nos morts ne sont que des nombres inoubliables
des mots raccourcis,
des cris gelés d'une maladie banale, absconse
nos morts sont les rêves inventés par des mères
la définition parfaite de la souffrance
nos morts lointaines sont
leurs paumes atteintes d'une maladie méconnue
où les caresses sont interdites
les larmes égorgées, les yeux vides
nos morts s'attardent sur un tableau muet, caduc,
des chiffres d'une guerre froide qui absorbe nos existences
et nous plonge dans les abîmes
nos morts feront naître d'autres morts
jusqu'à la fin des siècles,
l’ombre de leurs visages aura passé subtilement,
tel un fil muet, dans l’abysse de l’oubli
extrait du recueil La blessure de l'amphore, paru aux editions Neuma, octobre 2022
© Elina Adam
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits