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6 juin 2021 7 06 /06 /juin /2021 06:36


 


 

 

Il s'est échappé. Oui, mon mot d'amour : échappé !

 

Je l'avais pourtant peaufiné, caressé, cajolé. Entre deux fièvres, il s'était blotti dans ma paume. Tel un chiot nouveau-né, il humait mes lignes de vie, devinant celle qu'il allait suivre, malgré quelques arborescences.

 

Dans le brouhaha de mes doigts qui pianotaient leurs phrases, il s'est fait la belle, clopinant sans doute vers quelques lettres que je n'ai pas écrites, sur un billet déchiré à la volée ou sur l'écran d'un portable jamais allumé.

 

Les mots d'amour sont des êtres bien étranges. Je crois que le mien n'avait pas encore les yeux ouverts...

 

Il était tout rose, potelé à souhait, trop bien nourri, sans doute. Aux mamelles du rêve où se concentrent les étoiles, les anneaux des planètes pour de vives fiançailles.

 

Un mot d'amour tout seul, perdu dans les jungles urbaines : ce n'est pas raisonnable. Si vous le trouvez, frigorifié au coin d'un square ou sous le linteau d'un porche, parlez-lui tout doucement. Racontez-lui mes paupières qui ne cessent de cligner à sa recherche, mes lèvres entrouvertes, mes bras en déshérence. Rassurez-le un peu, beaucoup, et surtout, surtout, passionnément.  Dites-lui que les arborescences de ma paume ne sont que des dessins post-modernes commis par un gaillard qui se voulait artiste. Et qu'en fait, il n'y a qu'une seule ligne de vie à suivre...

 

Les mots d'amour sont des petites choses, susceptibles parfois. Le mien avait un domicile fixe, niché au creux de ma main.


©Claude Luezior
 
 

 


 
 

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12 mai 2021 3 12 /05 /mai /2021 06:46


 

 

En bocaux, nous avons mis quelques mots. Comme ces confitures à l'automne des récoltes. Fruits d'une attention pur sucre, de soins que seule une marmite enceinte peut donner à sa progéniture. Brûlure des mots, brûlures des baies. Oui, la précieuse mixture est là, si bouillonnante qu'elle s'avère presque dangereuse. Elle requiert tout à la fois respect et savoir-faire, doigté et zeste de folie olfactive. D'un coup, le branlebas de combat va précipiter le concentré d'amour dans un bataillon de verreries disparates, soudainement transformées en coffres à trésor.


Et le verbe de se cristalliser en phrases, les adjectifs de luire tels des grains précieux, les ponctuations de gonfler une fois dernière en bulles d'or. Ici et là se coagulent poèmes et proses en laves chatoyantes, images nées du feu et de l'ombre, senteurs langagières tout droit échappées d'un bedonnant dictionnaire, fumets régionaux et grands crus d'assonances, moutonnements de rimes en vadrouille et rougeoiements d'italiques comme autant de sucs au bord de chemins perdus.


Dompté par la flamme, voici le graal des mots, tel un concentré de saveurs. Comme si le jardin de la pensée voulait exprimer ses bouquets avant une très longue pause, celle d'une claie ou d'une bibliothèque. Avant l'ultime renaissance sur rétine ou sur papille en extase.


©Claude Luezior
 
        

 


 
 

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9 avril 2021 5 09 /04 /avril /2021 06:41

 
 
 

à l’ogre
qui nous mord la cervelle
à gorge rassasiée
 
se rebeller
face aux sombres officines
qui délugent l’anecdotique
sur leurs écrans assoiffés
 
drainer
le tout-à-l’égout
du trop vite-parler
 
s’insurger
à rebrousse-ondes
contre les abîmes
d’écervelés

               vaincre
               l’autel magnétique
              de chaînes et tablettes
              qui assoiffent nos rétines
 
              coloniser
              l’obésité du sur-dire
              par un cheval de Troie
 
             court-circuit
             de véhémences
             ou pléthore


en ce monde intoxiqué ?

