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28 juin 2024 5 28 /06 /juin /2024 06:45

 

Fables - OLIVIER DESSIBOURG

éditions l’Harmattan.  Avril 2024

 

 

A l’œuvre on connait l’artisan, La Fontaine, in les Frelons et les Mouches à miel

Rédiger une fable est une œuvre très ardue, du fait qu’il faut condenser en peu de lignes une histoire où les antagonistes sont clairs et ensuite terminer par une morale résumant l’intrigue en peu de mots.

Olivier Dessibourg réussit parfaitement cela dans ce recueil : l’Ours et l’Oursin.

Ce qui frappe, à première lecture, c’est la richesse du vocabulaire de notre moderne descendant d’Esope, une brume d’été, pareille au liseron/ en son costume ouaté, monta aux environs, ( in le Mouton et le Nuage), puis la finesse et la drôlerie des personnages au cœur d’une prairie, Biquette, sans  vergogne / tout comme une furie, houspillait une cigogne,( in la Chèvre et la Cigogne), la description de certains animaux, tel par exemple celle du Hibou Grand duc … ainsi l’oiseau superbe ,dans sa grande allégresse, / dégoisait de son verbe aux accents de noblesse : je suis un hibou grand-duc à longues oreilles à pointes…. et là nous laissons, au lecteur amusé, la suite de la lecture des titres que s’octroie le Hibou Grand-Duc, un vrai régal tellement drôle !

Les morales de chaque fable sont de véritables petits bijoux de par leur finesse, leur véracité, leur modernité, Affronter les dangers en gardant son courage/ permet de regagner très souvent le rivage, in le Jaguar et le Piranha.

Toutes les fables reflètent avec humour les traits de caractère des humains, comédie du quotidien,  sagesse dans chaque phrase et sourire au coin de la plume ce, sans concession, mais avec véracité, chaque lecteur va se voir ici et là dans un miroir en esquissant un sourire, un éclat de rire.

Cette lecture est un chemin de vérité, peut-être aussi un chemin de vie parfois mieux vaut se taire au lieu de jacasser in le Blaireau et les Bécasses.

Comme on souffle dans l’âtre pour activer le feu, l’auteur réveille les mots pour les faire flamboyer. Dans chaque fable, Olivier Dessibourg ouvre une porte qui fait lever le soleil et l’espoir d’un monde meilleur : à observer l’histoire, c’est à se demander/ quel est les bon regard et par quels procédés/ on pourra, pour la suite,…s’aimer sans reproduire de nouvelles injustices in le procès du panda.

Recueil à lire et relire pour son plaisir personnel et celui de ceux qui écoute.

Nous exprimerons un souhait : vite un autre livre de fables pour le bonheur du lecteur et parce que on voit que pour apprendre, il n’est jamais trop tard ! in le Vieux singe et le Lionceau.

Et bien sur on ne peut terminer sans mentionner la superbe, drôle, délicieuse première de couverture illustré par  de Debuhmeprélude aux paroles, aux facéties des animaux du recueil, l’oiseau tenant dans ses serres deux cerises est l’appel à la gourmandise gustative et à celle de la lecture.

©Nicole Hardouin



 
 

 

 


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5 avril 2024 5 05 /04 /avril /2024 06:53

JEAN-LOUIS BERNARD - ḖDITIONS ALCYONE, COLLECTION SURYA, 2023

ISBN 978-2-37405-107-9          

 

Ce recueil mérite d’être lu et relu, car il ne livre pas tous ses secrets au premier regard.

Les phrases d’une extrême sobriété : la mer lasse/ ne veut plus/ porter le sel, s’allient à un vocabulaire d’une grande richesse avec des associations imprévues : sur la plage infertile/ un oratorio de sable, tous ces textes sont gemmes de feu, brumes embrasées/ sous la voussure des ombres.

Cheminer dans l’Héritage du Souffle c’est pénétrer dans les trouées à vif, où la neige s’érige en un bûcher, c’est aller avec le poète sur des routes qui s’effacent et pourtant qui conduisent vers des bornes aperçues sur des chemins qui ne mènent pas et qui bruissent de silence pour aller jusqu’à l’invisible/ essentiel.

J-L Bernard porte un questionnement qui processionne tout le long de ce très beau recueil.

