Bruit lancinant
mouvements presque hypnotiques,
les essuie-glaces sur le pare-brise
lustrent l’onyx de la nuit
où scintillent les lumières de la ville
Pourquoi ce souvenir ?
Un banal retour à la maison
un soir d’hiver,
ma mère au volant
joyeuse, vivante
et moi toute jeune mais triste
Pourquoi ?
Le saurai-je jamais ?
Dans tous les albums de souvenirs
il y a de ces images
dont on a perdu le sens.
Pourtant même muettes
elles nous hantent, nous questionnent
comme ma tristesse
si soigneusement cachée
au plus profond de ma vie.
D’abord au loin
l’incroyable galop
d’une horde de chevaux blancs
aux crinières d’écume
violent l’azur immobile de la la mer
puis le déchaînement meurtrier
du monstre liquide
gris et rampant
couvert d’une bave mortelle
crachée par ses milliers de gueules
enragées et béantes
Il s’est rué sur la terre
a mordu arraché avalé recraché
des arbres des maisons des hommes…
avant de se retirer
de notre regard bouleversé
Pour survivre il fallait plus que l’oubli
il fallait retrouver
la « Mer-source-de-vie »
la « Mer-Mère » liquide amniotique
du ventre de la Terre
Il fallait retrouver
l’enfance du monde…
Il pleut sur nos jours
car dans un coin de l’Olympe, Eros pleure.
Pourtant tout avait si bien commencé.
Les humains l’avaient accueilli
avec tant de gentillesse,
lui avaient prodigué tant de caresses
que sans réticence, il leur avait livré tous ses secrets.
Comme ils étaient heureux !
Cela faisait plaisir à voir.
Puis soudain on ne sait quelle rage
s’était emparée d’eux.
Se jetant sur le pauvre angelot,
ils lui avaient pris son carquois,
brisé ses flèches
et même arraché les plumes
de ses blanches ailes.
Les doux plaisirs imprudemment offerts
devinrent source de vices et de farouches combats.
Le blondinet eut beau battre désespérément des ailes, voler
d’âme en âme, telle la mouche du coche, rien n’y fit.
Le malheur se répandit inexorablement
comme la peste.
Affolé et honteux e s’être montré si imprudent, Eros
revint sur l’Olympe.
Vénus ironique et futile, se contenta d’en rire.
Zeus gronda un peu puis se rendormit.
Depuis lors, Eros se sent nu, il a froid…
Et il pleut sur nos jours.
Nous avions tout pour réussir
une belle rupture.
La vie nous avait doucement séparés
Tu ne faisais plus partie de mon quotidien
J’avais cessé d’occuper tes pensées
Fini le temps des appels pour rien
Juste pour le plaisir d’entendre une voix.
De l’amour et sa bruyante impatience
Nous passions à l’affection de bon aloi
Sans explication inutile, en silence.
Dès lors tu n’insistais guère pour me voir.
A dire vrai, je n’en étais ni triste ni surprise.
Et puis, lors d’une rencontre de hasard
Tu as suggéré que peut-être un jour
Quelqu’un nous présenterait l’un à l’autre.
Derrière ton rire, dans l’éclat du regard
Ce que je n’avais pas su voir
m’apparut évident.
Nous l’avions bien ratée
notre belle rupture…
D’abord il y a le « corps à corps »
et voici le « corps constitué »
Mais bien avant la « chute des corps »
en ce bas monde tourmenté
c’est le temps des premiers bonheurs
au creux du ventre maternel
celui du « corps en apesanteur »
Qu’est-ce que le crime ?
Où sont les criminels ?
Peut-être là où on ne les attend pas,
dans les activités de la vie quotidienne,
dans l’impétuosité d’un geste,
l’inconscience des désirs,
la dépendance à l’adrénaline.
Quelles sont leurs armes ?
Tout objet même le plus banal
dévié de son usage premier
et livré aux aléas de la violence
mais les pires sont les objets de passion,
ceux qui donnent autant de plaisir
qu’ils rendent de services,
comme par exemple
un fusil de chasse,
une voiture ou une moto…
Et quand il y a imprudence délibérée,
que quelqu’un en meurt,
on préfère s’en tenir
à la définition ambigüe du code pénal,
et parler d’accident.
Prendre volontairement le risque de tuer
ne serait donc pas tout à fait un meurtre…
Tant d’images ne cessent d’envahir nos yeux,
tant de paroles résonnent en permanence
à la porte de notre conscience,
tant de nouvelles connaissances viennent chaque seconde
s’ajouter à cette monstrueuse bibliothèque
qu’est notre cerveau.
Avons-nous vraiment la capacité innée
de conserver toutes ces informations inexploitées ?
L’âge et les maladies neurologiques
sont-elles vraiment les seules limites
à la puissance de notre mémoire?
Et si l’effervescence continuelle de nos sociétés
y était pour quelque chose.
Ne sommes-nous pas de ces îles précieuses mais fragiles
que submergent le tsunami et les marées noires
de l’information quotidienne.
Et si l’esprit épuisé, au bord du burn out
laissait l’inconscient faire le tri dans cet amoncellement.
Alors Alzheimer ne serait plus une cruelle maladie
mais la manifestation d’un besoin impérieux,
un désir inavoué
de se protéger du trop-plein,
de l’insoutenable et ravageuse invasion de l’inutile.
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...