 

©Claude Luezior

 


        

 

 

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8 mars 2021 1 08 /03 /mars /2021 07:39

Éd. Encres Vives, coll. Encres blanches, 16 p., Colomiers, ISSN 1625-8630, ISBN 2-8550, nov. 2020


Avec la candeur de l'orpailleur sur le point de séparer le sable de l'or, Gérard Le Goff fouille, dans sa mémoire et  quelques albums de photographies sépia, ses souvenirs de famille et d'enfance, éprouvant la déférence que l'on porte aux tables sacrées. Cheminement au gré d'archives rendues presque secrètes par le passage du temps et la rencontre, à la manière d'une madeleine de Proust, dans le prisme puissant d'un vécu subjectif et enchanteur.


Sans emphase et avec une pudeur toute bretonne, Gérard Le Goff nous confie les clés de mon (son) enfance, comme l'écrit en toute simplicité René Guy Cadou qui est cité au tout début de cet opuscule. Lequel, sans prétention, amadoue rapidement notre rétine.


L'auteur se passionne pour l'épaisseur humaine, l'infime détail, la jungle du rêve, les personnages telle son aînée : Que virent ses yeux gris, de la bonté ?  / Sinon celle des bêtes / Qui flairaient l'indulgence des fleurs. Ce, dans un écrin, Au bord d'un village, agrippé autour de sa croix, / Fait de maisons en glèbe et roc, / Qu'un unique carrefour écartelait. Car il faut de suite mentionner que cette prose, au demeurant savoureuse, est entrecoupée de superbes poèmes, ce qui donne à l'ensemble légèreté mais aussi profondeur d'âme :


Mère, que crains-tu ?
La cécité du cœur.


Mère, qu'aimes-tu ?
Que l'on m'aime un peu.


Mère, où vas-tu ?
Juste à côté du silence.


Ainsi s'égrainent des pages précieuses, trop peu de pages, il est vrai. Sachant que ce qui est écrit a, finalement, moins d'importance que la manière dont c'est décrit. À l'instar d'un tableau de van Gogh : ce qui compte, ce n'est pas le semeur mais bien la façon, sur plusieurs toiles successives, avec laquelle il est traité. L'atmosphère de cette enfance modeste, si riche en interactions humaines du chroniqueur mais surtout du poète Le Goff, nous fait penser au Château de ma mère de Marcel Pagnol. Les forgerons des mots Louis Delorme, Jean Desmeuzes ainsi que le prosateur, peintre et sculpteur Henri Vincenot, tous viscéralement attachés à la terre, ne sont pas loin...


Hélas, ces territoires sacrés sont peu à peu saccagés, non seulement par les années mais aussi et surtout par une modernité qui se pourlèche de béton et de profits : ils se sont acharnés sur le moindre recoin de mes territoires de songes (...)


La mémoire s'estompe
Dans une buée
Qui s'efface gris à gris


 (...)


Sous mes paupières closes
Glissent les bois flottés des heures


Et l'auteur quelque peu désabusé de dessiner sur la page, pour solde de tout compte, l'esquisse d'un sourire valant promesse.


En vérité, comme le dit le titre de cet opuscule, l'oubli qui infiltre et magnifie la mémoire telle une encre au cœur du  buvard, n'est pas nécessairement triste: il lui donne de l'élégance. C'est la manière de voir du philosophe et du poète.

 

©Claude Luezior


 
 
 

 


 
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3 mars 2021 3 03 /03 /mars /2021 07:39

Il est des jours où l’on ne sait quoi dire sinon un énorme merci aux amis, aujourd’hui à Sonia Elvireanu et à Claude Luezior.

 

Sonia m’a envoyé, très tôt ce matin, un lien qui m’a bouleversé ! Le voici : https://mondesfrancophones.com/espaces/pratiques-poetiques/au-carrefour-des-tristesses-de-jean-dornac/

 

J’avoue que je ne m’attendais pas à un tel honneur !

