quelque part né de rien sur un océan léthargique filleul borgne enroulant ses vents autour de son œil unique le cyclone émiette les îles
pirate des Caraïbes il répand son carnage et mâche de sa spirale ces terres de jade où cohabitaient en images d'Eden miroir turquoise et palmiers frileux
de ses rafales fétides l'ouragan broie souille et pille ce monde originel où gisent désormais les déchirures d'un festin sanglant
houle, rage et tourments démembrent le littoral quand s'amoncellent toitures crevées tôles, ferrailles et détritus du vulnérable
exsangues, hommes et bêtes divaguent sans eau vive ni grammaire d'un espoir
là-bas, dans l'azimut se rassemble déjà la prochaine charge contre les tropiques
et quand le soleil donnera ses derniers reflets en virile présence
et quand ses rayons exsangues étreindront pour toujours les flots qui trébuchent
et quand ces teintes engourdies seront l'étrange sépulcre affrontant sa nuit plénière et quand la barque de Charon ou toute amère consœur pillera nos rétines ultimes
et quand ces ébauches de paradis n'auront plus cours à la bourse du cosmos
et quand les collines infinies rendront leurs ardoises en final sacrifice
peut-être nos yeux verront-ils au-delà de nos convoitises l'appel vigoureux de la vie ?
Traduire les craies qui échappent des doigts teignant nos épidermes de poussières astrales
Traduire l'encre qui coagule ce bec d'acier liant et déliant mes plus blondes pensées Traduire une page blanche qui crie sa virginité se rebellant à mes lignes pour d'ardentes fiançailles
Traduire les ombres qui déclinent leurs stances refoulant les trilles d'un soleil nouveau-né Traduire la toile qui saigne ma fibre luttant en désespoir comme Jacob et l'ange
Traduire la pâte et l'huile qui se font clairs-obscurs refusant à ma palette les lueurs de l'aimer
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...