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20 avril 2022 3 20 /04 /avril /2022 06:33
Le Gouffre de Mucha

                                
 


Édition : l’ÉCHAPPÉE BELLE


         Il est faux de dire : je suis né. Faux de dire : je mourrai un jour, seul convient de dire : je brûle. Ou mieux encore : de dire de cela qui brûle, je suis le feu.  P. Emmanuel in Sophia

Migraine, migraine, migraines saintes tout se brouille, s’éclaire en jeux de mots, l’auteur ne sait plus s’il dort ou sommeille, s’il est encore vivant. Toute chose est dépourvue de vérité, tout est impermanent, inconstant, tout est projection de son esprit, il erre dans la ronde des existences. Dans « mi-graines » il y a le mot graines, et l’auteur ensemence ses mots à l’envers à l’endroit, ce sont des messages enfouis, une langue maternelle d’une autre vie.


Ara dans un arrière- plan psychique, tantôt ruisseau, tantôt torrent, brouille, amalgame, jongle avec les lettres sans les voir, car la migraine s’approche de moi telle une morte sur un miroir vide.


C’est tantôt un balbutiement, tantôt une force éclatante brûlante, venue de la nuit des temps, peut-être du néant car la migraine est messagère du néant, elle est cendre froide ou terreau purificateur et « glisse entre les seins des songes ».


Apparaissent, ici et là, de petits cristaux que l’auteur amalgame en déployant ses potentialités, ce sont parfois des messages enténébrés de lumière en arc en ciel, et les mots ruissellent avec les fontaines fendues, mots que le lecteur cueille tels des fruits vivifiants, ou vénéneux qui l’exaltent le terrassent, lui échappent, le construisent, le métamorphosent, ce sont des mises en abyme, des réalités ou des reflets d’être.  L’auteur ne cesse de déplier l’inexistant et en même temps il y a tentatives d’être au plus près de l’évanouissement qui m’écoule.


Dans la sphère du réel lointain est-ce l’intention qui l’habite à chaque acte qui le déclenche ? Le poète entre en action avec un vocabulaire chargé d’émotions, de rhétorique, peut-être en quête de son karma. Il sème, fouille, renverse, jongle fait des détours, des allées et venues mais toujours quelque chose se creuse comme une tentation d’être au plus près du monde ou du néant.


D’où vient le langage qui pousse l’auteur à écrire ? il est souvent derrière le miroir sachant que partir au-delà est toujours dangereux car le dragon veille. Il exprime un contenu inconscient tout en se souvenant que l’esprit n’est que souvenir du néant, nitescence de la nostalgie du néant mis en scène, qui tout à coup comme un jet d’eau étincelant fait irruption de sa conscience et trace ses intentions intérieures qui se démultiplient de miroirs en miroirs, de fêlures en brisures : la chambre marron me fend telle une guillotine en deux miroirs qui se cognent l’un contre l’autre.


 Ce feu qui le brûle est « cette modalité du feu artiste, celle qui assure la liberté du cœur »1
 

Selon la déclaration d’Hermès il faut semer l’or du sol de la terre promise, ce sont les sèves du texte, et pourtant titubant, somnambule, je me lève dans un exil / où je ne me reconnais plus. Mais comment savoir où se situe l’auteur : « Si tu ne connais pas la clef des instructions, tu ne reconnais pas les sons, les lumières et les rayonnements et tu erreras dans le cycle des existences2 » mais Ara écrit avec l’abîme je nourris mes questions, mes attentes sont des caillots de réponses.


Mi-graines est un hors temps, un hors lieu, un plongeon dans le Styx, dont on remonte, ou pas, les neurones ont le vertige et les migraines tombent/ tels des oiseaux morts d’un arbre sans feuille.


Dans mi-graines le lecteur se gave, s’enroule, s’étourdit de ce qui le nourrit, il est parfois étonné, transformé, vacillant, mais il n’a jamais la migraine.  Il lui reste le possible d’être, sachant que, le centre s’il ne peut être atteint, il y aura toujours les bords pour reprendre souffle, mais cela peut être dangereux car c’est presque une valse avec Méphisto.


Comme le dit le préfacier Dan Cristea, « Ara Shismmanian n’est pas seulement un poète inspiré, c’est un poète qui inspire ».
                                     

  ©Nicole Hardouin        
 
 
1Y.A Dauge in l’ésotérisme pour quoi faire

  2 Le Bardo Thödol, le livre tibétain des morts

 

 

 


 
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