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8 mars 2018 4 08 /03 /mars /2018 07:50


 

 

 

 

Bérangère regardait sa feuille blanche où elle avait écrit : « Vers quel monde secret un escalier inachevé mène-t-il ? »
 
Elle le visualisait bien cet escalier. Il lui suffisait de plonger dans son enfance marquée par la guerre : ville bombardée, immeubles dévastés où ne subsistaient que des escaliers inachevés, évoquant un monde surréaliste, un monde de fous. Bérangère les avait regardés longtemps avec stupeur, avec angoisse. En les observant, elle avait pensé à des doigts, des doigts accusateurs qui disaient la folie et la barbarie des hommes, la monstruosité et l’horreur de la guerre. Mais ces doigts ne menaient-ils pas aussi à un refuge de silence et de paix, à une forêt de questions sur l’art de vivre ensemble, à une plage de réflexions ?
 
Bérangère n’en finissait pas de réfléchir, mais, malheureusement, elle était à court d’idées. Celles-ci, sans doute, se prélassaient dans les replis de son cerveau. Mais elle n’avait jamais su s’y prendre pour les réveiller. Pourquoi certains jours arrivaient-elles par bouquets, par brassées ou par gerbes, alors que d’autres jours, une seule apparaissait, une toute petite fleur, triste et solitaire ? Parfois même, le jardin était vide. Un désert.
 
« Cet escalier commence à me taper sur le système, ronchonna Bérangère. Je sens que je vais me mettre en boule et quand je suis en boule il me pousse des piquants. Alors, attention, danger ! Et elle sortit pour respirer un bon coup. Dans son jardin, elle ne put réprimer un cri de surprise : son cerisier, un arbre énorme, avait disparu ! A sa place, se dressait un escalier géant, avec deux rampes ! Impossible d’en voir la fin.
 
« Oh la la, s’ esclaffa Bérangère, y a de la magie dans l’air, je dirai même mieux : ça sent l’aventure, le mystère, les énigmes à résoudre, ça sent la jubilation, le suspense et les frissons ! Eh bien, qu’attends-je ? »
 
Alors, sans hésiter, Bérangère posa le pied sur la première marche. Elle grimpa d’abord dans l’allégresse, dans le neuf. Sa tête bouillonnait d’idées farfelues : « Et si je me retrouvais sur la voie lactée ou sur un anneau de saturne ou devant les portes du paradis ! » Elle était si excitée qu’elle se mit à chanter, à danser. Mais elle avait oublié que ses pieds se trouvaient sur une marche d’escalier. Elle eut juste le temps de se cramponner aux deux rampes et elle s’offrit la plus esthétique glissade de sa vie ! Seules ses mains n’étaient pas de cet avis…
 
En arrivant sur la terre ferme, Bérangère fut prise de vertiges. Quand elle reprit ses esprits, l’escalier géant s’estompait et puis il disparut tandis que le cerisier reprenait sa place dans le jardin…
 
Un escalier inachevé mènerait-il vers le monde secret de la folie ?
 
©Michèle Freud
                                                                                    



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8 février 2018 4 08 /02 /février /2018 07:46
« arrête de débagouler ta rogne ! »

 

 

 

 

 

« Dis donc, le boursoufflé, arrête de débagouler ta rogne. Tu ne vois pas que tu m’escarbouilles, me cataractes, me gargarises avec tes mots-griffes, tes mots-couteaux, tes mots-barbelés. Et puis tu me saoules, j’ai comme l’impression d’avoir picolé comme un radiateur de jeep dans un désert. N’en jette plus, la cour est pleine, d’autant plus que tes responsabilités, tu ne les assumes pas, tu les assommes. Il faut croire que tu as une cervelle de goujon ou que dans ton cerveau on voit le jour. En tout cas tu penses comme une pantoufle. Fais gaffe, parce que si tu continues à avoir du mou dans la terrine, tu vas devenir complètement maboule et te retrouver dans l’asile des siphonés où il y a un monde fou et là on fouillera dans les broussailles obscures de tes méninges et ça ne te fera pas rigoler.
 