 

 

« Au carrefour des tristesses » de Jean Dornac


 

Ce recueil a été magistralement organisé par Sonia Elvireanu, elle-même femme de lettres et critique littéraire. Jean Dornac est non seulement poète, mais également photographe et esthète : il a fondé le site Couleurs Poésies 2 où il accueille nombre d’écrivains contemporains dont il illustre les textes avec goût et de manière originale.

La présente démarche se situe hors les murs, puisqu’elle est élégamment publiée en Roumanie. Elle touche à l’universel. Le premier poème commence en effet par une ode à un pays aimé. Non celui de ses origines, mais celui du cœur, à savoir la Bretagne. De fait, cette recherche d’identité passe les frontières et se cristallise à travers l’écriture.

Sur les ressacs de l’amour (souvent avec un grand “A”), la vie ressemble à un bateau ivre, dans les roulis de l’inaccessible : parfum du désir / rêves insensés. L’être aimé est femme-terre, Gaïa, vol de goélands aux accents baudelairiens.

On l’a compris, Dornac élargit une vision qui, bien que sensuelle, dépasse l’attirance physique. Il parcourt les sentes humaines, s’engage sur les voies de la fraternité qui s’effiloche, de la paix constamment malmenée à nos portes, des Lumières qu’engloutit la violence omniprésente. Ses propos adossés à l’Histoire sont également contemporains face aux troubles sociaux, au virus avec sa couronne mortelle, à l’indifférence ambiante tout autant qu’au racisme endémique qui ronge les uns et les autres, à ces océans de souffranceEntre les deux rives d’une même humanité, il nous fait penser au poète Louis Delorme dont les vers furent autant de véhémences contre les injustices et d’appels à la beauté qui cicatrise.

Et le poète de s’exclamer avec des allures bibliques (mais également laïques) : Heureux les cœurs simples / Émus par le charme des fleurs (non celles que l’on met, au champ d’horreur, au bout d’un fusil, mais celles qui parsèment le val de Rimbaud…

Au carrefour des tristesses, mais également Au temps des solitudes, le poète doute, hésite, se rebelle, erre, se calfeutre dans les mots, véritables baumes face à la destinée. De manière poignante, il évoque les souvenirs émus de son frère, fibres et racines, tissage d’un propre soi-même.

Visions noires pour un monde où prolifèrent les scories. Mais au-delà des cendres, Jean Dornac perçoit, dans nos corps, des mémoires d’étoiles, pures étincelles. Rédemption où s’organise en intime communion le sens de nos vies.

Jean Dornac, Au carrefour des tristesses, Iasi, Ars Longa 2021

 

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31 janvier 2021 7 31 /01 /janvier /2021 07:56

 

Formidable lettre de Claude Luezior qui dit la misère d'une époque affamant et méprisant les poètes !! Jean Dornac
 
           À vos mots, citoyens ! Que l’on rassemble les volontaires, partons ! Que chacun prenne sa plume et tous ses encriers, sa passion en bandoulière, un quignon de verbes et la sabretache à ras le cœur. Fusillons adjectifs et virgules inutiles. Peu de majuscules et juste un brin d’emphase pour ne pas alourdir le paquetage.
 
           Le temps n’est plus aux poètes maudits sous leur pont. À la rivière, morphines, fée verte et jérémiades ! Loin sur leur Olympe, laissons muses éthérées, Polymnie et autres sylphides. La moustache pouilleuse des faux génies et des bardes a vécu. Que les douairières gémissent en leur chaumière, que les tricoteuses de bonnes intentions fignolent leur chasuble ! Séchez vos larmes et vos roses sublimes, vos ciels bleus et vos extases. Marchons !
 
