Menthe, amande ou chartreuse,
Infiniment verts
Les pigments de la colline
Allument de paillettes ambrées
Ma chape de brume,
Je recueille au creux de mes mains
Cette énergie de ma mante essentielle.
Avec les baies de genièvre indigo
Je m’incline devant l’augure
D’une aurore généreuse,
Un ballet précoce en robe noire et or
Éveille les ocelles myosotis
Du romarin au pied de la borie.
Enivrée par les effluves charnels de la terre,
Lierre embrassant le bois rémanent,
Je me fonds dans les jeux de lumière
Affleurant la nef de pierre
Née du labeur de l’esprit humain.
Ironie
Plus je regarde moins je vois
Plus je comprends moins je crois
Plus j'écoute moins j'entends
Et plus je cherche...
Il serait beau que je puisse les ouvrir mes yeux
Et que je regarde en affichant un beau sourire
J'aimerais y croire mais
Plus je regarde et moins je vois
Plus je comprends et moins je crois
Et plus j'écoute et moins j'entends
Il serait bien que j'ouvre mon esprit
Que je croque a pleines dents dans ce fruit interdit
Ce fruit qu'on connait bien mais qu'on ne cueille pas
Ce fruit dont le goût est familier mais dans le quel on ne mord pas
Je pourrais écouter le chant de cet oiseau qui ose y goûter
Mais je ne peux écouter car
Plus j'écoute et moins j'entends
Et ce fruit je ne peux l'approcher car
Plus je le cherche et...
Plus j'attends !
De nature fidèle,
Depuis longtemps, l’un à l’autre,
Très attachés, nous étions.
Certes, destin commun,
Houleux parfois,
Des hauts et des bas,
Voire même
Quelques éloignements
Avons connus.
Fort heureusement,
J’en avais d’autres.
Aujourd’hui, je suis triste.
Après longue vie commune
Pleine de fantaisies
Elle est partie.
Définitivement…
Ma dernière dent.
On ne fait pas carrière en poésie.
On creuse,
on rêve aussi parfois à ciel ouvert.
De temps en temps,
avec un peu de veine,
on parvient à accéder aux souterrains de la mémoire.
On ne fait pas carrière en poésie.
On fouille au fond des choses
pour mieux se rapprocher,
mine de rien,
du cœur d’un souvenir que les années
ont rendu indéfinissable.
On part en reconnaissance
dans l’espoir de réanimer
une émotion tombée dans l’oubli
et qui aimerait tant
être à nouveau ressentie.
On ne fait pas carrière en poésie,
même si vous avez fréquemment l’impression
que nous recherchons le bon filon
pour en extraire quelques pépites
d’un or qu’il vous sera formellement interdit
de comparer au silence
Cela faisait des jours et des jours que le vent roulait sa curiosité au-dessus d'un sol aride et desséché sans la moindre touffe d'herbe à tripoter. Des cailloux, rien que des cailloux, coupants et tranchants comme des lames. Finis les tourbillons joyeux, les imposantes cabrioles où il tentait d'escalader le ciel. Il devait se contenter de faibles soubresauts, quasi inconsistants.
Il n'était plus qu'un vent engoncé dans sa fatigue, cloué dans sa torpeur, entortillé dans une déprimante solitude. Il en avait marre de ce soleil arrogant, brûlant et suffocant. Un soleil qu'il aimerait bousiller, anéantir ou faire disparaître.
Si seulement il trouvait un arbre, touffu, verdoyant où il pourrait, dans cette obscure fraîcheur, se mettre à l'abri de cette chaleur torride.
Mais pas le plus petit buisson à l’horizon.
Pourtant il ne perdit pas l'espoir. Il flottait autour de lui, beau et frais comme une fleur de seringa et le maintenait en vie.
C'est alors que la nuit eut pitié de ce souffle d'air courageux, elle accourut, douce et câline, l'enveloppa dans ses voiles et le berça comme un enfant...
Ce matin je me suis offert
Le luxe d’un voyage vénitien,
A l’heure où les derniers
Masques de carnaval
Effaçaient les ombres de la nuit.
Dans les brumes et reflets d’un palais
J’ai partagé, grenades, figues, mangues,
Mais aussi de la passion le fruit,
Avec une femme inconnue vêtue
D’une élégante robe brocardée
Où ondoyait une longue tresse
Aux claires nuances vénitiennes.
Au cœur de l’hiver ce fut soudain l’été,
Simplement nous nous sommes aimés.
Le rêve soudain s’est dissipé,
Dans la coupe de fruits il ne restait
Qu’une pomme ayant été croquée,
Sur le guéridon
Deux tasses de thé,
Et, une plume de perroquet.
À la nuit venue
Aux soirs de lunes bleues
Des étoiles en dentelles
Nous vous ferons d’autres bouquets d’étincelles
Pour oublier…
Au jardin de la mémoire
On a effacé le Temps
On a détruit l’Histoire
On a fait trop de mal à la Terre
Les Poètes des Origines se souviennent
Ils pleurent la beauté de la blondeur des chevaux
Montés par les femmes et les hommes des plaines
Survolés par les Anges de Chagall
La Poésie qu’ils ont semée à travers le Temps et les Pays
Ne périra pas, elle garde l’espoir des peuples…
Les Poètes ont la force du chêne, le cœur grand comme l’Univers…
Ils labourent les mots
Au rythme du battement des ailes des chevaux …
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...