Tant que le papillon
N’arrive à déployer
Son aile entière et libre
Hors de sa chrysalide,
Il lui vaut mieux rester
Chenille en perfection
Sur l’aile d’une feuille.
C’est l’heure des pipistrelles
Au ciel crépusculaire.
Leur incessant va-et-vient
Entre chêne et noyer
Tisse le hamac invisible
Où je m’endors sous les étoiles.
Ah ! Quelle nostalgie affleure
En cet instant d’éternité !
Le monde se balance en moi
Dans son véritable équilibre.
Je le berce comme un enfant !
Si je suis en deuil permanent
Des êtres perdus ou à perdre,
La souffrance est calcinée
Jusqu’à sont point central,
Sans résidu ni scorie,
Une fois pour toutes.
Il demeure un état
De réceptivité intense.
Chaque visage est contemplé
Comme une dernière fois.
Je le décalque pour toujours
Sur le feuil de ma mémoire.
Un jeune couple épouvanté
Fuyait la verte Campanie,
Poubelle maudite à ciel ouvert.
Joseph, Marie des temps modernes,
Avec leur promesse de vie
Enceinte de menaces.
Où l’enfant naîtrait-il
A l’assistance publique ?
Dans quelle crèche de pitié
Au-delà de Milan, peut-être à Chiasso,
L’âne et le boeuf hélas restés
Dans les prairies vert-de-grisées ?
Dans la villa de nos voisins,
Il n’y a plus ni chiens ni chats.
Les animaux s’entendaient bien,
Contrairement à la légende,
Mais leurs maîtres sont séparés,
Partis chacun de leur côté.
Les jappements sont pour Madame
Et les miaulements pour Monsieur.
Fini le parc aux galopades,
Les troncs pour grimper aux oiseaux!
Les pauvres bêtes vont en ville
Dans des logements exigus…
En fin de compte, heureusement
Que ces gens n’avaient pas d’enfants.
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...