Quand je n’aurai plus
l’âge de courir
à la rencontre
des pays de la terre…
mes yeux… mes yeux
grands ouverts
voyageront pour moi
à cheval
sur le dos des saisons
aux visages changeants…
Les oiseaux m’apprendront
les secrets de la nature
enfermés
dans des rouleaux
de ciel
et je retrouverai
cette écriture magique
dans la transhumance
des jours
et la joie des collines…
Tous ces ailleurs
autour de moi
sont des murmures…
… des chants… des prières
autant d’appels
qui découvrent
un espace nouveau
sous le plancher
trop étroit
de ma cage mortelle…
Tel un prisonnier
j’écope
le sable des secondes
qui m’envahit
et me leste
et cherche à m’emporter
dans un monde
où l’espoir n’est plus
qu'une route oubliée…
Je ne renonce pas
car de joie vivre
vivre le visible
quotidien de matière
sans ignorer
que l’invisible commence
dans l’oeil cristallin
des miroirs…
Egaré sur ma table
d’encre et de papier
un rêve jeune et timide
n’a pas saisi la main
de l’ombre qui se retire…
Comme il tremble
sous l’aile de ma lampe !…
Le trouble dans ses yeux
me parle de sa détresse…
La grande marée du jour
brisera la magie
de cet univers fragile
si je n’interviens pas
dans les secondes qui suivent…
… Mais comment sauver
un rêve échoué
sur le seuil de l’aube ?…
Dans ses prunelles
des images
venues de mon enfance
telle une source neuve
portant mes souvenirs…
Comment a-t-il franchi
la rivière du passé ?…
Perdu dans la blancheur
des feuilles en devenir
l’imprudent s’efface
en soutenant le regard
de l’heure fière et hautaine
pressée contre la vitre
encore ensommeillée…
Si je laisse mourir
ce miroir d’espérance
si près de mes voyages
où tout mon être s’éveille
j’éteindrai la voix
qui chant les merveilles
de la Grande Prophétie…
Alors je tends mes bras
à ce mirage d’âme
qui disparaît en moi
tel un phénix
au milieu des flammes
accouchant de ma Vie!…
Chaque apparition ressemble
à un adieu
une dernière valse
une main si légère
au bras de l’heure
inconstante
et volage…
A peine disparue
je cherche ton image
au milieu du désert
ton visage si doux
et le chant… le chant
de tes yeux verts…
Comment oublier
la source de ta voix
sans rencontrer
les douleurs de l’absence
la chaise vide
et le monde sans regard ?…
J’ai tellement froid
dans ma chair
on dirait l’Hiver
qui se jette sur moi !…
J’ai perdu ta chaleur
dans le bruit de mes pas…
Reste le souvenir
ton visage si doux
comme une cruauté
les heures sacrifiées
et le chant… le chant
de tes yeux verts…
Dieu et les pleurs de la terre - André Martins De Barros
À Jean-Michel Sananès
Le feu de l’aube
doit-il s’emparer
de mes poèmes nocturnes
et réduire à « Néant »
mes errances de mots ?…
Face au silence troublant
l’astre de ma lampe veille
sur mon espace d’encre
dessinant un cercle d’or
où se brise l’obscur
tandis que j’ouvre le regard
ensemencé de « Signes »
et tel un chasseur invisible
Je pénètre la clairière
d’un monde incroyable
caché dans « la chair mirage »
d’un réel multiple…
J’avance et le décor
chancelle sous ma plume…
Serais-je à deux doigts de comprendre
l’invraisemblable Fontaine
où naissent les univers ?…
Les mots que je connais…
les mots si gauches… si lourds
au bout de leurs tiges
apparaissent ici
venus de nulle part
bien plus légers que l’air
plus souriants que le jour…
ce sont des chants célestes
des miracles de vies
des mains tendues
à tous les coeurs ouverts…
… mais je ne peux les saisir
et pourtant ils sont si proches…
… si proches de mon âme…
L’heure presse le rythme
de la douce ténèbres
éparpillant les images
livrées à la poussière…
La nuit se referme
sur la chambre secrète
où les métamorphoses
retiennent mon devenir…
Ce soir j’ouvrirai la porte
et franchirai le seuil
à la rencontre des mots
fruits de l’éternel
et mélangerai mon sang
à la source des anges
transformant l’écriture
en « Soleil levant » !…
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...