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7 avril 2018 6 07 /04 /avril /2018 06:45
 
 
 
 
buvez !
comme le rouge-gorge
boit l’arc-en-ciel
comme l’archipel
boit sa lagune
et la fougère
son sous-bois
 
buvez !
à la source
qui fait la fête
au miroir
du puits
où culbutent
vos songes
 
buvez !
le calice
de droit divin
le sang
de la prière
sur l’autel
du pardon
 
buvez !
à l’aune
de vos élans
à la mesure
de votre désir
à gorge
déployée
 
buvez !
de vos lèvres
jusqu’à ce que vie
s’en suive
buvez jusqu’à plus soif
et surtout
buvez-moi !  
 
©Claude Luezior
 
Extrait du recueil « Clames » aux éditions tituli




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24 mars 2018 6 24 /03 /mars /2018 07:36
L’ignorance est la racine du mal qui détruit ici, tue ailleurs ! (Jean Dornac)

 

 

J’ai choisi ce poème de Claude pour ce jour, il est brûlant d’actualité en France après le crime contre l’innocence d’hier près de Carcassonne. Rien n’explique ni ne justifie, à mes yeux du moins, la folie meurtrière de ce genre de brute sans cœur ni intelligence… Jean Dornac
 
 
 
ils fracturent
et concassent
tel Moïse, le veau d’or
ou les tables de la loi
même
les leurs
les nôtres
 
et piétinent
et saccagent
les statues
des musées
même les leurs
les nôtres
 
et meurtrissent
et congédient
l’âme millénaire
d’un peuple
même
le leur
le nôtre
 
et mutilent
et lapident
femme
et enfants
même
les leurs
les nôtres
 
et manipulent
et démantibulent
les signes
de Dieu
même
le leur
le nôtre
 
et bafouent
et distordent
toute parcelle
de dignité
même
la leur
la nôtre
 
et saccagent
et dilapident
le partage
du pain
même
le leur
le nôtre
 
et fissurent
et balafrent
les racines
de l’Histoire
même
la leur
la nôtre
 
et poignardent
et décapitent
l’autre
le frère
même
le leur
le nôtre 
 
©Claude Luezior
 
Extrait du recueil « Clames » aux éditions tituli




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10 mars 2018 6 10 /03 /mars /2018 07:30

 

 

 

 

soi-disant
sans raison
sans détour
et sans souvenance
 
soi-disant
sans voisin
sans foi ni loi
et sans nuance
 
soi-disant
sans peur
sans façon
et sans appartenance
 
soi-disant
sans secret
sans souci
et sans dispense
 
soi-disant
sans gène
sans amant
et sans pénitence
 
Elle est partie
pour oublier
Elle est partie
pour l’exalter
 
criant mon nom
 
©Claude Luezior
 
Extrait du recueil « Clames » aux éditions tituli




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24 février 2018 6 24 /02 /février /2018 05:41

 

 

 

 Oublier
 
tes énigmes au galop
sans mors ni bride
et ces débris
d'instants fracassés
 
ne plus piller
ces lambeaux de mémoire
que pulvérise encore
la meule des heures
 
quand se délitent
nos paumes écorchées
et s'accrochent
de viles déchirures
 
ne plus suffoquer
à l'ombre maigre de bétons
qui emmurent la fournaise
convoquant nos asphyxies
 
au pas, la tessiture
de nos voix en chamade
qui hument désormais
 
© Claude Leuzior
Aux franges de l'essentiel
Dimenticare
 
i tuoi enigmi galoppano
senza morso né briglie
in questi detriti
d’istanti spezzati
 
smetti di saccheggiare
questi frammenti di memoria
che la macina delle ore
ancora polverizza
 
quando si disintegrano
le nostre mani scorticate
e s’aggrappano
ai vili strappi
 
non soffocare più
all’ombra secca del cemento
che mura la fornace
provocando la nostra asfissia
 
nel passaggio, il tessuto
delle nostre voci in marcia
respirano oramai
le vertigini del silenzio
 
© Francesco Casuscelli
Dairago, 21 novembre 2017

 

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10 février 2018 6 10 /02 /février /2018 07:42
"Dragon", de Jean-Pierre MOULIN, huile, 80x80 cm - Cliquez sur l'image pour accéder au site de Jean-Pierre Moulin

 

 

 

 

 

Mettre une pincée de mots sur les tableaux de Jean-Pierre Moulin semble a priori chose téméraire. Car s'approcher d'un buisson ardent, d'une énergie en expansion comporte toujours des risques : électrocution du regard, court-circuit des habitudes. On entre dans un champ magnétique où l'artiste catalyse les couleurs, explore des crêtes à pinceau nu, organise une mécanique intime, détruit et rebâtit des fractures.
 
Mouvements horlogers parfaitement organisés mais aussi perpétuelle renaissance, soupirs de vie dans des déserts où se hérissent les épines de végétaux désormais minéralisés sur le tranchant des roches. Tantôt surgissent les fossiles d'un autre âge, tantôt s'épanouit la dérive d'un continent, tantôt se recompose l'espace, selon d'inénarrables et splendides logiques.
 
C'est que l'artiste est captif d'un cosmos intérieur. Moulin est tout à la fois architecte, ingénieur et porteur de feu : il décortique les rouages infimes de son univers, réarrange des lignes de fuite tel un mikado. Tout à la fois ange et démiurge, il organise l'anarchie, dompte le trait, distille l'aquarelle, décante l'huile, fait jaillir ses soleils, sacrifie l'inutile.
 
Bienveillant, parfaitement organisé, il décortique savamment sous nos yeux la machinerie de son monde onirique comme s'il nous expliquait l'horlogerie fine d'une pendule. Là où le génie du détail se noue aux microns d'un métal en mouvement. Minutieux, précis, Jean-Pierre Moulin dépasse toutefois ces ingénieries pour accéder aux portes d'astres tragiques où s'embrasent des feux sans artifices, où respirent couleurs, cris d'aube et éclaboussures de lumière.
 
Mettre des mots sur les toiles de Jean-Pierre Moulin, c'est s'approcher du feu, avec, dans ses poches, quelques pincées de dynamite. Beauté complexe, parfois grave, souvent acérée, où se féconde la liberté, où s'articulent des espaces et se fiancent d'inédites perspectives.
 
©Claude Luezior


 


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3 février 2018 6 03 /02 /février /2018 04:47
J’adresse mes chaleureux remerciements à Claude qui m’a beaucoup ému par son texte, tout comme Nicole Hardouin l’autre jour. Comme jeune auteur à cheveux blancs et rides marquées, j’ai beaucoup, vraiment beaucoup de chance d’être ainsi commenté au travers de mon recueil « Grains de vie » !
 
J’adresse également mes remerciements à la revue « Traversées », revue belge que je ne connaissais pas, mais y figurer est un véritable honneur doublé d’un vrai bonheur ! A découvrir en suivant les liens en bas de page.
 
***
 
Grains de Vie, Jean Dornac, Éd. les Poètes français, Paris, 4e trim. 2017
_______________________________________________
 
Semer quelques grains de vie dans le sillon de ses ancêtres, y laisser un peu de sa sueur et de son sang. Y buriner sa trace à coups de cœur.
 
Enfant des étoiles, le poète certes fait l’amour avec la beauté. Parfois cependant, les souffrances et douleurs / qui griffent la terre / font hurler ces tendres troubadours. Contrastes et clairs-obscurs, émerveillement et désespérance malaxent sa chair. S’y bousculent feux follets et poignées de cendres, feuilles mortes, zéphyr (Mais qui donc a le pouvoir / De faire taire le vent ?) et sentes tortueuses.
 
Au programme des souvenirs, La liberté me réclamait (…) Sur la péniche de mes rêves / Seule la rive existait. Une mère-grand nommée Marie, à laquelle ce recueil fait hommage, semble d’ailleurs être la figure tutélaire dans l’âtre de la reconnaissance.
 
Jean Dornac est oiseleur d’un site bien connu, http://www.couleurs-poesies-jdornac.com où pépie, en heureuse intelligence, tout un boisseau de créateurs, artistes et photographes. Dornac, lui-même homme de plume et d’objectif, en est, d’une certaine manière, le pater familias, le metteur en scène ou le chef d’orchestre ailé. De ce vivier, Ode, une poétesse-plasticienne, issue du Québec, illustre le présent ouvrage.
 
