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Extrait du recueil « Clames » aux éditions Tituli
Les mots ne parlent plus.
Ils se tournent le dos pour mieux s’entendre tus.
Ils sont fâchés les mots
Ils se perdent en chimères, se noient dans leurs sanglots.
Que s’est-il donc passé qui les mette en rage ?
Ont-ils eu à subir de crapuleux outrages ?
Furent-ils violentés ?
Les a-t-on insultés ou les a-t-on trahis
Pour qu’ils s’en aillent ainsi
Les larmes au bord des lettres
Le cœur à l’aveuglette ?
Les mots ne parlent plus.
C’est à cause de ces deux qui se sont tant aimés
Qui se sont déchirés
Qui se sont retrouvés
Qui se sont re-aimés
Qui se sont réprouvés
Qui se sont méprisés.
Ils ont tout oublié les mots
Leurs peines, leurs amours
Leur bonheur au grand jour.
Les mots ne parlent plus
Depuis l’aube maudite
Où la rancœur fut dite
Où l’un d’eux s’éleva, porté par sa colère
Brandissant son orgueil plus haut que son derrière.
Et puis le ton monta
Jusqu’à la lettre “A”.
Et un autre cria
Et puis on s’empoigna
Et puis on s’étripa.
Au son du pugilat les académiciens
Sortirent de leurs chapeaux les sabres rhétoriciens
Qu’on leur avait offerts
Pour leur anniversaire.
On les saisit les mots
Et on les menotta.
Puis on les condamna
À la perpétuité
Entre les murs épais
D’un poussiéreux Littré.
Fleurissant autrefois en rimes et en danses
Le chœur s’est abstenu.
Les mots ne parlent plus.
Confinés au silence
Ils succombent à l’absence
Des regards ingénus et des sous-entendus.
Condamnés à l’oubli
Les mots se sont perdus.
©Serge Lascar
Du Sang dans l’Encrier - LGR 2002
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Poèmes Lauréats Concours Jeunesse SPF 2021
Y’en a qui rigolent
Et c’est même pire à l’école
J’ai écrit une première version
De cette chanson
Qui ne m’a pas satisfaite
Alors je l’ai refaite
D’une autre façon
C’est des gens comme nous…
Ils peuvent être très gentils et doux.
C’est des gens comme nous.
Mon ami a deux mamans
Quand il me l’a dit…
Je l’ai regardé
Et je ne me suis pas moquée.
En plus il a chuchoté
Il avait peur.
Et ça c’est une grave erreur.
Beaucoup de gens auraient ri
Mais moi j’ai de l’empathie.
C’est des gens comme nous…
Ils peuvent être très gentils et doux.
C’est des gens comme nous.
Quand je pense
A tous ces nazis
Qui les ont exterminés
Que ce soient les juifs, les homos ou les handicapés.
Et même aujourd’hui
Le comportement de certaines gens n’a pas changé.
C’est des gens comme nous…
Ils peuvent être très gentils et doux.
C’est des gens comme nous.
Mon amie avant aimait
Une fille moi j’étais choquée
Jusqu’au jour où j’ai rencontré Mélanie
Je l’ai aimée mais maintenant c’est fini.
Mais c’était une expérience de la vie.
C’est des gens comme nous…
Ils peuvent être très gentils et doux.
C’est des gens comme nous.
Bref la morale de tout ça
C’est qu’on est tous des gens
Et c’est le plus important.
© Romane TRESCAZES
– CM1 – 1er PRIX SECTION CP ET CM1
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Je voudrais être fontaine
aux sources des solitudes.
Eau jaillissante
porteuse du souffle de vie,
matrice du chant d’amour.
Je voudrais être fontaine
palpitante des pluies d’ivresse,
gonflée des ondées de l’âme.
Je voudrais être fontaine
chaude comme le liquide premier
au corps de la mère,
au cœur de la maternité.
Je voudrais être fontaine
fraîche comme la peau d’une femme
frémissante de virginité.
Je voudrais être fontaine
aux mots suintant par les mille pores du Verbe
pour rejoindre la chair des chagrins et des incertitudes,
la pulpe des joies et des convictions.
Je voudrais être fontaine
pour que joue dans la lumière
l’éclatement de l’Etre
en gouttes de pardon.
Je voudrais être fontaine d’Amour
pour tracer le lit
des fleuves d’Espérance
aux rives d’Eternité !
© Véronique Flabat-Piot
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Plume d’azur, femme enjouée de Messanges, vit sur l’airial* dans sa maison blanchie à la chaux, ornée d’une treille, quadrillée de colombages avec ses murs à briquettes en fougères.
Trois moutons paissent sous les grands nuages du noroît.
Près d’un chêne-liège, le four à pain s’abrite sous un auvent de bois.
De temps en temps, l’horloge s’arrête au chant du maître de céans, le coq gascon.
Le sourire enjôleur sous un chapeau fleuri, Plume d’azur déroule son allégresse tout au long de ses contes.
