5 mai 2012
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07:16
Ils ne mouraient pas tous, non,
Il est mort pourtant
Sa vie s’est arrêtée
Arrêt de travail
Trente ans de Maison
Bons et loyaux services
Et alors ?
Rentabilité
Conjoncture actuelle
Rachat
Plan de redressement
Remise à niveau
Réorganisation interne
Et lui
Trop ou pas assez
Pas à sa place
Plus à sa place
Dehors
Il a bien écouté
Ecouté le jeune homme en costume
Qui faisait de si belles phrases
Et il est tombé
Les mains en avant
Des mains inutiles
Un poids mort
Est-on trop vieux à 56 ans ?
© Annie Mullenbach-Nigay
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Annie Mullenbach
17 avril 2012
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07:05
© René Magritte
J’ai poussé la porte du jardin
Tu n’étais pas là
J’ai poussé la porte à fendre l’âme
à fondre en larmes
Tu n’étais plus là
Disparue ton ombre sur la mienne
Et la terre, noire
L’été dernier elle était soleil de juillet.
J’ai foulé aux pieds l’herbe du jardin
Tu n’étais pas là
J’ai marché nu-pieds à fleur d’âme
à fleur de larmes
Tu n’étais plus là
Disparue l’ombre de tes pas
Et la terre, froide
L’été dernier elle était chaleur de midi.
Je t’ai cherché au fond du jardin
Tu n’étais pas là
Je t’ai cherché à perdre l’âme
à perdre larmes
Tu n’étais plus là
Disparue l’ombre de ton ombre
Et la terre, lourde
L’été dernier elle était ciel de lit.
J’ai cueilli une fleur au fond du jardin
Tu n’étais pas là
J’ai cueilli une fleur, une fleur de cœur une fleur de peine
L’été prochain elle refleurira
Mais tu ne seras plus là
Jamais
© Annie Mullenbach-Nigay
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Annie Mullenbach
31 mars 2012
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07:40
(Auteur non connu)
Les enfants de Theresienstadt
Maman explique-moi
Tous ces enfants
L’ange veillait sur eux pourtant
Dis maman
L’ange ?...
Ce n’était pas un ange
Mais maman
Deux grandes ailes
Seul les anges ont des ailes
Les anges et les oiseaux du ciel
Et les aigles mon enfant
Maman explique-moi
Les aigles sont des oiseaux
Des oiseaux de Dieu
Dis maman
Dieu ?
Il n’y avait plus de dieu
Plus une parcelle divine dans ces oiseaux-là
Maman explique-moi
Tous ces enfants
30 000 étendus là derrière les barbelés
Les aigles aux quatre coins tout noircis de fumée
Et personne ?
Personne pour s’arrêter
Maman
Ni homme ni ciel ni dieu
Que leur restait-il donc ?
L’enfer
Je suis seul
Rien que cendre et flamme
et sais
Rien n’existe. Amen.
Hanus Hachenburg, 13 ans, Theresienstadt
© Annie Mullenbach-Nigay
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Annie Mullenbach
18 février 2012
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06:48
© Auguste Renoir
Pose tes lèvres sur ma bouche
Pose tes lèvres sur mon cœur
Vois comme il bat il bat ce cœur
Pour toi mon amour ma peur
Je sais tu ne m’as rien promis
Aucune de ces amours toujours
Tu ne m’as même pas fait la cour
Je t’aime tu m’aimes et tout est dit
Mais je ne peux vivre sans toi
Otée de toi ôtée de tout
Je pose tout ne retiens rien
Rien qui mérite le nom de vie
Et quand au fil de nos caresses
Ta tendresse vient à fléchir
Je tremble soumise à tes désirs
Que tes désirs ne soient plus qu’un
Un mot un seul mais qui déchire
Un mot qui rime avec mourir
Partir !... si tu partais
Mon cœur de battre s’arrêterait
© Annie Mullenbach-Nigay
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Annie Mullenbach
28 juillet 2011
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05:11
© John-William Waterhouse
Ecoute
Il va venir celui que tu attends
Le cavalier lointain de tes jeunes années
Celui qui s’en venait sitôt la nuit tombée
Chevaucher les étoiles
Parmi les champs de lune
