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m'a dit le poète, si je meurs ... »
(à Miloud KEDDAR qui vient de nous a quitter)
La liste des poètes du blog disparus en peu de temps (deux ces trois derniers mois) s'allonge tragiquement. Jeanne, très proche de lui, comme une grande soeur, m'avait dit qu'il était malade, mais la fin est venue plus rapidement que prévu et laisse son épouse, ses amis, tous ceux qui le connaissaient et l'aimaient dans le désarroi, la tristesse et le vide... Restent ses écrits, heureusement... (Jean Dornac)
à Miloud
Le silence, mon ami, lorsqu'on a rempli sa vie
n'est pas absence, tu le sais, toi l'Ethiopien !
C'est le grand désert avec ses dunes qui chantent
Le silence est fait de milliards de vies
pleines de légèreté, de déférence, de liberté,
de discrétion, de complicité, d'amitié rare
Le silence, c'est la douleur tue, la pudeur de l'univers
Le silence c'est parfois le grand 8 de la pensée
Il se compose de phrases tissées entre elles
par le hasard, ou par l'harmonie naturelle
ce sont des intentions, des constellations
proches ou lointaines, des évidences
le silence c'est du bouche à oreille
du cœur à cœur, du corps à corps
ou bien des ressentis discrets, tenus à distance
pour avoir la chance de se deviner, de s'effleurer
de s'apprivoiser, de s'imaginer ensemble
Le silence c'est aussi un monde parallèle ordonné
qui vous traverse la Place de la Concorde du cœur
avec un sentiment d'admiration et de fierté
car si l'on tend l'oreille en profondeur
on reconnaît des murmures de grandes voix et voies,
des pensées au garde-à-vous émergeant de l'enfance
des idées de justice venues du fin fond des anciens rêves
qui défilent et font leur ''minute de silence''
puis se recueillent en toute saison au jardin d'hiver
Le silence est peuplé de vies actives et reposées
s'y accordent les violons muets de la pensée
se resserre le bouquet des longueurs d'ondes positives
ne pas perdre le fil, le fil à plomb, le fil d'Ariane
ne pas rater la bonne étoile, les pressentiments
qui arrivent en courant depuis demain
afin de guérir l'aujourd'hui et l'hier, caresser les souvenirs
Le silence, c'est l'envers soyeux du bruit, c'est la voix de l'infini
Le silence, mon ami, quand on a le cœur plein des autres
est un monde de connivence qui nous inclut et nous porte
une immense plage du débarquement allié, émouvante
une marée de sourires, d'éclats de joie qui batifolent
souvent des chuchotements nocturnes secrets et sacrés
parfois les pleurs d'un enfant que tu reconnais :
toi-même qui t'étais oublié dans ta barbe
et que ta mère sans bruit, prend dans ses bras
pour que tu aimes un jour, quand tu seras grand,
la nuit du silence, la nuit d'où tu viens, maternel écrin
celle qui n'a rien à se reprocher et qui nous attend...
© Jeanne CHAMPEL GRENIER
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Des cerveaux à zéro
Qui sont téléguidés
Par des illuminés
Veulent éteindre nos vies ?
C'est du mauvais Devos !
On a franchi les bornes :
Décapiter les gens
Pour un dessin de trop ?
Mais quel dieu indigent
Nourrit un tel terreau !
Certains hommes ratés
Veulent créer un dieu
Qui soit à leur image
Histoire de s'aimer
Aujourd'hui plus qu'hier
Et toujours davantage
Voilà que ce Landru
Créé de toutes pièces
Justifie les ravages
de ces cerveaux perdus !
France, terre d'asile,
Laisse entrer tous les peuples
Mais non pas les débiles
Qui s'entraînent en civil
À la tuerie des villes !
Abrite les errants
Mais forme les esprits
Depuis qu'ils sont petits :
Fraternité, partage
Depuis le plus jeune âge !
