Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 mars 2021 4 11 /03 /mars /2021 07:36
Peinture « La Mouche » (huile sur bois), de Louis Delorme©


 

 


Deux mains sortant de terre
pour clamer leur désespérance.
Et pourquoi vers le ciel,
vers quel Dieu ?
quand l’espace
ne comporte ni haut ni bas.

Le soleil en train de s’éteindre :
Il mangera bientôt la terre ;
La mouche seule a survécu
Qui regarde à travers la vitre
D’une ruine oubliée !

Sur quel cadavre d’homme
Ou d’animal
A-t-elle bien pu naître ?
Sont-ce des mains de robot
Qui sortent de cet amas
De boue
Et pour clamer quelle désespérance ?

Le peintre a-t-il signé là
Un rêve prémonitoire ?
 

©Louis Delorme  
Extrait du recueil « Alternances » aux éditions Thierry Sajat
 
 

 
 
 
 
 

Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits

Partager cet article
Repost0
2 février 2021 2 02 /02 /février /2021 07:30
Photo Alexey Kljatov

 

Reçu de Jeanne Champel Grenier que je remercie !!
 
 
 
 
Venant de Norvège
Un flocon de neige
Qui volait au vent
S'en allait rêvant.
Voyant une fille
D'allure gentille
Par le Nord giflée
Bien emmitouflée
D'un bonnet de laine
Il se dit : « Ma veine !
De la bonne aubaine
Si je profitais
Pour me camoufler
Et me réchauffer.
J'attendrai demain
Pour continuer tout ce long chemin. »
Il n'eut pas de peine
À mettre le nez
Dessous le bonnet
Mais sa longue route
Soudain s'arrêta !
Une frêle goutte
Fut le résultat.
 
Ceux qui se figurent
Pouvoir ignorer
Tout de leur nature
N'ont plus qu'à pleurer.
 
©Louis Delorme  
 
 
 
 
Notre ami Louis DELORME nous a quittés en 2020
Enseignant, Peintre et poète reconnu, souvent primé, il a écrit de nombreux recueils de poésie
illustrés par lui-même. Auteur de plusieurs romans et chroniqueur de revues poétiques ( : Le journal à Sajat, L'Albatros, Florilège...) C'est un plaisir que de lire ses textes pleins de fraîcheur, à la fois beaux, simples et didactiques. Jeanne Champel Grenier
 
 
 
 
 
 
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
Partager cet article
Repost0
26 décembre 2020 6 26 /12 /décembre /2020 07:22
Salvatore Gucciardo – Le lieu lumineux©
 
 
« De la pensée les mots
ne prennent que des bribes
comme des lambeaux de brouillard
Je vous écris d’un au-delà
où je ne suis pas encore,
où je ne vais
qu’épisodiquement
Un endroit merveilleux
celui de la paix retrouvée
J’y reviens, j’en repars
mais j’y serai bientôt
définitivement
à tout jamais
pour cette éternité
paresseuse
qu’on ne sait
mesurer... »
 
©Louis Delorme  
 
Extrait du recueil « Les poètes ne meurent pas » hommage à Louis Delorme. Editions Thierry Sajat

 
 
 
 
 

Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
Partager cet article
Repost0
24 novembre 2020 2 24 /11 /novembre /2020 07:56
 
 
 
Là-bas, la guerre immonde : on s’étripe, on s’égorge ;
Pour le petit enfant que je suis, rien qu’un mot !
Rien qu’un jeu que l’on organise entre marmots
Au miroir des marais, derrière les salorges.
 
Grand-mère dans la cour grille le café d’orge ;
On se laisse imprégner des rumeurs du hameau.
Une petite brise entre sous les ormeaux,
Presque portée par les battements de la forge.
 
Ma tignasse dorée se mire dans le bol ;
Je cherche la sorcière au chant de rossignol,
Je permets aux vapeurs d’envahir ma narine.
 
Je viens d’abandonner un message à la mer
Et regarde se diluer la saccharine
Comme une nébuleuse au fond de l’univers.
 
©Louis Delorme  
 

Extrait du recueil « La Criée – Les Vagissements » de 1974. Recueil imprimé et gravé par l’Auteur sur sa presse artisanale.
 
 
 
 
 

Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
Partager cet article
Repost0
19 octobre 2020 1 19 /10 /octobre /2020 06:29


 

 


La main de grand-père est une plage de chair
Où mon petit doigt fébrilement se promène ;
Là, c’est une crevasse, une blessure ancienne
Et là-bas des rochers qui surplombent la mer.

