Tes longs silences
Ces heures sans dormir
Tu deviens l'exilé de ton corps
Et pourtant, le bonheur semble gagner tes lèvres
Malgré l'oiseau noir qui s'attarde sans fin
Sur les plages de ton destin
~*~
Tu es de tous les courages
Dans la lumière de l'achèvement du jour
Dans les ombres lunaires de la nuit
~*~
Il y a tant de fleurs
Tant d'oiseaux
Tant de plaines et de fleuves
Que tu n'ais vus encor
Mais toutes, tous, savent ton nom
Te donnent rendez-vous au tournant du chemin
~*~
Et les envolées du vent
Emporteront tes pas
Dans les charpentes des délices
La rivière conduira ta vie
Entre les galets et le jeu des branches
Ton cœur touchera l'amour aux frontières du don
I
Du Feu
Je viens te parler de mon amour
Du feu qui consume
Jusqu'à l'âme de la chair
Jusqu'à la chair de l'âme
Engrossé par les vents venus de loin
Ce feu dont la braise brûle
Les entrailles du cœur
Du corps et des mots
Feu de joie, de chagrins, de douleurs
Feu qui à l'ombre des longues attentes
S'essouffle au fil de l'absence
S'enflamme de nouveau
À l'approche de son regard
Ce feu qui s'éteint lorsque la mer se déchaîne
Lorsque son désert atteint mes terres
Ce feu qui me consume entière
Se fait de braises et s'éteint au petit mat
II
De mes Terres
Je viens te parler de mon amour
Qui a conquis mes terres
A donné ses couleurs au printemps
A dévalé mes plaines
Avant même que je ne le connaisse
Le visage de mon amour
Est aux odeurs de mes rêves
Des hautes herbes de mon enfance
Ancré en moi avant même ma naissance
Il s'est roulé dans mes fleurs sauvages
Reposé à l'ombre de mes arbres
Il a marché mes forêts boréales
A sculpté des châteaux de sable
Dans les aires de mes sept ans
Je viens te parler de mon amour
Je l'ai rêvé avant même de le reconnaître
Venu des temps anciens
Un jour, il est venu à ma rencontre
III
À mon Amour
Que je te parle, amour
Laisseras-tu tes lèvres asséchées
Absentes aux miennes
Jusqu'à la fin des matins du monde
Laisseras-tu mes terres craqueler
Retenant la pluie de tes larmes
Laisseras-tu le feu les raser
Jusqu'à devenir terres brûlées
Me laisseras-tu sans réponse, amour
Comme tu l'as fait dans tes toujours
Le dialogue des amants se fait jour
J'ai posé mon âme sur la tienne
Tu l'as accueillie à âme ouverte
Jusqu'à allumer les feux du ciel
Jusqu'à embraser mes plaines vertes
Et mon corps qui tend vers toi
De l'heure bleue à l'heure bleue
Ne sens-tu pas poindre le jour
Ce jour attendu de ton retour
IV
De l'Amour, des Odeurs
Que je te parle de mon amour
Il court avec moi sur le sable
Il est mon ombre, je suis la sienne
Il a redonné vie à mon corps
Au jardin secret retrouvé
Au désir suspendu à ses ivresses
Il a posé son regard de feu sur moi
Je suis devenue peau de soie
Neige fondue
Saveurs nouvelles des passions
Braises aux milles images
Qu'il était bon le temps
De la rencontre de nous deux
C'était au temps des chevaux
Qui courraient dans la plaine
Doux souvenirs des tendres aveux
Aux odeurs de la Fleur de Lys
V
Du Souvenir, de Maintenant
Que je te parle de mon amour
Un jour a sonné l'heure du départ
Avait-il un visage
Je ne m'en souviens plus
Je me souviens du feu qui brûlait
Plus que d'habitude
Le feu qui détruit tout sur son passage
Pour ne laisser que cendres
Finie la caresse du songe
Je me suis réveillée seule
Sur mes terres intérieures consumées
Des mois, des années sans pluie
Sans aucune larme de rosée
Je cours seule sur le sable
Ne me reste que le fantôme de son ombre
Ce jour de mai, le feu s'est éteint
Il n'y avait plus rien à brûler
Me reste aussi l'oiseau, il me reste ses couleurs
Ainsi ma terre et la pousse d'arbre qui renaît
Me reste le muguet, sans oublier le lilas
Me reste moi
Que moi et la vie
La soif prend couleur de la fleur et sa source
Au printemps entamé des amours fécondes
Prend couleur de raisins bleus gorgés de soleil
J’y boirai tout le vin au feu des secondes
~*~
Transgresser la soif pour le seul plaisir d’aimer
Le long du ruisseau qui jusqu’à l’été me mènera au Fleuve
Une fleur, un chant d’oiseau ajournent ma solitude
Et déroutent le ruisseau de son rêve
À chaque aube, je prends possession de la beauté
Ainsi de la lumière, aux verts de mes plaines
Une fleur orangée fait entendre de si loin
L’immortel murmure de la source antique
Le cycle des saisons de renaissance se fait jour
Miracle de la Terre, épousailles mystérieuses
La Parole recrée l’indicible, gerbe verte d’eau et de feu
Eau d’ors, cris de la soif à la tige de la fleur des mots
Traverser le champ des tendres rencontres
À bout de souffle
À bout de marche
En quête de la fontaine
Tout proche comme un secret
En quête d’un miroir
Tout chaud comme un vitrail d’une grande cathédrale
Et la fleur orangée, se mirant dans l’eau, disparaîtra
Cédera sa place à d’autres fleurs, éphémère beauté
~*~
Parcourir le chemin longeant le ruisseau jusqu’à la rivière, jusqu’au grand Fleuve
Où la couleur se répand dans les grandes eaux des commencements
Où la soif s’étanchera dans les bras chauds de l’amour
Chute d’eau, chute du temps, chute de reins
L’histoire s’écrit du crépuscule à l’aube
À la démesure des basses marées
Sur la rive ensoleillée
Qui accueillera
Les amants
Heureux
Nus
Toi qui pars
Toi qui t’éloignes vers les levants
Regarde pour moi ton pays bleu Retrouve les gammes de ton enfance
Ne me perds pas dans ce vaste océan
Regarde vers l’Ouest et plus tard
De l’autre côté du miroir
Peut-être m'y verras-tu ?
