31 juillet 2015
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Capucine est enfin dans les Dolomites ! Depuis le temps qu’elle en rêvait ! Mais elle l’avait tellement caressé ce rêve, qu’il avait fini par éclore et se réaliser.
Et ce matin, ô délicieux plaisir, elle se trouve à un col, près de Cortina d’Ampezzo. Assise sur un rocher moussu, parmi des marguerites, des trèfles rouges et des centaurées, elle contemple tous ces pics, ces tours, ces monolithes, ces clochetons sculptés par l’érosion. C’est saisissant, sidérant, époustouflant, c’est… Un mot naît soudain sur les lèvres de Capucine, un inattendu qui traduit bien son ressenti et elle lance avec enthousiasme : « C’est vraiment… trempoline ! » Et sa joie saute, bondit, rebondit encore et encore jusqu’à toucher le ciel et côtoyer les bergères de nuages. Et ça tourne, tourneboule dans sa tête. Capucine est loin d’être prisonnière du raisonnable. Alors elle se cerf-volantilise, devient navigatrice de l’azur pour admirer de près ces cathédrales de pierres et se perdre dans ces effilochés de brume qui ondulent comme des poissons d’argent. Elle aspire à pleins poumons l’air vivifiant des sommets, elle le goûte, le mâche, le savoure. Comme elle est bien dans son corps ! Elle ressent des petites secousses bénéfiques qui favorisent l’éveil de toutes ses cellules, de tous ses sens.
Mais il est temps de poursuivre la randonnée. Après avoir croisé un beau troupeau de moutons, elle rejoint un ruisseau qui chante clair. Elle n’en revient pas, il est tout doré. Ce sont de minuscules galets jaunes qui lui donnent cette couleur ! A petits pas, en s’arrêtant souvent, elle longe ce petit cours d’eau insolite qui serpente parmi des linaigrettes rigolotes dans leur bonnet de coton blanc. Il grimpe, redescend, se fait cascade, disparaît sous un buisson. Il est vif, heureux de vivre. Capucine traverse maintenant une espèce de cirque où vivent chichement des herbes raides et des lichens. Elle arrive enfin près d’un pierrier à moitié caché par des arbustes. Elle explore l’endroit. Brusquement, elle découvre une sorte de grotte où dégringole un filet d’eau mince et flexible comme un serpent. Cette caverne est éclairée par une douce lumière qui s’infiltre par une multitude de fissures. Avec émotion, Capucine pénètre dans cette chambre secrète où semble brûler un feu intérieur. C’est petit ici comme la planète du Petit Prince mais elle s’y sent chez elle. Et quel silence ! Un silence velouté et soyeux, un silence qui vous effleure de sa légèreté… Capucine est restée toute une éternité dans ce lieu magique, sorte de porte vers des mondes inconnus, imaginaires que l’on crée à volonté.
Le soir venu, sur un rayon de lumière rose, cette buveuse d’apothéoses rejoint son nid d’aigle sous les étoiles, ces fileuses de merveilles.
©Michèle Freud
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