Quant à moi, il est grand temps de m’isoler dans mon jardin intérieur pour me tricoter des moments de coule douce. Après je saisirai au vol quelque brins de lumière pour m’en faire un collier.
 
Rien que d’y penser, je m’espacinette…
 
©Michèle Freud




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25 janvier 2018 4 25 /01 /janvier /2018 07:44
Avec modération, bien sûr…

 

 

 

 
 
Une nouvelle année vient juste de naître : c’est un petit bout d’an tout neuf, plein de promesses. J’ai envie de le prendre sous mes ailerons, de lui sourire avec amour, de pousser la chansonnette tout en le berçant. Et puis, je suis drôlement fière de lui présenter mes bonnes résolutions.
 
Je vous vois venir avec vos gros sabots. J’entends même vos paroles ironiques, mais je ne suis pas née de la dernière pluie, je sais que les bonnes résolutions, il ne suffit pas de les formuler, il faut les traduire en actes. D’accord, cela demande des tonnes d’efforts, mais qui vous a dit que la vie ressemblait à de la nougatine ? L’essentiel est de ne pas si laisser abattre. Essayez donc ! Je vous assure que vous ne travaillerez pas pour des nèfles ; à tous les coups, vous serez gagnants. Pas besoin de galérer, de vous escarbiller le ciboulot. Il suffit d’y aller à la décontracte, sans vous magner le train, mais en tenant le coup dans la durée. Et puis, savez-vous que vous avez carte blanche pour écrire chacune de vos journées ? Alors, mitonnez-vous un petit art de vivre sympa qui vous mettra le cœur en fête tout en éclaboussant les copains de petits bonheurs, d’éclats de rire, de bris de lumière. Tricotez-vous des pensées-clowns, des pensées-musiques, des pensées-frissons. Payez-vous des escalopes-surprises, des virées décoiffantes, d’immenses feux de joie avec tous vos soucis, vos peurs et vos angoisses, sucrez-vous le bec, rincez-vous le gorgoton, cela vous donnera une humeur de champagne.
 
Si un jour, vous êtes vraiment coincés, prenez un ticket pour la voie lactée, respirez-y le parfum des comètes et vous sentirez, sous votre crâne, bouillonner tout un univers.
 
Et puis, pensez que si chaque jour, vous pouvez vous beurrer la mie de pain, il y en a qui ont tout le temps les crocs et rien à se mettre dans la galtouse. Il faut relativiser, relativiser sans cesse et vous arrêterez de vous faire du jus de cervelle. Gravez dans votre soupente qu’il ne tient qu’à vous de vivre dans la joie, l’amour, la beauté, le partage. Et vous savez quoi ? Mine de rien, le monde affichera bonne mine. Alors mettez-vous à l’œuvre sans tarder…
 
©Michèle Freud
 
 
 
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11 janvier 2018 4 11 /01 /janvier /2018 07:44
Lumière d'arbre...

 

 

 

 

 

Depuis une semaine, chaque soir, elle était assise près du téléphone, attendant des nouvelles, des nouvelles plus rassurantes. Des mots couraient et se chevauchaient dans son crâne. On aurait dit qu’elle n’avait plus toute sa tête. L’angoisse circulait en elle d’une façon saisissante, lui pinçant douloureusement le cœur.
 
L’angoisse ? Une redoutable mégère qui s’amuse à fouiller dans les cratères des méninges et qui sape les fondements de la raison. Et voici qu’apparaît la peur, la peur de devenir folle. Hystérie. Camisole de force. Barreaux aux fenêtres. Im mobile sur sa chaise, près du téléphone, elle voyait ce tableau terrifiant. Il fallait absolument qu’elle terrasse cette affreuse sorcière, il fallait qu’elle essaie sans tarder, avec des jets de lumière, des cristaux étincelants, des arc-en-ciels, des éclats de rire.
 
Elle réussirait, car elle voulait vivre, le cœur léger, libéré. Elle voulait vivre dans la joie retrouvée.
Oh, savourer encore une fois l’état de plénitude et de sérénité, apogée du ravissement, orgasme de l’âme…
Une clairière s’ouvrit soudain devant elle, ruisselante de couleurs et de lumières, telle une percée d’espérance…
 
©Michèle Freud
 



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29 décembre 2017 5 29 /12 /décembre /2017 07:39
La conjugaison d’Hugo

 

 

 

 

Je chois, tu chois
voilà une belle chute à deux
chute de deux corps dans le gouffre du plaisir…
Chut ! Ils s’aiment ;
Ils sèment des graines d’amour et d’espérance ;
Ils sèment à tous vent
et les grains chutent un peu partout.
Je chois, tu chois, il choit, nous choyons.
Oh oui, de tout notre cœur,
choyons la vie, choyons-la
comme un enfant, une fleur fragile, un petit arbre.
Et puis choyons-nous les uns les autres
pour éviter les chutes douloureuses…
 
©Michèle Freud



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14 décembre 2017 4 14 /12 /décembre /2017 07:49
Corps célestes

 

 

 

 

 

 
Le fou prit une grande échelle, l’appuya contre le nuage qui coiffait la montagne et se mit à grimper tout en buvant à la régalade le bleu du ciel. La voie était libre, libre de faire quelques détours pour admirer un lac, un torrent, des marmottes. La lumière rutilait et ruisselait de toutes parts. Le fou, heureux, gravissait, en chantant, les barreaux tressés de fleurs multicolores, sur lesquels chevauchaient d’étranges insectes. Son regard pétillait : on y voyait les manèges d’une fête foraine. Oui, le fou jubilait, il ne savait plus où donner de la joie. Il se mit à éprouver des sensations inédites qui lui donnèrent des ailes. Et il s’éleva dans le ciel dans un jaillissement sublime. Il souriait de toute son âme et son sourire était un sourire de soleil. Il racontait son bonheur aux oiseaux qu’il croisait, aux feuilles qui dansaient.
 
A force de rêver grand, un fou venait d’acquérir le pouvoir d’accomplir des miracles…  
 
©Michèle Freud




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30 novembre 2017 4 30 /11 /novembre /2017 07:38
Couverture du livre "j'aime la vie et la vie m'aime", de Stéphanie Wyon, édition Le lutrin Magique

 

 

 

J’aime grimper sur l’arc-ciel, partir sur un rayon de lune pour embrasser une étoile.
J’aime me couliner dans les fissures de l’extraordinaire, saisir le brin de lumière qu’il y a dans l’ombre, réciter un poème au milieu des fougères, courir pieds nus dans un champ de narcisses, patauger, la nuit, dans un marécage en compagnie des feux-follets.
J’aime écouter le silence, marcher à pas lents, consciente de l’instant présent et de la terre qui me porte, humer les odeurs et rêver…
Rêver de terres inexplorées, de fleurs échevelées et de prés d’herbes folles,
de forêts primitives, de jardins en délire, de tourbières  venteuses, de fêtes quotidiennes, de clown et de pitreries.
J’aime filer flocons de neige et cheveux d’ange avec aurore et transparence. J’aime violon tsigane, funambule et ver luisant.
J’aime passerelle, coquelicot, chuchotis et asphodèle.
J’aime cloques de lumière effilochées de brume, oiseau vole au vent, mouette rieuse sous la lune.
J’aime plantations de mots, germinations de joies.
J’aime à la folie, j’aime à cœur perdu, j’aime à mains tendues.
J’aime sauvagement, j’aime délicieusement.
J’aime…
 

©Michèle Freud





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16 novembre 2017 4 16 /11 /novembre /2017 07:43
Premier lundi de printemps

 

 

