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23 octobre 2016 7 23 /10 /octobre /2016 06:42
Oui, je bégaie ! – Salah Bekka
 
 
 
Si mon cerveau hachure ma voix
Pour déchiffrer mes souvenances,
Ma mémoire libère de mes doigts
Une dissertation sans carence ;
 
Dans le brouillard du long passé,
J’ai cherché le fil de l’embrun,
Pour rédiger tout son tracé,
En prenant comme encre le crachin ;
 
Certes, je suis mouillé et fatigué,
Je fais des taches et je balbutie,
Je tourne comme un désespéré
Qui est ramolli par l’inertie ;
 
De mes yeux, je voudrais tant te dire
Ce que mon cœur cultive au fond,
Et de peur de te le mal écrire,
Mon âme s’enlise dans cette façon ;
 
Devant mes feuilles, je fais des traits,
Mes doigts sont lourds pour porter plume,
Autour les taches forment l’abstrait,
Et mon esprit tombe dans l’écume.
 
Oui, je bégaie dans mes ratures !
Mes yeux se ferment sans lâcher larme,
Et tous mes mots forment des raclures,
Comme des petits effets de vacarme.
 
Ainsi, de mon cerveau sort une mèche,
Que mon cœur hésite d’allumer,
Car il refuse de quitter cette crèche,
  Qui elle le dorlote dans son passé.
 
© Salah BEKKA. Auteur
Fleurs, Épines et Frissons…
Paru au : LES ÉDITIONS DU NET
92150 Suresnes France



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22 octobre 2016 6 22 /10 /octobre /2016 06:45
L’apprentissage – Claude Gauthier
 
 
 
Musicien appliqué son souvenir me touche,
Quand devant mon grand-père, une flûte à la bouche
Debout, tempe battante au bout de ma candeur,
Il me disait Mozart qu’il connaissait par cœur…
Lors, il suivait ma lèvre hésitante et peu sûre,
Attentif mes efforts, en jaugeait la lecture ;
Puis noueuses ses mains, aidant mes jeunes doigts,
Fort précieusement en tirait leurs alois
Les modelant, subtil, quoique faibles encore,
A fermer tout à tour les trous du buis sonore.
 
Un gai petit putto, le port délicieux
Sur un guéridon proche et l’air facétieux,
Mimait mon enseignant simulant quelques notes,
Qu’il comptait, j’en suis sûr, de manières dévotes ;
Et quand enfin je sus enlever un refrain,
Déliré-je disant qu’il me tendit la main ?
Nous étions tous ensemble en quête de bonheur
Et nous flattant l’oreille et répétant par cœur,
Chaque note son mot pour étourdir notre âme !
 
Dans un rêve de nuit, agaçant mon calame
Je vis, éberlué, traversant le salon
L’angelot. Pour m’enjoindre : « Ecris, fils d’Apollon » !
Et par enchantement me venait l’écriture,
De ces paroles dont la mystique mouture
Ravit, puisque puisée au plus profond de soi.
Je les dis à l’aïeul, soulevé par l’émoi
Il notait chaque mot et non moins chaque phrase,
Alchimique nectar dont la coupe était rase.
Ainsi ce qu’un vieil homme fondait pour l’avenir,
Léguait à son enfant autre qu’un souvenir :
Une sorte de pacte où Sa Flûte Enchantée,
M’en servait la légende en tous points racontée.
Grand-père disparu, je ne fus jamais seul,
Notre commun livret récusant son linceul.
Ainsi, note après note à l’envi le mystère
Redira, soins jaloux, tout cet alphabétaire
De séjours délicats libres de tout souci,
Dont le seul mot de passe ouvre encor sur « Merci » !
 
Je voulais notre opus pour le moins prophétique,
Que demeurât de nous l’honneur d’un viatique :
Et qu’un passant suggère un arc et ses lauriers…
Qu’il en orne la crypte où dorment nos cahiers.
 