 

Il y a si longtemps c’était du bois vert,
Si longtemps qu’on portait de petites mitaines ;
On ignorait alors qu’il s’agissait d’un chêne,
On se moquait par mal des pincées du pivert.

 

Mais aujourd’hui l’on sent la morsure du ver ;
Dans le milan du coeur on découvre les veines :
C’est le travail des ans, c’est l’atteinte des peines
Et la lente métamorphose des hivers.

 

Sur la main de l’aïeul sont des sentiers amers
Mais aussi, quelque part, une route sereine
Qui évite les heurts et la mauvaise graine,
Toute bordée d’enfants qui poussent de travers.

 

Il y a des marins qui savent les vieux airs
Et de blonds paysans qui chantent leur rengaine ;
Quelquefois un gros sou que l’on baptise étrenne,
Une poignée de fruits pris au diable vauvert.

 

C’est là que j’ai mes champs, mes antres, mes déserts
Je tire sur les doigts qui sont pourvus de rênes
Et je n’en finis pas d’arpenter mon domaine
Car la main de l’aïeul est tout un univers.

 

©Louis Delorme  
 
Extrait du recueil « La Criée – Les Vagissements » de 1974. Recueil imprimé et gravé par l’Auteur sur sa presse artisanale.
 
 
 
 
 

Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits

Partager cet article
Repost0
19 septembre 2020 6 19 /09 /septembre /2020 06:31
Le pain chante la sortie du four
 
 
 
La sueur, pour le pain des autres,
Lui dégouline sur le front :
C’est son auréole d’apôtre
A ce mitron !
 
On dirait que ce sont des anges,
Ces visages enfarinés,
Les pains qui dorment dans leurs langes
De nouveau-nés !
 
Un petit enfant qui rêvasse
Se frotte les yeux pour mieux voir
Et comprendre ce qui se passe
Dans ce trou noir !
 
Je le revois, ce petit drôle,
Tout fraîchement tombé du lit,
Avec le chat sur ses épaules
Qui s’assoupit !
 
Juché sur un sac de farine,
Encore tout paf de sommeil,
La figure qui s’illumine
En plein soleil !
 
Il trouve la chaleur bien douce
Et les rêves si sautillants ;
Si ténue l’ombre qu’éclaboussent
Les flammes aux regards brillants.
 
La mouche dort, la fournée lève
Et l’on manque de s’assoupir :
Sur un pain une bulle crève
Comme un soupir !
 
Heureusement que les bruits veillent
Et que la vapeur dit son mot ;
Les parfums comme des abeilles
Réagissent fortissimo !
 
Un sourire, cela vous ôte
Tant de fatigue et de douleur
Et la vieille horloge qui trotte
Donne sa fièvre à notre cœur.
 
L’aiguille au devoir nous rappelle,
Ignorant les belles raisons
Qui nous emportaient sur leurs ailes
Vers d’autres horizons !
 
C’est le troupeau de pains qui bêle
Pour sortir de la bergerie ;
Le boulanger saisit la pelle
Et calme leurs effronteries.
 
Des pas se coulent dans la rue,
Le jour vient cogner au carreau
Et clame à l’ouvrier qui sue
Quatre fois plus de sang que d’eau :
 
Ne sais-tu pas que la misère
Est au seuil de ton paradis
Et qu’un peu partout sur la terre
Le pain manque dans les taudis ?
 
Ne vois-tu pas ces pauvres gosses
Que la faim tiraille et raidit ?
A cent mille lieues de la Beauce,
On vient d’assassiner Gandhi !
 
©Louis Delorme  
 
Extrait du recueil « La Criée – Les Vagissements » de 1974. Recueil imprimé et gravé par l’Auteur sur sa presse artisanale.
 
 
 
 
 
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
Partager cet article
Repost0
18 août 2020 2 18 /08 /août /2020 06:29
©Dessin de Louis Delorme

 

 

 

Le fer blanc chante sa rengaine,

Accroché sous le filet d’eau

Comme s’il avalait la peine,

Comme s’il portait le fardeau ;

 

Comme si toutes les fatigues,

Tout ce qu’il y a de mauvais

De son air mi-raisin, mi-figue,

Jusqu’à plus soif, il les buvait !

 

La chaleur répand son bien-être,

La flamme raconte, en détail,

Aux yeux effarés des fenêtres

Qu’elle a fait seule le travail.