Chaque mot émet une vibration qui hante l’auteur écartelé entre angoisse où blêmissent les rires/ avant l’esseulement, énigme de l’harmonie d’avant le monde. Cela pourrait se résumer en deux temps : qui a-t-il avant le souffle : quand jaillit la fable intangible/ des origines et après : l’héritage du souffle/ est-il pour l’arbre/ ou pour le vent

Le poète s’échappe des entraves du quotidien pour passer le gué d’un invisible infini avec des notes de ténèbre / pour dire la clarté, remarquons ici la sobre élégance de cet oxymore tout comme celui dans la radieuse angoisse du silence.

Quand tout est à recommencer avec un fragment d’inachevé/ pour guide, les marées de J-L Bernard sont de souffre et d’encens, même si une chanson lasse / capitonne la nuit, ou si à la pliure de l’aube/ l’effroi buissonne.

Mais, en dépit de la nostalgie : si peu de nous/dans le long silence, du questionnement : la lenteur/ abreuverait peut-être/ mes cavales d’oubli, la lumière est présente : sous les chablis de l’abandon /demeure/la gouvernance des herbes.

J-L Bernard chemine inlassablement en bordure de l’abîme, du néant, de la matière inanimée aux multiples échos qu’il sait amplifier.

Ses questionnements pulsent au travers des textes, ils font de lui un moderne alchimiste, une sorte de Nicolas Flamel en quête, non d’or, mais : des chemins qui mènent/ à ce que l’on ne voit pas.

Nous ne saurions terminer cette recension sans signaler la photographie de couverture, la conception et réalisation graphique du logo de couverture réalisées par Silvaine Arabo.

©Nicole Hardouin
 

 

 

 

 

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25 mars 2024 1 25 /03 /mars /2024 07:36

Tome II    Z4éditions, février 2024

 

Si, comme l’écrit Jean Louis Thiar dans sa préface, ces lettres sont, peut-être, destinées à cet inconnu qui pourrait bien avoir élu domicile dans le miroir d’en face, nous ne lèverons pas le doute, la clarté interne du poète passant par l’étamine du rêve.

Ce recueil est un blason de mots d’eaux, de mots de pluie, de mots à feu doux où le cœur caresse dans des froissements d’ailes d’oiseaux, alors que la terre est une peau d’herbes plissées comme l’étirement d’un col de cygne.

Ce je t’écris qui revient à chaque page est une flamme aux vibrations satinées qui amplifie le dire, et tout à coup le duvet des heures est plus ample pour absorber parfois la nostalgie : j’aime octobre désormais parce que son silence est plus grand que ma voix blessée.

Si la poétesse sait avec délicatesse esquisser ses inquiétudes chacun tousse l’écume de ses plaintes, elle les chasse dans les respirations secrètes de la nature, souvent son refuge : j’ouvre un carré de fenêtre sur un ciel sans idole mais plein de toi.

Dans les choses les plus infimes elle trouve un fin murmure : j’ai tendu mes bras cherchant à voir du bout des doigts le cœur de la violette sur le mur de pierres pauvres.

Barbara Auzou est une plongeuse des grands fonds de son âme et de son cœur, elle en remonte des malles chargées de joie, d’appels, de nostalgie, d’amour qu’elle sait partager, car écrire est une chance pour la zone du cœur.

Mais dans ses moments difficiles elle ne souhaite surtout pas être pesante à l’autre : interdis-moi pour toujours le moindre négoce avec l’aigreur, et renouvelle notre billet pour ailleurs.

Dans ce recueil où la poétesse le reconnaît : jamais je n’aurais pensé énumérer mes rêves et mes pensées sur l’hospitalité douce d’une épaule avec autant de régularité, cette régularité enchante le lecteur, chaque texte étant un diamant étincelant, poli avec une plume élégante, originale, presque surréaliste : mais pour ne pas rester femme approximative je t’ouvre au pétale qui manque au soleil.

Souhaitons que Barbara Auzou continue encore souvent de mettre des mers à tes fenêtres et des blés aux coquelicots dans ta boîte à rêver en laissant glisser sa plume dans les failles du temps.

