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15 septembre 2024 7 15 /09 /septembre /2024 07:51

Oeuvre de Picasso reçu de Serge
 
 
 
Au clair de lune
Cherche fortune
Dans la féria de Pampelune.
 
D’un habit de lumières, il pare son image.
La folie un instant
Vient habiller de vent
L’âme déboussolée, fourvoyée de l’infant.
Une flaque de sang reflète son visage.
Dans son rêve égaré, il y voit un présage.
 
L’ombre vole dans le soir qui commençait à poindre.
La lune bleue brille pour lui
De sa rondeur offre les fruits
Défendus et s’enfuit.
Fantôme à son insu, il tente de la rejoindre.
Il s’élance, s’étire, il va bientôt l’atteindre.
 
Érigée en guerrière la bête le repousse.
Il trébuche, s’affale, cherche la main de Dieu.
Sentinelle jailli du domaine des cieux
L’archange ceint de bleu ruine le merveilleux.
Il tombe, dégringole, culbute dans la mousse
Et la lune s’enflamme en une gerbe rousse.
 
Le songe se dissipe, le réduit à son sort.
Plaz’ de Toros, à Pampelune
Il se sait déjà mort.
 

©Serge Lascar

Nouveaux Cahiers de Poésie  
                              
 
 
 

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4 août 2024 7 04 /08 /août /2024 13:22

Marc Chagall : Le grand cirque – détail

 

 

Encombrées d’habitudes, mythes accumulés au seuil d’une nuit blanche
Les idées noires sont avalanche.
Sacrifié à mon sort
Je m’éloigne du port.
Je visite le ciel, dessine des étoiles.
Aguicheuse, la lune : Tu viens ? On met les voiles.

 

Depuis l’étage, le palier
Les débris de dialogue d’une série télé dévalent l’escalier.
Je referme la porte sur les voix et les cris, stigmates d’une autre vie
Vouée aux oubliettes d’une soirée d’ennui.

 

Égaré volontaire entre livre de chevet et table d’écriture
Je ne sais que choisir : la plume ou la lecture ?
Le canapé s’affale.
Inhospitalier, il s’effondre dans un râle.
De part et d’autre du crapaud
Les rayons de bouquins m’enserrent en étau.
Livres mémoire, muets, en deuil
Les étagères sont des cercueils grouillant de vers entre les feuilles.
Je n’aurai pas le cœur à troubler leur quiétude
Ça n’est pas dans mes habitudes.

 

À l’angle de la pièce, une platine trône.
Des pochettes cartonnées s’érigent en colonnes.
Chacune en son écrin cache le fruit, la pomme
Les baies acidulées qui fleurent à l’automne.

 

À l’affut de l’antienne pleurée par un quintette
Je saisis à l’aveugle une fine galette.
Piano voluptueux, trompette sur saxo
Contrebasse,  caisse claire cadencent Chicago.
Succulence gourmande de lèvres rouge-vermeil
La voix soudain jaillit de Billie Holiday.
Ébloui, je la suis :
Jazz autour de minuit.  

 

©Serge Lascar
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25 juin 2024 2 25 /06 /juin /2024 06:39

Les bulles de savon - Sir John Everett Millais

 

 
 
Une bulle s’est posée sur un point de dentelle
Lune blanche détachée d’une étoile bergère
Soufflée par un oiseau, un enfant du désert.
Une bulle émaillée de fins cristaux de sel.
 
Une bulle a rejoint les âmes sentinelles
Lune rousse traversée de fluides éphémères
Elle s’est évanouie dans le halo solaire.
Une bulle de savon enlumine le ciel.
 
©Serge Lascar
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12 mai 2024 7 12 /05 /mai /2024 08:24

D’après Ohara Koson

 

 

Une âme se faufile, surgie d’entre les arbres.
Froide caresse lissée de marbre
Elle ruisselle, s’évanouit.
Une seconde apparait, marque le pas et puis la suit.
Gracieusement parée d’un tulle de fortune
La première s’étire dans un halo de lune.
Songe d’une nuit d’été, souffle de l’innocence
Les amants se rejoignent, secrète connivence
Et puis s’élancent dans la danse
Offrent le mirage d’une transe
Passent sans fard sur l’autre face
Du disque pâle qui s’efface
Pour, dans l’aube vermeille
Laisser place au soleil.

©Serge Lascar
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22 mars 2024 5 22 /03 /mars /2024 08:00



La nuit s’est étendue sur les faubourgs de Sion.
Lucioles échappées des eaux fiévreuses, âcres
Les étoiles figées consument l’horizon.
Pupilles écarquillées braquées sur le massacre
Les astres se nourrissent de rancœur et de haine
Abolissent la scène mortifère, têtue
Bruissent dans le silence famélique, obscène.

