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31 juillet 2015 5 31 /07 /juillet /2015 07:03
Excursion dans les Dolomites – Michèle Freud
 
 
 
Capucine est enfin dans les Dolomites ! Depuis le temps qu’elle en rêvait ! Mais elle l’avait tellement caressé ce rêve, qu’il avait fini par éclore et se réaliser.
 
Et ce matin, ô délicieux plaisir, elle se trouve à un col, près de Cortina d’Ampezzo. Assise sur un rocher moussu, parmi des marguerites, des trèfles rouges et des centaurées, elle contemple tous ces pics, ces tours, ces monolithes, ces clochetons sculptés par l’érosion. C’est saisissant, sidérant, époustouflant, c’est… Un mot naît soudain sur les lèvres de Capucine, un inattendu qui traduit bien son ressenti et elle lance avec enthousiasme : « C’est vraiment… trempoline ! » Et sa joie saute, bondit, rebondit encore et encore jusqu’à toucher le ciel et côtoyer les bergères de nuages. Et ça tourne, tourneboule dans sa tête. Capucine est loin d’être prisonnière du raisonnable. Alors elle se cerf-volantilise, devient navigatrice de l’azur pour admirer de près ces cathédrales de pierres et se perdre dans ces effilochés de brume qui ondulent comme des poissons d’argent. Elle aspire à pleins poumons l’air vivifiant des sommets, elle le goûte, le mâche, le savoure. Comme elle est bien dans son corps ! Elle ressent des petites secousses bénéfiques qui favorisent l’éveil de toutes ses cellules, de tous ses sens.
 
Mais il est temps de poursuivre la randonnée. Après avoir croisé un beau troupeau de moutons, elle rejoint un ruisseau qui chante clair. Elle n’en revient pas, il est tout doré. Ce sont de minuscules galets jaunes qui lui donnent cette couleur ! A petits pas, en s’arrêtant souvent, elle longe ce petit cours d’eau insolite qui serpente parmi des linaigrettes rigolotes dans leur bonnet de coton blanc. Il grimpe, redescend, se fait cascade, disparaît sous un buisson. Il est vif, heureux de vivre. Capucine traverse maintenant une espèce de cirque où vivent chichement des herbes raides et des lichens. Elle arrive enfin près d’un pierrier à moitié caché par des arbustes. Elle explore l’endroit. Brusquement, elle découvre une sorte de grotte où dégringole un filet d’eau mince et flexible comme un serpent. Cette caverne est éclairée par une douce lumière qui s’infiltre par une multitude de fissures. Avec émotion, Capucine pénètre dans cette chambre secrète où semble brûler un feu intérieur. C’est petit ici comme la planète du Petit Prince mais elle s’y sent chez elle. Et quel silence ! Un silence velouté et soyeux, un silence qui vous effleure de sa légèreté… Capucine est restée toute une éternité dans ce lieu magique, sorte de porte vers des mondes inconnus, imaginaires que l’on crée à volonté.
 
Le soir venu, sur un rayon de lumière rose, cette buveuse d’apothéoses rejoint son nid d’aigle sous les étoiles, ces fileuses de merveilles.
 
©Michèle Freud


 

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17 juillet 2015 5 17 /07 /juillet /2015 06:45
Le grenier enchanté – Michèle Freud
 
 
 