Que les cerveaux fumeux
Ces bombes ambulantes
Ne puissent se nourrir
Ni se croire ''élus''
Pour des vierges en attente
Et ne confondent plus
Vivre ensemble et mourir
© Jeanne CHAMPEL GRENIER
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Rien n'est moins aisé
que d'écrire simplement
humblement
écrire comme on respire...
Il faut un art infini
pour se démettre des artifices
pour se défaire de tous les liens
de cause à effet
pour paraître balbutier
de toute éternité
l'évidence nouvelle
et qui le restera
une naissance qui étonne
et que l'on sait perpétuelle
telle l'eau qui murmure
sans faire de vague
juste un éclat de nacre
entre deux courants
l'eau qui chuchote son chemin
abreuvé de ciel et qui y retourne
tandis que brillent çà et là
les carpes d'or du silence...
Rien n'est moins aisé
que d'écrire simplement
il faut une vie
peut-être deux...
© Jeanne CHAMPEL GRENIER
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Ici le ciel est tombé tout entier
dans le grand bassin bordé d'ajoncs
et ce n'est que surprise et battements d'ailes
Cols verts, pigeons, hérons ou tourterelles
se noient peu à peu dans le firmament
Glissement de silence perpétuel
Et pourtant l'eau d'en haut et l'eau d'en bas
continuent de converser
L'azur à mes pieds s'évanouit lentement
et puis revient comme l'âme de fond
On ne sait quelle était sa position originelle
Il se devine entre deux profondeurs
un bleu de Klein qui se décline
en douceurs et transparences divines,
si émouvantes que le vertige vous prend
et qu'il est bon de s'adosser à un tronc
sorte de mât aux cordages de lierre
Où est la terre ? Quelle est cette île ?
Où est la vraie position du monde ?
Canopée d'algues alanguies palpitantes
où se suspend la lumière en tremblant
ne permettant plus de différencier le haut du bas
Vertige de manège d'enfant...
Passe ondulant un rayon émeraude
qui ne dit pas son nom
suivi d' un tendre remous vaporeux
Poudroiement et silence d'or
Ni souffle de vent
Ni clapotis
Les jacinthes d'eau à l'étiage
ont des renoncements d'Ophélie
dans les draps frissonnants des nuages
que l'ombre d'un grand saule bleuit
Reflets mêlés d'indigo, d'or et de turquoise
qui se noient dans le vert des feuillages
à peine teinté du bleu des lavandières
Blancheur des ibis tombés des prières
Douceur des pigeons à gorge d'ardoise
Ici, les constellations de saxifrages
ont un parfum de vanille et de miel
Vitrail vivant émergeant du rêve de Dieu
Tel est ce jardin d'eau illuminant les lieux
© Jeanne CHAMPEL GRENIER
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(des canots par milliers)
Comme neige au soleil, le sel ici flamboie ;
et plus loin c'est la mer d' ''il était une fois'' ...
On a atteint le bout de la terre connue,
là-bas gémit l'appel, au-delà des paluds
symphonie ruisselante, musique lente et froide
la vague multiplie ses lèvres frémissantes
elle pleure, elle écume et devient transparente
c'est comme du vaudou précédant cette transe
des algues possédées, agitées, gémissantes
qui vont donner naissance à des coraux en fleur...
Des fleurs pour qui ? pour quoi ? et pour qui cette danse ?
Tant d'oubli, de silence, de visages qui hantent...
Voyages éternels noyés dans la douleur
Entends la voix du sable qui change de couleur
il semble que le jour s'en revienne au début
Les souvenirs se noient, là, à perte de vue
tout est neuf et pourtant tout a déjà vécu...
Et voilà que le ciel s'empare du moment
des envols de mouettes viennent battre des ailes
alors la paix ricoche sur le grand océan
qui se gonfle de joie et fleurit de plus belle
Ils dansent nuit et jour dans les passes du vent
ensemble, goélands, mouettes et flamants
et ils furent heureux, eurent beaucoup d'enfants
Comme neige au soleil, le sel ici flamboie
et plus loin c'est la mer d' ''il était mille fois''...
© Jeanne CHAMPEL GRENIER
31 mars 2020
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