Somnolentes, repues, les armes se sont tues.
Sur la ville souillée, plantée de mille tombes
Chacun à son hasard brisé à la mitraille
Se joint abasourdi au défilé des ombres
Déracinées, vomies de leurs propres entrailles.
Confié à la noirceur du ciel crépusculaire
Le cri n’est qu’apparence, la bouche que béance.
On cueille les blessés et les morts à la guerre
Prestes à les effacer d’un trait d’indifférence.

Pour ne pas étouffer d’angoisse, timidement
D’une fenêtre sur cour s’échappe un courant d’air.
Ultime soubresaut, sifflement éphémère
C’est une balle perdue, pas pour les innocents.


 ©Serge Lascar

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5 février 2024 1 05 /02 /février /2024 07:59


 
 
 
Dictée, décoche la maîtresse.
On ouvre les cahiers : on se presse !
Elle ajuste ses verres pelliculés de craie
Sur l’énorme tarin qui enfle son visage, fait office de nez.
Pareille à un rapace, sur l’estrade perchée
Elle guette les hochements des petits crânes rasés.
Courbés sous la menace
Plus un souffle ne passe.
Même le poêle étouffe, au cœur de son cratère
Les craquements sinistres de la bûche qu’il digère.
L’enfant ouvre sa trousse, en sort un porte-plume.
Il s’apprête à tremper ladite Sergent Major dans l’encre bleu-bitume.
 
Une mouche contourne le rond de porcelaine.
Surpris, lui s’interrompt : Que veut cette vilaine ?
S’est-elle froissé une aile ? Ou bien elle se promène.
De ses pattes fluettes, elle lisse ses antennes.
Intrigué le Sergent pointe la plume Major vers l’insecte candide.
La moucheronne esquive d’une passe rapide.
Le lancier la repousse, il refoule l’espiègle au seuil de son gibet.
Par de petites touches, il conduit sa victime au centre de l’encrier.
Elle résiste, s’entête.
Maintenant la voici qui lutte, lui tient tête.
Oser en un défi la révolte, la fuite, ou tenter la culbute ?
Épouvante funeste, la bestiole bascule dans l’antre de Belzébuth…
 
Hardi à toréer jusqu’à son dénouement
Soldat Sergent Major lance l’arme fatale qui déliera l’instant.
À l’aveugle cherchant le contact plus flasque du corps de sa victime
Il s’applique, s’escrime
Commande le harpon, pour une frappe ultime.
La plume sanguinaire descend dans l’orifice
À l’aveugle elle pique, accomplit son office.
Mais nul pourchassé ne vient s’y empaler.
Elle doit s’être noyée au fond de l’encrier !
Bayard plonge l’épée aux tréfonds des abysses, frénétique il fourrage une nouvelle fois.
 
L’outremer tempête, déborde la faïence, s’étend au napperon, éclabousse ses doigts.
Touchée !
Une boule s’est lovée dans le ventre de la plume.
Inerte monticule, elle s’affaisse : tâche brune.
Au vainqueur l’estocade,  la remise du trophée !
Le buvard lèche le fil de la lame d’acier.
Mais voilà que la bête soubresaute, s’ébroue.
Prise du mal-sacré, elle délie ses pattes et s’éloigne du trou.
 
S’appliquant sans répit à contrer la fuyarde, le potache la bouscule vers le haut du cahier.
Une traînée d’encre bleue déroule un écheveau bordé de pointillés.
Pattes de mouches à touche-touche, s’amuse l’écolier.
Et c’est à cet instant, tel un coup de tonnerre
Qu’une voix de stentor explose sur l’arrière !
La bête s’est approchée, attaque flammes et feu
L’attrape par une oreille, le tire par les cheveux.
- Que fait ce paresseux ?
Fine mouche envolée…
Lui de se réfugier au fond de l’encrier.
 

 ©Serge Lascar

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7 décembre 2023 4 07 /12 /décembre /2023 07:41

Par Carole Raddato from FRANKFURT, Germany — Narcissus by Caravaggio, 1597–1599, Galleria Nazionale d'Arte Antica, CC BY-SA 2.0, 

 

 

 
Échappée du miroir
Ombré de rouge et noir
Une âme est apparue
Résurgence rompue
D’il était autrefois enfoui dans le passé
La promesse oubliée
Aux confins de mes rêves, classée terre inconnue
Enlisée dans les limbes d’un paradis perdu.
 
