Certains le savent, le blog n'a plus bougé depuis le 3 octobre...
En fait, les pompiers et mon médecin m'ont trouvé, inconscient, à côté de mon lit... Bien sûr, j'ai été hospitalisé d'urgence, j'y suis resté jusqu'au 13 novembre... En dépit d'une importante quantité d'examens durant les 5 semaines à l'hôpital, on ne sait toujours pas ce qui est arrivé...
Je n'ai pas récupéré suffisamment pour faire le même travail qu'avant le "problème"...
J'en suis désolé, mais dès que je le pourrai je reviendrai pour publier, ici !!
Une fois je suis tombée
Dans un ravin profondément creusé
Deux fois j'ai trébuché,
En essayant de remonter
Trois fois je me suis reposée
Sans réfléchir à ce que je faisais
Quatre fois je me suis relevée
Essuyant les larmes
de mes terrifiantes pensées
Cinq fois j'ai trébuché
En tentant un nouvel essai
Six fois je me suis posée
Pour réfléchir à ce qui m'arrivait
Sept fois je me suis redressée
En essayant d'oublier
Huit fois ma jambe s'est brisée
Alors que je grimpais
Neuf fois je me suis relâchée
J'ai voulu abandonner
Dix fois à terre je suis restée
Entre le déni et la vérité
Une fois je suis tombée
Mille fois j'ai essayé
Mille fois j'ai échouée
Et plus d'une fois j'ai été dupée
Plusieurs fois je suis retombée
Trahie par ma naïveté
Mille fois j'ai pardonné
Mille fois j'ai espéré
Tant de fois j'ai cru oublier
Une fois tombée à n'en plus finir...
Le reste à combattre l'adversité
Puis une bonne fois à réaliser
Qu'aujourd'hui doit être le dernier
Une fois je suis tombée
Dans un ravin isolé
Une dernière fois j'ai décidé
De rassembler les forces qui me restaient
Pour enfin dire stop et crier.
Extrait de « Le jardin des délices », Jérôme Bosch -
Ce ramassis d’ombres
Qui traîne sur la plaine
Hommes vides de tous remord ;
Mort déjà ;
Qui sans se soucier
Débattent encore des cancrelats
Qui s'invitent dans le terroir de leur avidité...
Rien que de l'ombre
Si peu de lumière
Rien que de l'homme
vidé de son être
Que l'on a vendu au pouvoir
Sois disant absolu
Au sommet de l'heure fauve
Ils s’acharnent
Comme les guerriers implacables
S’arrachant des parts d'ombre
Comme des carnassiers sanguinaires
Qui se font les dents d'aciers
Sur une chaire trop indolente
Ne leur abandonne aucun goût
Sinon celui d'en redemander encore
Tellement leur appétit est sans fond...
Il m'arrive parfois de penser
Que là, la vie se meurt
Mais il n'en est rien....
Avez vous réfléchi aux cancrelats...
Dans l'ombre la plus profonde
Comme sous le soleil le plus éclatant
La vie veille souveraine
Sans dissonance aucune
Au milieu de sa terre
De son pays
De sa création....
Elle veille inlassable
Et devant elle
Même la mort s'incline;
La grande dame
Sait d’où elle vient.
Dans ce ramassis d'ombres
Qui traîne sur la plaine
La vie encore trouve son nid
Car entre les êtres qui s’évertuent à conquérir la terre
Certains en creusant ont trouvé une lueur
Qui au regard de beaucoup demeure inconnue
N’en est pas moins sue de la vie
Qui l’alimente
Et creuse au fond d'eux une aurore naissante
Qui explosera comme un soleil retentissant
Au milieu de leurs rêves....
Là ou tout s’assombri
Là ou se répand l'ombre et l'obscurité
La symphonique cacophonie
D’avidité affriolante
Là dans le plus profond du gouffre
La vie a déposé un soupir
Une note
Un sourire
La joie d'un enfant
La clameur d'une rose
L’explosion d'un bouquet
Le sourire de l'amante repus et conquise
Le silence de l’amant
Qui la regarde avant de s'endormir
Et dans la flamme tant d'autres germes
Que la vie n'en finit plus
De livrer tant d'espérance
Tant et tant de gouttes de soleil
Qu’elle n'a jamais vu la nuit ...
Que la lumière de ce qui luit
Au plus profond des abîmes de l'indifférence
Et de l'envie et des ténèbres.
Alors que l'ombre est l'autre coté de la vie
Pour qui la sait
La lumière elle ne cesse de luire
Car son côté sombre est l'infini.....
L’autre côté de l'homme qui jamais ne se dit
C’est un après-midi comme je les aime,
Un après-midi de musique ancienne,
Douce, lointaine,
Du temps de Léonard de Vinci,
Celle qu’il a peut-être écoutée
Aux rythmes de quelques troubadours
En peignant la Joconde !
