu’une coloquinte.

Songe qu’on veut confisquer l’Amour
et mettre à la place du soleil les disques de l’oubli :
CD et DVD,
Capitalisme Destructeur, qui entraîne
Déchets et Vie Détruite.
Tu avais sonné l’alarme en semant la poudre mais
l’intelligence cherche en vain la culture accessible.
Plus personne ne regarde du côté de ta tombe
Tes pas sont encore incrustés sur les planches
et l’écho de ta voix rassemble les amitiés numides
dans la rumeur des promesses algériennes
Les mots pendent encore aux branches de ton imagination.
On ne les cueille plus.
Les gueux s’en vont toujours à la soupe populaire
et les moutons gambergent devant les boucheries de l’espérance.
Les étalages, les équarrissages et les fumigations
sont en Orient, en Afrique et en Amérique Latine.
Œuvres, titanesques, otanesques
d’usines étasuniennes et honnies onusiennes.

Déjà, le siècle ment et on se meurt de renaître
sur les braises du combat que tu avais mené seul.
Toi le poète ivre qui avait rêvé de n’être
qu’une encre qui survit au spasme et au linceul.

Kateb ! Y’a signe de désespérance
Nous sommes aveugles, sourds et dans l’errance.

© Abderrahmane Zakad



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