           Que dix mille poètes prennent la parole chaque semaine, en famille, devant mère-grand, le petit morveux et quelques autres. Que nos cent mille enseignants de la langue nous montrent ce qu’ils ont appris ! Non pas avec une pseudo science linguistique mais avec leurs tripes. Forçons nos médias à reproduire quelques-unes de nos lignes. La poésie ne se vend pas mais elle se donne ?  Donnons ! Les jeunes ne lisent plus ? Apprenons-leur les rêves et le partage, le mystère et l’immense liberté de l’écriture. Ils veulent des slams ? Scandons ! Et des textes pour la musique ? Mais chantez, Messieurs, chantez !
 
           Vous qui avez en soupente des piles d’invendus, déchirez-en quelques pages et envoyez-les, une à une, à votre belle-mère, banquier ou percepteur. Affichez-les sur votre porte de garage et, jusqu’à plus soif, dans la cuisine où l’on tourne la béarnaise. Et si chacun épinglait un poème à sa place de travail, sur le couloir d’un métro ou la vitre d’un bus ?
 
           Avec dix grammes d’écriture, mettons le feu au désert que l’on nous propose. La poésie n’est pas langue morte. Elle ne cesse de vivre au pays de Canaan. Mais pour cela, Poète, quitte ta tour d’ivoire : ensemble, il faut marcher !


©Claude Luezior
 

in : Une dernière brassée de lettres, éditions tituli, Paris

 

 

 

 

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16 octobre 2020 5 16 /10 /octobre /2020 06:30
Peinture de David Olère, survivant d’Auschwitz-Birkenau



 

 

goutte à goutte
leur sang
ne cesse
de ruisseler
jusqu'à nous

encre indélébile
encre
toujours
vive

encre à jamais
rouge
malgré les fours
crématoires

chairs
décharnées
regards

à travers
les pages d'Histoire
ces visages
me dévisagent

concentré
inhumain
tellement humain
de désespoir

alter ego
que l'on massacre
au nom d'une race
dite pure

comment prétendre
désormais
faire partie
du clan
homo sapiens ?

stalactite
leur regard
jusqu'à moi
ruisselle

©Claude Luezior

 in : Jusqu'à la cendre, Ed. Librairie-Galerie Racine, Paris, 2018
https://editions-lgr.fr/claude-luezior/  

 
 
 
 

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17 septembre 2020 4 17 /09 /septembre /2020 06:21
Charlie Hebdo : Les victimes de la barbarie

 

 

 

Texte fort, texte juste, il est important, je crois, que je le publie ici au moment où se tient le procès des complices de ces monstres qui ont commis les attentats de 2015 à Paris. D’abord à Charlie Hebdo puis le 13 novembre  dans Paris, ce jour-là, ville martyre. Comment oublier les innocents assassinés ?... J.Dornac

 

* * *

                                             *                                             

 

 

         Un peu plus loin, au-delà des Moyennes-Eaux, mais aussi sur nos terres, la liturgie d’une guerre que d’obscures criminels barbouillent de sainteté.

         Au nom d’un obscurantisme que les Lumières avaient, pensait-on, définitivement effacé de très archaïques nuits.

         Au nom d’un Dieu, certes exigeant et ambitieux, que je voyais pétri d’amour pour ses créatures. Au nom de prêches pyromanes et d’une démence dépourvue de toute tolérance.

         Au nom d’un califat que l’Histoire a depuis des siècles déserté.

        

         Non pas, je le crois, au nom d’Allah.

 

©Claude Luezior

 

 in : Jusqu'à la cendre, Ed. Librairie-Galerie Racine, Paris, 2018

https://editions-lgr.fr/claude-luezior/  

 

 

 

 

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22 août 2020 6 22 /08 /août /2020 06:47

Éditions L'Harmattan, Paris, oct. 2019, 155 p.