 

Le fagot geint, mon père ahane,

Tout semble meurtri par l’effort :

La vieille planche qui ricane

Et les « paillas » qui font le mort.

 

©Louis Delorme  

1974

 

Extrait du recueil « La Criée – Les Vagissements » de 1974. Recueil imprimé

Et gravé par l’Auteur sur sa presse artisanale.

 

 

 

 

 

Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits

Partager cet article
Repost0
24 juillet 2020 5 24 /07 /juillet /2020 03:54
Luca Combiaso – Bénédiction de Dieu le Père

 

 

 

A Dieu, s’il est un Dieu, devons faire pitié ;

De là-haut s’il regarde avec une lorgnette,

Il ne voit que fourmis qui vont à l’aveuglette,

Entassant mille brins sans bâtir la cité.

 

Il ne voit que conflits, que monstres irrités,

Tours de Babel qui dans le vide se reflètent,

Chacun tirant à soi les coins de la planète,

Posant sa pierre en monument d’absurdité.

 

Homme, à quoi t’ont servi le progrès et le rêve ?

Si demain dans un cataclysme tout s’achève ?

Arrête-toi ! Fais face à ton éternité !

 

Compte sur ta sagesse autant que ton génie ;

Sache que vanité… tout n’est que vanité

Dans un monde conçu sans un peu d’harmonie.

 

©Louis Delorme  

1974

 

Extrait du recueil « La Criée – Les Vagissements » de 1974. Recueil imprimé

Et gravé par l’Auteur sur sa presse artisanale.

 

 

 

 

 

Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits

Partager cet article
Repost0
27 juin 2020 6 27 /06 /juin /2020 06:35

 

 

 

 

L'amitié, la pierre angulaire de toute une vie.

 

Un véritable ami, cela n'est pas fréquent,

Mais c'est, lorsqu'on le trouve, à la vie, à la mort ;

L'amitié, je ne vois pas de plus beau trésor :

Ça se noue, on ne sait trop où ni trop quand.

 

Un ami, c'est quelqu'un pas toujours de ton camp !

Le lien qui vous unit reste pourtant plus fort

Que toutes les opinions car c'est au même port

Que va votre idéal, pas à mettre à l'encan.

 

Claude, Michel, Robert, Serge, Jean Charles, Pierre

Sont partis bien trop tôt ; nous étions comme lierre

Attachés à ce tronc commun d'humanité.

 

Rien n'aura disparu quand je serai poussière

De ce que fut pour nous cette raison première

Qui n'a jamais besoin que d'avoir existé.

 

©Louis Delorme  

 

 

 

 

Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits

Partager cet article
Repost0
12 mai 2020 2 12 /05 /mai /2020 06:42
©Marko Koenig

 

Un texte de Louis, reçu de Jeanne, texte qui résonne au fond de nos âmes, comme s’il nous le lisait de là où il est désormais… Jean Dornac

 

 

 

 

 

C’est mon tour d’aller voir mes pères,

Je n’en suis pas très partisan

Mais c’est là notre fin dernière,

La vie toujours va se brisant.

Le futur n’est plus ma matière,

Je vous fais présent du présent :

Quel plus beau cadeau puis-je faire ?

 

Elle vous attend votre terre,

Aimez-là, soyez bienfaisants

Et surtout, jamais méprisants

Envers le moindre de vos frères ;

Je vous fais cadeau du présent,

C’est le mieux que je puisse faire.

 

C’est un voyage séduisant

Qu’avec elle vous pourrez faire

Si vous avez du caractère

Sans jamais être courtisan ;

Je vais aller me reposant,

Il est grand l’if du cimetière

Que nous avons planté naguère

Et son ombre est des plus légères…

Je vous fais présent du présent :

Quel plus beau cadeau puis-je faire ?

 

Nous sommes tous des éphémères,

Je le savais m’appauvrissant ;

Je me suis bercé de chimères,

Mon école était buissonnière,

J’ai bossé tout en m’amusant

Mais j’ai formé des âmes fières,

On ne réussit qu’en osant.

Je vous fais cadeau du présent,

C’est le mieux que je puisse faire.

 

©Louis Delorme  

Extrait de « Chansons que tout cela »  

 

 

 

 

Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Couleurs Poésies 2
  • : Ce blog est dédié à la poésie actuelle, aux poètes connus ou inconnus et vivants.
  • Contact

  • jdor
  • Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...
  • Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...

Recherche