16 octobre 2015
5
16
/10
/octobre
/2015
07:15
Photo J.Dornac©
Être ange, c'est étrange,
surtout quand celui-ci vous colle à la peau
du premier jusqu'au dernier jour de votre existence.
Le mien s'appelle Gilbert.
Ni tout à fait blanc, ni tout à fait noir,
il a généralement bonne mine
même s'il rougit dès qu'on l'aperçoit.
Un soir, je l'invite à poser un geste fort,
il chancelle, esquissant un signe indécis,
un peu comme un éléphant qui aurait perdu la mémoire,
un singe aussi, peut-être, excessivement maladroit,
qui ne demanderait pas mieux que de trouver son maître.
Il a l'impression d'avoir été trahi,
un peu comme un aigle aveuglé
par la taupe infiltrée au beau milieu de son aire
afin de voir clair dans son jeu.
Le lendemain, par on ne sait quel tour de passe-passe,
voilà Gilbert aux anges :
son chemin est enfin tout tracé,
le résultat si troublant que je demeure sans voix.
Gilbert m'obéit au doigt et à l’œil
(il est vrai qu'en ma qualité de peseur d'âmes
comme de pourfendeur de dragon,
je suis son supérieur hiérarchique).
Je préfère évidemment le savoir rassuré
plutôt que profondément déçu par une mine de papier mâché.
Aussi ai-je estimé qu'il était de mon devoir de protéger à tout prix
ce dernier survivant d'une espèce en voie d'extinction,
en l'empêchant notamment de se sentir un peu plus diminué
chaque fois qu'il se taille après avoir pris peur.
Michel Duprez©
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits