*Nuit au-dessus de la montagne
jusqu'à la faim de la rivière
Un grand silence t'accompagne
Sans illusion et sans prière
Toi qui rêvais d'égalité
Le monde est encore en chantier
En bas le peuple se rassemble
Ceux qui ont pu se relever
Les autres s'avoueront vaincus
Il y a des morts à enterrer
C'est le sort qui l'aura voulu
Tu crois pouvoir chasser la mort
Avec des mots gonflés d'amour
Mais la misère ça a du corps
Ça ressemble à du vieux levain
Qui vous aigrit le cœur sans fin
Et ça ricoche de père en fils
Quand la parole devient violence
Pleins de morsures sont les mots
Muré l'espoir, les idées flanchent
Dans les cachots de noir silence
Se consume alors l'avenir
À petits feux qui font mourir
Surgiront toujours d'autres héros
Que rien ne pourra arrêter
Ils ont l'exemple en héritage
N'attendront jamais les années
Car la valeur emplit le cœur
Quand l'injustice est déclencheur
De révoltes et d'atrocités
Rien n'étouffera le jasmin
Qui s'ingénie à embaumer
Ni les oeillets sur le chemin
Les orangers ploient sous le drain
Qui baigne en continu leur pied...
*Nuit au-dessus de la montagne
jusqu'à la faim de la rivière
Un grand silence t'accompagne
Toi qui rêvais d'égalité
Sans illusion et sans prière
Le monde est encore en chantier
*Vers de Pablo Neruda
© Jeanne CHAMPEL GRENIER
( Extrait de « POETES CITOYENS »
CONTREPOINTS- vol.3)Ed.France Libris-2018
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