 
Quand, petite fille, j’ouvris pour la première fois la porte du grenier de ma grand-mère, je restai quelques instants immobile sur le seuil, comme pétrifiée : dans tout ce fatras d’objets disparates, je n’avais d’yeux que pour un mannequin gigantesque, quelques poupées difformes, qui, j’en étais sûre, me regardaient d’un air menaçant. Je pris peur et je voulus fuir cet endroit qui ne pouvait être que le repaire de monstres terrifiants. J’allais faire demi-tour, quand je perçus autour de moi des murmures, des rires discrets et même des chants. Tous les objets paraissaient s’animer, non pour m’attaquer mais pour me souhaiter la bienvenue. Et moi qui les croyais redoutables ! Ils voulaient, au contraire, m’inviter dans leur étrange domaine, me faire découvrir cette île aux trésors. J’étais soulagée, rassurée et brusquement, je fus soulevée par un élan d’enthousiasme qui, m’était, jusqu’alors, inconnu. Et le cœur battant, presque sur la pointe des pieds, je pénétrai dans cet endroit magique qui fut, durant toute mon enfance, mon royaume enchanté, ma maison aux sortilèges, mon lieu de métamorphoses. Là, j’avais rendez-vous avec des personnages que j’inventais, surtout des clowns, des musiciens et des troubadours, mais aussi des aventuriers et des explorateurs. Pour bien les recevoir, je décorais « mon chez moi » soit avec des rubans de velours, des bouquets secs aux couleurs tendres et surannées, soit avec des tissus moirés et quelques coquillages. Dans une malle tapissée de toiles d’araignées, j’avais trouvé des jupons brodés, des corsages en taffetas, un chapeau fleuri, un châle défraîchi. Avec ces vêtements d’une autre époque, je me transformais pour accueillir mes invités imaginaires. Je créais joyeusement toutes sortes de situations : comiques, farfelues, bouleversantes, fantastiques… Quelquefois, je donnais congé à mon imagination. Alors, dans ce cadre voilé de mystère, je plongeais doucement dans une longue rêverie : j’étais en état d’apesanteur, passagère d’une brise vivante ; je flottais dans l’air, aussi légère qu’un flocon de neige, tandis que le temps, pour moi, ralentissait sa course, la suspendait presque…
 
Malheureusement, les années ont passé. Le grenier de ma grand-mère n’existe plus. Mais mon île aux trésors n’a pas sombré dans l’océan de l’oubli.
 
Aujourd’hui, « mon grenier » est partout où je peux déployer mes ailes et devenir oiseau…
 
©Michèle Freud

 


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3 juillet 2015 5 03 /07 /juillet /2015 06:54
La montagne et l’enfant – Michèle Freud
©Josephine Wall
 
 
 
 
Camille demeure dans une ferme savoyarde, mais sa vraie famille c’est la montagne avec ses neiges éternelles, ses glaciers et ses séracs, ses parois rocheuses où teintent les clarines, ses cascades, ses torrents et ses lacs.
 
L’école l’ennuie terriblement, pourtant elle est vive et intelligente. Dès la fin de la classe, en toutes saisons, elle court retrouver son cher ruisseau qui chante et babille dans le pré au-dessus de sa maison. En été, ses rives sont fréquentées par des papillons d’un jaune éclatant que Camille surnomme « les citrons pressés » parce qu’ils s’attardent peu sur chaque fleur. « Prenez le temps de savourer le nectar » leur dit-elle. « Imitez le lézard qui n’en finit pas de boire le soleil à la régalade. »
 
En hiver, sous une pellicule de glace, ajourée comme une dentelle, le cours d’eau murmure à son oreille l’histoire du Prince du Gel avec la Fée des Neiges, si éblouissante dans sa robe blanche brodée de givre et de cristal.
 
Pendant ses vacances, elle vit dans son immense royaume où tout est simple, pur, beau, vrai, où elle se grise d’espace, de silence et de liberté. Elle ne marche pas, elle danse, elle ne court pas, elle vole. Quelquefois, elle s’accroupie pour respirer le parfum d’une nigritelle, où s’agenouille pour tremper ses mains dans un joli chemin d’eau qui s’endort parmi les algues et les mousses. Parfois, elle se repose au pied d’un arbre foudroyé dont les branches sont si tordues et tarabiscotées qu’elle l’appelle « le contorsionniste ». Et les heures passent, légères, dans ce paradis qu’elle s’est choisi.
 