Sa passion va-et-vient entre océan, dune et pinède que l’on nomme le pignada dans les Landes de Gascogne.
D’une aile de libellule s’échappe le bleu d’un rêve, tandis que l’osmonde balance ses larges palmes sur le miroir de l’étang de Moïsan, lentement gravé par la lumière venue de l’océan.
Féline, Plume d’azur grimpe la dune entre oyats et chardons bleus, et là, comme par enchantement, le rouleau des vagues devient théâtre de la magie où les lointains se rapprochent sur l’immensité intime zébrée par le souffle d’Eole. Beauté de l’inachèvement.
Le cœur poétique, Plume d’azur aime la quiétude et le profond silence qui habitent la sylve landaise.
Les pins droits éploient leur verte canopée à demi effacée sous les vibrations d’air et de lumière.
Femme à la fraîche beauté d’une rose des dunes, elle est persuadée d’une fusion, d’une communion entre l’homme, le végétal et l’animal. Mystère des origines.
Sa jeunesse rêveuse ensauvagée sait glaner d’infimes émerveillements ourlés de bruyère infinie.
Au cœur de la pinède, ses pas résonnent le long des sentiers sablonneux sur lesquels le temps n’a plus de prise.
La forêt landaise est digne d’écrire les plus belles pages d’un conte de fée.
Résiniers et gemmeurs ne passent plus que dans nos mémoires, mais, sur les bruyères de l’errance, se pose toujours le papillon.
Avec sa chaude voix pleine d’allant, Plume d’azur incarne la vibrante harmonie intemporelle des Landes de Gascogne : corps et esprit se confondent avec le bleu de l’océan, l’ocre des dunes et le vert de la pinède.
En ce soir de pleine lune, Plume d’azur danse sur l’airial, happée d’une lumière d’apparition, celle qui, dans sa tendre enfance, inondait les reposoirs croulant sous les pétales de roses.
à Messanges, juin 2021
Morpho
L’airial est un lieu, une aire non clôturée sur une pelouse plantée de chênes où sont installées maison d’habitation et dépendances.
©Roland Souchon
www.rolandsouchon.com
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YVES BERTHIER
FRANÇOIS Ier, ROI DE FRANCE, et
Le CONNÉTABLE de BOURBON
La tragique mésentente
Éditions Vérone, Paris.4e trimestre 2019,154 pages.
Pour une fois, sortons de la poésie pour entrer dans l’histoire avec Yves Berthier et la recension écrite par Nicole Hardouin. Mais après tout, en dépit des drames, des injustices, des crimes aussi, l’histoire de France est une poésie, je n’en ai jamais douté et sans doute est-ce pour cela que je l’aime tant ! Merci chère Nicole, merci Yves Berthier (J. Dornac)
* * *
Avec pertinence et modération l’auteur, dans son liminaire, souligne combien l’enseignement de l’histoire de France est réduite à une portion de plus en plus congrue : l’histoire de France est peu enseignée, peu apprise, peu aimée.
Pour quelles raisons les J. Michelet, E Lavisse, H Martin et autres, dont François Ier et son connétable de Bourbon ont-ils disparu des programmes, pourquoi les cours d’histoire d’autrefois qui intéressaient les élèves sont-ils réduits à une portion minime?
Personne ne le sait.
Cela s’est fait silencieusement, sournoisement, tout un passé toutes les racines sont ainsi passées à la trappe:table rase de la France de la royauté et progressivement l’histoire de notre pays a commencé avec la révolution, puis avec la guerre de 1914-18, puis avec celle de 1939-1945 et ce pour aboutir à un mélange anarchique.
De grands personnages ont été balayés, tant on désire actualiser l'Histoire à l'aune des programmes contemporains ?
Mais, peut-être, s’il y a une date historique que les collégiens connaissent c’est: 1515: Marignan, enfin nous l’espérons…
Ils retiennent cette date comme on s’agrippe à une branche dans un tsunami
En d'autres termes, Berthier pose ces questions avec acuité, mesure, sans agressivité, avant de nous inviter au travers de ses recherches à mieux pénétrer, comprendre, cette période brillante et troublée de la Renaissance, années qui ont si durablement façonné notre pays.
C’est pourquoi nous ne pouvons que remercier, admirer les écrivains qui, en véritable chartriers, avec rigueur et passion, creusent, cherchent, fouillent les archives nationales, départementales, les correspondances.
C’est ce qu’a fait l’auteur dans ce recueil qui pose une énigme : pourquoi le roi François Ier et le Connétable de Bourbon, de grands et véritables amis, qui, ensemble ont remporté la bataille de Marignan, pourquoi dix années plus tard s’affrontent-ils à Pavie?
Pour mesurer à quel point la haine était grande entre ces deux personnages, on apprend par exemple, que la tête du connétable est mise à prix pour dix milles écus d’or!
