Dans les brumes de l'attente Je rêvasse le passé Tout est silence Dans l'atelier
Au redoux du jour Fait place un ciel, de gris, teinté Par ma fenêtre dentelée Même le soleil ne veut entrer
L'attrapeur de rêves Suspendu là, pour me protéger Des cauchemars et des fièvres Est-il à me tromper
Toiles, par moi, délaissées Sculptures, abandonnées Projets, en suspends Où sont mes énergies d'avant
Qui m'a emprunté mes rêves Il me faut les rapatrier
Je suis la créatrice de mon imaginaire C'est moi qui l'ai sculpté Jamais je ne le laisserai se défaire Jamais le laisser fouler aux pieds
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Je puise en moi la force nécessaire Je me lève et mets une douce musique Le silence est brisé À ma fenêtre dentelée Un rayon de soleil vient de percer
Moment de tendresse Je me sens bien Comme caresses Qui me viennent de loin
Ma plume, je laisse glisser Des mots-amours Des mots-tristesse Je ne sais pas Ce qu'elle dira
Je prends un pinceau et des couleurs J'y peins un ciel à notre hauteur Mets des encens à brûler De doux miel doré Bois de santal, de vanille, quelles odeurs J'invente un monde parfumé
À ma plume, je retourne Pour, sur la feuille blanche Ces mots y laisser glisser :
Tes yeux d'émeraude Comme pierres de mai Sont les seuls miroirs Dans lesquels je veux me mirer
Et je retourne à ma toile Sourire au cœur Tendresse à l'âme Et, notre ciel, achever
Je me ferais violon Au parfait diapason Un stradivarius, pour vous, ami Vous enchanterais de mélancoliques mélodies
Et qui sait, si j'étais ?
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Artiste
Créatrice, je suis Je vous peindrais des ciels de lit Vous sculpterais des anges, aussi Afin que, douces soient toutes vos nuits
Et qui sait, si j'étais ?
Cette femme rêvée Cette femme recherchée Dans le creux des yeux désirés Dans cette chevelure imaginée Dans cette douceur et Cette chaleur réclamées
Et qui sait, si j'étais !
Comment saurais-je Puisque je vous rêve ?
Je ne peux vous aimer Puisque vous n'existez Je peux vous imaginer Et pour moi seule vous sculpter
Et qui sais, si vous étiez ?
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Comédienne
Je vous jouerais tous les rôles Je serais votre Odalisque Votre Déesse Votre Prêtresse Votre Geisha Toutes les femmes à la fois Vous ferais pleurer de joie
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Architecte
Je me ferais la plus grande Des architectes, la plus imposante Je bâtirais des Cités Pour nous y abriter
De dentelles et de velours Pour y coucher notre amour De lins fins, de soies colorées Pour couvrir nos matins, nos soirées
Et qui sait, si j'étais ?
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Écrivain
Des mots inusités, j'écrirais De vous ravir, je tenterais, Si vous m'en donnez la peine Ah ! Que ce jour vienne !
Et qui sait, si vous me lisiez ?
En secret, que vous me preniez la main Que vos lendemains soient miens Que vos toujours soient mon chemin
Passent les heures Passe le temps Passe le rêve Passe l'amant
Dehors il pleut, il fait orage À l'intérieur, tout était si calme Orgueil, malentendus, vient la rage Et s'éteint la flamme Les bonheurs fuient sous la pluie Se délavent en lavis En larmes tombées Sur le tapis de fleurs de mai Ce beau visage De tes vingt années Tes beaux rivages Comme je les ai aimés... J'ai accosté à tes amarres À ton quai, tu m'as retenue Fabuleux coup de barre Ton âme en moi contenue Comme marée haute Comme douces vagues Comme vents battants Comme temps clément Que je me souvienne C'était hier, je crois Tu étais mien et moi, tienne Nos âmes, nos cœurs étaient rois Les orages, les tourmentes Pour nous n'étaient que tendresse S'évanouissaient en délicatesse Sous de troublantes caresses Mon corsaire, mon marin Mes eaux salées et douces Mes nuits, mes lendemains Mes hier, mes matins... Tes falaises souvenirs Tes océans mémoire Sont ancrés en moi à jamais Dans mon jardin secret En ce temps doux de mai En mon pays intérieur Je ferme les yeux Retrouve les odeurs
Et
Sur ta mer, je hisse les voiles du passé Pour mieux te retrouver
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...