Camille rentre à la ferme à la nuit tombée et sautillant comme un oiseau, elle chantonne une comptine : « Joli papillon, jouant sous la lune à l’heure du crépuscule, papillon du soir, espoir… ». Elle aurait tant voulu dormir dans le creux d’un rocher, sous un édredon d’étoiles. « Un jour viendra » dit-elle à la marmotte, avec un sourire mystérieux sur ses lèvres. Elle ne finit pas sa phrase mais dans ses yeux fleurissait l’arc-en-ciel…
 
Ce jour-là arriva très vite, avant la rentrée des classes. Ses parents ne s’étonnèrent pas de sa disparition. Des recherches furent pourtant entreprises mais sans résultat.
« Vous comprenez, dit la mère aux gendarmes, Camille ne nous appartenait pas, elle est fille de la montagne, une sorte de créature surnaturelle se nourrissant de l’air du temps : elle est si fine, si menue, si transparente et si petite pour ses dix ans.
Hier, vous vous souvenez, la montagne était cachée sous un épais brouillard. Alors que je regardais vers le Miage, la brume s’est soudain déchirée et dans cette trouvée, j’ai aperçu Camille sur le Dôme, ses longs cheveux blonds flottant autour d’elle comme un voile de mariée. Vous voyez, elle est vivante ». Dans les yeux de la mère, brillèrent alors des étincelles de joie.
 
« Pauvre Marie, dirent les gendarmes, une fois dehors. La disparition de sa fille l’a rendue folle ! »
Pouvaient-ils imaginer que la Marie avait peut-être un œil de plus pour percer le secret des choses ?
 
©Michèle Freud

 


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19 juin 2015 5 19 /06 /juin /2015 07:00
Mimi Pinson – Michèle Freud
©Renoir
 
 
Mimi Pinson est le surnom de la fillette aux tresses blondes qui traverse d’un bon pas le petit village de montagne, tout fleuri de géraniums, pour se rendre au chalet d’alpage de son grand-père.
 
Musardant sur le sentier qui serpente dans une prairie, elle prend le temps de savourer la beauté des fleurs multicolores, ouvertes comme des yeux. « Myosotis, s’écrie-t-telle, ton nom constitue à lui seul un poème puisqu’il signifie « oreille de souris » ; et ta légende est si belle que j’ai plaisir à la raconter à qui veut l’entendre ».
 
Maintenant, la petite fille traverse un sous-bois et s’arrête pour cueillir des baies bleues, délicieuses, sucrées et parfumées à souhait. Myrtilles, elles se nomment, c’est aussi le prénom de sa meilleure amie. Malheureusement, l’heure tourne : à regret, elle quitte son jardin des délices et poursuit son chemin. Mystérieuse est la forêt avec ses frôlements, ses froissements, ses craquements divers, pas toujours identifiables. Mais ce bruit caractéristique est assurément celui d’un pivert, frappant de son bec le fût d’un mélèze, pour déloger les insectes qui vivent sous les écorces. Mutine, la gamine lance à l’oiseau coloré : « Bon appétit, mon cher et surtout ne fréquente par les troncs sui se font mousser, tu n’y trouverais pas le moindre petit ver à becqueter ! Mine de rien, tu tombes à pic pour me rappeler, que dans mon sac à dos, j’ai de quoi m’offrir un bon goûter. Merci à toi et à la revoyure !
 
Maculant un rocher, des taches de lichen orange vif, attirent le regard de Mimi qui en profite pour se reposer avant la partie la plus éprouvant de son parcours. Manifeste est son manque d’enthousiasme pour gravir la dernière pente très raide : alors elle a une idée originale pour contourner le problème. « Monsieur le vent, prenez-moi sur votre aile puissante, je manque d’appétit pour avaler ce raidillon trop indigeste et pour vous divertir, je vous demande de résoudre cette devinette : « Dans mon corbillon, qu’y met-on » ?
 
Ma jolie, dit l’aquilon, je connais la réponse : C’est du mouton, du mouron et des etcétérons » !
 