©Claude Gauthier
 
 
 
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20 octobre 2016 4 20 /10 /octobre /2016 07:06
Merci la vie – Michèle Freud

https://doucie91.wordpress.com/page/11

 
Un homme retraité laissait son regard glisser au fil de l’eau, le corps détendu, les pensées légères. Soudain, il eut cette curieuse impression que le temps s’était arrêté : la nature se figeait comme dans la Belle au bois dormant. Lui aussi se raidissait, devenait un automate dont on avait perdu la clef. Il lui fut impossible d’analyser cette situation inédite puisque son cerveau ne fonctionnait plus. La sonnerie du réveil le tira de ce cauchemar. Ouf ! Soulagé, il se leva mais ô stupeur, tous ses gestes étaient saccadés comme ceux d’un robot et petit à petit, son cerveau se mit en léthargie : rien ne vibrait plus dans son corps. L’homme était devenu une mécanique, un objet sans âme. Les tâches quotidiennes, il les accomplissait machinalement.
 

Or, contre le mur de sa maison, poussait un rosier que le vent avait semé, un petit rosier qui portait juste une rose à peine éclose, un amour de rose mousseuse aux pétales bouclés, auréolée d’une brume verte. Dressée vers le ciel, elle était comme une offrande au beau mois de septembre. L’homme ne l’avait jamais remarquée.

 

Mais un matin, alors qu’il allait passer devant, un bruit insolite écorchant les oreilles l’arrêta. En regardant autour de lui, ses yeux effleurèrent la rose jute au moment où un rayon de soleil pénétrait dans son cœur. Et la fleur, éclairée de l’intérieur, devint si transparente, si fascinante que l’homme s’immobilisa, émerveillé : la Beauté était en train de réveiller ses sources, de faire craquer ses racines, de déverrouiller ses rouages, tant que flottait dans l’air un parfum de renaissance. Soudain, une joie follingue, exubérante, sautillante, s’empara de l’homme qui se mit à crier : « Vous le soleil et vous les arbres, les oiseaux, les plantes, vous connaissez la nouvelle ? Je vibre à nouveau, j’éprouve des sensations, je revis, c’est merveilleux ! »
 
Et puis des paroles de gratitude s’échappèrent de ses lèvres et jetèrent dans l’azur toute une nuée d’oiseaux.
Désormais, ses jours allaient prendre de nouvelles couleurs et capter des chants nouveaux. Il se sentait même prêt pour explorer l’inaccessible…
 
©Michèle Freud



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19 octobre 2016 3 19 /10 /octobre /2016 06:43
Le Crève-cœur – Denise Bernhardt
Tu ne me donnais de l’amour
Que l’impalpable écume,
La virtuelle image,
L’ombre d’une voix
Prenant possession de mon corps
Telle une déferlante
Fermant mes paupières
Pour un virtuel vertige.

© Denise Bernhardt

Extrait du recueil de Denise Bernhardt, « La mangrove du désir », aux éditions Le chasseur abstrait.




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18 octobre 2016 2 18 /10 /octobre /2016 06:43
La promesse du ver luisant – Luce Péclard
Cicindèle et lampyre
Balisent le mois d’août
De leurs lanternes
En miniature.
 
 
Tu peux marcher sans craindre
La panne de courant.
 
 
La nature a prévu
Tous les cas de figure
Pour suppléer aux hommes
Et à leurs lois fantasques.
 
 
Quelles que soient leurs entreprises,
Elle aura toujours le dessus.  
 

© Luce Péclard
 
Extrait du recueil de Luce Péclard, « LA FORCE DE L'ELAN » aux éditions du Madrier
 

 
 
 
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17 octobre 2016 1 17 /10 /octobre /2016 06:49
Recension : Béatrice Pailler - «  Jadis un ailleurs » - Michel Bénard

Recension : Béatrice Pailler - «  Jadis un ailleurs » Edition L’ Harmattan – collection Poètes des cinq continents – 2016 -  Format 13,5 x 21,5 -  113 pages.

 
 

                               « .../...de sa voix s’exalte le cantique halluciné des vapeurs opiacées. » BP.

 

 

Une écriture est née ! Le décor est planté, il ne nous reste plus qu’à nous laisser emporter pour nous perdre dans les méandres de ses énigmes.

