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©Etienne Fatras
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©Etienne Fatras
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Œuvre de Gérard Beaulieu
Arrêt du souffle sur la douceur
Tu souris au passage du temps
Dans l’incertain des desseins
Geste mutin au coin du destin
Tu répands ton attente jusque dans tes craintes
S’ennuyer ouvre à la suspension
Du mouvement au geste l’appel en silence
Corps allongé, corps aux aguets
Sous l’attrait peu coloré
Ta charmante capacité à briser
Arrêt du souffle sur la douleur
Un avenir de désir et de martyre
Échapper aux odeurs de plaisantes heures
Pour goûter à l’envers de l’en-vie
Pendant que s’étiole l’idée de l’attendrissement
©Gérard Leyzieux
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Tableau de Mircea Bochiș
Version française
L’été du peintre
Une maison blanche-rose sur une colline,
un étrange ciel nuagé, azuré,
son dedans reflété en couleurs :
le bleu troublé par des tourbillons,
le blanc emporté par les éclairées du ciel,
le rose comme un souffle imprégné dans les murs,
entre les ennuagements du ciel glisse
sur le toit fata morgana,
descendant des peintures de Chagall,
la maison irise l’été sur la colline
avec son étrange lueur,
le blanc-rose sur le vert tout autour :
le vert du champ ensoleillé,
de l’herbe ombragée, de sombres buissons,
des cyprès qui montent vertigineusement au ciel,
des peupliers qui veillent son sanctuaire,
dans leur feuillage, l’ombre de deux êtres,
le vert du cèdre assombri,
le ciel est vert comme l’été
troublé par le blanc-rose
de l’étrange maison sur la colline.
* * *
Version roumaine
Vara pictorului
O casă trandafirie pe deal,
un cer straniu, înnourat, havaiu,
lăuntrul casei răsfrânt în culoare:
albastrul tulburat de învolburare,
albul spulberat prin spărturile cerului,
rozul impregnat în perete ca o boare,
între înnourările cerului lunecă
pe acoperiș o fata morgana,
coborând din picturile lui Chagall;
casa irizează vara pe deal
cu strălucirea ei stranie,
trandafiriul pe verdele din jur,
verdele-galben de câmp însorit,
de iarbă în umbră, de tufișuri întunecate,
de chiparoși ce urcă vertiginos în cer,
de plopi străjuind al ei sanctuar,
în frunzișul lor, umbrele a două făpturi,
verdele de cedru întunecat,
cerul e verde ca vara
tulburată de tradafiriul
ciudatei case de pe deal.
©Sonia Elvireanu
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Malgré qu’on ne relève à première vue
aucune indication précise
au sujet de ma présence à vos côtés ;
sachez que je suis bien là,
devant vous,
prêt à témoigner en tant que poème en personne.
Eh oui, en tant que poème en chair et en os,
encouragé par cette envie irrésistible
d’échapper à l’analyse
et d’éviter les lieux communs
tout en respectant ma logique un peu rebelle,
à jamais en liberté surveillée.
Je suis bien là,
devant vous,
avec, avant tout, pour mission,
le devoir d’obliger le silence
à desserrer les dents
jusqu’à ce qu’après l’avoir aidé à vider son sac,
on parvienne ensemble une bonne fois pour toutes
à lui délier la langue.
Ce que je relate pourrait peut-être à certains
paraître en général un peu trop relatif...
Mais peu importe :
à partir du moment où mon petit doigt me dit
que, si depuis le début, ça vous parle,
c’est que nous étions faits pour nous entendre.
©Michel Duprez
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ouvrage bilingue franco-russe) – Éditeur Conseil des Poètes et Paroliers, S.A.P.F. – Préface de Valéry Dvoïnikov – Dessin de couverture Anne-Marie Weyers – format 15x21 – 99 pages – 4ème trimestre 2022.
Des rires de jeunesse, des jambes de femmes,
Des regards de douceur, des rencontres d’amis,
Puis l’amour, puis la vie.../... JCD.
Le poème liminaire du dernier ouvrage de Jean-Charles Dorge – Les sabots dans la masure – est annonciateur et s’offre à nous telle une explosion d’amour, une révélation, un éblouissement intérieur ; une femme en devient soudain la révélation : Elena !