Lire ce recueil fait automatiquement penser à la phrase de René Char dans le Nu perdu : En amour, en poésie, la neige n’est pas la louve de janvier mais la perdrix du renouveau

©Nicole Hardouin


 
 
 
 

 

 

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9 mars 2024 6 09 /03 /mars /2024 10:04

JEANNE CHAMPEL GRENIER

''DES NOUVELLES, un peu, beaucoup, passionnément...''

Éditions France Libris-2024

 

« La nouvelle, c'est la flèche et sa cible aussitôt atteinte »

H. Quiroga

Rédiger une nouvelle est un exercice particulièrement difficile qui demande précision, réactivité, rapidité ; c'est une brèche dans un mur, qu'il faut refermer rapidement, ce que l'auteur : Jeanne CHAMPEL GRENIER maîtrise parfaitement.

Les nouvelles, ici, sont des plantes grimpantes qui s'agrippent à l'esprit jusqu'à la chute, toujours inattendue, drôle, comme par exemple, dans le texte intitulé : « L'Agrimanche » que bien évidemment nous ne dévoilerons pas.

La nouvelle permet d'écrire aux antipodes des certitudes pour faire flamber la raison sur les lèvres du lecteur, ainsi en est-il dans le texte « Coup de chapeau » dont la chute ébouriffe : étonnement, sourires...''quelque chose suit son cours'' aurait dit Becket.

Les nouvelles permettent à l'auteur de multiples combinaisons où tout se créé, se métamorphose, comme dans ce « Sommeil de porcelaine » où le personnage central, homme d'affaires, vient d'atterrir en Corée. Tout pourrait être simple, clair, bref, un voyage d'affaires comme il s'en fait tant, mais non... et ce fut un mystère !

Les multiples combinaisons de situations pemettent à l'auteur de tenir son lecteur en haleine tout en l'amusant. Les écrits alignent leurs dentelles et leurs épices, au lecteur de s'en vêtir, de les déguster, ce qu'il fait avec joie dans ce recueil.

Une comète passe, éphémère éphéméride, mais la nouvelle reste à l'ombre des regards sépia.

Lire les multiples nouvelles de Jeanne CHAMPEL GRENIER, toutes différentes, que ce soit : « Bonheur du jour », « Autrefois-Autre foie-Autre foi »( tout un programme!), « Les poignées d'amour », « Les deux corbeaux », « Le passé empiétant ».....tous ces textes si différents où l'on voit que l'auteur aime courir vers l'inconnu, le rêve, le jamais dit, le rire franc, courir sans jamais se retourner, sans trop de condition, juste pour l'ivresse de la quête et du partage. Car à l'orée de ce monde agité, de ce grand orchestre désaccordé, le « je », cet oiseau rare, sait-il encore « où il habite ? » ( Extrait de la préface)

Le lecteur des « Nouvelles » s'écarte de ses propres chimères, celles de l'auteur restent sur ses berges, l'empoignent, le poursuivent.

Celui qui lit Jeanne CHAMPEL GRENIER échappe ainsi au requiem des ombres. Grâce aux mots vivants porteurs d'antiques marées et de signes avant coureurs, ce recueil ne sera pas une flagrance qui se volatilise ; le lecteur en garde longtemps souvenir et jouissance.

À lire pour chasser les idées noires et trouver du plaisir.


 

©Nicole Hardouin


 
 
 
 

 

 

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17 février 2024 6 17 /02 /février /2024 09:01

                        Poèmes carnets de voyages

                               ALAIN DUAULT

                    Ḗditions GALLIMARD; Mars 2023

                                                 Toute la vie on l’use ensuite

                                                A repriser des souvenirs

                                P.Emmanuel in Chanson du dé à coudre

 

« Vous aimez tellement voyager ? j’aime partir surtout »


Parti avec l’auteur ce n’est pas suivre un guide, c’est mettre ses pas dans ceux d’un homme qui vibre en ignorant sa soif pour échapper au requiem des ombres quand les étoiles ont mangé la margelle du puits, lorsque que le crépuscule interroge l’ossature du silence et que la nuit se déchire dans un éboulement d'impatience. Il se met en route pour contempler ces étonnants poèmes pétrifiés que sont les jardins secs de Kyoto, le vent y tisse ses octaves, plus rien n’existe, on regarde indéfiniment /quel signe nous fait ce jardin ? C’est alors que les désirs se bousculent et que les rêves ouvrent leur livre d’heures.
 