Les persiennes presque closes
Assombrissent l’atelier,
L’été se veut caniculaire,
Le chat dort sur la fraicheur du carrelage,
Une psalmodie du monastère de Cluny
Susurre les psaumes,
Mon âme se fait alors vagabonde
Perdue dans ces prières grégoriennes.
Voilà bien un élixir d’impertinence et de jouvence ! Et nous en avons bien besoin !
Le livre s’ouvre sur ces quelques mots de Boris Pasternak :
« Il siérait aux étoiles de rire aux éclats
Mais quel trou retiré que ce monde »
Et Jeanne Champel Grenier va pourtant s’employer avec brio et l’humour qu’on lui connaît, dans quarante-trois nouvelles aux univers très différents, à semer dans ce vide sidéral tendresse, rires, lucidité, chaleur et rébellion –sans jamais cesser d’interroger l’humain, sans jamais cesser de porter sur lui un regard d’ironie tendre.
On peut lire ainsi page 43, dans la nouvelle intitulée Doutons un peu :
« Au commencement sur la terre, il n’y avait que des huches à pain, des huches à pain en pin, du nord au sud en passant par les Mistiches. Un beau jour, l’une d’entre elles dit :
-Et si on faisait un homme ? »
Et de conclure dans cette chute succulente comme une miche bien chaude :
« En résumé, si on regarde de plus près, le tout tendrait à prouver, même si l’exégèse est toujours par nature exagérée, que l’homme descendrait plus de la huche à pain que du singe ; ce qui expliquerait en partie le grand vide sidéral qui s’ouvre en lui lorsque son boulanger est fermé. »
Jeanne Champel Grenier enchante, célèbre et égratigne avec talent et générosité.
Une mention spéciale pour l’univers aussi beau qu’étriqué de la poésie avec un grand P, chasse gardée de quelques grands pontes autoproclamés et d’amis d’amis de ces mêmes pointures, dans la nouvelle La poésie : un lien indestructible, traité de tolérance et d’ouverture toute feinte qui se termine en pugilat. La poésie doit-elle vraiment être faite par tous ? Que nenni ! On comprend bien les intérêts à la maintenir dans ses cercles restreints !
Enfin, j’aimerais aussi mentionner (et le choix de l’une ou l’autre de ces nouvelles a été difficile) le délicieux dialogue tenu dans la chambre 310 d’un hôpital entre notre auteure et une patiente rebelle de quatre-vingt-dix-huit ans qui s’obstine à voir des cerisiers blancs dans la vallée de l’Eyrieux, là où s’étendent à perte de vue des pêchers roses. La mémé Vernet a fait le mur pour rejoindre son ancienne école, pour vivre encore. Et c’est la leçon que l’on retient entre toutes.
La vie est plus forte que tout.
Refermant ce livre plein d’ardeur et d’humour je pense à ces vers de René Char qui siéent si bien à Jeanne Champel Grenier :
« la lucidité est la blessure la plus proche du soleil. »
Voyez toutes ces hirondelles
Elles vont et viennent à tire d’ailes.
Bonjour, M’sieur Printemps, bienveillant !
tu les accueilles en souriant.
Et, d’où venez-vous donc, les belles ?
Et qu’est-ce, qu’ici, vous appelle ?
Comment traduire la mélodie
De vos clameurs qui psalmodient
Les vieux, les jeunes et les petits
Que l’on aperçoit, tout blottis,
Dans vos nids, cachés prudemment,
Sous nos toitures, prestement.
Des oiseaux de tout l’Univers
Premiers à affronter l’hiver
Qui traine, encore, à s’en aller
En oubliant quelques gelées ;
Vous êtes un enchantement !
Soyez les bienvenus, vraiment !
Ah, ce retour de migration
Du printemps est célébration…
Ombrelle à coccinelle,
Petit bol de rosée,
A toi je me lie
Liseron,
J’aime ton teint si pâle
Ton parfum virginal
Qui jamais ne s’impose.
Il ne vient pas à moi
Comme celui de la rose.
Il est timide et doux,
S’amourache et s’enlace
D’un amour si tenace.
Liseron,
Au fil des tourbillons
A tissé broderie,
Si longue rêverie.
En 1953, la Knesset (Assemblée Législative de l'État d'Israël) créé, à Jérusalem, le Mémorial de Yad Vashem consacré aux victimes de la Shoah. Parallèlement, elle souhaite rendre hommage aux "Justes parmi les Nations" qui ont mis leur vie en danger pour sauver des Juifs. Le titre de Juste est décerné au nom de l'État d'Israël par le Mémorial de Yad Vashem.
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...