Qui vous permet d'affirmer
qu'il s'agirait d'un nouveau coup de théâtre ?
C'est pourtant toujours le même scénario.
Au préalable une question me fait toumer la tête :
Ai-je commis une erreur
en acceptant de porter le chapeau
pour réussir à tirer d'affaire
un ami accusé d'ètre un innocent aux mains pleines
ayant omis d'avouer son incompétence en la matière ?
Au fond, tout donne à penser
que la réponse est un mélange d'évidence et d'incertitude,
attendu qu'après m'être habitué à la présence de mon feutre,
j'ai senti aussitôt que j'avais la puce à l'oreille
et l'envie de me donner en spectacle.
Vous voulez mon avis ?
On devrait arrêter d'en faire tout un cinéma.
Quant à ma puce, en moins de deux,
elle a sauté de poème en poème.
Alors, quoi de neuf au programme ?
Oh, vous savez, on n'en est plus à un poil près,
surtout qu'en se basant sur ma projection dans le futur
nous ne tarderons pas à devenir tous chauves.
Ma conclusion : ce serait une vraie tragédie,
car, de moins en moins de cheveux
signifierait gâcher de la pellicule.
Un pigeon n’est pas seulement un oiseau
qui roucoule sur le toit des maisons
ou sur le bord d’un mur,
c’est aussi un gracieux messager
qui voyage entre deux volières
pour délivrer un courrier souvent essentiel
ou devenir lauréat d’un championnat
tout en essayant d’éviter les miroirs aux alouettes
parfois dressés sur son parcours.
Il n’a guère le loisir de bayer aux corneilles.
Pareil pour l’hirondelle
qui, en jouant son rôle habituel,
dépasse largement son statut
en annonçant le printemps.
Sans parler de la légendaire cigogne
à qui l’on attribuerait la livraison
de bébés à domicile.
Le monde entier est peut-être entouré de vautours,
par contre un nombre important d’autres volatiles
a toujours été présent à nos côtés
et fait le nécessaire
pour le rendre plus chouette !
Quand il vous dit sans rire :
« Je me réunis en petit comité. »
et qu’il prétend être toujours à cheval sur les principes,
il faut comprendre
qu’il ne se retrouve en réalité que face à lui-même
et donc seul, comme par hasard,
à tenir les commandes
du commencement jusqu’à la fin,
sans aucun compagnon d’arme à ses côtés
pour empêcher l’expression idéale,
l’idée la plus appropriée,
presque arrivée à portée de sa main
de lui fausser compagnie.
Toi, le sujet de mes pensées,
la part visible de moi-même,
seule à pouvoir être filmée
alors que se crée un poème
écrit, comme à l’accoutumée,
par le gérant de ton système
et reproduit sous sa dictée
en ton nom, suite à un dilemme
dont tu sortis vainqueur d’emblée,
t’attribuant tout ce que j’aime
sans en avoir la moindre idée.
Quand l’univers imaginaire où je passe
le plus clair de mon temps
recommence à devenir réalité,
on doit s’attendre à tout :
apercevoir, par exemple,
un éléphant à la mémoire courte
s’envoler en claquant des oreilles,
n’importe quel insecte être choisi
en qualité d’animal de compagnie,
un serpent, ou tout autre reptile,
décrocher la palme d’or au championnat du monde
des meilleurs marathoniens,
un escargot transformer sa misérable coquille
en un véritable palais royal,
un chimpanzé des grandes profondeurs,
doté d’une intelligence supérieure,
se lier d’amitié avec un vieux dauphin
au langage sans langue de bois,
un ver luisant clignoter au rythme des étoiles
sans qu’il y ait pour autant péril en la demeure.
On doit s’attendre à tout sur cette étrange planète,
dans ces contrées au climat naturellement surnaturel,
où tout est possible,
à condition d’y prêter attention.
Si c’est de l’endroit où je suis qu’il s’agit,
alors là, c’est le monde à l’envers !
Ecoutez, je suis bien placé pour le savoir :
au lieu de vous obstiner à me poser cette question
que d’autres que moi pourraient considérer comme déplacée,
regardez d’abord droit devant vous.
Et maintenant dites-moi :
là, vous me voyez ?
évidemment que je suis ici,
même si j’admets volontiers avoir la tête ailleurs,
mais il n’y a rien d’anormal à cela
puisque mon ailleurs, aussi, est ici
et que je peux d’ailleurs même vous confirmer
qu’après m’avoir minutieusement observé de haut en bas,
vous me scrutez à présent aussi bien par devant
que par derrière,
ayant choisi pour finir,
en tout bien tout honneur,
d’achever votre intéressante activité
sous couverture.
Parfois, un seul mot suffit.
Par exemple : « écoute… »
Un esprit en éveil
peut, à tout moment,
se trouver sur le qui-vive
et guetter le moindre bruit
porteur d’un incroyable bonheur
en train de se réaliser.
« écoute…
ouvre-toi à ce premier murmure
aux tonalités si confidentielles
échappé de la chambre des secrets
où dorment tant de trésors
rêvant d’être enfin exposés à l’air libre,
au soleil exempté des lois de ton esprit.
« écoute…
Et l’avenir deviendra vite aussi léger qu’une plume. »
Elle est la mie de pain
qui attire les oiseaux.
Elle est l’amie des Muses
qui fait chanter le ciel.
Ses paroles s’envolent
chacune à tour de rôle
pour retrouver l’amour.
L’amour, son meilleur ami,
devenu son amant.
Elle est la Mer du Nord,
appelée aussi « de Noordzee »,
où les représentants de deux communautés,
pourtant natifs d’un même pays,
mais aux avis très divergents,
se croisent rarement en cours de route
sans le sourire aux lèvres.
Elle est l’attendrissante mère
qui protège ses enfants
jusqu’à pousser l’amertume
à se donner la mort,
ce fléau dont l’espèce humaine
aimerait pouvoir enfin
s’en laver les mains.
Comment ai-je pu être aussi naïf
pour ne pas me rendre compte qu’il s’agissait d’un piège :
accepter sans sourciller la théorie que mon héros favori,
maintes fois applaudi pour son extrême habilité
à lancer sans fin sa flèche au moment favorable
avec la précision d’une montre suisse,
aurait été à l’origine du fameux dicton
« Tel est pris qui croyait prendre »,
allons, allons, restons un peu sérieux…
D’autant plus que le Tell à moi, il prend deux L !
Déjà qu’il me revient
qu’à l’époque où j’étais encore assis sur les bancs de l’école,
un tas de vilains garçons de mon âge
se moquaient de sa pomme,
ignorant qu’elle représentait la cible
que le pauvre Guillaume devait transpercer à tout prix
sur l’ordre du Bailli Gessler
pour que sa progéniture échappe à la mort.
à croire que mettre un doigt dans l’engrenage
et avoir plusieurs cordes à son arc
(alors qu’il usait, rappelez-vous, d’une arbalète)
serait bien un cas de figure attestant
qu’impossible n’est pas français.
Cela dit, que ma vie devienne un enfer si je mens :
au cours de la présentation de ce rapide exposé,
je n’ai jamais, au grand jamais, visé personne
et continue à nourrir l’espoir de sentir l’ange Guillaume
enfin complètement apaisé
la prochaine fois que je l’apercevrai
emportant le bonheur sur ses deux ailes.
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...