Tombeau des amants de Teruel - Teruel, église San Pedro
De mes amours de papier
Ne restent que des marbres
Au cimetière des regrets,
Des mots gravés
Sous un ciel de Toussaint
Quand d’étranges lueurs
Vacillent
Autour des tombes.
Les jeux d’amour épistolaires
Les rires, les mots doux
Les bruissements de palmes,
Se sont évanouis
Telles des fumées d’encens
Aux porches des églises.
Mes espoirs déchirés
Par les blessures de l’absence
Mes rêves piétinés
Mon Eden profané
Je te les donne
Sans larmes ni contraintes
Pour que s’épanouissent
Comme d’immenses fleurs
D’autres lendemains.
Tu es celui que je nomme
A travers l’innommable
Fils de ceux que la mer a portés
Dans le ventre suri des négriers
Pour les jeter en pâture aux planteurs
Mes mains ont masqué ton visage
Qui a souffert mille vies,
Et ta bouche qui a chanté la mort
Au fond des cases
Mes doigts ont masqué tes paupières
Cernées su souffle bleu des nuits
Que l’autre s’en aille
Dépenaillé au fond de la rivière
Accrochant sa chemise
Au gré des branches mortes
Qu’il devienne Zombi
Que m’importe
Si tu es là devant moi
Triomphant de jeunesse
Car tu vas naître une seconde fois
Et je te nommerai de mille mots d’amour.
J’aime quand tu me reviens
Avec des poignées d’algues
Arrachées au récif
J’aime quand tu décrètes
Les étoiles interdites
Au firmament des nuits
Et je m’abreuve de tes folies
De tes mots fantastiques
Cueillis aux lèvres des morts
Qui n’en finissent pas
de conter leur histoire.
J’aime quand tu nous emmènes
Dans les secrets des palais oubliés
Perdus dans la profusion des jardins
Fécondés de rêves.
Alors, je crois sentir le coeur
D’un prince caraïbe
Tout bruissant de palmes et d’oiseaux
Battre contre mon coeur.
Dans tes rêves les reines
Se promènent toutes nues
Sur les sables du temps
Suivies de cavaliers
Ceinturés de pourpre
Et portant le chapeau de Cassavre*
Ils vont sous les palmes
Où veillent les étoiles,
En quête d’une nuit d’amour.
Dans les donjons où les fées
Enfantent les sortilèges
Mes princes ont une peau de jais
Je les couches dans mes forêts
Sur des lits de feuilles mortes
Attendant la moindre pluie
Pour goûter leurs bouches douces
Et poser mes lèvres sur leurs coeurs.
L’amour est une barque divaguant
Mais je connais les anses
Blotties sour les feuillages
Où viendront se blottir
Nos douleurs orphelines.
Pourtant il faudra bien un jour
Déshabiller tes rêves
Des affres du passé.
Enfouir en toi les pleurs
Et les gémissements.
Les blessures des fers
Les stigmates vermeils des fouets.
Il faudra devenir
« Homme sans mémoire »
pour une île nouvelle.
Par deux fois le monde à oublié ses morts
Pour reconstruire
Par deux fois nous avons cru renaître.
Ne me crois pas, mon ti mamoun*
Ma plume est mensongère
Ton histoire doit rester gravée
A jamais dans ton coeur.
Ce n’était que le crépuscule
Qui empourprait la mer
N’injurie pas ton Dieu
Pour un démon facétieux
Qui s’égare dans la ville.
Laisse retomber les rumeurs
Dans les rues poudrées d’or.
Le sang versé sera rendu
Jusqu’à l’ultime goutte
Et sera compté
Chaque baiser arraché à la vie.
Ne renie pas ton Dieu
Il te suit pas à pas
Au coeur du labyrinthe,
Et je t’attends revêtue de lumière
Pour porter à tes lèvres
Le doux breuvage de l’oubli.
De l’autre coté du miroir
La mort est renaissance
C’est l’envers de l’endroit
Les racines de l’arbre
L’ombre où chemine la lumière
C’est l’espace préservé
Où sommeille la vie
C’est l’antre secret
Où les esprits se rassemblent
Et guident les mains des hommes
Pour créer, pour aimer, pour jouir
C’est cette coccinelle
Qui se promène sur ma page
Au beau milieu de la nuit
De l’autre coté du miroir
La mort est insoumise
Et la vraie vie nous attend.
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...