Elle a gardé sa vieille carne
qui ne trotte pas des plus vite
mais c’est pour n’oublier personne.
Elle aime bien ratisser large.
mais elle s’est modernisée quand même
en se faisant poser double laser,
dernier modèle, dernier cri pour balayer tout un champ de bataille.
Deux faisceaux jaillis des orbites
qui raclent tout sur leur passage.
C’est du travail à grande échelle !
et l’homme lui a bien facilité la tâche.
Visage au regard vide,
esquinté par la vie.
Trop vécu d’indifférences,
enduré de mépris,
essuyé d’échecs.
Trop de soucis à porter,
à porter bien trop lourde charge !
A quoi sert d’avoir été là
aussi longtemps,
sans que rien vaille
d’avoir été,
d’avoir valu,
d’avoir voulu
ni son infortune,
ni même d’être supporté par soi.
On « brûle » le cochon
Derrière la maison
Et sa queue calcinée
Dans notre cheminée
En guise d’oraison
Crie l’ultime pensée
De cette destinée :
Un long tire-bouchon
De fumée !
Laissez-moi goûter ces heures
que la brise va bercer
je vais enfin me passer
de la vie et de ses leurres
pas de danger que je pleure
que je puisse m’angoisser
surtout point d’air compassé
puisqu’il faut que chacun meure
j’aime l’arbre qui gémit
dont le feuillage frémit
les grands lys qui s’évaporent
et poursuivre dans le ciel
les derniers rayons de miel
ah quelques beaux jours encore
N’est-il pas bon de rêver
c’est la drogue la plus douce
on embarque sans secousse
on est de suite arrivé
il ne faut pas s’en priver
le bonheur nous éclabousse
quand la brise qui nous pousse
nous incite à dériver
tant pis si l’on n’en rapporte
qu’une moisson déjà morte
quand on repasse l’étang
il nous reste des images
et repartir sans dommages
est possible dans l’instant
MOSSOT — Travail personnel - Brigue - Chapelle Notre-Dame-des-Fontaines - Fresque du Jugement dernier
L’idéal inaccessible
un piton trop élevé
on s’y croyait arrivé
qu’il est encore invisible
on le recherche on le cible
mais on croit qu’on a rêvé
son temps est presque achevé
qu’on n’a pas fermé sa bible
on a cru dur comme fer
que le ciel comme l’enfer
pouvaient être de ce monde
on s’aperçoit que des deux
le second parvient le mieux
à garder son tour de ronde
C’est dans le tunnel des mots
que j’avance à ma mesure
j’ai dépassé celui de non retour
je sais qu’à point nommé l’un d’eux
se détachera de la voûte
entraînant tout l’édifice
Serais-je alors au bout de tout
au commencement d’autre chose
aurai-je la lumière en vue
celle d’un autre part qui m’a tant fait rêver
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...