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14 juillet 2025 1 14 /07 /juillet /2025 15:05

https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2020/11/29/le-port-du-voile-integral-n-est-pas-determine-par-la-religion-mais-par-le-rapport-aux-hommes_6061521_6038514.html

 

 

à ceux qui, alentour

tels des virus infâmes

laissent place aux maudits

les effaceurs de femmes

 

 

« Mon amie mes mots suent

ne croit pas qu'ils respirent

ils ont le dos fourbu

et le front qui transpire

en ce monde où tout pue

voile donc ton sourire

de noir comme la nue

car c'est la fin, sais-tu

du bon comme du pire :

toutes femmes en deuil

ce monde n'en a cure

Les virus eux l'ont vu

et se tordent de rire ! »

 

« Mon amie où es-tu ?

Moi qui voulais t'occire

tout espoir est perdu

la mort même soupire

car ma faux est tordue

mes amis vont en rire

qui espéraient le pire

puisque ton corps a chu

ce corps que seul j'admire

et ton désir qui fut

 

Je t'aimais trop, j'expire..

Sûr d'attraper là-haut

mille vierges au lasso

qui m'explosent de rire. »

et c'est signé Landru

 

Combien sont de sa race

sauvage et la dent dure

sans même hausser la hure ?

Il n'est que regarder

les femmes en robe obscure

qui n'osent crier « Grâce ! »

Et le monde alentour

pétri de calembours

qui leur cède la place... 

 

© Jeanne CHAMPEL GRENIER 

 


 

 

 

 

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8 juillet 2025 2 08 /07 /juillet /2025 13:09

https://wecfrance.fr/2024/04/03/mon-ame-refuse-detre-consolee/

 
 
 
Mon âme et moi
faisons campagne
dans l’espoir d’établir
un terrain d’entente entre nous
et le reste du monde,
en particulier celui
qui ne relève pas de notre domaine.
 
 ©Michel Duprez                                                                
 
 
 
 
 
 

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26 juin 2025 4 26 /06 /juin /2025 12:25

@Enrique Gracia Herera

 
Pour tout dire ce n’est pas la première fois que nous rencontrons notre amie Nicole Coppey, qui déjà fût lauréate des prix de poésie de la Société des Poètes Français dont le prestigieux prix Guillaume Apollinaire, tellement bien attribué pour une artiste qui se consacre avec brio aux calligrammes où fusionnent le graphisme et le verbe.

Nicole Coppey : Calligrammes, un jeu graphique se conjuguant au verbe sous la forme d’arabesques aléatoires 

Par Michel Bénard.

Nicole Coppey, l’art en vibration : calligrammes, musiques et quête de lumière

Très franchement c’est avec une certaine appréhension que j’aborde une telle artiste, intrigante aux multiples facettes, sorte de kaléidoscope des arts à géométrie  variable.

Nicole Coppey
@ Nelly Chim Chi

Qui est Nicole Coppey ? Une musicienne professionnelle, une pédagogue engagée, une chanteuse talentueuse et compositrice. Mais derrière cette palette multiple se profile l’écrivaine, la calligraphe, la poétesse confirmée, en un mot une rêveuse au long cours.

Le personnage est insaisissable, fuyant, vous croyez comprendre la poétesse, c’est la musicienne qui apparait, vous pensez cerner la peintre, c’est l’illustratrice qui surgit.

Nicole Coppey
Savoir pleurer avec humilité @ N.C

Cependant une chose est certaine chez Nicole Coppey tout est musique, musique des mots, musique des lettres, musique du corps. Chez elle l’éventail culturel est largement déployé, le monde global de la création la fascine, sorte de personnalité transcendante.

Nicole Coppey
imples évocations dans un monde sourd @ N.C

Elle demeure en permanence aux frontières de la création, elle est un peu comme le parfumeur devant son orgue à parfums à imaginer une nouvelle formule. Elle porte en elle une espèce d’idéal d’art total qui pourrait nous rappeler l’esprit de la renaissance ou des lumières. Les peintres, poètes, sculpteurs, pratiquaient couramment multiples disciplines. Ici je songe à Arthur Rimbaud avec ses voyelles en couleurs, à Paul Verlaine avec sa musique des mots.

La poésie et la musique sont comme un parfum, à la fois troublantes et merveilleuses, enivrantes et sensuelles, impalpables et inexplicables. Il y a une notion d’humanité, un sens de l’infini et de l’éternel.

Nicole Coppey : Calligrammes
O ma très chère @N.C

Nicole Coppey est perpétuellement en mouvement créatif, en vibration du corps qui fait partie intégrante de la création, véritable cocktail du verbe, de la poésie, de l’écriture  qui deviennent graphismes, dessins qui fusionnent. Notre amie est nourrie par une sorte d’énergie vibratoire liée au GRAND TOUT où rien ne peut exister sans l’autre.

Nous percevons chez Nicole Coppey, même si le fait n’est pas pleinement apparent une sorte de quête mystique et spirituelle, car elle est attentive à son espace intérieur où souffle l’inspiration, soulignant au passage qu’elle se sent dans l’énergie transportant vers le TOUT et le DIVIN. Notons et ce n’est pas innocent quelques titres de ses calligrammes : « Ecriture en mystique voyage – Ô ! Ô ! Lumière en prière – Lumière et sérénité

Nicole Coppey : Calligramme
Lumières en sérénité @ N.C

Nicole Coppey se plonge dans le contexte du premier matin du monde, où tout demeure à créer, à innover.

Cette artiste complète ne se replie pas dans sa tour d’ivoire elle vit pleinement avec son temps, professeure de musique elle s’ouvre aux collaborations internationales, aux performances, à diverses publications, expositions. Elle écrit aussi des contes pour enfants dont certains furent illustrés par la peintre Eliane Hurtado ici présente et bien connue en ces lieux.

Nivolr Coppey
Savoir discerner @N.C

Nicole Coppey ne se limite pas à une catégorie de lecteurs où d’admirateurs, non, elle s’adresse à tous, jeunes, moins jeunes, toutes générations confondues.

A cette étape de notre pérégrination « coppeyenne » je vous invite à vous questionner sur les calligrammes dont chaque spécimen touche à la réflexion. C’est ici que nous percevons mieux la démarche de notre amie qui en fait est un cheminement spirituel au sens large de terme où nous rejoignons l’humain.

Nicole Coppey
Dans la paix @ N.C

Notre créatrice nous convie au discernement, à la prudence, tout en recherchant la lumière et la sérénité, la paix dans un monde blessé. En recherche de l’harmonie, Nicole Coppey au cœur de son voyage mystique et intemporel aspire à découvrir le jardin de l’amour, avec l’espoir qu’il se grave au fond de son regard.

Nous arrivons au terme de notre voyage avec notre créatrice, il faut bien mettre un point provisoire, car il y aurait encore beaucoup à dire !

Nicole Coppey
Jardin @ N.C

Mais je laisserai le mot de la fin à notre invitée qui :  « Estime bon et nécessaire que chaque artiste soit complet et exprime toutes les phases de la création. En écoute profonde de la vie intérieure et de son silence inspirateur. »

Michel Bénard
Vice-Président de la Société des Poètes français.
Lire aussi

 

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20 juin 2025 5 20 /06 /juin /2025 10:01

Les géographies imaginaires : poèmes de Barbara AUZOU, huiles de Francine HAMELIN, éd. unicité, coll. Le metteur en signe, 87 p., 2025, ISBN : 978-2-38638-185-0

 

Dans leur Avant-propos, les deux artistes signent une remarquable complicité, j’allais écrire « unicité ». Et deux bohémiennes va-nu-pieds qui savent que la poésie n’est pas un alibi de conscience mais essence de la vie (…) (Hamelin)

je reviens frapper à ta porte

au bord déjà de redevenir source

parce que l’ordre du monde m’apparaît

avec tout son poids de cheval pétrifié (…) (Auzou)

 

Respiration réciproque. Quête, échange de cartes secrètes : le ton est donné.

 

 

Les titres et la Table des matières en fin de volume évoquent  certes la géographie (mer, fleuve, dune, étoiles…) mais le cœur du texte est néanmoins, au fil des pages, essentiellement  intérieur : celui de l’âme et de l’imaginaire.

 

Les huiles de Francine Hamelin sont décrites par elle-même comme des  crypto-graphes : terme rare, caché, mystérieux. Utopies où se greffent et se bousculent en subtile intelligence les mots de Barbara Auzou avec frissons, moiteur et vertiges. Le verbe dissèque la pensée, la révèle.

 

Une rigueur certaine sculpte toutefois sa place dans l’espace-temps, tel un métronome ailé ; l’aurore se lève sur le rêve, les persiennes célèbrent l’aventure d’un rayon de lumière. La tendresse, jamais absente, donne de l’épaisseur au propos.

 

la feuille prend la forme de tout ce qui la réveille

c’est le tranchant doux de la connaissance

l’humilité de la poussière dans la ronde des ténèbres

qui remercient la chose regardée

saluent pareil la douceur de l’air

et la belle blessure de durer

 

Malgré cette cosmologie où s’évapore une éternité, on est dans les racines d’un royaume magique, dans les méandres et le delta d’un fleuve tout à la fois poétique et plastique, dans le rythme cardiaque de confidences non seulement chuchotées mais lentement bues et délicatement assimilées.

 

La phrase s’alanguit, sursaute, s’envole ; le trait quitte le pinceau avec force et pudeur. Heureux périple au gré de transparences.

 

Faire soi ce recueil, cette prose poétique scandée à la verticale d’une transcendance, ces huiles en majesté et surtout ces synergies à l’ombre du miroir.

 
 
©Claude Luezior
 
 




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18 juin 2025 3 18 /06 /juin /2025 14:36

©Chantal Capelle.
                   
 

 
 

 

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16 juin 2025 1 16 /06 /juin /2025 14:23

Je n’ai pas eu la chance de rencontrer Jeannine, mais nous avons entretenu une correspondance par courriel, régulière, amicale, formidable ! J’ai découvert une femme à l’esprit vif malgré ses 90 ans, une femme au grand cœur, une poète d’exception.

 

Seul le fait que début octobre dernier j’ai été hospitalisé en urgence a mis fin à nos échanges, trop épuisé je ne pouvais poursuivre. C’est un profond regret... 

 

L’annonce de son décès a provoqué en moi une grande tristesse, une profonde tristesse...

 

Le monde a perdu une femme d’exception !!

Jean Dornac

 

*******************

JEANNINE DION-GUÉRIN

« ET QUE LA JOIE DEMEURE »

 

Jeannine DION-GUÉRIN ( née en France le 8 juin 1933) est femme de lettres, poète, comédienne, conférencière, animatrice de radio française. Elle fut directrice d'école maternelle et Secrétaire générale de la Société des Poètes Français. Réalisatrice littéraire du Concours poétique international pour la commémoration du centenaire de Vincent Van Gogh en 1990 à Auvers-sur- Oise . Cet événement fut suivi d'une anthologie, ouvrage d'art numéroté : « Vincent, de la toile au poème » Grand Prix de l'Académie de Lutéce. En 2010, pour l'ensemble de ses œuvres lui fut attribué, par le Cénacle européen, le Grand Prix de poésie Léopold Sedar Senghor, en présence d' Henri Arphang Senghor, neveu du poète.

Jeannine DION-GUÉRIN publie ici son dernier recueil intitulé : « Et que la joie demeure », livre illustré de très belles œuvres de Wilfrid MÉNARD.

Bien sûr, le titre du recueil nous rappelle l'œuvre musicale « Jésus que ma joie demeure » de Jean Sébastien Bach, mais il n'est pas, ici, question de foi religieuse personnelle, ni de salut de l'âme ; il s'agit de faire de sa vie, jour après jour, une œuvre joyeuse, vivante, pleine d'humour, afin d'entraîner les autres, car, vivre c'est se mettre en harmonie avec l'autre, les autres, et si possible faire se mouvoir positivement l'univers autour de soi. Et d'ailleurs, l'auteur s'accompagne brillamment tout au long de ce recueil de l'assentiment d'autres poètes comme Marcel JOUHANDEAU : « De mon âme ce feu ! De mon corps ce buisson ardent ! »

Jeannine DION-GUÉRIN nous dit de regarder la vie autour de nous, d'en prendre le tempo : ''L'arbre/ c'est de la géométrie qui danse/ L'autan sert la chorégraphie (Arbraresque p. 38) Nulle intention de s'illustrer en sublime poète aux pesants lauriers, car ''Mon idée fixe à moi, rimailleur de papier/ c'est de confisquer le mot/ dont je ne suis que le pâle écho ( Requête p. 23) Que voilà une humilité de bon augure ! Tout s'explique : la vie est courte, il est urgent de la vivre avec ardeur : '' Si brève la lumière/ qu'il importe de la bien fêter''(Bref l'incendie p.119) .

Néanmoins, nous sommes loin du ''Mangeons et buvons car demain nous mourrons'', il s'agit d'une précoce prise de conscience de ce que la nature nous enseigne et de marcher de concert ; regardons autour de nous :''Tout ce qui fut à l'origine stable/ devint au fil du temps mouvant/ poulpes dansant/poissons volant/ anémones de mer s'épanouissant...à chaque espèce son rang.'' (Fin d'un monde p.153)

Il faut en conclure que la position de l'auteur est bien loin de l'idée obscure, solitaire et contrite que l'on se fait du poète. Si une longue vie toute dédiée aux arts et aux lettres, vous emmène, comme tout un chacun, insidieusement vers l'épilogue : ''Plus faible est le flux/ de la vague qui se replie/Plus forte l'ampleur/de la déferlante qui suit'' (Du don de vie p. 145). On reste digne  et créatif si possible ; on n'en est pas moins bien loin des honneurs de pacotille (''Arbre, apprends à renoncer/à la séduction de tes ramures/ ignore les colifichets de deux sous''( Rimes de fin d'été p.177)

Ainsi, au bout de tant d'années créatives, nous charme encore Jeannine DION-GUÉRIN, toujours aussi attachée au partage des joies de la vie :(Poète accueille ses bienfaits/ même si tu t'étonnes d'être/ encore ici à les célébrer. ( Du don de vie p.145)

« Et que la joie demeure !» :Un recueil plein de vie et de jeunesse, de la couleur, un rythme alerte. Bien loin du poète tourmenté qui se préoccupe de ''triturer la guimauve des mots'' ( Bilan p.171), Jeannine DION-GUÉRIN pousse l'élégance du geste jusqu'à ''Témoigner de ces petits riens/ qui troussent la peau, précèdent/ les mots passeurs d'eau '' J de la joie avec un grand J évidemment ! Le tout, ajouté à ''cette frénésie du pinceau/ flattant la corrida des noces/païennes de la Chair et du Mot ( De la vie la corrida p.184)

En cette période de sérieuse remise en question des rapports humains en ce monde, merci pour ce riche témoignage ! ''Et que la joie demeure ''chez tous vos lecteurs !

 

Jeanne CHAMPEL GRENIER

 

 

« Et que la joie demeure » - Jeannine DION-GUERIN- Éditinter poésie

 

 

 

©Jeanne Champel Grenier & Jean Dornac                       
 
 
 
 

 

 

 

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15 juin 2025 7 15 /06 /juin /2025 06:40

C'est une grande tristesse, Jeannine Dion-Guérin est décédée avant-hier soir ! C'est une grande dame de la poésie qui disparaît et une femme de coeur. Avant mon hospitalisation, en octobre dernier, nous nous écrivions beaucoup, c'était un bonheur de la lire... Elle va beaucoup nous manquer...

Hommage à elle !!!

Jean Dornac

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10 juin 2025 2 10 /06 /juin /2025 13:22

                                                                                                                                             À Jean-Loup Seban

                                                              

 

SI, venant de Lyon vers Chambéry, on se dirige vers les sommets alpins, on croise à mi-chemin la localité de La-Tour-du- Pin, une ville modeste encore et sans relief particulier sinon celui d’un charme et d’un passé prestigieux. Le nom de la famille de La Tour du Pin est, comme on s’en doute, lié à celui de la ville et de cette importante baronnie du Dauphiné qui existe depuis le moyen-âge. Le premier personnage cité comme appartenant à cette famille est Girard de la Tour, au Xème siècle.

D’importantes figures sont apparues au sein de l’arbre généalogique familial, dont les plus célèbres et les plus récentes sont notamment François René de La Tour du Pin de Chambly la Charce * (1834-1924), saint-cyrien, assez logiquement grand royaliste, sympathisant de l’Action française, proche surtout de la pensée d’Albert De Mun et auteur de l’ouvrage « Vers un ordre social chrétien » (1907) qui a contribué à ce catholicisme social qui a largement inspiré de Gaulle.

D’une moindre longévité et pour cause, François de la Tour du Pin de Chambly (1878-1914), lieutenant au 298e régiment d’Infanterie, trouvera la mort dans la bataille de la Marne en 1914, laissant sa jeune épouse, Brigitte O’Connor (1880-1948), descendante de Condorcet, affronter un veuvage aussi long que fut brève leur vie de couple. Patrice, né en 1911, est le troisième enfant de ce couple sacrifié et fut dès lors élevé par sa mère et sa grand-mère.

Une première impression suscitée par la vie de celui qui sera précocement poète, est celle d’une extrême discrétion. On le dira « non médiatique », réservé même sur son oeuvre comme sur sa vie intime. Sa biographie s’aligne dès lors parfaitement aux seuls événements littéraires qui émaillent tôt son existence : à un âge plus avancé, il écrira d’ailleurs : « il est vrai que j’ai noué ma vie et mon poème. Tu n’as fait que tirer le fil de l’un pour avoir l’autre ».

En effet, aussi précocement sera-t-il attiré par les sciences politiques, dans la droite ligne de ses ascendants, aussi rapidement le sera-t-il aussi par la poésie en rédigeant, à 19 ans, un premier recueil en mal d’éditeur, comme toujours, malgré le soutien sans réserve de Supervielle. Son titre est déjà prophétique : la Quête de Joie (1930). Un début de reconnaissance lui vient, tant de l’Académie française (qui lui attribue dès 1938 le prix Maurice-Trubert) que, dès avant cela, de simples lecteurs pour son long poème Enfants de Septembre, dont voici un extrait :

                                          Après avoir surpris le dégel de ma chambre

                                          A l’aube je gagnai la lisière des bois ;

                                          Par une bonne nuit de brouillard et d’ambre

                                          Je relevai la trace, incertaine parfois,

                                          Sur le bord d’un layon, d’un enfant de septembre.

Un titre, « La vie recluse en poésie » (1938), incarne par sa brièveté son programme de vie, lequel se voit hautement mis en péril en octobre 1939 où il est mobilisé et où, blessé à la tête, il est déporté  en Allemagne dans un Oflag dont il restera prisonnier durant trois années : mais qu’à cela ne tienne, c’est en captivité qu’il réussit à écrire quelques-uns de ses poèmes les plus marquants. Il faut réaliser

 

combien cette famille a payé de tribut aux guerres de 1914-1918 et de 1940-1945, et à quel point nos artistes et penseurs actuels reconnaissent, Boris Cyrulnik en tête, une influence de tels drames précoces sur l’émergence de presque toute créativité artistique.

Peu après son retour en France, il épouse sa cousine Anne de Bernis-Calvière (**) : ils auront quatre filles. Ils résident alors au château du Bignon-Mirabeau, dans le Loiret, à l’emplacement même de la résidence du célèbre marquis (***). Les grands noms et de hauts faits de l’histoire ne sont donc jamais loin ! Plus intéressant pour notre propos sera de noter combien le site fut apprécié et inspira notre poète toute sa vie durant, lui qui se présentait comme le jardinier du processus poétique :                                                

                                                   Une allée ? Je vais où qu’elle aille,

                                                    Une allée qui d’aller me dit

                                                    Sous sa grand’voûte entre broussailles

                                                    Vers une orée de paradis,

                                                     Comme va l’âme en fiançailles

                                                     Vers son dimanche – et l’on est lundi.

A la suite du concile de Vatican II, la famille quitte Bignon pour Paris : en cause, Patrice devient le seul laïc admis pour la traduction de la Bible parmi 5 membres choisis par l’épiscopat. La Commission liturgique de la traduction lui confie également celle des psaumes, notamment mis en musique, et avec quel recueillement, par Joseph Gelineau et Didier Rimaud. On ignore le plus souvent la paternité de chants tels que « Tout homme est une histoire sacrée » qui est de sa plume.

L’heure de la reconnaissance a dès lors sonné pour notre auteur qui reçoit en 1970 le grand prix catholique de littérature pour Une Lutte pour la vie et qui, gagné par l’évocation des textes sacrés, publie en 1974, un an avant sa mort,  « Psaumes de tous mes temps » où il fait œuvre totalement originale, qui justifie de mot de théopoétique ou de poésie liturgique  qu’il se décerna souvent, et que La Bibliothèque de Poésie qualifie en outre de symbolique et naturelle à la fois, d’un romantisme frais, d’une gaucherie gracieuse.

Sans doute l’écriture et la pensée de l’auteur peuvent-elles paraître renouer avec une forme d’invocation lyrique largement perdue par nos contemporains : mais la question est bien de nous demander si, précisément, on ne ressent pas en cela une perte et si nous n’avons pas à gagner à nous ressourcer à une inspiration heureuse et primitive.

Références

Isabelle Renaud-Chamska, Commémorations Collection 2011,

Boris Cyrulnik, La nuit, j’écrirai des soleils, Odile Jacob, 2019.

La poésie contemporaine de langue française, in La Bibliothèque de poésie, France Loisirs, 1992.

Wikipedia

                                                                                                                            

 

©Pierre Guérande      
 
 
 
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(*) On prendrait évidemment pour ironique d’oser désigner notre auteur par le trop familier « De la Tour du Pin, de Chambly et d’autres lieux » : notons toutefois que chacun de ces lieux, précisément, sont bien éloignés de La-Tour-du- Pin et proviennent d’alliances et de mariages justifiant cette longue énumération. L’appellation de la cité, en soi, serait dérivée du fait qu’un conifère aurait grandi sur une tourelle avoisinante, si cette explication n’est pas fantaisiste.

(**) apparentée, on l’aura deviné, à la lignée du fameux cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis, ministre de Louis XV, diplomate et mondain (1715- 1794). Poète paysagiste entré à 29 ans à l’Académie française, il y préfèrera la carrière politique et sera le conseiller de Madame de Pompadour et ensuite ambassadeur à Venise. Il fera merveille aux affaires étrangères et plus tard comme archevêque d’Albi, pour finalement devenir négociateur auprès du pape à Rome, On le connaît aussi pour sa correspondance avec Voltaire et par ses Mémoires, quoique interrompues en 1756. Jean-Loup Seban, poète et érudit dix-huitièmiste, écrit de lui : Avec Ducros, Voltaire et Gresset, ses amis / Ses soupirs fleuretés faisaient plus que merveille (La Bouquineuriade, MMXVI, Bruxelles).

(***) Ce domaine avait été acquis par Sophie de Grouchy devenue la jeune épouse de Condorcet, encyclopédiste. Leur fille, Elisa Caritat de Condorcet (nièce du futur maréchal de l’Empire), deviendra l’épouse d’Arthur O’Connor, lui aussi général de division de Napoléon, né irlandais comme son nom le laisse entendre. Les noms de Condorcet et de Mirabeau se voient ainsi une nouvelle fois réunis, eux que tant de liens d’amitié et de conceptions politiques partagées (en tant qu’aristocrates révolutionnaires et plus qu’incompris de leurs contemporains), comme leur soutien aux Amis des Noirs, avaient déjà rassemblés dans le contexte troublé de la révolution.

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6 juin 2025 5 06 /06 /juin /2025 13:33

Reçu de Jeanne Champel Grenier

Au moment où se profilent les voyages et rêves de voyage, voici un superbe texte de Barbara AUZOU ( recueil 2025 : «  LES GÉOGRAPHIES IMAGINAIRES ») illustré d'une magnifique huile de l'artiste québecoise Francine HAMELIN.

 

 

 
parce que nous n'en aurons jamais fini
avec les plages du temps
jamais fini avec le vent
notre plus vieil adversaire
qui se cogne contre les récifs
et toutes les lois
parce qu'il y a toujours une fenêtre
qu'elle est d'un bleu vigoureux toujours
qui rompt ses écumes avec ostentation
contre la lampe-tempête de nos corps
parce que la lumière tourne chaque chose
à son avantage
que l'amour est un courage qui nous bouscule
et nous accroît encore
nous sommes là d'un réel à l'autre
par l'île des yeux à l'insolence claire
par nos mains de bleus voiliers
à chérir la beauté incrédule
à déchiffrer avec ardeur les sables doyens
il nous faut entendre la rumeur
de cette mer câline contenue à peine
dans l'excès de son sang
sens-tu ce soleil long de cinq lunes
chaud comme la bouche émue
sur la seule dune d'un sein
c'est le chant pur de l'impossible rendu possible
 
© Barbara Auzou
Extrait du nouveau recueil de Barbara Auzou « Grand comme » au éditions unicité.
                  
         
 
 
 
 

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1 juin 2025 7 01 /06 /juin /2025 14:42

 

 

Une colombe se pose, soyeuse au toucher,

un brin d'herbe sur ses plumes,

des restes de roses accrochés à ses ailes.

Par habitude, des abeilles chamarrées

picorent son bec mordu de soleil

et son regard au loin qui en dit long

sur sa soif de solitude.

 

Regard gris de l'oiseau brisé par les rochers,

les falaises blanches crayeuses

en suspens dans le ciel.

Regard croisé des colombes et des mouettes,

recueille des miettes de silence,

celles de l'enfance déposées sur la mer,

comme l'écume en souvenance des vagues vertes,

comme roses des sables en déshérence, entrouvertes.

 

Une fenêtre ouverte sur la mer

recueille les regards croisés

des colombes et des mouettes,

de celui de l’enfant aux yeux noirs

courant assoiffé de liberté

vers l’ultime lumière du phare,

l’extrémité bleue d'un ciel assoiffé d’éternité.

 

©Alix Lerman Enriquez                       
 
 
 
 

 

 

 

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