 
Depuis deux longues heures, elle marchait dans la forêt, une forêt obscure où nulle trace de soleil n’était perceptible comme si l’astre avait été mangé par un être maléfique. Elle allait vite, pressée de quitter ce lieu lugubre. Soudain, ses pas débouchèrent sur un champ d’herbes dorées. Enfin la lumière ! Une lumière jeune, fraîche, désaltérante qui posait sur elle des yeux bienveillants. La jeune fille s’arrêta pour la saluer dans une douce communion. Pour rejoindre le sentier, elle devait traverser le pré. Les herbes luisantes et touffues la dépassaient de leur hauteur peu commune. Elle trouvait amusant de disparaître au milieu de toutes ces tiges et elle riait en se frottant contre leur peau douce. C’était comme un jeu d’enfant, d’enfant clown et fantasque. Et voilà une fête champêtre improvisée…
 
Soudain, il devint difficile d’avancer : les herbes semblaient opposer une résistance, elles devenaient étrangement rigides. Et très vite, la jeune fille buta contre un mur végétal, solide et compact. Elle eut beau faire demi-tour, aller à droite, à gauche, elle se trouvait toujours face à l’évidence : elle était prisonnière d’herbes folles, immensément folles. Curieusement, elle jugea la situation si cocasse qu’elle pouffa de rire, d’un rire-dynamite qui fit voler en éclats les murs de sa cellule.
 
Elle était libre mais elle poursuivit sa route en courant, elle se méfiait des herbes folles…
 
©Michèle Freud
 



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2 novembre 2017 4 02 /11 /novembre /2017 07:47
Fille dans la forêt

 

 

 

 

 
 
Elle était belle dans sa robe de grand vent et dans ses yeux passaient des vols de goélands. Elle vivait sur une colline, parlait aux arbres, aux fleurs, aux oiseaux. Elle était la douceur d’un pétale, le velours d’un papillon. Elle buvait à grandes lampées l’aujourd’hui, s’inventait à neuf à chaque instant, rêvait d’un monde léger comme un flocon, un nuage, une plume. Elle s’offrait des soûleries de rosée, des festins corolles, des gâteaux de lumière tout en sirotant de grandes goulées de ciel. Et puis, elle se laissait flotter sur le silence, un silence vivant, vibrant où des rêves de beauté jaillissaient dans tous les coins de son âme. Après, sur les ailes du vent, elle partait explorer la forêt profonde jusqu’à la nuit. Quand celle-ci était épaisse, la jeune fille, de son index, allumait une à une les étoiles. Puis, elle tirait de sa poche, un petit galet tout rond. Et de toutes ses forces, elle le lançait vers le ciel. Il se transformait soudain en une gigantesque anémone, toute parée de lumière qui tombait en paillettes, en étincelles sur les arbres et les buissons. Elle contemplait un moment ce spectacle insolite, le cœur dilaté de joie. Enfin, elle s’endormait dans son berceau de fougères, sous le regard bienveillant de la lune…
 
©Michèle Freud




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20 octobre 2017 5 20 /10 /octobre /2017 06:44
Je suis folle et alors ?

 

 

 

 

Je suis folle, folle à lier des gerbes de fleurs sauvages, pour vous, chers amis de la poésie.
 
Je suis folle, folle de liberté, d’aventures, de musique, de nature.
 
Je suis folle, folle de poésie, de mots farfelus, de soupes aux cailloux.
 
Même mon rire est fou : il s’accroche aux buissons, se baigne dans les ruisseaux, éclate dans les fleurs, tire la queue du lézard, se pose sur ma tartine et puis va dire bonsoir à la lune.
 
Oui, je suis folle, folle de Vie. Et cette folie, je la revendique, je l’assume, je l’aime, je la dorlote, je la cultive, je l’arrose avec du jus de cerises, des étincelles et d’air du temps.
 
Rassurez-vous, cette folie n’est pas dangereuse, au contraire, elle rend simplement la vie plus colorée, plus chatoyante, plus épicée, plus fantaisiste, plus captivante, plus déjantée.
 
Alors, faites comme moi, devenez fous, fous d’amour de la Vie…
 
©Michèle Freud




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