« Magnifique, s’écrie la petite fille, qui, soudain, prit son envol au-dessus des tapis de pensées, myriades d’éclats violets enchantant l’espace ».
« Moineaux, moinelles, accompagnez-moi dans ces moments exceptionnels » !
 
Mistigri, le chat tigré, par force caresses et miaulements, a l’honneur d’accueillir la nouvelle Mary Poppins devant la porte du chalet tandis que le grand-père s’affaire à la cuisine pour mettre la dernière touche au dessert préféré de son adorable petite-fille qu’il à surnommée « Mimi Pinson ».
 
©Michèle Freud

 


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5 juin 2015 5 05 /06 /juin /2015 06:32
La harpe – Michèle Freud
 
 
 
 
Vincent s’éveilla quand les premiers rayons de soleil effleurèrent sa tente. Le jeune homme se leva, guilleret et sortit. Le ciel avait pris la couleur d’une rose et la journée s’annonçait prometteuse. Le petit pré était accueillant avec toutes ses fleurs multicolores. Le jeune homme but l’air frais à la régalade et commença de préparer un petit déjeuner substantiel. Il se sentait bien, en résonnance avec cette campagne sauvage et il pensait que la nature, avec ses énergies vivifiantes, constituait un lieu de re-création. Il était 8 heures quand Vincent mit son sac sur le dos et partit vers la forêt.
 
Il suivit d’abord un petit sentier qui longeait un champ d’herbe grasse où paissaient quelques vaches. Le garçon allait d’un bon pas mais il remarquait les gouttes de rosée sur les toiles d’araignées, les corolles et les graminées. La beauté était partout et offrait généreusement ses bienfaits. Si seulement elle pouvait semer à tout vent des graines de bonté ! A 10 heures, il atteignit l’orée de la forêt. Celle-ci semblait sortir du fond des âges et Vincent frissonna d’émotion. C’est à pas lents et légers qu’il entra dans ce sanctuaire. Il n’existait pas de sentier, seulement une trace, laissée sans doute par les animaux. Le jeune homme la suivit un moment puis il partit à la découverte de ce lieu mystérieux. Il aimait toute cette végétation exubérante, ces mousses pleureuses, ces chevelures d’usnée. Il admirait le foisonnement des couleurs et des formes étonnantes dans les écorces, il notait les essences entremêlées, les arbres tordus aux silhouettes insolites, les troncs pourris grouillants de vie. Il avançait avec émotion et respect, découvrant peu à peu l’âme du lieu, respirant le mystère, avec, sur les lèvres, un goût étrange d’éternité. Il sentait dans tout ce chaos, vibrer l’harmonie, percevait l’élan vital, voyait la vie et la mort s’entrelacer. Dans ce cadre fascinant, dans ce silence moelleux, il aurait aimé dire un poème écrit par les arbres…
 
Soudain, il entendit dans le lointain, le clapotis de l’eau et puis, presque en même temps, les notes cristallines d’une harpe. Mais un tel instrument dans ce lieu paraissait impossible. C’était peut-être le vent, un vent charmeur qui égrenait ces quelques notes pour montrer son savoir-faire. Curieux de résoudre cette énigme, le jeune homme avança plus vite. En une demi-heure, il fut au bord d’un ruisseau plein de vie, parsemé de blocs de pierres, un ruisseau qui coulait dans un cercle de lumière. Paysage irréel, jardin d’Eden, vagues de félicité…
 
Brusquement, Vincent la vit, cette harpe, posée sur un rocher au bord de l’eau. Elle semblait rayonner et Vincent la regardait, subjugué. Et puis, comme dans un rêve, il vit apparaître une jeune fille qui ressemblait à une fée. Elle ne fut pas surprise de le voir. C’était comme si elle l’attendait depuis toujours. Ils se regardèrent, les yeux dans les yeux. Il n’y eut pas besoin d’en dire davantage. Elle se mit à jouer  une musique pour l’âme et semblait dire : « Tout cet amour, le respires-tu, le sens-tu ? » Un lien indissoluble venait de se tisser entre eux, comme si, dès la première rencontre, ils avaient élu domicile l’un dans l’autre. En contre-bas, dans l’eau claire du ruisseau, des cercles concentriques apparurent et soudain ils s’entrelacèrent, comme des anneaux de mariage…
 
