2 septembre 2017
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Calme et sereine comme une icône fragile, paupières closent
Lèvres scellées sans un souffle, saintement elle repose.
Viel ivoire ciselé, elle a la pâleur tranquille d’un gisant.
Et la rivière, ce précieux lamé, cette mortelle parure
Dépose à son cou un ruban chatoyant rehaussé de verdure.
Là, sous l’éclat de la lune, la lame d’argent perce son sein nimbé de blanc.
Elle s’étiole et se fane troublée par la caresse lunaire
Qui lentement lui tisse un vaporeux voile funéraire.
Abandonnée aux tourbillons rapaces qui frôlent ta hanche enfantine
Petite te voilà prisonnière, la hart au col de ce lacet de glace,
De ce nœud fluide coulant, de cette froide étole qui t’enlace
Voici qu’au plus près de ton corps coule roule et lascive s’enroule l’onde serpentine.
Sous le lourd catafalque de son riche vêtement couronné du lin de sa chevelure éparse
Evitant les berges fuyantes aux roselières griffues, majestueuse elle passe.
Dans les plis et replis de ta jupe voile sombre déployée en corolle froissée
Remous et tourbillons s’agitent, se pressent le long de tes cuisses
Et dans leur hâte déchirent meurtrissent cette chaire, cette peau, ce frêle lys
Mais voilà que l’Eau vive envieuse avec force, avec audace, te vole au courant dévoyé.
Alors, parmi les algues baignées et bercées toute entière à son plaisir, elle te couche
Là parmi les lueurs vertes de l’absolu silence du royaume oublié, elle te touche.
©Béatrice Pailler
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