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17 février 2024 6 17 /02 /février /2024 09:01

                        Poèmes carnets de voyages

                               ALAIN DUAULT

                    Ḗditions GALLIMARD; Mars 2023

                                                 Toute la vie on l’use ensuite

                                                A repriser des souvenirs

                                P.Emmanuel in Chanson du dé à coudre

 

« Vous aimez tellement voyager ? j’aime partir surtout »


Parti avec l’auteur ce n’est pas suivre un guide, c’est mettre ses pas dans ceux d’un homme qui vibre en ignorant sa soif pour échapper au requiem des ombres quand les étoiles ont mangé la margelle du puits, lorsque que le crépuscule interroge l’ossature du silence et que la nuit se déchire dans un éboulement d'impatience. Il se met en route pour contempler ces étonnants poèmes pétrifiés que sont les jardins secs de Kyoto, le vent y tisse ses octaves, plus rien n’existe, on regarde indéfiniment /quel signe nous fait ce jardin ? C’est alors que les désirs se bousculent et que les rêves ouvrent leur livre d’heures.
 
Partir pour New York et ses odeurs de marrons grillés, glisser d’une rue aux avenues, tout oser dans cet entassement, ce désordre magnifique, tout le monde a tout vu à New York, personne n’a rien vu.
 
Partir pour cette ville entre les fleuves : Hanoï et ses pipes à eau, voir l’île de la tortue se souvenir de sa légende, l’auteur désaltère ses souvenirs : j’ai tant aimé ce pays bleu posé sur l’île de jade.
 
Partir dans le présent des ombres furtives, lorsque les paysages s’en vont dans un ciel en agonie, dans la nudité du vent loin dans des mantilles d’embruns, au hasard des routes et des horizons lieux comme ce fleuve turbulent qu’est le Mékong, lieux où le temps ne passe pas, où l’on peut être qui l’on désire, sachant qu’un voile en cache toujours un autre et que le silence scelle les paupières d’un amour perdu.
 
Partir pour Lisbonne ville d’amour, avec les mots porteurs d'antiques marées avant que le temps ne les efface dans les parfums aimés aux odeurs d’iris, d’ambre qui crissent au seuil du soir, souvenir d’une jeune femme qu’on a aimée autrefois. Alain Duault se fond dans l’intranquillité de l’imaginaire, c’est ce mot de Pessoa qui lui a donné l’envie de Lisbonne, du fado ce chuchotement de l’âme de Lisbonne.


L’écrivain ose l’accord des harpes nocturnes, plonge dans la crue des chimères, litanies éparpillées en déliant l’infinitude de l’invisible avec les phrases de l’envers, celles qui se déploient quand on a tout oublié, celles de l’endroit qui tentent encore comme les fantômes avec leurs mains de vent dans la baie d’Halong.


Partir, pour découvrir cette dentelle pétrifiée par le temps, éternité du deuil d’amour : le Taj Mahal, cette larme sur le visage de l’éternité suivant la belle définition de Tagore, paysages dont on ne revient pas sauf à casser le fil d’Ariane qui retient à la vie, mais nous ne sommes qui nous sommes pas,la vie est brève et triste en ces heures où le paysage est une auréole de vie.

 


Partir avec Noureev, aller en sa compagnie dans les souks pour choisir des soies, voir les rouleaux dépliés, piles, effondrées, hautes tours de soie accumulées rivières de textures variées, il m’a fait voir l’Inde que je n’ai jamais retrouvée sans lui.


Et bien évidemment Partir pour Bayreuth, surtout pour obtenir, non sans mal, ce merveilleux sésame pour assister au Ring de 2026.


Dans ce très beau recueil Alain Duault tire l’aube de la nuit, jongle avec les fleurs de lune jusqu’à étourdir les étoiles.


Nous laisserons le lecteur mettre ses pas dans tous les lieux que l’auteur a visités, lire et relire les poèmes qui les accompagnent et dont le dernier se termine par ces mots tellement actuels : tu sais que tu vas mourir si tu ne t’en vas pas quelle que soit ta peur quelle que soit l’espérance.


En refermant de recueil nous repensons aux vers de Pessoa qu’Alain Duault pourrait faire siens :
La beauté est le nom de quelque chose qui n’existe pas, et que je donne aux choses en échange du plaisir qu’elles me donnent.

 

©Nicole Hardouin


 
 
 
 

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commentaires

B
Magnifique recension...
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  • Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...
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