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22 septembre 2017 5 22 /09 /septembre /2017 06:42
Chimères - ©Franco Cossutta

 

 

 

 
Dans le vagabondage de mes songes, je suis captive de tes erreurs couleur de sauge, de mangue et de tubéreuse.
 
Chimères vénéneuses, venin et ambroisie, bois, je retiens la pulpe de tes lèvres.
 
Mirage, mirage, je te retiens à marée haute, à marée basse, sur le blanc sur le noir, dans les ressacs de l’utopie, ne te retourne pas, tu n’es pas prêt, tu es au-delà des légendes, celles que l’on croque comme des pierres.
 
Chimères, chimères, je t’ai aimé à t’en rendre fou, à t’en rendre sage, sirènes et elfes confondus. Nous avons fait l’amour comme les éclairs dans l’orage, comme les feuilles sous le vent, comme deux radeaux en perdition sous le regard de Méduse, comme des fantômes dans le lit d’un torrent, comme des feux de brousse, comme l’encens qui étouffe le jasmin, comme des cernes bleus autour d’un cri.
 
Tu étais un roi, j’ai fait de toi mon fou, mon fou de Bassan, mon ravi, mon délirant. Tu étais mon mirage rouge et nous nattions des ronces sur des seuils crépusculaires, dans des draps de suie.
 
Je t’ai fait hurler jusqu’à mordre la cendre, jusqu’à oublier ton nom, jusqu’à ramper dans l’ardence des flammes que je tisonnais, jusqu’à perdre ta tête.
 
C’était un jeu et nous ne le savions pas. Je retiens encore dans ma crinière d’étoiles, tes lèvres qui errent sur la résille de ma peau, arpèges, soubresauts, mirages.
 
Plus rien, impair noir et passe, tout était écrit, nous étions trop près de l’irréalisable, échec et mat.
 
Chimères, chimères, tes sens délirent et tes mots butent à cloche-pied, la folie rit derrière son masque, tu es devenu mon Styx, mes ténèbres, ma barque sans retour. Il reste juste la blessure de la source pour étancher les délires de la solitude. Brume sur la brisure des aubes aux soies de ronces, écoute : les spectres traînent leurs crécelles, un jour de plus, un jour de moins dans la légende d’un amour perdu.
 
©NICOLE HARDOUIN
  



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4 septembre 2017 1 04 /09 /septembre /2017 06:35
Le retour à la raison, Man Ray
 
 
 
 
Une phrase sur la pulpe du silence, mes
veines s’affolent
fables de la présence
fragments de l’essentiel.
 
Mots en effraction sur chemin de traverse
mon souffle s’anime
sève vitale.
 
Vous êtes syllabes, je suis virgule blottie
dans les cils du désir
jouissance buissonnière.
 
©Nicole Hardouin.
In FONTAINES CARNIVORES
Éditions L.G.R. Paris.




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21 août 2017 1 21 /08 /août /2017 04:42
 
 
C’est une nuit où brasillent les liturgies païennes, une nuit à tire d’ailes pour hiboux égarés, une nuit sans foi ni loi où l’oiseau de Minerve, fatigue la sagesse, réveille la déraison.
 
En maraude sur les gouttières de la nuit, les chats sont tous là.
Photos de Nicole Hardouin©
Les errants à la croisée  des songes,  ils émergent de mondes mystérieux et fugaces, poils hérissés,  compagnons des gitanes qui, en meutes déguenillées, se déhanchent sous leur futaine effilochée ; elles dansent, virevoltent au rythme endiablé de leur pied nerveux.
 
Les hiératiques, ceux des pharaons et déesses,  sortis des tombeaux de l’éternité. Hautains, ils s’engloutissent dans le délire des ombres. Eros et Thanatos rôdent autour des racines du ciel.

 

Photos de Nicole Hardouin©
 
 
Les fugueurs  faméliques, en équilibre sur le faîte des toits, oreilles droites, impertinents, frondeurs, jongleurs de lune, vagabonds, prêts à griffer les mythes dans des soupirs d’étoiles.
 
