Un oiseau s’est posé sur un fil barbelé.
Un oiseau alouette
Ou bien une fauvette
Une bergeronnette ?
Un oiseau funambule sur un filin d’acier.
Boule de plumes minuscule, perché en équilibre sur une pointe acérée
Il frappe à coups de bec les mailles du filet
Tendu par la faucheuse pour répandre l’enfer
Sur les yeux, dans les cœurs, le cortège des mères.
Un oiseau s’est posé sur un fil barbelé.
L’oiseau piaille à tue-tête le matin renouveau
Les larmes asséchées du printemps, de l’été
Reddition des corbeaux.
Un oiseau s’est posé sur un fil barbelé.
Il lance - Plus jamais ça ! à qui voudrait l’entendre
Mais qui ne l’entend pas
Qui ferme les persiennes sur les visages tendres
Des enfants oublieux accrochés à leurs pas.
Un oiseau s’est posé sur un fil barbelé.
En une ode à la vie, violée par les barbares
Son chant ferme les plaies
Stridule l’Hymne à la Joie.
Pénitences avares
Retenues à l’instant des rêves de tendresse
Les âmes se déploient
Les mémoires se noient dans le Livre Néant : Il était une fois
La sagesse abandonne la raison à l’ivresse
Des feux, bénédiction, éphémère liesse
Procès avant-coureurs des guerres aux indigents : Une dernière fois ?
L’oiseau s’est envolé dans le ciel barbelé.
Accablé, il s’efface lors s’agitent les poings
Et son chant à l’aveugle piaille : Plus jamais ça !
En maillot de bain sous les étoiles
nous marchions dans la campagne limousine
entre brebis endormies et vers luisants
Il était minuit à l’horloge de la chaleur
et la Vieille se reposait de sa danse *
*Allusion à la très ancienne expression occitane « Lo Vièio danso » (La Vieille danse) qui signifie que l’air est tellement chaud qu’il donne l’impression que la nature (la vieille) tremble (danse).
* * *
Souvent de la Annada 70
En malhot de ban
sous la etiala
nous permenavan din lo campagno lemousino
entre feda endurmida e luseta
Erio miejonuè à lou reloge de lo chalour
e lo Vièio se repausavo de so danso *
*Alusi à lo très anciano espressi oucitano « Lo Vièto danso » que sinifio que l’aire è tant chaud que douno l’impressi que lo naturo (lo vièio) tremoulo (danso)
Tu es seule ATROPOS
Tes deux sœurs ne sont pas avec toi ?
Habituellement les MOIRES sont trois,
Du moins il en est ainsi,
Dans la mythologie,
Tu vois je t’ai reconnu ATROPOS.
Cela fait longtemps que je t'attends,
Tu soignes toujours autant ton apparence ?
Je suis sensible à ta révérence,
J'apprécie ton sourire apaisant,
Mais derrière ton dos,
Tu caches ton ciseau.
J’ai souvent pensé à toi en toute quiétude,
Que cela soit dans mon univers poétique,
Ou dans mes moments critiques,
Ton évocation est devenue une habitude,
Tant pour t'apprivoiser
Que de me rassurer.
Pour autant que je me souvienne,
J’avais l'esprit serein avant l'arrivée d'Étienne.
J’ai vu un cheval rouge courir sur la lune
pleine de lumière, ronde comme un melon.
C’est un vieux cheval à la crinière triste,
maigre, le dos voûté,
les côtes saillantes d’avoir trop porté.
Pourquoi est-il rouge ?
De honte, pardi !
D’avoir osé s’enfuir, quitter son maître,
qui souvent le battait mais qu’il aimait,
par habitude ou lâcheté.
Il saute bien haut pour un cheval fourbu !
Non ! la lune en avait assez
de le voir souffrir, de l’entendre gémir.
Alors, une nuit, elle est descendue
et sur son dos l’a enlevé.
J’ai vu un cheval rouge danser sur la lune.
Quand elle est éteinte
il vient dans le noir partager mes rêves
et sur son dos m’emporte au chemin de l’espoir.
Tu perçois un espace aux contours mouvants
Il perce de son évanescence les convictions de ton corps
Il en perd confusément sa sublime unicité
***
Tu fixes ton regard au hasard des lieux
Cherchant à interrompre les échanges impétueux
Et à court-circuiter ces intrusions et fuites qui t’accomplissent malgré toi
***
Marcher, avancer, hésiter, trébucher
Revenir sur ses pas, vers ce qui fut
Marcher dans l’inquiétude de la solitude
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...