Est-il bien utile d’exhumer tel ou tel cas de rivalité entre artistes dès lors qu’il en existe depuis la plus haute antiquité ? Cibler, comme ici, deux épisodes précis relevant, en outre, d’une même époque et d’un contexte culturel identique pourrait à la rigueur paraître indélicat dans la mesure où ces deux dimensions – la seconde principalement – pourraient se voir et surtout se croire spécifiquement visées. Notons dès à présent que les escarmouches évoquées plus loin ne donnèrent pas lieu à d’interminables échanges d’aménités mais se sont soldées par des essais tangibles d’apaisement : les acteurs de ces deux conflits se sont révélés beaux joueurs, en définitive ! Notons surtout que les principaux intéressés ont fini par faire de leur confrontation l’objet d’épanchements littéraires et qu’il ne saurait être question d’aucune violation de faits confidentiels, de ce fait.
La vraie question ne devient-elle pas de savoir si, pour les auteurs concernés, leurs querelles ont pu se révéler bénéfiques – ou l’inverse - pour leur œuvre ou leur évolution ; de savoir ensuite si, au niveau des lecteurs cette fois, ces jalousies conservent le moindre intérêt à long terme : pour l’édification « morale », pour l’intérêt historique ou artistique, par exemple.
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En 1975 paraît chez Plon le livre « Le Cheval d’orgueil » d’un auteur jusque là assez peu inconnu : Pierre Jakez Helias. Cet ouvrage de quelque 550 pages, sous-titré Mémoires d’un Breton du pays bigouden, est tout entier consacré à l’évocation d’un monde rural presque révolu ; il va connaître en quelques mois un succès rare et inattendu, même aux yeux de l’auteur et de son instigateur, Jean Malaurie, ce visionnaire qui éditera les plus prestigieux ethnologues : Claude Levi-Strauss, René Dumont, Margaret Mead, Victor Segalen … (*)
©Pierre Guérande
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