Un océan infini nous sépare
Nous en connaissons les rives opposées
Il porte les mêmes eaux
Il porte l’immensité
Des chagrins
Je me tiendrai au bord de mon fleuve
Au miroir de l'eau, j'y verrai ton ombre
Regarderai partir ses eaux vers l’océane tristesse
Un peu de moi s’en ira sur ta plage
De là où tu es, me verras-tu ?
Dans les parfums de cannelle et de chair
Dans les feux de mer et de sang
Dans ton éternel sommeil de sable
Dans les sueurs de ce que furent tes rêves
Tu entendras la vérité qui m’habite
Que je ne tais plus
Et mon désir ira mourir sous le tien
Là-bas, loin, très loin…
De l’autre côté des Grandes Eaux
Au grand jour de la fin
La promesse tant attendue
Y sera-t-elle
Pour honorer l’amour de son Amour ?
Que sont ces jours passés
dans la lumière
tant de vœux embrassés
claire prière
De pleines souffrances terrassées
hâve ruisseau
en parfums brisés
en morceaux
Que sont les jours blessés
à mon âme, la lisière
de ses chants encastrés
pierre fière
Aux baisers enflammés
qui émeuvent
reviennent les phrasés
de mon fleuve
Mes nielles nacrés
tes lèvres fières
et nos sangs mêlés
fleuve de lumière
Plus d’échos froissés
mon âme entière
a pris tes amours osés
douce prière
Il est un baiser suave tendre délice
Il est un baiser qui fait morsure
Il est un baiser comme brûlure
Il est un baiser qui écorche l’âme
Où l’ombre nous dévore
Il est un baiser dernier
Celui de la mort
Au clair matin du jour chargé de soleil sur mes plaines
Je regarde les cieux, souris, m’apprête, preste
Et je vais boire ailleurs les eaux de la fontaine
En soupirant vers qui me viendra de l'Est
Mon pays est de ceux où baignent les ambres
Aux désirs antiques venus d’inatteignables chambres
Il est un pays imaginaire, il est un pays, mon pays secret
Celui que j’habite en tout temps, seule, sans nul regret
~*~
Des orfèvres de là-bas cisèlent des légendes
Filets entremêlés aux parures les plus rares
Esquisses de trophées d'or, belles offrandes
Corbeilles fabuleuses où mon désir se pare
~*~
Voici venir celui qui surpasse les ors
Précieux à jamais, tellement désirable
J’incline vers lui, il porte des trésors
Depuis toujours j’en connais la fable
~*~
Je suis moite du parfum de vanille dont suintent mes paumes
Qu’à la seule idée il viendra, son navire chargé de présents
De livres, de cuivres et d'étoffes de tous les royaumes
Enfin, il sera là le conquérant, il sera là mon amant
~*~
Il embaumera des encens les plus rares
Et sur nos chairs enlacés là où l’âme bat
Ravissant, superbe, qu’à nul je ne le compare
Les étoiles et la lune seront témoins de nos ébats
~*~
Nous serons sans nul pareil ainsi sera notre alcôve
Dévoilant mon ventre ivoire et mes seins d’ambre
Unis dans un charmant ouvrage comme des fauves
Dans les tendres effluves de vanille et de gingembre
~*~
Que de délicatesse noble et de grâces jolies
Ferons bombance d’amandes et de miel vivifiant
La figue, la mandarine se feront au soleil de nuit
Ainsi triompheront nos plaisirs ardents
~*~
Mais la longue attente est amère à ma couche
Le désir brûle en mon ventre et mon sein
Que vienne le jour où il viendra y poser la bouche
Plaise aux dieux de ne me réserver un cruel destin
~*~
La rencontre de nous deux est exigeante au fil du temps
Une brume épaisse et floue le dérobe à ma face
Se dénouent mes cheveux en de longs flots rougeoyants
Sur mes épaules nues que seule la lune cette nuit embrasse
~*~
Vents d’Est et du Nord, soufflez vers ma couche
Conduisez mon cher amant dans mes draps de cannelle
Qu’il me couvre de son ombre et de sa bouche
En ces odeurs de nous que le désir emmêle
~*~
Mélange de rêveries aux odeurs de vanille et parfums exotiques
Rêveries nordiques pour pays chauds, pays des amants
Magnifique voyage aux odeurs portées par les vents antiques
J’y reviendrai encor car ils varient avec le temps
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...