Partir pour New York et ses odeurs de marrons grillés, glisser d’une rue aux avenues, tout oser dans cet entassement, ce désordre magnifique, tout le monde a tout vu à New York, personne n’a rien vu.
 
Partir pour cette ville entre les fleuves : Hanoï et ses pipes à eau, voir l’île de la tortue se souvenir de sa légende, l’auteur désaltère ses souvenirs : j’ai tant aimé ce pays bleu posé sur l’île de jade.
 
Partir dans le présent des ombres furtives, lorsque les paysages s’en vont dans un ciel en agonie, dans la nudité du vent loin dans des mantilles d’embruns, au hasard des routes et des horizons lieux comme ce fleuve turbulent qu’est le Mékong, lieux où le temps ne passe pas, où l’on peut être qui l’on désire, sachant qu’un voile en cache toujours un autre et que le silence scelle les paupières d’un amour perdu.
 
Partir pour Lisbonne ville d’amour, avec les mots porteurs d'antiques marées avant que le temps ne les efface dans les parfums aimés aux odeurs d’iris, d’ambre qui crissent au seuil du soir, souvenir d’une jeune femme qu’on a aimée autrefois. Alain Duault se fond dans l’intranquillité de l’imaginaire, c’est ce mot de Pessoa qui lui a donné l’envie de Lisbonne, du fado ce chuchotement de l’âme de Lisbonne.


L’écrivain ose l’accord des harpes nocturnes, plonge dans la crue des chimères, litanies éparpillées en déliant l’infinitude de l’invisible avec les phrases de l’envers, celles qui se déploient quand on a tout oublié, celles de l’endroit qui tentent encore comme les fantômes avec leurs mains de vent dans la baie d’Halong.


Partir, pour découvrir cette dentelle pétrifiée par le temps, éternité du deuil d’amour : le Taj Mahal, cette larme sur le visage de l’éternité suivant la belle définition de Tagore, paysages dont on ne revient pas sauf à casser le fil d’Ariane qui retient à la vie, mais nous ne sommes qui nous sommes pas,la vie est brève et triste en ces heures où le paysage est une auréole de vie.

 


Partir avec Noureev, aller en sa compagnie dans les souks pour choisir des soies, voir les rouleaux dépliés, piles, effondrées, hautes tours de soie accumulées rivières de textures variées, il m’a fait voir l’Inde que je n’ai jamais retrouvée sans lui.


Et bien évidemment Partir pour Bayreuth, surtout pour obtenir, non sans mal, ce merveilleux sésame pour assister au Ring de 2026.


Dans ce très beau recueil Alain Duault tire l’aube de la nuit, jongle avec les fleurs de lune jusqu’à étourdir les étoiles.


Nous laisserons le lecteur mettre ses pas dans tous les lieux que l’auteur a visités, lire et relire les poèmes qui les accompagnent et dont le dernier se termine par ces mots tellement actuels : tu sais que tu vas mourir si tu ne t’en vas pas quelle que soit ta peur quelle que soit l’espérance.


En refermant de recueil nous repensons aux vers de Pessoa qu’Alain Duault pourrait faire siens :
La beauté est le nom de quelque chose qui n’existe pas, et que je donne aux choses en échange du plaisir qu’elles me donnent.

 

©Nicole Hardouin


 
 
 
 

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29 juin 2023 4 29 /06 /juin /2023 06:40

France Libris 2023
                                 
 

                
 
        Parce qu’il en est des souvenirs comme des plantes, il faut les   nourrir, en prendre soin pour qu’ils soient vivaces. R. Badinter


Dans ce recueil commençant par un bel oxymore l’auteur, lorsque le feu vendange la nuit, déroule ses souvenirs avec délicatesse, dans des détours d’encre et de lumière.


Les racines de ce texte viennent spontanément sous la plume superbement poétique de Jeanne Champel Grenier, sans cesse elle s’en nourrit, elles passent comme un vol à l’horizon, ce sont souvent des cils d’étoiles sur une larme rentrée, un ourlet décousu sur une cicatrice mais l’empreinte est là omniprésente sur la poudre irisée de la fuite du temps, c’est un soupir au bas d’une page, une enluminure dans ses pensées, le miroir n’est pas brisé, un rien le fait briller, brillance, pivot d’une vie, escapade dans l’autrefois : une poêlée de girolles persillées me ressuscite immanquablement ce pays sobre, mon pays sauvage et nourricier.


