Recension : - Ara Alexandre Shishmanian – Oniriques
Editions PHOS 2025 - Traduction Ara Alexandre Shishmanian & Dana Shishmanian – Préface Dana Shishmanian – Illustration de 1ere de couverture Victor Brauner - Format 14 ½ X 21 – Nombre de pages 154
Au-delà de ses méandres et arcanes nous pouvons comprendre « qu’il nous reste à survivre en réinventant l’écriture. » C’est exactement sur cette voie que s’engage le poète insolite et singulier, Ara Alexandre Shishmanian.
« Oniriques » ce nouvel ouvrage qu’il nous présente aujourd’hui ne trahit pas son titre, c’est un véritable chant intuitiste, surréaliste qui nous entraîne en des dédales déroutants où le lecteur risque parfois de s’égarer.
Ara Alexandre Shishmanian nous propose une œuvre qui vient de loin, au-delà d’un contexte poststalinien où l’onirisme comme l’hédonisme non conforme au parti étaient proscrits. C’est bien cette contrainte qui a donné en partie toute sa force à l’écriture de notre narrateur.
Un poète a toujours besoin de rêve, le simple fait de choisir une œuvre de l’artiste surréaliste Victor Brauner en première de couverture en dit long sur l’intention de l’auteur. Voici une écriture poétique qui brise les codes en nous transportant dans un espace se situant entre le profane et le sacré. La touche mystique n’est pas loin. Cette œuvre contient une musique syncrétique, mélange où fusion des pensées et des religions.
Ara Alexandre Shishmanian est un brillant intellectuel qui nous guide sur des chemins singuliers auxquels nous n’avons pas toujours accès. L’écriture est des plus personnelles déroutant souvent le lecteur, c’est le règne de la métaphore, du symbole, du paradoxe. Le chemin est incertain, alambiqué, où les plus intrigantes rencontres sont toujours possibles. Avec cette écriture nous oscillons entre une réalité indéniable et une note surréelle sous-jacente qui donne tout son piment à l’écriture. « J’écris en rêve un livre que je ne comprends pas. » Ici en cet espace intemporel, le fou, le clown, le chaman peuvent se croiser et faire ensemble une partie du chemin de vie. Cette vie souvent se révèle être une déchirure permanente entre les cendres et les larmes.
Voyage étrange, surprenant et pourtant poétique où l’auteur lui-même s’étonne, ce qui n’est pas sans nous rappeler un certain « Je, est un autre » cher à Arthur Rimbaud.
Au travers de son transport poétique Ara Alexandre Shishmanian franchit le Styx et rejoint les enfants innocents qui jouent parmi les cercueils blancs. Le monde des hommes est tellement frelaté que l’insolite est toujours au rendez-vous.
Indéniablement nous traversons des espaces d’authentiques puretés poétiques, nous y croisons des diamants ciselés, notre poète est à sa façon une sorte d’orfèvre, qui joue avec les contradictions, les contreformes. L’étrange est dominant, j’imagine bien dans mes fantasmes, Ara Alexandre Shishmanian comme sage ou gourou alchimiste parmi ses cornues.
Non, ne cherchez pas la ponctuation, car ici aussi notre narrateur se lance un défi, il réinvente un langage, une écriture, une vision hors norme où le temps se fait jour et ténèbres, poussière d’or, chandelle ou squelette.
Dans cette poésie nous avançons à pas comptés, prudemment, car nous risquons vite de nous égarer, pour nous retrouver dans une situation inextricable où l’absurde côtoie la raison.
Oserai-je dire que la poésie de notre scribe est hiéroglyphique, je m’interroge ! « J’étais - mais je ne voyais pas – j’étais – » Tel le polyèdre, la poésie ici est porteuse de nombreuses facettes énigmatiques, elle est un exil où il faut savoir prendre le risque de franchir des labyrinthes, de défier les Cerbères de l’univers. Le voyage au cœur de la pensée « scishmanienne » est à la fois helléniste et dantesque, notre poète compose et construit des images étranges de notre monde préoccupant et incertain, mais néanmoins il n’a de cesse de croire encore et toujours à l’amour.
Cette œuvre singulière nous plonge dans l’absurde de notre société dite « humaine » mais qui pourrait aussi très bien s’associer aux travaux des adeptes de l’école de l’Oulipo chère à son fondateur Raymond Queneau, à Georges Perec membre majeur du mouvement etc.
Ara Alexandre Shishmanian est un poète qui joue de la dérision, de l’absurde, il aimerait s’envoler avec des anges verts, des chimères et des fantômes sortis de la fabrique, mais néanmoins il use de formules rassurantes telles « des flammes tiennent les oiseaux des hauteurs dans leurs mains » ou encore « barques esseulées – simples images – pareilles aux anges d’un tableau – » « une feuille de crépuscule géant parsemée d’étoiles. »
Notre poète érige son codex, son langage, sa propre expression, qui nous bousculent et nous déroutent tout en nous offrant d’étonnantes fleurs inconnues. Par la magie du verbe Ara Alexandre Shishmanian va jusqu’au transfert de lui-même, au dédoublement, sorte de phénomène d’ubiquité.
Il faut bien se séparer, alors je conclurai sur cette citation personnelle : « Il ne suffit pas à la poésie d’être sincère, elle se doit surtout d’être libre ! »
Pour tout dire ce n’est pas la première fois que nous rencontrons notre amie Nicole Coppey, qui déjà fût lauréate des prix de poésie de la Société des Poètes Français dont le prestigieux prix Guillaume Apollinaire, tellement bien attribué pour une artiste qui se consacre avec brio aux calligrammes où fusionnent le graphisme et le verbe.
Nicole Coppey : Calligrammes, un jeu graphique se conjuguant au verbe sous la forme d’arabesques aléatoires
Par Michel Bénard.
Nicole Coppey, l’art en vibration : calligrammes, musiques et quête de lumière
Très franchement c’est avec une certaine appréhension que j’aborde une telle artiste, intrigante aux multiples facettes, sorte de kaléidoscope des arts à géométrie variable.
@ Nelly Chim Chi
Qui est Nicole Coppey ? Une musicienne professionnelle, une pédagogue engagée, une chanteuse talentueuse et compositrice. Mais derrière cette palette multiple se profile l’écrivaine, la calligraphe, la poétesse confirmée, en un mot une rêveuse au long cours.
Le personnage est insaisissable, fuyant, vous croyez comprendre la poétesse, c’est la musicienne qui apparait, vous pensez cerner la peintre, c’est l’illustratrice qui surgit.
Savoir pleurer avec humilité @ N.C
Cependant une chose est certaine chez Nicole Coppey tout est musique, musique des mots, musique des lettres, musique du corps. Chez elle l’éventail culturel est largement déployé, le monde global de la création la fascine, sorte de personnalité transcendante.
imples évocations dans un monde sourd @ N.C
Elle demeure en permanence aux frontières de la création, elle est un peu comme le parfumeur devant son orgue à parfums à imaginer une nouvelle formule. Elle porte en elle une espèce d’idéal d’art total qui pourrait nous rappeler l’esprit de la renaissance ou des lumières. Les peintres, poètes, sculpteurs, pratiquaient couramment multiples disciplines. Ici je songe à Arthur Rimbaud avec ses voyelles en couleurs, à Paul Verlaine avec sa musique des mots.
La poésie et la musique sont comme un parfum, à la fois troublantes et merveilleuses, enivrantes et sensuelles, impalpables et inexplicables. Il y a une notion d’humanité, un sens de l’infini et de l’éternel.
O ma très chère @N.C
Nicole Coppey est perpétuellement en mouvement créatif, en vibration du corps qui fait partie intégrante de la création, véritable cocktail du verbe, de la poésie, de l’écriture qui deviennent graphismes, dessins qui fusionnent. Notre amie est nourrie par une sorte d’énergie vibratoire liée au GRAND TOUT où rien ne peut exister sans l’autre.
Nous percevons chez Nicole Coppey, même si le fait n’est pas pleinement apparent une sorte de quête mystique et spirituelle, car elle est attentive à son espace intérieur où souffle l’inspiration, soulignant au passage qu’elle se sent dans l’énergie transportant vers le TOUT et le DIVIN. Notons et ce n’est pas innocent quelques titres de ses calligrammes : « Ecriture enmystique voyage – Ô ! Ô ! Lumière en prière – Lumière et sérénité –
Lumières en sérénité @ N.C
Nicole Coppey se plonge dans le contexte du premier matin du monde, où tout demeure à créer, à innover.
Cette artiste complète ne se replie pas dans sa tour d’ivoire elle vit pleinement avec son temps, professeure de musique elle s’ouvre aux collaborations internationales, aux performances, à diverses publications, expositions. Elle écrit aussi des contes pour enfants dont certains furent illustrés par la peintre Eliane Hurtado ici présente et bien connue en ces lieux.
Savoir discerner @N.C
Nicole Coppey ne se limite pas à une catégorie de lecteurs où d’admirateurs, non, elle s’adresse à tous, jeunes, moins jeunes, toutes générations confondues.
A cette étape de notre pérégrination « coppeyenne » je vous invite à vous questionner sur les calligrammes dont chaque spécimen touche à la réflexion. C’est ici que nous percevons mieux la démarche de notre amie qui en fait est un cheminement spirituel au sens large de terme où nous rejoignons l’humain.
Dans la paix @ N.C
Notre créatrice nous convie au discernement, à la prudence, tout en recherchant la lumière et la sérénité, la paix dans un monde blessé. En recherche de l’harmonie, Nicole Coppey au cœur de son voyage mystique et intemporel aspire à découvrir le jardin de l’amour, avec l’espoir qu’il se grave au fond de son regard.
Nous arrivons au terme de notre voyage avec notre créatrice, il faut bien mettre un point provisoire, car il y aurait encore beaucoup à dire !
Jardin @ N.C
Mais je laisserai le mot de la fin à notre invitée qui : « Estime bon et nécessaire que chaque artiste soit complet et exprime toutes les phases de la création. En écoute profonde de la vie intérieure et de son silence inspirateur. »
Force est de constater
L’étiolement de notre environnement,
Comme une bannière abandonnée
Sur les fumeroles d’un champ de bataille.
L’histoire se pétrifie,
La mémoire immortalise
Les autodafés faisant souche
Avec l’humanité spoliée,
Dans le souvenir des pays
Où même, suprême humiliation,
Les fleurs sont mises en prison.
Les fantômes du passé ont laissé
Les traces de leurs stigmates.
Nous vivons dans un monde
En parure mortuaire,
Où l’espérance repose
Sur un fragile filet d’air.
organisées par Françoise Py à la Halle Saint-Pierre dans le cadre de l’APRES (Association pour la Recherche et l’Étude du surréalisme) à 15h. Accueil par Martine Lusardy.
Samedi 5 octobre 2024 : Journée d’étude : À la rencontre de Malcolm de Chazal. Matinée organisée par Martine Lusardy : Ouverture par Martine Lusardy.Malcolm de Chazal et l'île Maurice mythique de la Lémurie par Emmanuel Richon, conservateur du Blue Penny Museum.
Après-midi organisée par Françoise Py : Malcolm de Chazal et le roman de la pierre par Patrick Lepetit. La peinture de Malcolm de Chazal ou les couleurs de l’émerveillement par Françoise Py. Lecture de Sens Plastique et autres textespar Charles Gonzales, comédien et metteur en scène. Table ronde avectous les intervenants.
Samedi 19 octobre 2024: après-midi poétique. Introduction par Mireille Calle-Gruber.
Les Serres chaudes de Maeterlinck dit par Monique Dorsel, fondatrice du Théâtre Poème de Bruxelles et comédienne, et un Florilège de textes liés au surréalisme dits par Charles Gonzales, comédien, metteur en scène et essayiste : Lautréamont, Federico Garcia Lorca, Antonin Artaud, Arthur Rimbaud, Salvador Dali, Malcolm de Chazal.
Samedi 16 novembre 2024: André Breton et ses collaborateurs, à l’occasion de la parution aux éditions Classiques Garnier de la biographie revue et augmentée de Henri Béhar : André Breton, le grand indésirable. Présentation du livre par Henri Béhar. Présentation de trois collaborateurs importants : Simone Breton par Monique Sebbag, Sarane Alexandrian par Christophe Dauphin, Jean Schuster par Jérôme Duwa. Lecture de textes d’André Breton par Charles Gonzales. Table ronde avec tous les intervenants.
Samedi 30 novembre 2024 : présentation par Thierry Dufrêne et Georges Sebbag des manuscrits du Manifeste du surréalisme et de Poisson soluble.Avec la publication en fac-similé par Jean-Michel Place des deux manuscrits d'André Breton, l'année surréaliste de 1924 apparait sous un tout nouveau jour. Au printemps, le groupe s'adonne à l'écriture automatique et au poème-collage tiré des journaux. A l'automne il entre dans une phase d'investigation et d'action, au cours de laquelle le Manifeste du surréalisme jouera un rôle déterminant.
Samedi 14 décembre 2024 : Jean-Claude Silbermann : « Pas même un tison, sa brûlure ». Conférence par Jean-Pierre Sibermann sur la poésie et l’ouvert. Jean-Claude Silbermann, à la fois peintre et poète, participa au groupe surréaliste fondé par André Breton de 1958 à 1969. Sa pratique du surréalisme établit des liens avec l’art contemporain.
Samedi 11 janvier 2025 :André Breton et Louis Aragon : 1919 – 1931, une fructueuse complicité sous tension. Conférence de Daniel Bougnoux sur Louis Aragon et de Jean-François Rabain sur André Breton. Après-midi animée en dialogue par les deux intervenants. Lectures par Arno Bisselbach et Michèle Colin.
Séance qui se tient dans le cadre du séminaire Aragon (ITEM/CNRS).
Dimanche 26 janvier 2025 :Projection du film de Fabrice Maze : René Magritte, le maître du mystère, 137’, 2023 (Collection Phares, Seven Doc et Aube Elléouet-Breton). Présentation par Françoise Py. La projection sera suivie d’un débat avec la salle.
Samedi 8 février 2025 : Yves Elléouët ou les métamorphoses de la création. Yves Elléouët (1932-1975), écrivain, poète et peintre, compagnon de route du surréalisme, est un génie libre à l’œuvre protéiforme. Séance en présence d’Aube Breton-Elléouet. Introduction par Patrick Lepetit. Présentation des œuvres complètes par Ronan Nédélec, poète qui en a établi, préfacé et annoté la publication aux Éditions La Part commune et aux Éditions Élysande. Lectures de textes par la comédienne Nolwenn Korbell. Rencontre organisée avec le concours de Florence Cousin etde Maurice Coton.
Samedi 8 mars 2025 : Hommage à Bernard Ascal, auteur, compositeur, interprète, poète et peintre par Françoise Ascal, Gaël Ascal et Jacques Fournier. Avec la participation de musiciens et de chanteurs qui ont travaillé avec lui.
Dimanche 30 mars 2025 : À l’occasion de la sortie de son Autobiographie intellectuelle, Michel Maffesoli nous parlera du rôle fondamental du surréalisme dans son chemin de pensée et de l’importance qu’ont eu pour lui ses amis Gilbert Durand, Julien Freund, Jean Baudrillard, Claude Lévi-Strauss, Michel Foucault, Gilles Deleuze ou encore Jean Starobinski.
Samedi 12 Avril 2025 : Le temps dans le surréalisme : poésie et peinture par Jelena Novaković. Surréalisme et violence par Michel Carassou et Louis Janover. Présentation de l’ouvrage de Jelena Novaković, Le Surréalisme de Belgrade : perspectives comparatistes (éditions Non Lieu, 2024) par Jelena Novaković, Michel Carassou et Nina Živančević.
Samedi 10 mai 2025: après-midi consacrée à Arthur Cravan et Joyce Mansour. Présentation d’Arthur Cravan (1887-1918) par Rémy Ricordeau, auteur de Arthur Cravan, la terreur des fauves, postface d’Annie Lebrun,L’Échappée, 2021. Présentation de Joyce Mansour (1928-1986) par Marie-Francine Mansour, auteur d’Unevie surréaliste : Joyce Mansour, complice d’André Breton, préface de Philippe Dagen,France-Empire, 2014. Spectacle de poésie et création musicale sur des textes de Joyce Mansour et d’Arthur Cravan : Une Ode à la poésie des marges, par Maxima poesia avec Julien Dupont Amstrong (basse et voix) et Anne Mispelter (harpe). Échanges avec le public. Séance organisée avec le concours de Florence Cousin etde Maurice Coton.
Samedi 24 mai 2025 : après-midi poétique et théâtrale : Une saison en enfer d’Arthur Rimbaud par Charles Gonzales, comédien, metteur en scène, dramaturge et essayiste.
Samedi 14 Juin 2025 : après-midi poétique : Poèmes surréalistes de Gisèle Prassinos, introduits par Annie Richard et lus par Charles Gonzales. La Pluie d’Elma Bauher : drame musical de la folie, texte d’Odile Cohen-Abbas, lecture par Charles Gonzales, musique par Bertrand Merlier.
... distances de dissonances ‒ d’évanescences nitescentes • et quand la létale de la lune versait sa lumière sur la terre ‒ ses pâleurs flânaient silencieuses à travers les bois alors qu’elle passait au travers des arbres ‒ et les arbres qu’elle traversait se remplissaient d’un long instant de cristal • et chaque année lui rajoutait de la lumière ‒ car le roi-lune dont elle était la solitude ‒ ne vieillissait qu’en grandissante splendeur • oui, la létale de la lune ‒ intangible comme la géométrie • elle glisse et me déverse un tenace désespoir de brouillard • vêtue de vertigineuses voix claires ‒ sirène infinie des profondeurs • une voix jaillie de la folie des cieux se brise dans mon âme • des sentiers de solitude me versent de l’encre dans les veines ‒ et la douleur est une plume avec laquelle je me réécris peu à peu •
je me contemple dans des miroirs verdis par une sorte d’algues oniriques à travers lesquelles scintillent les pâleurs d’une mort imaginaire dont la vie ne rêvera jamais • étrange fantôme entre oubli et ressouvenir ‒ une fissure avec une sorte d’écailles bleu-argentées brille ‒ brille d’un reflet coupant de verre froid • étrange sirène morte dont je voudrais presque revêtir le couchant – moi, l’éternellement dévêtu • émietté – déchiqueté par la frustration, je renifle comme un animal égaré mon obscurité qui se brise en beffrois – l’oiseau mourant d’envol •
et le roi-lune parla : « trop claire est la nuit – comme une transe à la clarté sans syllabes • je suis monté dans le bateau de ma blessure et j’ai ramé avec le sourire au-delà de la mort • je me suis perdu entre suicides rêvés et meurtres absurdes – hélas ! tellement réels dans la noyade ‒ et dans l’étincelant bleu profond des falaises • et la sirène vêtue d’une mantille de mer ‒ fantôme de la mer qui l’accompagne dans chacun de ses gestes • ou la chaussure blessée ‒ la chaussure-sirène dans des vagues hypnotiques • saignant solitaire comme si tous les coquillages des océans agonisaient sur une plage d’ivoire • toutes les fenêtres ‒ tous les miroirs ‒ et perdus dans l’étranger ‒ hélas, tous les labyrinthes » •
... distances of dissonances ‒ of poetic evanescences • and when the lethal moon shed its light over the earth ‒ its pales colors walked silently through the woods and the moon passed through the trees ‒ and the trees it passed through were filled with a long crystal moment • and every year the moon added light to itself‒ for the moon-king whose solitude he, himself was ‒ aged only in ever-increasing splendor • yes, the moon's lethality ‒ intangible as geometry • slips and pours on me a tenacious despair from its surrounding mist • clothed in dizzying clear voices ‒ the endless siren of the depths • a voice that gushed from the madness of the heavens only to break in my soul • paths of solitude pour ink into my veins ‒ and pain becomes a pen with which I gradually rewrite myself •
I contemplate myself in the mirrors made green by a kind of dreamlike algae, among which the pallor of imaginary deaths will never be dreamed by someone alive • a strange phantom between oblivion and recollection ‒ a crack with a kind of silvery-blue scales shines ‒ shines with a sharp glint of cold glass • strange dead mermaid in the evening of whom I seem to want to whitter ‒ I, forever the decrepit whittered • like a lost animal, shattered by frustration, I sniff my own darkness that breaks into bells ‒ the bird is dying of a long flight.•
and the moon-king said: "the night is too clear - like a trance with a clarity without syllables • I got into the boat of my wounds and rowed with a smile beyond death • I lost myself between dreamed suicides and absurd murders - Oh my! how real-n drowning ‒ and in the deep shimmering blue of the cliffs • and the mermaid was wearing a sea cloak ‒ a ghost of the sea that accompanies her every gesture • or the wounded shoe ‒ the mermaid shoe of hypnotic waves • bleeding profusely and lonely as if all the shells of the oceans were dying on a pearl shore • all the windows ‒ all the mirrors ‒ and lost in a strange land ‒ alas, all the labyrinths" •
Lecture au Festival international de poésie de Val-David (Canada)
(éd. XXIX, juin 2024), organisé par Flavia Cosma
***
une coupe géante (55)
une coupe géante se promène dans les nuages ‒ où dort un dieu aux seins liquides • où des miroirs verdis par une opacité de jungle émerveillent les mirages d’une densité aquatique • où des avens mystérieux s’écoulent dans les abîmes de larmes • et l’âpre lèpre de la mer au bleu étranger ‒ porte des fardeaux de pétales aux parfums létaux exilés du ciel • où des tilleuls divins en ailes gigantesques fleurissent • l’après-midi, l’or est une plus silencieuse obscurité engloutie ‒ lui, le démon à la peau de couchant • brisé en rayons est l’extinction ‒ et ivre de grottes est mon sommeil • quand mon tournoiement je le porte telle une couronne hypnotique ‒ dégoulinant mélodieuse dans les nuits de létal xylophone •
une corde de bleu m’attire dans les sentiers ‒ presque un raisin par un hiver ailé • morceaux de pain rougis aux frissons de rubis ‒ c’est l’eucharistie des fièvres dont évanoui je me nourris • l’eau arrête mon témoignage les mains en l’air ‒ avec un caillot de cri ma tête grimpe dans l’oiseau • je promène mon radar d’obscur à la lisière de l’aven ‒ et elle, la larme, attend le livide de la dépression sur la lune • tristesse létale si profonde ‒ profondeur létale tellement pâle • tout est creux ‒ tout est insupportable ‒ mais... gloire à ce monde absurde ! •
un fil de moi brille étrangement ‒ désormais je peux dé-courir ‒ oui, je peux enfin décliner, crépuscule somnambule oppresseur des océans • la lune descend ‒ une marche ‒ un miroir inerte ‒ un tranchant ‒ et puis rien... • mais toi, tu restes en place, lavé de tes chemins étrangers • un éternel rêve funéraire ‒ une résurrection vêtue dans le deuil • en pleur de noir coule mon bleu ‒ le bleu qu’apnée je respire • fracassantes obsessions creusent mes questions ‒ ces questions dans lesquelles ma mono-schizophrénie usherienne aux semelles fendues vers les étoiles ‒ laisse du sang et des pas • de fluides cauchemars viennent à ma rencontre ‒ je coupe à lames froides la manie labyrinthique de l’hiver • se plie en moi l’extinction et me tue – neige de néant • se déchirent à l’infini les témoignages ‒ des nuits mourantes cherchent l’abîme ‒ le frêle caché • lacéré est le métal de la souffrance tel une feuille de papier ‒ et des pas chuchotent sur le vent et les feuilles •
a giant cup walks through the clouds ‒ up there where a god with liquid breasts sleeps • where mirrors colored green with an opacity born out of jungle amaze mirages with an aquatic density • where mysterious visions flow into abysses of tears • and the rough apathy of the blue strange sea ‒ bears burdens of petals with lethal perfumes exiled from the sky • where on divine lindens huge wings bloom • in the afternoons the gold becomes more silent than a month of May, a sunken darkness ‒ and he, the dusk-skinned demon appears • broken in rays is my extinction and drunk with caves`air is my sleep • I wear my spin like a hypnotic crown ‒ dripping melodically in nights of lethal xylophone •
a blue string moves me along my paths ‒ almost a grape grows in the winter of the wing • reddened pieces of bread with shivers of rubies ‒ it's the eucharist of fevers from which broken down, I feed myself • the water stops my testimony with my hands in the air ‒ with a silent cry my skull climbs into a bird soaring • I walk my radar of the obscurity at the frontier of flying ‒ and she, the tear, waits for the livid depression on moon • deadly sadness so deep ‒ lethal depth so pale • everything is hollow ‒ everything is unbearable ‒ but... glory to the absurd world •
a strange thread in me shines ‒ from now on I can emerge ‒ yes, at dusk, I can be the oppressive somnambule of the oceans • the moon descends ‒ a step ‒ an inert mirror ‒ an edge ‒ and nothing... • but you remain in place washed away by your strange ways • an eternal funereal dream ‒ a clothed revival in mourning • in the blackness my blue drains ‒ the blue I breathe with apnea • shattering obsessions snarl the questions ‒ the questions in which my Usherian mono-schizophrenia with split soles towards the stars ‒ leaves blood and footsteps • fluid nightmares meet me ‒ cut with cold blades the labyrinthine mania of winter • the extinction bends in me and the cloud of nothingness kills me • the testimonies are repeated endlessly ‒ dying nights seek the abyss ‒ the hidden frailty • torn is the metal of suffering like a paper ‒ and the steps whisper on in the wind and onto the leaves •
Lecture au Festival international de poésie de Val-David (Canada)
(éd. XXIX, juin 2024), organisé par Flavia Cosma
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Né en 1951 à Bucarest, Ara Alexandre Shishmanian est diplômé de la Faculté de langues romanes, classiques et orientales, section Hindi, avec une thèse de maîtrise intitulée Le sacrifice védique et la coïncidentia oppositorum (1974). Il a quitté définitivement la Roumanie en janvier 1983, par suite des persécutions politiques subies sous le régime Ceausescu en raison de son adhésion au mouvement pour les droits de l’homme, notamment en signant l’appel lancé par l’écrivain Paul Goma en 1977.
Historien des religions, il est l’auteur de plusieurs études sur l’Inde védique et la Gnose, parues dans des revues et volumes collectifs en Belgique, France, Italie, Roumanie, États-Unis. En 1993 il a organisé le Colloque international «Psychanodia» à la mémoire de I.P. Couliano (les Actes étant édités en 2006 : Ascension et hypostases initiatiques de l’âme. Mystique et eschatologie à travers les expériences religieuses, suivis à partir de 2011 des Cahiers «Psychanodia», revue franco-roumaine, sur le site : http://adshishma.net/Publications-Accueil.html).
Poète, il a publié à ce jour, en Roumanie et en France, 30 volumes de poèmes en roumain. En traduction française (par Dana Shishmanian, avec la révision de l’auteur), il a publié des poèmes dans de nombreuses revues et anthologies imprimées ou en ligne, et plusieurs recueils : Fenêtre avec esseulement (2014), Le sang de la ville (2016), Les non-êtres imaginaires. Poème dramatique (2020), Orphée lunaire (2021), aux éditions L’Harmattan, et Mi-graines (2021), aux éditions Échappée belle.
La létale de la lune (Letala lunii, parue en roumain en mars 2023), sous-titrée „épopée lyrique”, est parue en traduction française en septembre 2024.
Born in 1951 in Bucharest, Ara Alexandre Shishmanian graduated from the Faculty of Romance, Classical and Oriental Languages, Hindi section, with a master's thesis about the Vedic sacrifice (1974). He left Romania in January 1983, following the political persecution suffered under the Ceausescu regime due to his adherence to the human rights movement launched by the writer Paul Goma in 1977.
Historian of religions, he is the author of several studies on Vedic India and Gnosis, published in journals and collective volumes in Belgium, France, Italy, Romania, and the United States. In 1993 he organized the international conference “Psychanodia” in memory of I.P. Couliano, then edited the Proceedings in 2006 (Ascension and initiatory hypostases of the soul. Mysticism and eschatology through religious experiences), and since 2011 Les Cahiers “Psychanodia”, a Franco-Romanian magazine.
As a poet, he has published 29 volumes in Romanian, as well as poems in French translation in numerous journals and anthologies printed or online, and several collections: four published by L’Harmattan, and one by Échappée belle. Letala lunii (Lethal of the Moon), subtitled “Lyric epopee”, published in Romanian in March 2023, was translated and published in French in September 2024.
Né en Mai 1945 dans une famille qui comptait, un critique d’art, un violoncelliste et un sculpteur, ce n’est qu’après plusieurs voyages en Italie au moment de l’adolescence que s’est révélé une attirance marquée pour la sculpture. Quelques œuvres existent encore de cette période, mais des études d’ingénieurs, une vie professionnelle dense et une vie de famille bien remplie ont mis entre parenthèses cette passion. À la sortie de la vie professionnelle, la sculpture est naturellement venue reprendre sa place. Il aura fallu cinq ans de cours, pour s’initier aux techniques, à l’anatomie d’après modèles vivants et une pratique quotidienne, avant d’oser sortir du cocon de l’atelier et de ressentir le besoin du regard des autres
L’œuvre, au-delà de son aspect esthétique se doit de livrer un message, une réflexion. Qui suis-je ? Ses sculptures personnelles et singulières expriment le vide, l’absence, le mystère sous-jacent. Etienne Fatras, joue avec l’évidement, la résonnance et l’équilibre de la ligne recherchant son écho, les portes ou les niches de lumière. L’épure donne de la densité, réveille l’essentiel, le volume s’intensifie. Le mystère est toujours omniprésent chez Etienne Fatras, nous pourrions y déceler toute l’énigme d’une brumeuse soirée vénitienne, Arlequin danse autour de nos consciences, la vie est une comédie masquée. Qui se cache derrière cette expression figée où seul ne peut briller que le secret d’un regard ? Etienne Fatras, c’est aussi un peu l’âme d’un poète qui transforme la terre, qui patine la vie, seul dans son atelier, porté par l’élévation des musiques sacrées, chants orthodoxes ou grégoriens. Ici à cet instant précis, l’âme se fait monacale et s’abîme dans le travail comme dans une prière universelle ! Et si ce philosophe d’argile dans sa contemplation était symbolisé par « Le doute » ou par cette « Renommée » de glaise où l’esprit est confronté à l’Amour ? Oui, sans cesse Etienne Fatras soulève le questionnement. Sorte d’alchimiste de la création Etienne Fatras tente une métamorphose de la vie, caresse l’énigme du temps. Pygmalion n’est pas loin ! Pour notre ami, la sculpture est un acte d’amour, un reliance avec la vie. Pour lui, sculpter c’est révéler la puissance d’un vide et composer avec une absence. Finalement, Etienne Fatras est un sculpteur qui se fait parfois le médiateur de la parole. Il est celui, à sa manière, qui prélude le futur et œuvre sur la matière du monde de demain.
Michel Bénard Lauréat de l’Académie française Poéta Honoris Causa,
Recension : - Virginie Mérimée – Entre l’Amour et la mort, il n’y a qu’un drap – Illustration de l’auteure- Editions les Poètes français – 3 -ème trimestre 2023 – format 15x21 – nombre de page 58 –
« Par l’amour des mots nous effleurons l’amour des corps. » M.B
Le ressenti est évident, Virginie Mérimée est une épicurienne qui a soif de vie et soif d’amour, soif d’une pleine jouissance afin de faire reculer la mort omniprésente dont la marionnette se désarticule sur les lendemains de la ligne d’horizon : « Je boirai la vie pour mieux noyer la mort. » V.M.
Au travers de ce recueil, Virginie Mérimée nous offre une poésie du plus bel intérêt. Ecriture d’une grande force, jouant de néologismes qui hélas ne seront pas toujours perceptibles. La poésie de notre poétesse se mérite.
Une porte s’ouvre sur un monde ésotérique en forme d’arbre aux racines profondes. C’est une poésie qui détourne les codes conventionnels et qui s’impose comme guide spirituel, usant facilement de jeux de mots, de subtilités de langage qui nous interrogent et nous habillent de leur mystère. Notons que la compagnie des fées n’est pas chose rare dans la poésie de notre amie, où une énigme flotte telle une brume sur un étang : « Sans se noyer dans le lac de l’oubli. »
C’est un univers surréel, peu commun, déroutant parfois où Virginie Mérimée laisse mitonner ses formules dans un grand chaudron. Nous pouvons très bien l’imaginer se débattant dans une nuée de voyelles et consonnes qui l’énivre. Elle nous entraine dans un espace singulier, étrange et intrigant. C’est une façon pour elle de se protéger en préservant son jardin secret. Elle nous gratifie de quelques notes délicieusement érotiques : « Passe ta main dans mon corsage.../ Et cherches-y les sentiments effarouchés... » la question se pose : érigerait-elle son temple d’amour au travers de ses poèmes ? La poésie est une preuve d’amour dont Virginie Mérimée a soif d’un besoin viscéral, qu’elle désire, qu’elle ressent à fleur de peau : « Et nous graverons sur nos peaux / Des tendresses que nous seuls comprenons. »
Elle joue entre deux amours, celui de la chair et celui de l’art, car elle est plasticienne de beau talent également et il lui arrive d’érotiser l’acte symbolique de restauration d’un tableau : « Je suis la soie du pinceau / Immerge-moi sans tarder / Dans le ventre de tes nuits tourmentées.../... »
Virginie Mérimée se crée sa propre versification, nous ouvre les portes de son imaginaire, proche parfois du fantastique ou sorte de rituel séculaire aux aspects chamaniques, dont elle nous voile avec beaucoup de sensibilité, de façon détournée nous rencontrons l’essentiel questionnement de la vie. Sa poésie se veut libre jusqu’à l’absence de ponctuation, libre comme l’auteure, libre comme la femme. C’est un monde singulier, original où nous rencontrons de très surprenantes métaphores. Un monde qui se fond avec la vie jusqu’à lui rendre un sens. Il y a une forme sacrificielle, un sens sacré allant jusqu’à l’automutilation, toute théorique bien évidemment, sorte de virtualité poétisée : « Mon histoire est gravée sur ma peau.../... »
La poésie ici est prétexte à un amour aux révélations incantatoires, mystiques, sorte de dévotion profane : « Je me suis agenouillée pour lécher tes blessures.../... » ou encore : « Jusqu’à te clouer sur ta couche.../... »
Virginie Mérimée nous conduit jusqu’à la pérennisation de l’amour, sorte d’offrande du corps, espérance significative mais indéfinie oscillant du rêve à la réalité : « Je sens l’amour m’envahir et me pousser / A t’aimer au-delà de l’abécédaire ; »
Au travers de subtiles images nous avançons sur un chemin parallèle entre le mythe et l’existence cruelle : « Je me débats dans cette marée noire humaine / Où les carcasses des colombes fusillées gisent au fond des regards. »
Cet ouvrage « Entre l’Amour et la mort, il n’y a qu’un drap » où il y a « des silences qui se font poèmes » est parsemé de petits joyaux qui peuvent nous conduire jusqu’à la transcendance.
Michel Bénard a été honoré de la distinction d’Ambassadeur de la Paix.
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...