J’étais jeune
il y a bien longtemps
me voici vieillard
pour combien de temps
entre ces deux époques
le voleur de mes jours
les a goulument croqués
et n’a rien laissé comme toujours
Je ne me suis
rendu compte de rien
ni du défilé des jours dans le charbon et la suie
ni de mes rides, j’étais trop bien
aucune remise
tous mes aimés
ont fait leurs valises
pour aller vers l’éternité
à tout le moins
c’est ce que l’on dit avec soin
pour nous consoler
avant que ne vienne notre tour de nous envoler
notre tour d’être chassés
vers l’inconnu
que certains disent être pareil à l’été
mais ne sont-ils pas trop ingénus ?
je dois reconnaître
que vieillard je ne suis pas encore
mais le temps file à ma fenêtre
et je suis déjà proche de la mort
qu’en est-il de mes trois bébés
mes chers petits garçons
âge et rides déjà dessinés
traces qui s’imposent sans façon
on dit que c’est le rythme
normal de la vie
mais pourquoi cet hymne
qui tue toutes les envies ?
Ne pourrait-on pas vieillir
tout doucement
avoir le temps, sans consentir
au supposé avenir qui ment ?
drôle de manège
que les jours noirs ou beiges
reçus sans les demander
arrachés sans pouvoir discuter…
©Jean Dornac
Lannion, le 19 novembre 2023
Jean Dornac a été honoré de la distinction d’Ambassadeur de la Paix.
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