Pourquoi Charles III, duc de Bourbon, connétable de France issu d’une grande et noble lignée, il descend de Saint Louis, pourquoi ira-t-il jusqu’à dire du roi : c’est «un voleur sans pudeur».
Pourquoi, au travers des siècles, lorsque le connétable sera évoqué on gardera l’image d’un félon, du traître que l’histoire reprendra sans nuance? Y. Berthier se garde bien de prendre position, mais ne manque pas à ce propos de rappeler l’absence de nuances des récits historiques qui qualifient de traître le Grand Condé et le maréchal Bernadotte…
Cette tragique mésentente entre deux personnages si puissants qui sèmera tant de haine, d’affrontement, de morts, de traîtrise est le noyau du livre et nous ne dévoilerons pas le pourquoi de cette énigme, laissant au lecteur le plaisir de la découvrir.
L’auteur, , pour permettre une meilleure compréhension du récit historique, a émaillé sa narration de nombreuses généalogies claires, simplifiées: celle des ducs de Bourgogne, des Stewart d’Aubigny, des ducs de Bourbon, celle de Saint Louis à François I er et Charles III de Bourbon, des premiers rois d’Angleterre, de Guillaume le Conquérant à Elisabeth I, celle de Charles Quint.
L’histoire ayant parfois des retours étonnants, bien après la mort du roi François Ier (ses successeurs étant François II, Charles IX, Henri III qui marque la fin des Valois), on retrouvera un Bourbon à savoir Henri IV dont la descendance dirigera la France pendant deux siècles, jusqu’à la révolution.
Et l’auteur de poser cette intéressante question: Après l’affrontement qui a culminé à Pavie du roi Valois François Ier et du duc de Bourbon, est ce que l’on peut voir: la réhabilitation de la Maison de Bourbon, la revanche sur la confiscation du duché de Charles III? La restauration de l’honneur du connétable? Le lecteur reste juge de sa réflexion et éventuellement d’une réponse.
Ce recueil est ponctué d’une foule de petits points oubliés par exemple: l’origine de la fête des morts fixée au 2 novembre de chaque année, tradition perpétuée jusqu’à nos jours qui est due à un moine de Cluny : Odilon, inhumé à Souvigny.
Il est une autre énigme évoquée par l’auteur: qu’est devenu le corps du connétable qui avait été transporté par deux de ses amis de Rome, lieu de son décès, jusqu’à Souvigny? aujourd’hui on cherche en vain la tombe du troisième duc de Bourbon, son cercueil a-t-il été placé sans inscription, en raison des soldats du roi François qui quadrillaient encore la région de Moulins, image de la vindicte royale toujours vivante?ou est-ce à la révolution de 1789 que la trace fut perdue, ou est-il inséré dans l’armoire aux reliques de l’abbaye? Personne ne le sait.
Nous retiendrons aussi dans ce recueil le beau poème de Rutebeuf, récité, les larmes aux yeux, par Charles III de Bourbon, lorsqu’il apprit la mort de beaucoup de ses amis tués par ordre du roi: que sont mes amis devenus / que j’avais de si près tenus/ et tant aimés…
Ce livre nous donne aussi l’occasion de revoir le déroulement des guerres avec les anglais, l’emprisonnement du roi François, puis celui de ses enfants, la paix des Dames, la non reconnaissance de Charles Quint pour le vrai vainqueur de Pavie à qui il n’accordera pas le duché de Milan, pas plus que la plus petite parcelle de terre italienne.
Nous ne saurions oublier de mentionner les superbes photographies, nous pensons ici particulièrement au Parc du monastère Saint Michel de Grandmont dont émane une sérénité transcendante, à l’escalier des moines illuminé d’une lumière comme venu d’ailleurs, au cloître de la collégiale de Souvigny où les prières semblent inscrites dans les reflets de la pierre. Nous n’oublierons pas la délicate aquarelle de l’hôtel Babette réalisée par le peintre Renon et l’excellente retranscription des plans originaux du peintre Beauvais.
Ce précieux recueil d’Y. Berthier, somme de travail, de recherches nous éclaire, nous remet en mémoire des faits oubliés nous permet peut-être de mieux comprendre et comme le disait Spinoza comprendre est le commencement d’approuver.
Nicole Hardouin
Les mots en tenue de printemps
Se sont mêlés aux verts
De l’éventail printanier
Parmi fleurs et feuillages
Frémissant inlassablement.
Sur le sol ensoleillé
Ils ont effleuré
Orangers pivoines et jasmin
Pour rejaillir en cascades parfumées.
J’en ai même vu un
S’envoler à tire d’aile
Avec abeilles et hirondelles
Dans l’espoir de tutoyer l’apogée
À la cime de l’olivier.
Le soir venu, ivres de lumière
Ils se sont rassemblés
Sur la margelle de la fontaine
En corbeille de sourires,
Petites lampes de veille
Dans la nuit.
©Nicole Portay