Dieu ne m’a pas fait de signe
faut-il pour autant jeter
le manche après la cognée
Pourrais-je avoir mérité
autre chose que de vivre
si j’ai gagné l’aller simple
ce n’est déjà pas si mal
Sommes-nous vraiment importants
ou simplement insignifiants
plus ou moins que ce que nous sommes
le livre un ne le dit pas
mais qui sait quoi de prochain épisode
Pour bientôt le dernier choc
le dernier point sur la ligne
que l’on pensait prolonger
un petit bout de siècle encore
C’était pourtant prévisible
mais on avait de l’encre plein les yeux
écrire éloigne vers le rêve
Alors on enjolive les oeillères
on les décore on les colore
on les guilloche on les cisèle
on en peint même l’intérieur
on veut que ce qu’on voit
ne le soit pas sous un jour triste
Il a vécu tout simplement
comme il est né
où il est né.
Il n’a point fait d’études ;
il aurait pu
mais l’école était bien trop loin.
Fils de berger,
le voilà berger à son tour
mais sa pensée n’est pas si fruste
qu’on le croirait de prime abord.
Il est ouvert au monde des étoiles
quand vient le soir
et que s’allument dans le noir
la féerie du ciel et de l’immensité.
Les yeux de ses brebis
qui contemplent la lune,
serrées ensemble
pour garder la chaleur
engrangée sour le calorifère du soleil,
l’interrogent sans doute.
Il se voit petit dans l’espace
mais seul pensant peut-être au milieu des rochers.
Nous les avons connus dans la force de l’âge :
Qu’avons-nous fait pour les empêcher de vieillir ?
Reconnaissons que nous n’avons guère été sages,
Que nous n’aimions pas obéir !
Ils ne nous ont donné que le meilleur d’eux-mêmes,
Ce qu’ils avaient mûri de rêve et d’idéal
Mais nous considérions comme tarte à la crème
Leur parler franc et proverbial.
Nous étions rebutés par leur lente démarche,
Leurs manières à eux de mépriser le temps
Et nous n’avons pas su retenir de leur arche
Le sable pour argent comptant.
Nous ne nous souvenons plus que de quelques bribes
Parmi le lot, si fourni de leur testament ;
Nous regrettons qu’ils n’aient pas eu l’âme de scribes
Pour tout conserver noir sur blanc
Les cerises sauvées comme pendants d’oreilles,
« L’os du bonheur », vite détaché du poulet,
Les coupas frappés sur les verres et les bouteilles
Jusqu’à ce que tombe un soufflet !
De ce festin nous n’avons qu’épargné les miettes :
Les muscles du géant gonflés à pleins poumons,
Une bouffée dérobée à sa cigarette
Avant d’être hissé au plafond.
Tous ces trésors que les moissons de notre enfance
Avaient, jour après jour lentement amassés
Nous les avons, sous prétexte de délivrance,
Au hasard des mues dispersés.
« Ils » nous ont bien des fois remercié d’un sourire
En croisant leur enfance au coin d’un de nos jeux ;
Vers les plus hauts sommets ils voulaient nous conduire,
Loin de tout sentier périlleux ;
Mais nous ne comprenons cette sollicitude
Que bien longtemps après qu’elle nous fait défaut
Quand vient pour nous le temps de la décrépitude,
Quand souffle le vent de la faux ;
Et nos enfants nous rendent notre indifférence :
Notre froideur d’alors est payée de retour
Et c’est du bout du coeur que leur exubérance
Répond à nos marques d’amour !
Quand vient le mois de mai nous grimpons aux platanes ;
Leurs branches terrifiées ouvrent leurs larges mains,
Laissent tomber des hannetons sur le chemin :
Nous les prenons pour faire des aéroplanes.
Retenu par un fil, le prisonnier s’envole,
Trop heureux de sentir sous ses ailes le vent,
Mais dans ses liens, hélas, s’empêtre bien souvent
Et pique droit à terre en perdant la boussole.
Et notre âme d’enfant continue le voyage,
Aux élans du captif naturel contrepoint ;
Quand il reprend l’essor nous sommes déjà loin,
Du rêve notre esprit à tourné bien des pages.
Nous avons chevauché les vagues et les dunes,
Aux sorcières chipé la clé de leur trésor,
Au jardin, nous avons cueilli les pommes d’or
Et dans notre panier nous contemplons la lune.
Toute une armée de coings disposée sur la table
Comme sur le carreau mes fiers soldats de plomb ;
Ma mère est général de ces beaux anges blonds
Qu’on mène à la marmite en un ordre impeccable.
Ils meurent un à un dans le gouffre insatiable
D’où montent des appels et crèvent des ballons
Et leur âme en fumée vole jusqu’au plafond
Cependant que leur chair demeure aux mains du diable.
On a tiré les plus gros à la courte paille
Pour préparer, selon des rites maternels,
Des pots d’ambroisie comme il n’y en a qu’au ciel,
De quoi ravir le coeur de toute la marmaille.
C’était un petit Africain
Qui voulait faire du pain
A quatre sous la livre
Pour que ses frères vivent
Mais il n’avait pas de blé
Ni d’argent pour en acheter.
Il prit de la terre,
Y mit sa misère
Et modela dans ses doigts
Deux grands parisiens siamois ;
Il les mit à cuire
Avec un sourire
Dans un rayon de soleil
En songeant qu’à son réveil,
S’il ne leur arrivait rien,
Il mangerait à sa faim !
Il fit un beau rêve
Et vit sur la grève
Une file de bateaux
Que déchargeaient des gâteaux,
Il se dit qu’en songe
On est heureux comme au ciel
Et que les éponges
Ont leurs trous remplis de miel ;
Et le pauvre môme,
Pâle comme un fantôme,
Eut trop peur que ses enfants
Ressemblent un jour à des blancs ;
Alors pour être certain
De ne plus manquer de pain,
Il décida de dormir
A n’en plus finir.
De la pensée, les mots
ne prennent que des bribes
comme des lambeaux de brouillard
qui passent en courant
devant le paysage,
ne démasquant que les détails
de ce qu’elle fait défiler.
On est loin de représenter l’ensemble !
La mathématique de la pensée
est un théorème à la Fermat
que l’on n’est pas près de démontrer,
de démonter??
Et puis peut-être
que chacun pense à sa façon,
sans rien à voir avec les autres.
Je deviens homosexuel
quand on s’en prend à mon frère parce qu’il l’est.
Merveilleuse tolérance du formidable poète qu’était Louis Delorme. Tolérance qui se perd tragiquement chez certains politiciens que j’aurais tendance à nommer « politichiens » et encore, ce serait une insulte pour les chiens ! Je. ne suis pas homo, mais je respecte celles et ceux qui le sont car ils sont mes frères et mes soeurs en humanité ! (Jean Dornac)
La haine des homos tend à se propager :
C’est une ignominie à nulle autre pareille !
Sous l’insulte souvent la barbarie sommeille,
Nous tous que faisons-nous pour la décourager ?
L’homme est un animal qui devient enragé.
Ce vieux mal, la bêtise aveugle le réveille ;
Pour son obscure fin le navire appareille,
Si nous ne faisons rien nous allons « naufrager. »
Certaine religion, à ce qu’on dit s’en mêle :
Elle n’évolue guère et laisse des séquelles
D’un temps où l’ignorance empêchait de bien voir.
Mais de nos jours aucune raison ne subsiste
De s’en prendre à celui qui par nature existe
Et qui d’être autrement n’a pas reçu pouvoir.
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...