©Michèle Freud

 


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22 mai 2015 5 22 /05 /mai /2015 06:44
Le colporteur – Michèle Freud
 
 
 
Il faisait si froid, si froid que les cours d’eau étaient transformés en patinoire. Jean, qui depuis l’âge de seize ans, bourlinguait sur les chemins d’ici et d’ailleurs, n’avait jamais vu un tel spectacle.
 
Bien emmitouflé dans son manteau de drap épais, n’en finissait pas d’admirer, au bord des ruisseaux, ces labyrinthes de concrétions excentriques, ces draperies de cristal, ces buissons de corail et tous ces joyaux étincelants, éparpillés ça et là par le généreux Prince du Gel. Comme un gosse, il s’extasiait, il caressait, il effleurait avec délicatesse ces dentelles, ces festons de glace et il était heureux. Il en faut si peu pour goûter au bonheur !
Mais l’heure tournait et la route, encore longue jusqu’au prochain village caché dans une forêt de châtaigniers.
 
Un longeant un pierrier qui, grâce au froid, ressemblait à un amoncellement de pierres précieuses, il eut une pensée affectueuse pour ses amies marmottes, bien à l’abri dans des chambres rembourrées d’herbe sèche.
Il arrivait maintenant à l’entrée du bois enchanté : les énormes châtaigniers aux troncs crevassés, aux branches noueuses, étaient recouverts d’aiguillettes de givre et sous les rayons du soleil couchant, la forêt ressemblait à un verger de pêchers en fleurs. C’était d’une beauté si émouvante, si fascinante, que le chemineau pénétra, sur la pointe des pieds, dans le chatoiement de cette lumière rosée. Dans un silence de cristal, il suivit le sentier scintillant qui menait au hameau. Bientôt, il serait au chaud dans une ferme accueillante. Il viderait sa hotte sur la grande table cirée : aiguilles et ciseaux, boutons, rubans et dentelles, fils de toutes les couleurs, jupons, blouses, tabliers et chemises en coutil, broches et peignes en corne, petits livres illustrés et poupées, porte-plume en os muni d’un œilleton où l’on pouvait voir, dans la lumière, se détacher le Mont Saint-Michel. Tous ces trésors ne manqueraient pas d’attirer le regard des femmes qui quittaient rarement leur maison. Après les achats, viendrait la dégustation d’une bonne soupe au lard. Puis, bien à l’aise, le ventre repu, il donnerait des nouvelles du pays, raconterait des aventures vécues, des anecdotes et des histoires. Pensez-donc ! Les visites étaient si rares dans ce coin perdu. C’est à une heure tardive que Jean irait s’étendre dans le fenil, sur du foin odorant, protégé par d’épaisses couvertures de laine.
 
Cette vie de colporteur lui plaisait car même si elle était très dure, dangereuse parfois, elle était aussi exaltante et captivante, riche en beautés et en rencontres. Et tout au long des chemins, il cueillait les fleurs de la liberté, qui continuaient de vivre dans le jardin de son cœur.
 