Les échos du temps abondent, émouvants, ils se glissent dans les failles du soir et remontent lentement de la nuit je suis de ce pays qui accueillit l’exode d’une partie de l’Espagne…. Et avec un rythme répété, elle revient sur les ombres mendiantes qui accourent depuis ses contrées qu’elle a tant aimées : je suis d’un pays fier qui subit l’invasion de mille nomades, j’entends par vent du sud, à deux pas de chez moi, ce chant des profundis qui s’élève le soir et vaut bien des ave, mots qui touchent, bouleversent et qu’est-ce qu’un mot ? Peut-être une barque dans une mantille de nuit, pour notre auteur, c’est une forêt avec une clairière aux yeux de biche où elle aime vagabonder pour le plaisir du lecteur, des braises dans la chaleur de la cendre du temps, sans cesse elles les ravivent, des étoiles sur la page de la vie.


Ses souvenirs sont tour à tour drôles et réalistes : en ce temps-là, il ne venait à personne l’ idée d’aller au bois pour le plaisir de s’y promener ,il ne s’agissait pas d’une promenade bucolique mais d’une sortie vitale ! et là, la poétesse enchaîne sur sa grand-mère, la belle Inès, pensées émouvantes, notre grand-mère c’était la glaneuse antique, mi-paysanne, mi-chamane, mais nous avons survécu à toutes ses mixtures ! ce sont des songes de givre sur des lames de lumière, des cascades d’émotion qui font revivre, l’auteur charge ses souvenirs sur sa barque et nous les fait partager. Et avec tendresse elle revient sur Inès qui travaille sans cesse à réparer la société. Appuyée sur sa vie trouée de mille ports / où dansent les voiliers/ la voilà qui s’endort/ Elle a vieilli si vite Inès, la belle Inès…


Et bien évidemment les gitanes sont présentes, avec leurs yeux noirs qui bougent/pleins de secrets troublants, les tireuses de bonne aventure présentes, colorées :Elle a deviné ton destin…sur ta main elle a soufflé/ et elle t’a dit:/ J’ai chassé le djnoun /va en paix ! Notre poétesse est l’orante d’une ample liturgie, et elle sait très bien que nous n’habitons que le refleurissement de nos cendres, et parfois les larmes ont froid mais personne ne le montre


On la sent fébrile, prête à danser lorsqu’elle évoque « Flam and Co, » c’est une rage intérieure/qui vient sacrer l’esthétique/ de la vie devant la mort.


Dans sa postface, l’auteure a cette phrase qui donne à réfléchir ; cette belle différence qui ne devrait pas exclure la fraternité.


Nous sommes faits pour être touchés et, lire l’auteure de ce superbe recueil, c’est faire éclater un miroir contre la nuit, c’est trouver un abri contre l’orage du temps, c’est aussi se remettre en question, mais nous sommes toujours porteurs d’une indélébile amputation.


Nous laissons au lecteur le plaisir de découvrir tous les textes de « Racines vagabondes » et notamment les descriptions des villes comme Grenade, les textes dédiés aux absents se préparer à l’absence/ pour regagner le primitif silence, tous ceux consacrés aux peuplades errantes ils n’avaient pas faim / ni de pain, ni de rien / juste de liberté.


Jeanne Campel Grenier sait admirablement quérir le feu d’hier pour le porter jusqu’à l’incandescence, elle en vit et nous en nourrit. Le jour relève ses filets, dans un vibrato ému la vie tend sa corbeille, au lecteur de puiser dedans.


 Il est à noter  que ce recueil est illustré par des dessins de l’auteur.

©Nicole Hardouin      
 
 
 

 


 
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19 juin 2023 1 19 /06 /juin /2023 06:39


 Librairie-Galerie Racine-Paris, 2023
 
 Le titre original du dernier recueil de Luezior intrigue, interroge : les heures seraient-elles des fleurs aux invisibles crocs pour aiguiser les songes ?


