© Pandore (Détail) de John William Waterhouse
Ô donnez-moi
deux… non trois… oui trois…
mais trois… trois
serait insuffisant
donnez-moi plutôt
une centaine que dis-je…
un million de vies
que je puisse dompter
la machine du temps
qui m’entraîne et me tue
dans sa course folle…
Donnez-moi toutes ces vies
toutes ces flammes
encore transparentes
je les animerai
du flot de mes artères…
je rougirai les corps
du feu de la passion
j’offrirai l’enfance
aux ailes de clarté
à l’ange du sang
qui métamorphosa l’argile
en souffle de lumière…
La mort traîne partout
son manteau de tempête
elle rôde et chasse
ainsi qu’une meute affamée
claquant au cou de l’heure
comme les crocs du fouet…
Elle pousse nos désirs
dans la gorge d’espérance
pour mieux vaincre nos cris
et les pendre impuissants
aux branches de l’abîme…
Mais si vous me donniez
les vies que je réclame
trois gouttes toutes neuves
d’un sang nourri d’espace
et un petit bout d’âme
qui pousse dans un rêve
cela me suffirait
à transformer la Roue
impitoyable des saisons
et ses paroles d’ombre
où les pièges de l’âge
touchés en plein vol…
disparaîtraient enfin
dans l’ornière du passé…
Je réclame trois vies
trois vies seulement
est-ce trop demandé ?...
Alors une… une seule…
oui une minuscule
à qui je donnerai mon cœur
pour essayer encore
avant de disparaître
d’inscrire sur votre front
la misère éternelle
de votre création…
© Victor Varjac
Extrait de "La Rouille des Jours"
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