Béatrice Pailler a le don des visionnaires, elle perçoit l’envers du miroir, traverse son tain et anticipe les aurores boréales.

Elle porte sur le monde cette vision singulière et personnelle toute festonnée de nuances poétiques.

Le langage est riche, les images sont fertiles, elles enfantent des univers d’entre deux où l’on discerne tout juste la part du réel ou celle du rêve.

 

« .../...à cette heure, mon corps murmure les chants des anciens temps. »

 

Son encre est toute de miel et de douceur liquoreuse. Elle ponctue le temps plaintif, violent, béni ou silencieux.

Notre poétesse s’exprime dans un vocabulaire qui convie à l’étonnement, au ravissement.

Son chant littéraire l’extirpe de la réclusion. Elle nous suggère un voyage entre le rythme de la vie et les respirations de la mythologie, un embarquement vers Cythère où nous descellons quelques fragments d’amour aux frôlements érotiques, mais où la morsure n’est jamais très éloignée.

 

« A toi, je laisse, au creux d’une main, l’irritante brûlure de mon sein.../...la morsure de ma toison.

Et sur ta langue où s’enracine la fièvre, je dépose la sève de mes baisers, l’amère salive, souillure de mes poisons. »

 

L’écriture ciselée avec préciosité, de richesses filigranées et d’orfèvreries inusitées s’impose à nous et bouscule nos fondements.

Il arrive à Béatrice Pailler de se faire l’archéologue de la vérité et n’hésite pas pour cela à fouiller dans les cendres funéraires.

François Villon ne lui serait-il pas soudain revenu du mont des gibets dans un tournoiement de bacchantes aux parfums soufrés de Walpurgis ?

 

« Et la lune noire, lune du désespoir, seule au ciel luit. » 

 

L’écriture procède d’un rythme parfois tellement réaliste qu’il pourrait nous donner le mal de mer.

 

« Tangue, tangue le rafiot, forte houle au creux de l’eau. »

 

De temps à autre nous croisons sur notre chemin de poésie quelques émanations baudelairiennes. Béatrice Pailler sait égrener avec bonheur ça et là des soupçons d’images romantiques, réalistes, oniriques, érotiques tout juste voilées au travers de formules soignées, denses, serties d’un langage des plus raffinés.

Malicieuse, elle joue de l’éblouissement des saisons, des futaies corsetées, des dentelles de pluie, des ramures ébouriffées, elle détourne l’ordre du temps.

Elle façonne son verbe par des expressions singulières et des formules personnalisées qui ne peuvent pas être lues de manière linéaire, mais plutôt de façon binaire, voire trinaire.

Les cadences se heurtent, s’opposent, de délicates frondaisons s’entrechoquent avec les pierres et les gouffres béants.

Oui une écriture est née !

Il ne lui reste plus qu’à trouver la voie de sa révélation.

Etrange, vous n’allez pas me croire ? Je me suis même surpris à penser, que c’est aussi beau que du Rimbaud !

Michel Bénard.

Recension : Béatrice Pailler - «  Jadis un ailleurs » - Michel Bénard
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16 octobre 2016 7 16 /10 /octobre /2016 06:50
L’ombre roule et se fane – Victor Varjac
L’ombre roule et se fane
comme un rêve effrayé
s’enfuit de la maison…
 
L’image retrouve le geste
dans le corps inconnu
de la nuit qui s’éveille…
alors commence la métamorphose
de la transparence et de l’obscur…
… tumulte silencieux
qui protège les heures
à l’abri du soleil…
 
Etranges nuées
qui précipitent les chants
sur la ligne infinie
où se mêlent
comme les lèvres d’un baiser
la vie et la mort
dans le lit du sommeil…

©Victor Varjac
Antibes, août 1997

Extrait de « LE CHEMIN DES RÊVES » aux éditions Chemins de Plume




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15 octobre 2016 6 15 /10 /octobre /2016 06:35
Lune de chagrin - Lotfi Belouad
Lune de chagrin
A pris ma vie.
De mes pupilles de Marin,
Marée de sel s'éparpille.
Ah ! Que l'éternité s'amène,
Là où nos âmes s'étreignent.
 