 Nous sommes esquifs, passagers clandestins, des lignes de l’auteur dont nous partageons les marées dans le troublant flou de ses branches ramifiées. Fatalement nous sommes amenés à nous poser ses questions : suis-je moi-même gibier/ ou acteur insensé/ d’une fureur de vivre ?


 Luezior, de cette écriture rare, précise qui fait de lui l’un des meilleurs poètes actuels, est semeur d’arcs en ciel pour aller loin dans l’énigme d’enclos mystérieux, dans un mal sacré, transe/ d’une folie petite/ qui ameute mes frusques, il sait donner aux mots la lumière d’un regard dans l’intimité de l’inaccessible en réveillant les campanules de ses heures endormies.


 Il démêle les secondes et les minutes sans se priver « de tempêter/ contre le temps qui passe, il cherche les mots qui illuminent, peut-être pour se plonger dans une alchimie d’où s’évaporent/ effluves/ et fumets/ velléités/nourricières, tout en sachant que l’imaginaire n‘est qu’une île lointaine sans possibilité d’accoster et que  nous ne sommes que les alpinistes du manque, c’est pourquoi dans le bivouac du désir émerge la fine morsure du devenir  rappelle-toi/ ce matin-là, pourtant/ les écailles de l’abondance/ étaient nées dans l’eau vive / où scintillait la source.


 Chez Luezior les avenues de songes, d’espoir, de doute sont lovés entre les pavements de l’aube où l’on passe de jacasseries/ vomissantes /obésité du mot/ et veules railleries/sans pudeur/ ni décence alors que sur la plage qui frisonne, / une torpeur d’anges/coud ses écumes fines.


 Peut-être dans la plissure des rêves, au déclin du jour, en démêlant les heures, le présent se manifeste, l’âme déploie ses feuillets, palpe l’air, frémit et la soif a fait place/ à l’envoûtement / de foins prodigues / et de ferments/ se concentre/ l’ivresse des retrouvailles. C’est alors que, par temps de pleine lune, Luezior, envoie les freux et tous les oiseaux de la nuit sous nos pieds, combat de la couleur/ dans la grisaille, juste pour se gorger d’effervescences / vives.


 Les heures sont réaccordées, il est temps de déchiffrer un sourire/ l’encens d’une chevelure/ et le soleil de tes prunelle/ respirer nos convergences/ quand se déclinent/ les chuchotements aimés.


 Avec ou sans heures, dans des nuits sans balise, où s’offrent les Dames Blanches sur d’orgiaques autels, il fait trembler Lucifer et agenouiller les licornes, Luezior cisaille avec humour les interdits, convoque l’insolence/ pour survivre dans le sillon fertile de l’imaginaire, ainsi il sait nous donner des éclats de lumière pour écrire sur les zébrures des orages quand se rebiffe nos chaînes.


 Nous ne saurions clore cette recension sans souligner le texte poétique de la quatrième de couverture rédigé par Alain Breton, ainsi que la toile étincelante du peintre Diana Rachmuth illustrant la première de couverture du Démêloir des heures.
 

©Nicole Hardouin    
 
 
 
 

 

 

 

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23 mai 2022 1 23 /05 /mai /2022 06:49


 

 

Lorsque vos mains se referment sur mes déchirures et que les anémones s’inclinent
suis-je feu de brousse dans le glissement des ombres
débris flammés enveloppés de bure
braise pour nid cendré
onde mendiante venues de contrées lointaines
je ne sais plus.

Lorsqu’indifférente à mon désarroi
la lune bâille tenaillée par le vent
et que les étoiles tremblent contre la galaxie des rêves en ébauche
suis-je fileuse dans les rets de l’enfer
harmonie sans partition
lèvres en gémir à la douane des chimères
je ne sais plus.

Lorsque les mots s’effilochent aux berges du vertige
et qu’une plume calligraphie une ciel déchiré de regrets
je suis un oiseau sans ailes
au bord d’une source de silence.


©Nicole Hardouin        
 
 
 

 

 

 

 

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16 mai 2021 7 16 /05 /mai /2021 06:42

Editions France Libris, 2021

 

Ici, toute la terre se repose de sa fécondité et tout son bonheur est tendu entre deux gazelles et deux nuits distantes à peine d'un pli dans la lumière et le défi tranquille de l'horizon imprenable.

