15 juillet 2023
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Dessin reproduit dans mon recueil Plein cintre d’arc-en-ciel.
Collection privée.
Dessin : © Monique Thomassettie
Parfois, le soir avant de fermer mes volets, je me dis que chaque être derrière sa fenêtre éclairée est ami parce que je le considère comme tel. La ville alors me devient plus accessible, et ma solitude abolie grâce à ce sentiment, cet élan contemplatif, ce désir communiant.
Mais ceux qui n'ont pas de fenêtre derrière laquelle se réchauffer ?
Mais ceux qui n'ont pas de fenêtre derrière laquelle se réchauffer ?
Il me revient ici l'errance d'une vieille femme croisée un hiver dans la rue, il y a longtemps. Elle était terriblement voûtée et seule, avait l'air perdue. Avait-elle conscience de son état ? Elle s'arrêtait devant les fenêtres illuminées des bistrots, y plongeait son regard comme pour chauffer son pauvre cœur. Je n'avais pas écouté le mien qui me disait de l'inviter dans un des cafés devant une boisson réconfortante, tant ce soir-là je me sentais moi aussi abandonnée et tant je craignais de me reconnaître dans son image.
Aujourd'hui, la regardant dans ma mémoire, je reconnais ma solitude. Mais avec quelques nuances. S'il est des remèdes à la solitude sociale, la solitude artiste est incurable car elle est condition créative même au sein de la plus généreuse reconnaissance. Et, surtout, en ce qui me concerne, condition prophétique, laquelle reste, je le crains, incomprise.
1999. Extrait de mon roman LA PORTÉE D’EXIL (page 46)
(Éditions LUX 2001)
©Monique Thomassettie
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