Il va venir
Tu l’attends
Ecoute
Il va venir celui que tu espères
De l’autre bout du monde sur son grand cheval blanc
Il galope vers toi dans les lueurs du couchant
Semant ses quatre fers
Au gré des quatre vents
Il va venir
Tu l’attends
Ecoute
Il va venir celui que tu appelles
Son nom a ricoché sur tous les océans
L’écho par tous les monts
L’a répété cent fois
Et cent fois l’a porté jusqu’au firmament
Il va venir
Tu l’attends
Ecoute
Il va venir celui pour qui tu pries
Chaque jour chaque soir quand s’éveille la nuit
N’entends-tu pas sonner sur les chemins du temps
Le cor et l’olifant
Ne les entends-tu pas
Il va venir
Tu l’entends
Enfin
Il est venu celui dont tu rêvais
Ses cheveux étaient blancs et son cheval boitait
Tu lui as dit le vieux
Et il t’a dit la vieille
Les rêves sont cruels quand ils durent trop longtemps
© Annie Mullenbach-Nigay
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25 juin 2011
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05:18
© Le triomphe de la mort
– Félix Nussbaum *
http://prisons-cherche-midi-mauzac.com/actualites/felix-nussbaum-un-peintre-juif-allemand-a-decouvrir-absolument-5913
Vous étiez là
Et vous n’avez rien fait
Vous étiez là
Et vous n’avez rien dit
Vous étiez là
Quand ils sont venus
Les arrêter
Les embarquer
Les femmes et les petits serrés entre leurs bras
Les plus grands muets les yeux remplis d’effroi
Quelques hardes et puis rien au fond d’une valise
Et les hommes devant
La crosse des fusils plantée au bas des reins
Et le fer des souliers qui pressait la cadence
Et les cris et les ordres qui trouaient le silence
Une portière a claqué
Et ils n’étaient plus là
Partis pour où pour quoi
Vous ne le demandiez pas
Nous étions là
Mais que pouvions- nous faire
Ce n’était pas nous qui avions voulu cette guerre
S’ils n’étaient pas comme nous c’était leur affaire
Un jour ils reviendraient
Ils raconteraient
Et qui sait
Ce ne serait peut-être pas si terrible que ça
Rentrez les enfants ça ne nous regarde pas
Et si c’était à refaire
Que faisons-nous ?
© Annie Mullenbach-Nigay
* Felix Nussbaum, un peintre à découvrir
Né en 1904, Felix Nussbaum étudie aux Beaux-arts à Hambourg et à Berlin ; lauréat de l’Académie allemande à
Rome, il est pensionnaire à la Villa Massimo en 1932. L’arrivée d’Hitler au pouvoir le précipitera sur le chemin d’un exil qui, après l’Italie, la Suisse et la France, le conduit à Ostende en
Belgique. Arrêté après la défaite de la Belgique, le 10 mai 1940, en tant que ressortissant du Reich, il se retrouve interné au camp de Saint-Cyprien dans le sud de la France. Evadé,
fugitif il retourne à Bruxelles où il demeure caché, avec son épouse Felka Platek, une artiste juive polonaise. Le 31 juillet 1944, il est finalement déporté avec elle à Auschwitz et
assassiné. (Extrait du blog de Jacky Tronel)
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Annie Mullenbach
9 juin 2011
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08:20
© Tendre Raymond Peynet et ses « Amoureux »
Faire une promenade au bord de l’eau
Sous les rayures des grands peupliers
Suivre la trace des hérons
Suivre nos traces au bord de l’eau
Glisser mon bras dessous le tien
Et serrer ta main très fort
Serrer à en perdre mon nord
Dans ton midi déboussolé
Marcher soudés l’un contre l’autre
Ton pas, mon pas et puis encore
Avancer vers ce qui nous attend
Sans ces pourquoi ni ces comment
Chauffer nos envies au soleil
A bout de feu à bout de temps
Et tant d’années sans toi sans moi
Si loin de tout si près de nous
Marcher sans rime ni raison
Perdre la tête dans les nuages
Envoyer valser les saisons
S’aimer d’amour même davantage
© Annie Mullenbach-Nigay
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