Dans les yeux du monde,
Un néant qui m'attriste.
La passion est vagabonde,
L'indifférence est élite.
Ainsi je rêve de prairies sans lois,
D'une utopie où je me perds avec toi.
 
Ce sourire qui me caresse,
Et dans un vent doux je me noie.
De vulnérabilité et de tendresse,
Dans tes fossettes je scelle ma foi.
Que mon amour s'arrête,
Ma déchéance est enfin prête..
 
Hélas ! La raison est hypocrite,
Et ma colère a un sens.
Je souffle mes doléances écrites,
Qui aux astres chantèrent peurs et souffrances.
Contant un amour ardent mais éphémère,
Enfantant une mélancolie pure et sincère.
 
Dans ma bulle,
Je te croyais à mes côtés.
De l'aube au crépuscule,
Tu as aspiré en moi toute beauté.
Et je me retrouve sans bulle ni coeur,
Aussi indifférent que ces âmes
qui me font trembler de peur.
 
Ah! Dans ma prairie,
Je me perds.
Du ciel gris,
Jusqu'à la salure de la mer.
Mon amour est parti,
Et dans mes rêves j'en fais une autre vie.
 
Lune de chagrin,
A pris ma vie.
De mes pupilles de Marin,
Marée de sel s'éparpille.
Ah ! Que l'éternité s'amène,
Là où mes rêves s'éteignent.
 
©Lotfi Belouad  
 


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14 octobre 2016 5 14 /10 /octobre /2016 06:42

https://trema.revues.org/1901 - Crédits Horst SCHIFFLER et Rolf WINKELER.

La voix de son Maître – Michel Duprez
 
Le Maître élève la voix :
« Tu es non seulement mon sujet,
mon verbe,
mais aussi mon complément.
 
Si je devais établir un point de comparaison
entre toi et le reste du monde,
je choisirais sans hésiter une montre,
surtout quand, ravagé par la rouille
apparue autour de tes engrenages,
tu retardes après avoir d'abord fait mine d'avancer.
 
Et tu t'étonnes d'entendre si souvent tes proches te demander :
Comment va le moral ?
 
Combien de fois ne t'ai-je pas répété :
dès l'instant où tu auras l'impression d'être victime
d'un mauvais réglage,
écris, que diable !
 
La poésie est ton remontoir.
Moi, je dis ça pour ton bien.
 
Il te faut avoir l'esprit aventurier,
viser avec une extrême précision
ce long voyage au bout de l'ennui
qui t'empêche de cueillir les fruits
de ton futur jardin secret.
 
Si tu suis mon conseil,
je t'accorderai peut-être
un supplément d'âme,
car l'âme – on le sait -
restera toujours
le meilleur garde du corps.
 
©Michel Duprez  
 
 


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13 octobre 2016 4 13 /10 /octobre /2016 06:46
Contact – Djida Cherfi
Photo JDornac©
 
 
 
 
C’est l’air qui effleure l’eau,
L’eau qui effleure la terre
Fertile ou toute de pierre ;
Elle s’entasse et se serre.
 
Les falaises et les montagnes,
Les collines et les plaines
Font la révérence aux rivières,
Aux baies, aux lacs et aux mers.
 
Les nuages montent et descendent,
Le ciel rit et gronde.
L’aire frôle l’eau et,
Le vent la bouscule.
Pour qu’elle percute la terre
Qui provoque des vagues de colère !
 
Ce sont les éléments qui se touchent,
Se frôlent ou s’affrontent dans des combats farouches.
Ce sont les matières qui se caressent,
Dans la beauté ou la détresse !
Les substances qui s’embrassent ou se fâchent,
Pour la plus parfaite ou la pire des images.
 
C’est le monde qui se touche
Sous cette protectrice couche
Qui peu à peu se déchire
Pour que catastrophe rime avec plaisir.
 
Et ce sont les hommes qui se touchent par mépris ou besoin à assouvir !
 
©Djida Cherfi
05/11/15  
 


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