Je l’attendais pourtant
Sans la chercher vraiment
Avec au cœur l’espoir d’une intuition succincte
Qui la ferait renaître à la surprise feinte
Des amants que la vie a un jour séparés
Et qui dans le secret ne se sont pas quittés.
 
Étourdi de bonheur
Ne plus laisser au temps celui de mes ardeurs
M’abreuver goulûment du souffle vivifiant
De celle qui vient au jour tout naturellement
Provoque l’adultère d’un baisers sur les lèvres
Bouscule la vertu dans une bouffée de fièvre.
 
Prononcerai-je demain ma profession de foi ?
Oserai-je à nouveau jurer Plus jamais ça ?
 
Lors s’imprime l’empreinte
Laissée par les étreintes
Déjà devenues rides
Des jeux infanticides
Je guette le présage qui bientôt paraîtra
Pour m’obliger là-bas où Dieu pardonnera.

 ©Serge Lascar
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23 octobre 2023 1 23 /10 /octobre /2023 06:43

Illustration proposée par l’auteur.

 

 

Un petit caillou blanc s’est égaré dans l’escalier d’un vieil immeuble parisien.

Échu, désorienté, entre troisième et quatrième.

Blotti dans le fourrage d’un paillasson brosse-poils de chien

Il gisait esseulé, rue Linné dans le cinquième.

Un caillou sans papiers, balloté par un godillot

Pressé d’atteindre sa garçonnière, un Roméo

La chambre d’une Juliette, nymphette à brodequins

D’une Colombine, chaussons satins.

 

Maintenu par le manche d’une poigne matrone

Un balai effrangé fera choir l’étranger vers la bouche d’une pelle

À ordures gloutonne

Le ventre avide d’une poubelle.

Bien triste destinée, pour qui fut cœur de pierre

Que de passer poussière

Pour s’en aller sombrer dans un champ de gravas, pas même un cimetière.

 

Une main habillée saisit le fourvoyé

Le glisse dans une poche, dévale l’escalier

Ouvre la porte sur la rue

Traverse l’avenue

Le pose dans un parterre de fleurs repiquées.

Te revoici dans ton jardin, signent les doigts gantés.

Méfie-toi de la botte : celle du jardinier !

 

Heureux tout simplement de retrouver les siens

Le caillou se trémousse, il salue les ramiers

Ses amies les souris, les fourmis et les chiens.

Puis l’index d’ajouter :

Et merci pour ma plume de t’être fourvoyé entre troisième et quatrième

Car ce soir c’est à toi que je dois ce poème.


 ©Serge Lascar
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4 septembre 2023 1 04 /09 /septembre /2023 06:54

                                        Illustration proposée par l’auteur.
 

 
 
Filles et fils de prophètes
Ombres éparpillées sur les chemins de larmes
Vous qui louez la foi répandue par les armes
Exhortez le Sacré porté en amulette
Les chants de vos prières s’agrège en vacarme.
 
Conduites à la fosse commune, agenouillées
Bousculées vers le piège que leurs bras ont creusé
Et qu’eux seuls savaient
Vous les avez suivis
Jusqu’au creux de leur nid
Innocentes
Confiantes
Abasourdies de certitudes
Celles que psalmodiait leur menteuse servitude.
 
Toi, tu étais si fière de t’avancer première
Aveugle pénitente parmi les mécréants.
Ils t’ont poussée sur le devant
Entre leurs mains, le Livre Saint.
Pas une seule fois tu ne t’es retournée
Ni même une prière
Pour l’agneau prisonnier qu’on allait immoler.
Et le coup a claqué
Brusque déflagration éructée du bâton qu’ils t’avaient octroyé
De ta main a saigné le cœur qui te portait
L’enfant que tu étais.
 
Ombres disséminées dans un désert de larmes
Héros imaginaires d’un syndrome millénaire
Une clameur muette brûle dans vos artères :
Dieu est mort à la guerre.


 ©Serge Lascar
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24 juillet 2023 1 24 /07 /juillet /2023 06:31

Illustration : Serge Lascar

 


Pris au ciel de ma vie
J’ai suivi une étoile
Filante
Incandescente
Une étoile étincelle
Cruelle
Artificielle.
Ai déployé mes ailes
Via le grâce promise
Conquise, alanguie.
 
Faim de suc et de fruits.
J’ai poursuivi l’étoile
Filante
Incandescente
Astre surnaturel
Artificiel
Fille de lune, de nuit.
 
Puis le jour a jailli.
Finis les rêves de balades
Les lèvres rouges, acidulées
Ingrate destinée
Aphrodite a muté
En une amère marmelade.
Pris au fiel de mes jours
Poèmes et discours
Me suis brûlé les ailes sur l’écorce d’un fruit.

 

 ©Serge Lascar

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