ISBN : 978-2-343.18739-6

 

 

Avec une délicate féminité, l'auteure roumaine mais bilingue Sonia Elvireanu féconde ici, par la magie de ses mots, un voyage initiatique :

 

l'homme est le Ciel, la femme, la Terre

l'homme, l'aile d'azur, la femme, celle d'argile,

 

chacun peut être l'arc-en-ciel

le commencement de l'épanouissement  (...)

dans l'embrassement du Ciel et de la Terre

moi, sur la ligne de l'horizon  (pp 44-45)

 

Créativité de la langue sécrétant ses remous aurifères (l'éphémérité s'enterre jusqu'à la résurrection, p. 106), minime delta aux infimes reflets, tournures subtiles et accents d'une culture-sœur nous charment et nous maintiennent aux aguets. Tout au bout de cette ligne de vie, la solitude du poète, une pomme flétrie qui s'accroche à sa branche, une intériorité potentialisée par l'absence...

 

Mais pas seulement.

 

L'itinéraire est riche d'une spiritualité sous-jacente : Dieu est souvent en filigrane. Les mots baptême, prière, bénédiction, psaume de la vie se retrouvent avec constance, y-compris dans les titres des poèmes. Loin d'être un livre religieux, ce recueil est  imprégné d'une spiritualité délicate. Elvireanu évoque même la reine de Saba, femme du Levant, / or, encens et myrrhe / sur mon chemin étoilé (p. 36), figure mythique de l'Ancien Testament, tout à la fois laïque et spirituelle, astrolâtre et charnelle, sur la longue route qui la mènera au redoutable roi Salomon, symbole du monothéisme.

 

Dieu,

donne de la sérénité à ma pensée

pour que sa limpidité ne tombe

nulle part en chemin,

 

 

que les pétales couverts de rosée

s'ouvrent doucement effleurés par Toi

dans le ciel de la paume (... p. 142)

 

Ces lignes ne sont pas sans nous évoquer l'écrivaine chrétienne Marie Noël ou même Thérèse de Lisieux... Frémissements de l'être devant l'icône, ondulation d'un horizon où s'entremêlent joie et doutes.

 

Même avec un caractère transcendantal, l'itinéraire de Sonia Elvireanu est avant tout celui de l'amour  :

 

fais-moi découvrir que tu vis

quelque part dans un autre temps

 

que le paradis ne sèche pas en moi,

que je le ressente sur la terre  (p. 87)

 

Mais ces caresses, cette présence-absence (une maladie qui se niche dans le cœur, p. 124), ces pulsions,  sont parfois rudes, âpres, cousues de mélancolie (p. 129) :

 

la solitude traînant ses pieds nus

tel un mendiant dans les rues

et sur les trottoirs déserts

 

Certes, le tableau ressemble, par son camaïeu de pastels, à un Monet (p.62) : les mains deviennent soyeuses / et se métamorphosent en pétales / des nénuphars fleurissent dans mes cheveux) mais sans facilité ni guimauve. Oui, ce recueil a du souffle, a du ciel : tel un psaume, il se lit avec une joie gourmande, mais également beaucoup de retenue et une infinie pudeur.

 

 

                                                  Claude LUEZIOR

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16 août 2020 7 16 /08 /août /2020 06:38
Photo du site : arpenterlechemin.com

 

 

 

interstices

rugueux

des catacombes

 

ici s’étreignent

les ossuaires

d’atroces attentes

 

et s’érigent

en monolithes

les prières

de craie

 

ici-même

le refuge

avant l’arène

finale

avant l’ultime

solution

 

des couloirs

à perte de vie

et dans les niches

alcôves

et dédales

 

une danse

pour tibias disloqués

 

dans le creux

de ma rétine

deux-trois crânes

que fissurent

des espoirs

sans heure

 

violence

fracassée

que distillent

encore

les millénaires

 

violence clandestine

perdue

éperdue

enfouie dans le sol

 

le crissement

sans ombres

interroge

 

histoire

effrangée

 

par deux mille ans

 

mais terreau

de mille autres

holocaustes

 

©Claude Luezior

 

 in : Jusqu'à la cendre, Ed. Librairie-Galerie Racine, Paris, 2018

https://editions-lgr.fr/claude-luezior/  

 

 

 

 

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  • : Ce blog est dédié à la poésie actuelle, aux poètes connus ou inconnus et vivants.
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