http://www.executedtoday.com/tag/benjamin-moloise
Haïssable apartheid ! Abreuvé de quelle ire,
Te plaît-il de défaire et le luth et la lyre,
Rompre la corde où vibre un prophétique enjeu !
Pourquoi fosse creuser, lorsque témoigne un vœu ?
Ta puissance n'est rien, qu’une ombre fugitive
César ! Car l’aède pendant - vaine dérive -
Sur noire, sa peau noire entre en convulsion,
De ton sort annoncé, l’ultime obsession.
Ce corps abasourdi que brûlait la détresse,
Nous convainc de garder, sous couvert d'une ivresse
Légitime en son nom, encor, de conspirer,
Que pareil maléfice enfin, aille expirer.
Son vertueux déni par de-là cette offense,
Agite une rumeur, décrète une défense,
Exemplaire pour nous, porteur de liberté,
Contre ce que la mort monnaie en aparté.
Dès lors, au sacrifice il lui faut une rime,
César ! Ton parti meurt et que l'outrance grime
Autour d’une potence, où déjà condamnés
Ultimes, tes temps fous s’éparpillent vannés.
Benjamin Moloïse, en ces heures étranges,
Alangui ton été rougeoie en larges franges,
Répand dans nos jardins la pourpre de ton sang,
Que monte de la terre avec des chants, ton chant !
Ton martyre a marbré la feuille de mes lierres,
Incrusté tel, l'espoir aux marbres blonds des pierres...
Puisse frère, ta mort hâter l'avènement,
De tes justes refrains dans un monde qui ment ...!
© Claude Gauthier
* Le 18 Octobre 1985 était pendu un poète noir sud-africain victime de l’apartheid
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