Toute la maisonnée jadis
Fut éveillée en pleine nuit !
Mes yeux d’enfant paisible
Virent au ciel une féerie,
Des draperies ocres et roses,
De lourdes tentures cramoisies.
Le spectacle éternisait, funeste,
Ses rutilances de cinabre :
Braises froides aux franges de cendre
Qui présagèrent le temps des sabres.
Joachim Wtewael - La bataille entre les dieux et les titans
Inscrits depuis toujours
Dans le labour des dieux,
Les sillons de nos vies
Plus ou moins allongés
Sont ouverts chaque jour
Aux éclairs de soleil
Et aux gemmes de pluie.
Les semences d’étoiles
S’y déposent la nuit
Pour des moissons diverses
Et parfois improbables…
Car la bénédiction
N’est pas offerte à tous !
Je viens d’apprendre le décès de Luce Péclard, le 2 juin 2022. Je veux lui rendre hommage, elle était une grand poète suisse, elle a reçu divers prix, mais surtout, pour moi, sans que nous ayons pu nous rencontrer, elle était devenue une amie que je publiais régulièrement. Tant qu’il me restera des textes d’elle, je la publierai encore et encore.
Je pense aussi à sa famille frappée par ce deuil et à tous ses amis, en Suisse, en France et ailleurs… (Jean Dornac)
Je rêve d’un moment perdu
Multiplié dans les journées,
Comme un espace entre les lignes
Où court le crayon salvateur,
Comme un silence entre les notes
Où peut fleurir la mélodie.
Les moments perdus tels des brèches
Perforant les emplois du temps
Et faisant s’effondrer les murs
Qui empêchent d’ouvrir les ailes !
18 mars
Quelle ardeur te propulse au coeur de ton semblable,
Recherchant un miroir en l’humeur du moment ?
Ne t’aventure par sur le sol malléable,
Reste ferme à ton poste et donne assidûment.
19 mars
Je regagne ma place au poste d’aiguillage
Pour surveiller de haut la juste direction.
En jaugeant d’un coup d’oeil l’effort d’appareillage,
Je ne laisse passer aucune inattention.
20 mars Passer, laisser passer, offrir libre passage…
Toujours en mouvement, le mot lance des ponts.
D’une rive à une autre, il sert le bon usage,
Il tisse des liens, suscite des répons.
21 mars
Le choeur de la nature appelle nos répons,
Amplitude sonore au lent balancement.
Ce fragile équilibre, hélas, nous le rompons,
Sans cesse renvoyés au recommencement.
15 mars
Le monde repoussé s’éloigne dans l’espace
Et je puis résister à ses coups de boutoir
La guerre et la terreur ne mènent qu’à l’impasse,
Aux étals surchargés dans un vaste abattoir.
16 mars
Qu’est-ce qui s’accumule à l’étal des années ?
Rides barrant le front, ocelles sur les mains,
Echine s’arcboutant aux parois des journées,
Fatigue dans les yeux, figure en parchemin !
17 mars
Visage en parchemin ressemble au palimpseste
A décrypter sans faute avec un décodeur.
Son message caché ne devient manifeste
Que si mon empathie égale mon ardeur.
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...