Ô toi Françoise, ô toi la mésange et ô toi la tourterelle, l'amour vaincra, mes amies, l'amour vaincra par l'acte de poésie ; il y aura de la passion, il y aura du ciel bleu sur tes ailes, mésange ; il y aura du pain à partager, et il y aura un toit bâti par le Charpentier, il y aura la naissance du Fils que prédit la mésange, comme il y aura les salutations et l'amitié de la tourterelle, et pour toi Françoise, une main tendue pour faire durer notre amour, qu'espérer dans un monde aux bouleversements de toutes sortes, qu'espérer d'autre que des amours qui unissent, mes amies, mes amours, qu'espérer d'autre...
J'écris sur toi, mon amie, le sais-tu ? Ce n'est pas mon affaire, me diras-tu, et pourtant que peux-tu penser de « la fraternité par le poème » ? Tu veux rester à l'écart, le poète est celui qui rêve plus qu'il ne vit, crois-tu et tu as peut-être un peu raison ! Mais ne doit-on pas rêver une vie pour mieux la vivre, car parfois sans le rêve, la vie n'est pas des plus supportables ; alors, viens et rêvons, veux-tu, rêvons, ma chère tourterelle aimée, pour ce que tu es, pour ce que nous sommes…
Tu m'as dit Pourquoi mourir ?
J'ai pris alors ton masque et
L'ai jeté à la nuit :
Ton sourire illumina la porte
Et nous avons pris possession
De nouvelles clefs.
Un peintre au poète dit un jour :
"Ami, comme moi,
habille le monde, tente la lumière"
Et le poète de répondre :
"J'habite la langue, avec ses ombres
avec ses masques, avec son sacrifice"
Puis le poète, tout en regardant l'horizon
et sur ses lèvres rien encore que des mots, dit :
"Mais la langue est-elle le monde ?"
Et puis il se tait,
sachant qu'il lui faut lier son destin au silence
et lier son destin à celui du peintre
pour que peut-être du geste
et de la langue
puisse naître la lumière (...)"
" Elle nous est possible
La parole, comme un figuier
Quand le printemps arrive.
Dire : Nue au début et qui
S'habille, fleurs et fruits
À l'unisson des autres
Quand la saison s'installe."
"Qu'attendre, le temps travaille pour nous, ma chère ! Sur notre chemin, avec nos mains tendues, une mésange, une tourterelle, une lune ; elles disent la durée inconsidérée de notre union, parfois du froid mais toujours des retours à nos corps défendant et à l'amour revenant, le partage du printemps, de ce qui sauve mais de quoi ? Avec la lune pleine qui éclaire nos corps enlacés, et la mésange et la tourterelle qui prédisent le temps à partager ; Amour à tenir sauvegardé, Amour du peu de nous deux, de tout le trop de nous deux… le nôtre nous-mêmes ?"
Extrait(s) de CHEMINS DE SOI de MILOUD KEDDAR aux Éditions « Flammes Vives »
Chapitre : PREMIERES MESURES
X
À regarder un fleuve caresser
Fiévreusement la joue de la terre,
Sa joue ridée belle
( Même de boue
Qui est la vie et de sens),
On se prend à croire en l'amour,
Un dieu qui ne prend, et nu
Habite le monde, ce monde.
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...