Michel Bénard, peintre, écrivain et préfacier, qui enchante également les portées informatiques dudit site, est ici-même de la partie et introduit ce livre d’élégante manière. Synergies de cœurs qui s’émeuvent / à la fragrance des émotions.
 
L’éternel féminin, bien sûr, hante le bateleur des mots qui est, par tes yeux couleurs de rêve (…) tempête lorsqu’il t’imagine. Mais son vieux pays (…) mariant  l’eau et le feu y tient également une place de choix. Tout autant que le pain des patriarches et celui des Misérables.
 
Ainsi, l’âme profonde (…) qui danse sur les portées trouve-t-elle tout à la fois terre et ciel sur la Toile mais également ici, grâce à quelques grammes de cellulose et un soupçon d’encre. La chose est d’importance :  le temps, certes, rabote sa poussière, mais celle-ci ne devient-elle, grâce au poète, humus où ces Grains de Vie vont germer et s’épanouir dans la rétine de lecteurs en mal d’amour ?
 
©Claude Luezior
 
 
Article paru dans la revue :
 
 
 
La recension de Claude Luezior, ici :
 

Il est toujours possible d'acheter mon recueil, 15 euros plus les frais de port. Il suffit de m'écrire ici en privé pour me le demander !!

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27 janvier 2018 6 27 /01 /janvier /2018 05:19
Agonie pour poètes…

 

 

 

Ultime
 
 
Penser à mes chimères
toutes élytres arrachées
 
Agonie pour poètes sans clés
oracles et druides hermétiques
 
À l'entaille du destin
mes pages, alourdies de cicatrices
n'ont su étreindre
les tatouages dont la gloire
çà et là pollinise les pistes
 
Respirer à contre-courant
des stridences perverses
quand il suffit, pour épousailles
d'agiter l'arborescence
de magmas et de bruits
 
En vulnérables vendanges
voici le moût de mots
que tuméfie à l'automne
un soleil épars
 
Ardente, malgré le passage
qui s'approche sans cesse
ma main pourtant combat
jusqu'à l'ultime phalange
 
À la plume, au couteau
et jusqu'à la trame
pour une flaque de lumière
 
Une fois encore
à la frange des laves
 
Panser mes chimères
tous poèmes arrachés
 
© Claude Leuzior
Aux franges de l'essentiel
Ultime
 
 
Pensare alle mie chimere
tutte elitre strappate
 
Agonie per poeti senza parole
oracoli e druidi ermetici
 
All’intagliare del destino
le mie pagine, appesantite dalle cicatrici
non interpretano
i tatuaggi di cui la fama
impollina qua e là il percorso
 
Respiro contro corrente
gli stridori perversi
quando per le nozze basterebbe
agitare le ramificazioni
del magma e dei rumori
 
Nel raccolto vulnerabile
ecco il mosto delle parole
che gonfiano in autunno
un sole sparpagliato
 
Appassionato, nonostante il trapasso
s’avvicina senza tregua
la mia mano ancora combatte
fino all’ultima falange
 
Con la penna o con il coltello
fino all’essenza
per una sorgente di luce
 
Ancora una volta
ai margini di un fiume di lava
 
accudisco le mie chimere
tutte poesie strappate
 
© Francesco Casuscelli
Dairago, 23 novembre 2017
 
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13 janvier 2018 6 13 /01 /janvier /2018 05:52

 

Photo Claude Luezior

 

 

 

 

quand tressaille
au fond de nous
la fêlure du deuil
 
et s’écroulent
nos caillasses
en tragiques éboulis
 
quand se hérissent
les épines
en sanglants buissons
 
échines d’une douleur
pour pèlerins fourbus
en mal présages
 
quand s’embourbent
nos corps
sur des chemins sans âge
 
et se délitent
infécondes
les mains du partage
 
quand se ferment
les portails
des châteaux errants
 
où feulent des loups
sans louve
ni tanière
 
quand chant
la promesse
immensément seule
 
se frôlent
et s’envolent
nos connivences
 

©Claude Luezior

 

 

quando rabbrividiamo
nel nostro intimo
la ferita d’un lutto
 
e si sbriciolano
le nostre pietre
come detriti tragici
 
quando si ergono
le spine
nei cespugli sanguinanti
 
spalle d’un dolore
per pellegrini esausti
di cattivi presagi
 
quando s’impantanano
i nostri corpi
su percorsi senza età
 
e le mani della condivisione
sterili
si disintegrano
 
quando si chiudono
i portoni
dei castelli erranti
 
dove abbaiano dei lupi
senza lupa
e senza tana
 
quando canti
la promessa
immensamente solo
 
ci sfioriamo
e s’invola
la nostra connivenza
 
trad.par ©Francesco Casuscelli
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18 novembre 2017 6 18 /11 /novembre /2017 07:47
Références de la photo (cf dossier joint) et du texte : Mystères de cathédrale, texte de Claude Luezior, photos de Jacques Thévoz, BCU Fribourg, 4e trim. 2016

 

 

 

 

Juste au coin du narthex, un pieux bénitier. Autour de lui, le geste est souvent machinal, bâclé, sans souvenir précis des temps heureux : l’eau du baptême est à presque cent mètres de là. Certains se signent, pressés, comme pour pointer à l’horodateur du Seigneur. D’autres ont la lenteur de l’arthrose, humectant leurs phalanges de presque ressuscités.
S’avance la bigote à la peau parcheminée : marathonienne de la rédemption, elle hydrate les flétrissures de son cœur en vue de la dernière ligne droite. Juste derrière, les doigts légers d’une fleur de pavé. Selon les Évangiles, cette Marie-Madeleine coiffera l’athlète des ave à la porte du Seigneur.
Quelques enfants de chœur bousculent de leurs rires la bien-pensante. Plus loin, des canailles bâclent une génuflexion, tandis que des traîne-crasse envisagent une ablution. Et puis, un fada : d’après la légende, les fées, qu’on appelle dans le sud fadarelles, échangent parfois leur descendance dans le berceau des humains. Consolation des affligés, le simple d'esprit sera tantôt prince du royaume.
Suit la main droite du besogneux, trempant ses cals jusqu’à la paume et celle, un peu raide, du colonel qui hésite entre signe de croix et salut. Depuis l’ébrasement du porche, un martyr surveille le geste sévère de l’instituteur, égalitaire du gauchiste en goguette, opportuniste du politicien dont le menton tutoie les étoiles, niais de la cancanière en mal de calomnie.
On y voit aussi les ongles vernis de la précieuse qui, pour peu, déposerait une goutte sacrée sur son cou, tel un parfum. Et cette jeune-fille presque vierge, presque transparente, effleurant les satins de son amant.
En miroir, des doigts froissant à peine la surface de l'eau sacrée, comme pour ne pas déranger le Très-Haut : arachnéennes caresses d’une religieuse déjà en extase.
Pour clore cette humanité défilante, une troupe de dubitatifs, tièdes et païens de toute obédience évitant comme des chats maigres la sainte source et préférant passer à gué le seuil de l’Eden.
Self-service d’eaux lustrales, le bénitier a bien du mérite. Mirage d’anachorètes ou puits artésien pour âmes en rémission, on le retrouvera au tourniquet du Jardin premier.
 
©Claude Luezior
 



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4 novembre 2017 6 04 /11 /novembre /2017 07:48
Silhouette...

 

 
 
 
 
sur ta silhouette
si finement grainée
j’effleure
la gourmandise
que seuls
nos désirs comprennent
 
à portée de souffle
te voilà captive
bouquet de flammes
dans mes bras
où se calcinent
tes boisseaux du plaisir
 
nonchalance
des caresses
qui fleuronnent
au creux d’ombres
quand j’apprivoise
l’attente
 
j’oscille
entre tes lèvres
que j’esquisse
et ta crypte
où s’abandonnent
d’inépuisables ferments
 
déposer sur ta peau
l’encre de mes averses
en contrebande
vendanger
au seuil d’un sourire
ton âme clandestine 
 
©Claude Luezior
 
Extrait du recueil « Prêtresse » aux éditions L’Harmattan




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