©Michèle Freud

 


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9 mai 2015 6 09 /05 /mai /2015 06:54
La pie – Michèle Freud
Photo J.Dornac©
 
 
Eglantine vivait seule sur une colline. Les arbres, les fleurs, les oiseaux ainsi que tous les animaux de la forêt étaient ses amis. Un chat blanc et une pie ne la quittaient pas : un chat affamé de caresses, une pie familière comme un pigeon de cathédrale mais si voleuse qu’un jour la jeune fille lui dit : « Puisque tu te crois très douée, je vais te demander un service ; je te préviens, c’est un service spécial qui réclame esprit d’initiative, voire d’aventure. »
« Alors c’est à ma portée » répondit la pie pleine d’orgueil. Mais avec une pointe d’inquiétude, elle demanda : « De quel service s’agit-il ? »
« Oh, il s’agit tout simplement d’aller dérober au soleil un de ses rayons ! »
« Rien que cela, et pourquoi pas décrocher la lune ? »
« Mais bel oiseau moqueur, ce n’est pas à ta portée, c’est tout ! Cependant, je vais te donner un conseil : vole jusqu’à la mer et, là, attends l’heure mauve, celle où le soleil se couche en épousant les flots ; tu verras, ses rayons sont tout doux, rafraîchis par les vagues. Alors, à ce moment-là, tu cueilleras le plus pur rayon d’or ».
La pie, sans un regard, s’élança vers le ciel et disparut, absorbée par la brume.
 
Les jours et les semaines passèrent. L’oiseau ne revint pas. Il avait peut-être suivi la mouette dans son royaume d’algues et de sable, il avait peut-être voulu goûter au baiser froid de la mer, ou tenté de découvrir les chemins de la voie lactée vers l’inaccessible étoile…
Eglantine ne céda par au remords d’avoir demandé à la pie une tâche aussi difficile. Il a pourtant essayé de s’infiltrer en elle. Mais la petite flamme rose de l’espoir veillait  et le remords qui craint la lumière n’insista pas.
 
Et un matin tout neuf rafraîchi par une pluie cristalline, elle le vit apparaître à la fenêtre. Elle était si heureuse de le revoir, qu’elle ne remarqua pas tout de suite l’une de ses plumes, toute tissée d’or. Mais c’était son rayon de soleil, elle n’en croyait pas ses yeux ! Elle tira sur le fil qui se déroula facilement. L’oiseau la regardait : dans ses yeux, elle lut sa fierté d’avoir accompli une aussi belle mission, mais elle y vit aussi les reflets du soleil se baignant dans la mer et la vague d’émeraude jouer avec la mouette. Elle y vit tout cela et tellement plus encore. Mais comment le dire ? Elle avant beau chercher, elle ne trouvait pas les mots mais son cœur savait et c’était l’essentiel. La pie lut le message et s’envola sans toucher au repas qu’elle lui présentait, rassasiée d’une autre nourriture.
 
Quant au rayon d’or, Eglantine le déposa dans l’un des tiroirs de son cœur, pour qu’il l’ensoleille à longueur d’année et fasse fleurir dans ses yeux tout un jardin où chacun pourra cueillir une pensée de joie, de tendresse et d’amour…
 
©Michèle Freud

 



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25 avril 2015 6 25 /04 /avril /2015 07:31
Blanche neige – Michèle Freud
 
 
 
 
Dans son atelier magique,
sur un balcon du ciel,
une fée, avec un savoir-faire inné,
crée de la neige, une neige unique,
fine, poudreuse, légère
comme du sable entre les doigts.
Voilà qu’elle tombe maintenant
à gros flocons, minuscules cachets
qui s’agitent en équipe,
se bousculent, se percutent.
Frileuse, la campagne se protège.
Elle se couvre
d’une épaisse couette blanche.
Les buissons ont l’air de grosses meringues
craquantes et glacées.
Les arbustes, en vis-à-vis,
sont des dômes de Chantilly.
Quant aux bouquets d’arbres,
on dirait de gigantesques barbes à papa.
Le silence, sans à-coups ni coup de foudre,
se cristallise.
Tout est blanc,
Même l’air, même le ciel.
Tout est blanc.
Mais quand la neige fondra,
Que deviendra-t-il,
ce blanc ?
Sera-t-il lumière, poussière d’étoiles ou arc-en-ciel ?
S’inscrira-t-il en signes secrets dans l’azur ?
Dans mon cœur, je le sais,
il sera jardin de perce-neige…
 
©Michèle Freud

 


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