 
 
Les compagnons des sorcières, diablesses au corps d’ébène, aux reins cambrés,  venimeux de beauté. Ce sont les amis des devins et des nymphes aux chairs lisses qui jonglent avec les roues du silence : démente cohorte pour chambre de légendes. C’est là que Bosch tient conclave.
Photos de Nicole Hardouin©

 

Les silencieux des cimetières. Dans les sangles du vent ils sont à l’affût des secrets enfouis. Pupilles dilatées, ils se tiennent à la lisière de l’imperceptible, entre angoisse et extase. Ils écoutent un gémir d’âme en recherche de corps.
 
 
Les débonnaires, bien tapis dans les confessionnaux et les secrets des couvents, ils dorment parmi surplis et péchés, encens et absolution.

 

Photos de Nicole Hardouin©

 

Ceux des notaires et des poètes, bâillant entre testaments et pages blanches, chats aux regards sibyllins partageant les mystères des étoiles, des pluies, de l’Infini.
 
 
 
 
Nous sommes au-delà du rêve, cette nuit féline n’est qu’un gémir où s’étirent les illusions. Le jour hésite encore, peut-être suffit-il juste de le nommer, c’est ainsi que le monde émergea : par la Parole.
 
©Nicole Hardouin




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7 août 2017 1 07 /08 /août /2017 06:28
Les fruits de l'automne, d'Armand Niquille, tempéra sur panneau, 113 x 100 cm, 1944

 
 

        

Dans le crépuscule feutré de rousseur, les anges et les démons, vigies de la tentation, jouent une marche triomphale. Les couleurs crépitent, festoient entre soie et feu. Des saveurs s’échappent : élixirs secrets.

 

Ébauche d’une brûlante possession.

 

En cette subtile andante, prémisse d’un orage à venir, j’entends déjà le brame sauvage de vos festins s’étirer jusqu’à la moiteur du désir.

 

Nue, mes doigts se  crispent sur les fruits dérobés. Mon déluge est intérieur. Mais, en cette fin de jour enturbanné de poussière d’or, tu m’as dit : viens !

 

Sous tes mains aussi possessives que les nuées les plus ardentes, aussi veloutées qu’un miel de Provence, mon corps caressé de gourmandises ondule de soupirs et nos peaux se confessent de caresses.

 

Jouissance.

 

Dans la dérive flamboyante de cette fin d’été où le soleil hésite à conduire cette liturgie païenne,  je t’ai vu brûler.

 

De toi,  j’ai tout pris, les grands vents, les croyant protecteurs, les mirages anthropophages, le jus sucré de l’asile, prélude à l’exil.

 

J’ai pensé pouvoir t’apprivoiser, tu ne m’en as pas laissé le temps. Pourtant mon cœur faseye encore au gibet du soleil couchant, ma bouche s’égare dans les fruits à mordre.

 

Cruel imaginaire.

 

Etourdi de fantasmes, un ange dérive la tête  à l’envers,  l’Eden, s’est lézardé ; à perte de corps, la nuit sera sans frontière. Personne ne joue plus, sauf toi, ailleurs.

 

Deux paons esquissent encore un dernier baiser, est-ce l’heure de la pénitence ?

 

Je porte la crue rebelle de mes illusions.

 

©Nicole Hardouin

 
 
 
 
 
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24 juillet 2017 1 24 /07 /juillet /2017 06:38
JE VOIS DES ODEURS 55 par 54 huile sur toile GIL POTTIER

 

 
 
 
Combien de lèvres ont- elles lissé votre prénom
combien de lèvres l’ont mordu
combien de lèvres lui ont donné corps ?
Sous chaque bouche l'homme est nouveau
l'homme est premier
l'homme se redécouvre, renaissant, ultime.
Vos mots m’ont troublée
étrange douceur  enveloppante
pétales.
Respiration, oxygène.
Mots de nuit, hors temps
virtualité et réalité, être, non-être
intelligence du dire, intelligence de la peau.
Est-ce ou n'est-ce point ?
Au creux du corps
au large du cœur vos élans d'homme
j’ondule dans votre lente montée.
Gorge à gorge
naufrage de salive
spasmes, sueur, sperme.
Vos syllabes de feu à mes lèvres.
                Ma bouche festoie.
                Avons-nous rêvé ?
 
©Nicole Hardouin
 



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10 juillet 2017 1 10 /07 /juillet /2017 06:27
©Huile sur toile du Gil Pottier

                        

 

 
 
C’était à la saint Barthélemy
un soir d’été finissant.
 
La lumière plus blonde
trouait les aiguilles du crépuscule
allongeant la ponctuation d’une fin de chapitre.
 
Ta peau sentait la lavande et les mangues juteuses
tu mordais à pleine chair
au grésillement de mon corps
 
                            alcôve de baisers
                        repaire sans repère.
 
                        Rapière en bandoulière dans la brisure du soir
                sur la pointe des premières feuilles rousses
tu t’es éloigné seul
                dans un soupir de péché repu.
            
                        Enveloppé de nos secrets inachevés.
                 l’air exhalait une odeur de sauvage gourmandise.
 
                      Psaume de tempête.
 
La nuit s’est déchirée dans un éboulement d’impatience.
 
                     Je reste la vigie de tes éclipses.
                           
©Nicole Hardouin
 
 
 
 
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24 juin 2017 6 24 /06 /juin /2017 06:25
Le reliquaire des songes - Nicole Hardouin
L’heure des chimères, huile sur toile de Hugues de la Taille©
 
 
 
 
 
Nuit d’été, dis-moi pourquoi ses lèvres, aux odeurs de festins intimes, viennent encore s’abreuver à mon attente ?
 
Syllabes de feu sur ma peau.
 
Mirage aux yeux d’obsidienne, vénéneuses illusions. L’érotisme déchire ses ronces
 
Lourde nuit d’antilope fauve et de soie sauvage, ses yeux me font transpirer dans le brasier des souvenirs. Ils dévastent mes versants alors que la chouette hulule sur mes insomnies.
 
Nuit oppressante, tu moissonnes mes désirs.
 
Lèvres en gémir, à la douane des chimères, ma nudité est une harmonique sans portée.
 
Indifférente à mon désarroi, la lune bâille, les étoiles s’enfoncent dans les ravines de l’impalpable. Le silence se démembre dans le reliquaire de songes en ébauche.
 
Opium des abysses.
 
Nuit affamée, compagne du nautonier, au plus noir du noir, tu tiens conclave, toi seule possèdes la clé de l’aube. Je suis à ta merci.
 
Tu me voles mes rêves.
 
Clos tes divagations ciselées de braises palpitantes, je ne veux plus t’entendre, cesse tes murmures qui me fouaillent et ravivent les précipices à la reliure des corps.
 
Nuit délirante, nuit cauchemardesque, nuit affolante avec lequel de tes visages vais-je devoir cohabiter ce soir ?
 
©Nicole Hardouin
 
 
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11 juin 2017 7 11 /06 /juin /2017 05:23
VIOL – Nicole Hardouin
Détail d’une toile de Gil Pottier « La Proie »
 
 
 
 
 
Silencieusement, bagages d'écume dans ses replis, la mer se retire. Lui il est arrivé aussi en silence, sans rendez-vous, il s'est faufilé dans un invisible gué. Par surprise, il l'a prise sans la séduire. La dame à la peau de jasmin fut violée, avec pour orgasme : la peur. Depuis, il se tapit au plus profond de ses fibres blasonnées de cendres et de cicatrices.
 
Viol glacial.
 
Le pollen gris du vivre n'a plus de terreau, il la harcèle, elle recule, il la grignote, la plonge dans des sentes opaques. De l'autre côté du miroir des mains se tendent, loin si loin. Le vent tisse ses octaves, aucune note ne peut être retenue, impossibles accords.
 