Ce recueil est traduit en russe, preuve d’un bel éclectisme, d’une volonté d’unité et d’ouverture intelligente en ces temps - hélas ! - où nous sommes encore confrontés à l’ignorance, l’obscurantisme et où nous avons tristement tendance à faire des amalgames entre une quête profondément humaniste et les dissonances de l’histoire.
Les poètes, les artistes, les créateurs ne sont pas responsables des errances incertaines, douteuses et dangereuses générées par l’avidité inextinguible de leurs dirigeants.
Installons donc notre campement dans le pays de la poésie où «Les champs d’orge parfument l’air de Paris» !
Jean-Charles Dorge n’est pas loin, dans son expression pastorale, de nous faire songer au grand penseur et poète Philéas Lebesgue, auteur de Mes semailles.
La symbolique du sabot nous situe dans un espace où flotte une certaine rêverie nostalgique, les vibrations du temps passé serti de regrets. La note est donnée : « Les cœurs dansent dans les sabots... ». Le ton s’impose, la plume du poète amorce un retour sur la mémoire où le vin de la joie enveloppe de ses brumes les rêves. « Des pipes fument.../...on rit, on trinque, on chante.../... ».
Voici un ouvrage attachant, qui sent bon le terroir, la terre fraîchement labourée, les blés moissonnés sous le soleil d’été, la senteur des foins coupés et les odeurs d’antan, celle du bon pain de campagne, du lard fumé, du pot au feu au coin de la cuisinière en fonte.
Les poèmes, de factures diverses, évoluent au rythme de la vie : des rires d’enfants, des femmes aux belles jambes et robes affriolantes, des larmes de joie, de peine et d’amour. Le poète se met en observance et chaque bribe du quotidien nourrit et alimente son moulin à poèmes.
Voici aussi qu’il se fait parisien et place ses pas dans les empreintes des grands ainés du passé, où flottent toujours leurs ombres à la Closerie des Lilas. Bonheur pour le lecteur de croiser les scènes de vie au fil d’un chemin de hasard, de rencontrer des artistes, des badauds, de regarder passer les bateaux sur la Seine, de s’enivrer des parfums de femmes, que le poète observe d’une terrasse de café ; le tout noyé dans les effluves des rues. Que serait Paris sans ses « putains noires ou blondes montrant leurs jambes vagabondes .../... où coule une odeur de pas perdus » ?!
Dans ses errances rêveuses, le poète nous gratifie d’une petite balade poético-géographique, nous entraînant du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest : Picardie, Alsace, Provence... .
Il est bon, parfois, de retourner sur les pas de l’enfance, de retrouver les jeux avec les copains, les premières petites amoureuses et les odeurs de confitures.
Certains poèmes plus légers respirent et jouent avec les échantillons de nos existences. D’autres sont plus graves, solennels ; ils aimeraient voir un monde plus sage et responsable, plus apaisé ; ils souhaiteraient voir sécher les larmes et enterrer les armes.
Ils ne portent plus de sabots, ou - pour le folklore - à la fête du village, mais le constat est flagrant : les paysans, aujourd’hui, s’absentent de leurs terres en raison des charges pléthoriques, des endettements forcés, des impôts suicidaires, sans parler des normes crucifiantes, du réchauffement de la planète et d’une écologie hystérique irréfléchie et non maîtrisée. Cependant le poète voit juste car le paysan est bien le seul à être « nécessaire au futur du vivant, lui seul peut obliger les menteurs à se taire, il fabrique le vrai quand ils sèment dans le vent ». Oui, « il faut urgemment revenir à la terre ! ».
Les parfums de la terre seraient inexistants s’ils ne se mêlaient pas à ceux de la mer, des algues et du sel, qui passent comme un rêve d’écume.
Vivre, vivre est le leitmotiv du poète, constatant que nous sommes bien trop confiants et que nous ne nous méfions pas assez du temps, qui, silencieusement, avance sournoisement en défiant le tic-tac et faisant bonne figure, jusqu’à nous retrouver face au miroir des illusions, où il ne reste dans la mémoire que les traces d’une sonate d’enfance.
L’évidence nous rattrape : combien même le poète se ferait-il voyant, il ne peut pas tout voir, en particulier dans le cœur bien souvent trop noir de l’homme.
Gageons alors que la poésie demeure encore l’ultime moyen de l’illuminer !
Michel Bénard.