Lorand Gaspar, in Sol Absolu

 

C'est certainement pourquoi dans ce recueil, nid de lumière, l'auteur traverse les branches, les nuées, pour inscrire la plénitude de la nature dans ses phrases alors que le soleil comme volaille rousse se couche doucement.

 

Jeanne Champel Grenier sait très bien accorder son dire, son ressenti, à son environnement ; elle en restitue les pulsions, les odeurs, les cris, les battements d'ailes de l'oiseau qui ne se demande pas pourquoi les astres alignés par les hommes s'allument sous la lune ...et qui dort, la tête au creux de ses rêves, alors que sa cervelle d'oiseau lui en dit long sur la bêtise des hommes qui chassent et tuent pour une noix de chair, toute une nichée de musique : Bel hymne à la nature.

 

Séparant la brume du vent, l'auteur se faufile dans l'invisible gué, pour y décrypter son environnement, les couleurs dans le foisonnement des plantes qu'elle connaît parfaitement, les rosiers beaux comme une nuit étoilée, les glycines accompagnées d'une haie de violettes, de lilas bleu et d'iris de Florence ; ces rosiers qui se tendent vers la lumière, la tête embrouillée d'abeilles, tel un couvent de novices en prières.

Ne pas oublier que Jeanne Champel est aussi aquarelliste d'où la précise délicatesse de ses descriptions : ce bleu aux milliards de tons que l'on dit ''dégradés'', ce bleu aux camaïeux qui se déclinent à l'infini, ce bleu est en vie, il parle à l'âme.

 

Sans nostalgie, avec une grande douceur, elle retrouve ses souvenirs ; comment ne pas être ému à l'évocation de la maison de son enfance : je revois les couleurs sur les plafonds surpris par l'heure endimanchée, la bouille réjouie des faïences fleuries rangées sur la crédence ; je revois mon enfance et ma tante Louise qui aimait les surprises aux heures du silence.

L'auteur traverse le miroir, l'ombre prend feu, la silhouette d'une main se tend : c'est une île, son île dans laquelle elle s'enlierre, une île où murmure toujours la silhouette de la mère de l'auteur : ton souvenir c'est toujours une écriture de printemps, je garde encore de toi la douceur des lumières qui passent sur les fleurs...je ne t'ai pas perdue, tu es juste devant moi, à quelques pas, je t'aperçois en train d'écarter les ronces sur mon chemin...Superbe ! C'est une présence absence où tout continue de s'engendrer dans la transparence des mots.

L'auteur aime les mots, les roule, jongle avec, balles lancées qu'elle rattrape toujours avec humour et lorsqu'il s'agit de décrire un enfant ''neuf'', elle en invente en jubilant : elle se jupe à fleur du matin et s'aurore les joues de menu fretin, ses cheveux se tobbogandent le soleil et tous les papillons s'antennent de poudrin de chou ; le chat miaule mi-raisin, le rouge-gorge se carrousselle...

L'auteur ne fait pas pourtant l'économie de réflexions métaphysiques: la vie est secrète, elle n'est pas à nous, elle se prête et nous échappe car trajectoires

filantes nous sommes...

 

Planète solaire est un flacon de lumière, une île d'heures opalines qui réjouissent l'âme et l'esprit.

Murmures de l'écho de l'auteur, son rire devient l'ombre de celui du lecteur / malgré les mauvais coups, les coups bas ; oui, la vie, on l'aime encore, on continue à chercher un reflet positif dans son regard.

Regard tourné vers la source, Jeanne Champel Grenier écoute le feu du levant ; elle y puise l'amour, le soleil et ses étincelles ; elle les transmet, en ces temps troublés ; qu'elle en soit remerciée !

La poétesse est une rêveuse d'encre, pétales au souffle de sa plume, étamines pour la nuit de ses lecteurs à qui elle conte les fables de l'espoir, de la vie, du souvenir ; et comme l'écrivait K. Giibran, se souvenir c'est en quelque sorte se rencontrer.

Bien évidemment nous ne saurions omettre de signaler que toutes les illustrations sont de l'auteur, et la mise en page impeccable de Anne Gary Reck

 

©Nicole Hardouin

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