Le soleil est derrière elle. Elle avance à reculons pour retrouver la lumière. Alors, il la retourne, elle ne voit que des ombres mouvantes, des lacs noirs et des gouffres sans fond. Attachée, comme un scaphandrier, par un mince filin, fil d'Ariane, elle descend le long des parois par paliers successifs croyant le perdre, puis épuisée, elle essaie de remonter.
 
Elle a compté, il lui faut trois semaines pour refaire surface, délivrance ? Non, il ricane, agrippé à sa poitrine qu'il dévaste.
 
Pendant deux ans ils se sont affrontés. Ses mains n'étaient pas celles d'un amant aux doigts d'étamines, ses étreintes mordaient dans sa chair, entailles, ébauche d'enfermement, les lignes brisées retardaient l'aurore.
Noeuds de rupture cherchant, en vain un point d'ancrage. La dame ploie sa nuque de suie parmi des tournesols noirs.
Dans un fatras de fils coupés, des diagonales soufrées balafrent des murmures de barques. Aux rivages de l'intemporel, la dame à la peau de jasmin caresse un souvenir à l'écorce complice.
 
Elle y a gravé le nom de son violeur : cancer.
 
©Nicole Hardouin.
 
 
 
 
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27 mai 2017 6 27 /05 /mai /2017 06:28
CALLIGRAPHIE DE LA TENTATION - Nicole Hardouin
CALLIGRAPHIE DE LA TENTATION - Nicole Hardouin
J’ai la grande joie d’accueillir parmi nous Nicole Hardouin. J’espère que vous lui ferez un chaleureux accueil. J.Dornac
 
 
" ELLE" huile sur toile, 61 sur 50 du peintre GIL POTTIER; Site internet : www.gilpottier.com
 
 
 
 
 
Dans la procession des blés mûrs, vous êtes le moissonneur édénique célébrant l’offrande aux légendes ancestrales. Une musique s’en échappe, je déchiffre cette partition avec la prudence d’une barque quittant le port.
J’ai rompu les amarres.
Nos chemins s’écartèlent en tendres violences, mon souffle part en croisade, vous encercle. Je bouscule vos intimités, votre arc se tend à la saveur de mes effluves. Fibres clandestines effleurées, fleurs d’eau prêtes à éclore, fruits à mordre en lents creusements.
Calligraphie de la tentation.
Les fortifications se lézardent, je vous observe, vous butine. Ma chair cueille vos étamines et mes lèvres s’égarent à l’équinoxe de vos nacres.
Fournaise.
Implorant, vous tremblez. En lames torrentielles, j’ondule sur vos marées. Vous êtes Neptune rompant les chaînes.
Triomphe du naufrage.
Sur mes margelles humides vous lancez vos filets. Les caresses dénudent les corps. Mes certitudes s’évanouissent à la fonte de votre plomb, je me déploie dans vos vergers. Depuis cet office des ténèbres où vous avez mis ma bure en charpie, je suis neige de désir, au plus rouge du rouge, l’amour tord l’airain.
Brûlons.
 
Mais vous m’avez laissé en cendres dans le gémir de l’extrême. Chairs en éclats. La blessure est là qui floconne, coquelicots errants.
Socle en débris.
Je vous avais offert une forêt avec sa clairière aux yeux de biche, un vitrail et ses anges musiciens, des fruits défendus cachés dans un jardin, aujourd’hui je cueille des épines noires sur un dallage gelé.
Des orties poussent à l’extrémité de mes doigts, l’hiver sort du miroir. Le hurlement des loups déchire les dernières campanules.
 
À perte de corps, la nuit. Les oiseaux ont des ailes de glace.
Il pleut dans mon regard.
 
 
©Nicole Hardouin.
In FONTAINES CARNIVORES
Éditions L.G.R. Paris.




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