Tome II Z4éditions, février 2024
Si, comme l’écrit Jean Louis Thiar dans sa préface, ces lettres sont, peut-être, destinées à cet inconnu qui pourrait bien avoir élu domicile dans le miroir d’en face, nous ne lèverons pas le doute, la clarté interne du poète passant par l’étamine du rêve.
Ce recueil est un blason de mots d’eaux, de mots de pluie, de mots à feu doux où le cœur caresse dans des froissements d’ailes d’oiseaux, alors que la terre est une peau d’herbes plissées comme l’étirement d’un col de cygne.
Ce je t’écris qui revient à chaque page est une flamme aux vibrations satinées qui amplifie le dire, et tout à coup le duvet des heures est plus ample pour absorber parfois la nostalgie : j’aime octobre désormais parce que son silence est plus grand que ma voix blessée.
Si la poétesse sait avec délicatesse esquisser ses inquiétudes chacun tousse l’écume de ses plaintes, elle les chasse dans les respirations secrètes de la nature, souvent son refuge : j’ouvre un carré de fenêtre sur un ciel sans idole mais plein de toi.
Dans les choses les plus infimes elle trouve un fin murmure : j’ai tendu mes bras cherchant à voir du bout des doigts le cœur de la violette sur le mur de pierres pauvres.
Barbara Auzou est une plongeuse des grands fonds de son âme et de son cœur, elle en remonte des malles chargées de joie, d’appels, de nostalgie, d’amour qu’elle sait partager, car écrire est une chance pour la zone du cœur.
Mais dans ses moments difficiles elle ne souhaite surtout pas être pesante à l’autre : interdis-moi pour toujours le moindre négoce avec l’aigreur, et renouvelle notre billet pour ailleurs.
Dans ce recueil où la poétesse le reconnaît : jamais je n’aurais pensé énumérer mes rêves et mes pensées sur l’hospitalité douce d’une épaule avec autant de régularité, cette régularité enchante le lecteur, chaque texte étant un diamant étincelant, poli avec une plume élégante, originale, presque surréaliste : mais pour ne pas rester femme approximative je t’ouvre au pétale qui manque au soleil.
Souhaitons que Barbara Auzou continue encore souvent de mettre des mers à tes fenêtres et des blés aux coquelicots dans ta boîte à rêver en laissant glisser sa plume dans les failles du temps.
Lire ce recueil fait automatiquement penser à la phrase de René Char dans le Nu perdu : En amour, en poésie, la neige n’est pas la louve de janvier mais la perdrix du renouveau
©Nicole Hardouin
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits