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6 juin 2025 5 06 /06 /juin /2025 13:33

Reçu de Jeanne Champel Grenier

Au moment où se profilent les voyages et rêves de voyage, voici un superbe texte de Barbara AUZOU ( recueil 2025 : «  LES GÉOGRAPHIES IMAGINAIRES ») illustré d'une magnifique huile de l'artiste québecoise Francine HAMELIN.

 

 

 
parce que nous n'en aurons jamais fini
avec les plages du temps
jamais fini avec le vent
notre plus vieil adversaire
qui se cogne contre les récifs
et toutes les lois
parce qu'il y a toujours une fenêtre
qu'elle est d'un bleu vigoureux toujours
qui rompt ses écumes avec ostentation
contre la lampe-tempête de nos corps
parce que la lumière tourne chaque chose
à son avantage
que l'amour est un courage qui nous bouscule
et nous accroît encore
nous sommes là d'un réel à l'autre
par l'île des yeux à l'insolence claire
par nos mains de bleus voiliers
à chérir la beauté incrédule
à déchiffrer avec ardeur les sables doyens
il nous faut entendre la rumeur
de cette mer câline contenue à peine
dans l'excès de son sang
sens-tu ce soleil long de cinq lunes
chaud comme la bouche émue
sur la seule dune d'un sein
c'est le chant pur de l'impossible rendu possible
 
© Barbara Auzou
Extrait du nouveau recueil de Barbara Auzou « Grand comme » au éditions unicité.
                  
         
 
 
 
 

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27 septembre 2024 5 27 /09 /septembre /2024 08:53

 

Voilà bien un élixir d’impertinence et de jouvence ! Et nous en avons bien besoin !
Le livre s’ouvre sur ces quelques mots de Boris Pasternak :

« Il siérait aux étoiles de rire aux éclats
Mais quel trou retiré que ce monde »

Et Jeanne Champel Grenier va pourtant s’employer avec brio et l’humour qu’on lui connaît, dans quarante-trois nouvelles aux univers très différents, à semer dans ce vide sidéral tendresse, rires, lucidité, chaleur et rébellion –sans jamais cesser d’interroger l’humain, sans jamais cesser de porter sur lui un regard d’ironie tendre.
On peut lire ainsi page 43, dans la nouvelle intitulée Doutons un peu :

«  Au commencement sur la terre, il n’y avait que des huches à pain, des huches à pain en pin, du nord au sud en passant par les Mistiches. Un beau jour, l’une d’entre elles dit :
-Et si on faisait un homme ? »
Et de conclure dans cette chute succulente comme une miche bien chaude :
« En résumé, si on regarde de plus près, le tout tendrait à prouver, même si l’exégèse est toujours par nature exagérée, que l’homme descendrait plus de la huche à pain que du singe ; ce qui expliquerait en partie le grand vide sidéral qui s’ouvre en lui lorsque son boulanger est fermé. »

Jeanne Champel Grenier enchante, célèbre et égratigne avec talent et générosité.

Une mention spéciale pour l’univers aussi beau qu’étriqué de la poésie avec un grand P, chasse gardée de quelques grands pontes autoproclamés et d’amis d’amis de ces mêmes pointures, dans la nouvelle La poésie : un lien indestructible, traité de tolérance et d’ouverture toute feinte qui se termine en pugilat. La poésie doit-elle vraiment être faite par tous ? Que nenni ! On comprend bien les intérêts à la maintenir dans ses cercles restreints !

Enfin, j’aimerais aussi mentionner (et le choix de l’une ou l’autre de ces nouvelles a été difficile) le délicieux dialogue tenu dans la chambre 310 d’un hôpital entre notre auteure et une patiente rebelle de quatre-vingt-dix-huit ans qui s’obstine à voir des cerisiers blancs dans la vallée de l’Eyrieux, là où s’étendent à perte de vue des pêchers roses. La mémé Vernet a fait le mur pour rejoindre son ancienne école, pour vivre encore. Et c’est la leçon que l’on retient entre toutes.
La vie est plus forte que tout.

Refermant ce livre plein d’ardeur et d’humour je pense à ces vers de René Char qui siéent si bien à Jeanne Champel Grenier :

«  la lucidité est la blessure la plus proche du soleil. »


Barbara Auzou

 

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19 août 2024 1 19 /08 /août /2024 06:51

Sculpture de Francine Hamelin

 


Vivre est autre chose
que des modulations de coma
et des démangeaisons de source
sur des chandails de laine
tu sais
et je te dirai mon enfance
lestée de flancs conciliants
d’un océan sonore
mon enfance encore à voir le fond
à en soulever les pierres
pour trouver l’or des merveilles
mon sens aigu de la traversée
mon dos d’écume ma bouche cousue
pour des raisons qui m’appartiennent
je te dirai aussi mon indiscipline première
née sur des croupes d’enchantement
solitaire et dépareillée comment
je me demande par quelle grâce
et à la faveur de quelles circonstances
tout cela tient aujourd’hui
à la proue d’un seul soleil

© Barbara Auzou.                  
Extrait du recueil « L’envolée mandarine » aux « éditions 5 sens »      

 

 

 

 

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9 juillet 2024 2 09 /07 /juillet /2024 06:49

 

ton rire m’a réveillée ce matin
il était ce soleil clandestin cerclé de vérités toutes neuves
qui se jouent des embûches de la lumière pour rendre
un supplément aux saisons
prendre ta main et aller donner à manger au vivant
m’a semblé soudain la plus haute des urgences

© Barbara Auzou

Extrait du nouveau recueil de Barbara Auzou « Grand comme » au éditions unicité.                                 
 

 

 

 

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26 mai 2024 7 26 /05 /mai /2024 07:10



tu l’as vu passer comme moi
ce nuage tout à l’heure
on aurait dit un visage qui feint d’être ailleurs
une géométrie jusqu’à l’éclatement
où s’agglomèrent à la fois l’impatience
et le mûrissement des choses
pourtant rien ne naîtra de son grand corps de cendres
je suis en dehors de lui maintenant

© Barbara Auzou
Extrait du nouveau recueil de Barbara Auzou « Grand comme » au éditions unicité.
                  
         
 
 
 

 


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21 février 2024 3 21 /02 /février /2024 08:02

Lac Matka - Macédoine Photo B. MUFFAT

 

as-tu remarqué que dans les rêves en plein ciel
on ne voit jamais le soleil son au revoir chaviré
son grand tambour endeuillé de réel
seulement une lumière plus vive qui n’appartient
plus déjà au bal masqué de la vie
et tout de moi-même remue d’envie
de ne pas être cette idole en retard
sur les brumes du lac lissant sa surface
de ses propres ailes
sa douceur jusqu’à l’excès à n’en paraître plus naturelle
une parole d’amour en chaque poème totalement se dévêt
suit donnée et nue le vol heurté des bartavelles

 

© Barbara Auzou.                

Extrait du recueil « Mais la danse du paysage » Barbara Auzou-5 Sens Editions Genève( Suisse)                
 
 

 

 

 

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22 décembre 2023 5 22 /12 /décembre /2023 08:01

Une île au ponant
 

à force de le caresser le temps devient soleil
même sous un vent breton tu sais
ma belle durée d’abeilles noires bourdonne
toujours dans les cavités de l’espoir en langues de fête
je te donnerai l’autre lenteur du monde celle qui naît
dans la main de mémoire et l’heure exacte aux matins des
fenêtres
je mettrai au jour ce que l’on ne comprend pas mais que
l’on rêve
les yeux ouverts une île au ponant les splendeurs sur ton
front
que la plaine ronde libère la chaux blanche de notre maison
des champs de céréales l’ajonc debout narguant le schiste
un phare
pour que tu te sentes mariée à une joie et une lumière
permises

 

© Barbara Auzou.                
Extrait du recueil « Mais la danse du paysage » @( Poèmes)-Barbara Auzou-5 Sens Editions Genève( Suisse)          
 
 
 

 

 

 

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7 novembre 2023 2 07 /11 /novembre /2023 07:54

Pétra - Jordanie

 

je te donne le grès rose de mes rêves caravaniers
prends aussi la peau-papier le parchemin
le poids des murs de toute une ville de vélin
je suis cet animal déchaussé qui écoute passer les épices
au loin
dans l’éternité sans cesse déroutée la terre se souvient
de ces yeux trop grands qui tournaient leur alphabet autour
d’un soleil
j’ajuste mes liens et je repose mes moissons dans la charrette
de tes yeux
y germe le mot muet sans autel autre que la pierre levée
le silence aussi a le droit à son temple de beauté

 

© Barbara Auzou.                

Extrait du recueil « Mais la danse du paysage » @( Poèmes)-Barbara Auzou-5 Sens Editions Genève( Suisse)        
 
 

 

 

 

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19 septembre 2023 2 19 /09 /septembre /2023 06:42

Sculpture de Francine Hamelin

 


malgré la perche effarée
sertie de dorures
que vous avez bien voulu me tendre
et son atroce caresse à rebours
je suis restée cette ouverture
intime plongée au plus profond de soi
je suis devenue ce que je vis
le rêve et le nid rééquilibrant l’amour
les papillons mystérieux de l’âme qui tournoient
ne connaissent pas les limites du corps
pas plus que les pensées aux abois
sur la hampe des morsures
et les calendriers incertains sont des bateaux
qui tirent sur leurs câbles jusqu’à la déchirure
j’ai la peau dure qui nuage dans l’aigle de l’œil
mille chevaux d’orgueil frappent mes vallées sans âge
mes oreilles sont sourdes au trop de bruit du monde
et mon cri d’humilité vous ne l’entendrez pas
il n’y a pas de plafond pas de fond
seulement cette solitude délectable de mûres
où s’étire le corps d’une femme
et la joyeuse altitude d’une enfance terrible
et calme qui croît
inlassable
dans la pierre
 

© Barbara Auzou.                  

Extrait du recueil « L’envolée mandarine » aux « éditions 5 sens »          

Source : https://lireditelle.wordpress.com/2021/08/08/la-reveuse-une-sculpture-de-francine-hamelin-accompagnee-de-mon-poeme-et-de-sa-mise-en-voix/  
 
 
 

 

 

 

 

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5 août 2023 6 05 /08 /août /2023 06:53

 


25 juin 2021

 

je t’écris comme tout ce qui coule de source se jette dans la mer
et dans le désordre d’un monde étrange et marchandé
je t’écris des choses rondes percées de traits solaires
la poésie est une parole d’échappée au plus près de soi
elle a cessé de faire semblant et elle s’expose nue au tremblant
de ce qui est
elle est la fleur absente de tout ravin
la fleur démente de tout bouquet
l’iris turbulent d’un ciel qui marche sur la terre
l’enfant guérie d’un coeur têtu sur un chemin qui demeure
invaincu
et moi je t’aime comme une invitation musicale vous prend la
main
pour vous envelopper l’âme d’un paysage orange
parce que s’élève au-dessus des fontaines ton rire d’eau sauvage
que dans la surenchère de clarté que suscitent tes yeux se
pressent
les dernières forêts ourlées de chaleur animale
et tout ce qu’il reste d’utopie tendre à caresser
je l’inventerai pour toi

 

© Barbara Auzou.                  

Extrait du recueil « Tout amour est épistolaire » aux « éditions Z4éditions »            
 
 
 

 

 

 

 

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