Lauréat de l’Académie française.
Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.
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Quelqu’un, quelque part
pense à moi, je le sais, je le sens
Quelqu’un, quelque part
me fait cadeau de sa pensée
Merci la Vie
Je ne souhaite que d’être aimée
~*~
Qualcuno, da qualche parte
pensa a me, lo so, lo sento
Qualcuno, da qualche parte
mi regala il suo pensiero
Grazie Vita
Mi auguro solo di essere amata
Ode©
Extrait du recueil de ODE : Médaillons Poétiques, français et italien – Traduction de Mario Selvaggio
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On les appelle des bêtes
A mon cœur
ce sont des personnes
en droit, en dignité
Qui sait contempler
le profond regard
de nos compagnons
sait que l’être est habité !
Jolis ports de têtes
regards intenses
tendresse sans mots
amour éclatant
Lui, c’était mon chien
Khépos de son nom
mélange de race
un amour qui ne s’oublie pas
Elle, c’était Cléo
une petite chatte
bicolore de robe
sauvage et douce à la fois
Si vous pouviez savoir
combien vous me manquez
tellement vous avez su remplir
mes jours de triste solitude
Non, vous n’étiez pas des bêtes
vous étiez de ma famille
vous étiez ma famille
mes amis, mes confidents
Cœur noyé de solitude
vous me compreniez
et veniez près de moi
pour mille câlins tendresse
Et dire que trop d’humains
ne vous aiment pas
voire qu’ils ont peur
alors que vous êtes amour…
©Jean Dornac
Lannion, le 14 mars 2023
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À mon aïeule maternelle
Elle est partout et nulle part
debout au four et au moulin
pas un instant pour divaguer
mais pour chanter oui, elle est là
rien ne l'arrête et tout y passe
depuis Ferré, Brel, Mariano
jusqu'au fado et l'opéra
Quand elle épluche les oranges
que lui a données le primeur
des maltaises toujours trop mûres
pour ceux qui ont la bourse pleine
elle entonne un refrain étrange
qui parle vin cuit, et vanille
et d'une recette de Murcia
que lui donna Maria sa mère
Le chaudron bout, c'est un vieux clou
non pas ces beaux reflets de cuivre
qu'on voit sur les dessins du livre
qui vient de Palautordera
caché dans son sac d'émigrée
alors qu'elle ne sait pas lire
À soixante ans, il est trop tard
Il est si vieux ce bouquin là
venu du pays en révolte
ces quelques mots en catalan
dont elle connaît les images
ce petit livre tout en miettes
qui traversa la France libre
bien plus sacré qu'un beau missel
''mi-sel mi-sucre'' disait-elle !
Soudain elle se sauve en courant
l'heure de quérir les enfants
Et au goûter que va-t-on faire ?
Il est déjà la fin du mois
du pain perdu ? ou bien grillé ?
avec juste un petit ''raj d'oli''
non pas de beurre, ici, jamais
ni flan ni crème, c'est gaspiller
la nourriture, c'est pour survivre
Mais elle a dans son tablier
quelques fruits mûrs qu'elle a trouvés
sur les chemins de la commune
C'est la glaneuse de Millet
elle est courbée mais sait chanter
et même ''Aux armes citoyens !''
Elle travaille sans arrêt
à réparer la société
sans cri, sans grève et sans hurler
Elle est partout quand on l'appelle
et chante du soir au matin
Bien sûr qu'elle pleure en secret
elle n'a pas le moindre blé
mais elle sait se contenter
elle est en vie et jamais seule :
Lorca, Neruda, De Falla
Pablo Casals et Cerruda
Son cœur déborde de musique
l'amour des autres, c'est l'Amérique !
( Extrait du recueil : L'EXODE :Ines, Faustino et les autres...)
© Jeanne CHAMPEL GRENIER
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Dans le sac aux mots je tire
une série au hasard
et les couche sans retard
sur mes tablettes de cire
je me plais à les construire
les arracher au brouillard
en extraire le nectar
pour qu’ils puissent vous séduire
après les avoir triés
convenablement liés
plein d’émoi je vous les livre
puissiez-vous à votre tour
les cueillir avec l’amour
qu’il me fut donné de vivre
©Louis Delorme
Extrait du recueil imprimé par Louis Delorme lui-même, recueil nommé : « Le point de rupture »
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