"Les caresses du ciel" de Michel Bénard. Editions le Poètes français
En réinterprétant les mots de l’auteur lui- même, il s’agit bien là de la longue psalmodie de "l’unique prière" de deux "corps enfiévrés" par la force du Désir partagé. Litanie de mots repris et repris, amenant lentement à une sorte d’envoûtement, tout comme en religion l’on tente de répéter des incantations pour les faire exister jusqu’à l’obtention du même envoûtement.
Oui il s’agit bien là d’une sorte de cette perte de conscience dans l’effervescence de l’union érotique et charnelle de deux corps, découvrant qu’ils sont faits l’un pour l’autre, chose assez rare au demeurant. et qui mène à l’exaltation de la transcendance, à la découverte des « origines du Monde » à la Gustave Courbet, en un mot, à l’entrée du « sacré » dans la vie des élus.
Porte ouverte dès lors à la création et pour un artiste à une sorte de transe et fulguration, celle de la puissante découverte de la Beauté et de l’Art.
Pour Michel Bénard, cette transcendance mène à une double ouverture la poésie et la peinture dans un partage avec l’Autre.
Et sous l’onirisme du feu créateur
Dans la fusion de nos sexes enfiévrés
De la plume ou du pinceau
Laissez-moi vous composer le poème
Enluminé d’éternelles nuances
Aux couleurs de l’amour.
Les mots choisis pour transcrire cet amour s' inscrivent sans faille à la couleur du pinceau. Sans honte non plus car un chat demeure un chat.
Par l’écume de nos encres
Doucement j’éveillerai les soies
De vos intimités pubiennes,
Glisserai sur l’écrin de vos dentelles
C’est qu’il s’agit dans ce livre d’un hymne à l’érotisme et non à la pornographie; ce qui explique son parfum demeurant pudique.
Je dis "parfum" car de ce livre lu et refermé se distille encore pour nous, lecteurs, toutes les essences du grand Amour partagé.
Par votre alphabet de femme
Ecrire le poème de granit et de feu,
En vous pénétrer la racine de la vie,
S’enivrer des parfums
De vos sèves perlantes
Aux saveurs de miel brun
Les textes sont magnifiés de très belles illustrations de peintres amis, célébrant des corps de femme avec la même saveur de retenue, mais aussi avec la même sensualité que les mots de ce recueil poétique.
Jeanne Champel Grenier nous propose de découvrir, ici, une grande poète, une femme de lettres que certains d’entre vous connaissent peut-être déjà. Jeannine Dion-Guérin à donné son accord à Jeanne pour que je publie cette recension et l’un ou l’autre de ses poèmes. J’en suis plus qu’honoré et je la remercie grandement ! Bienvenue, Madame !
* * *
Jeannine DION-GUÉRIN ( née en France le 8 juin 1933) est femme de lettres, poète, comédienne, conférencière, animatrice de radio française. Elle fut directrice d'école maternelle et Secrétaire générale de la Société des Poètes Français. Réalisatrice littéraire du Concours poétique international pour la commémoration du centenaire de Vincent Van Gogh en 1990 à Auvers-sur- Oise . Cet événement fut suivi d'une anthologie, ouvrage d'art numéroté : « Vincent, de la toile au poème » Grand Prix de l'Académie de Lutéce. En 2010, pour l'ensemble de ses œuvres lui fut attribué, par le Cénacle européen, le Grand Prix de poésie Léopold Sedar Senghor, en présence d' Henri Arphang Senghor, neveu du poète.
Jeannine DION-GUÉRIN publie ici son dernier recueil intitulé : « Et que la joie demeure », livre illustré de très belles œuvres de Wilfrid MÉNARD.
Bien sûr, le titre du recueil nous rappelle l'œuvre musicale « Jésus que ma joie demeure » de Jean Sébastien Bach, mais il n'est pas, ici, question de foi religieuse personnelle, ni de salut de l'âme ; il s'agit de faire de sa vie, jour après jour, une œuvre joyeuse, vivante, pleine d'humour, afin d'entraîner les autres, car, vivre c'est se mettre en harmonie avec l'autre, les autres, et si possible faire se mouvoir positivement l'univers autour de soi. Et d'ailleurs, l'auteur s'accompagne brillamment tout au long de ce recueil de l'assentiment d'autres poètes comme Marcel JOUHANDEAU : « De mon âme ce feu ! De mon corps ce buisson ardent ! »
Jeannine DION-GUÉRIN nous dit de regarder la vie autour de nous, d'en prendre le tempo : ''L'arbre/ c'est de la géométrie qui danse/ L'autan sert la chorégraphie (Arbraresque p. 38) Nulle intention de s'illustrer en sublime poète aux pesants lauriers, car ''Mon idée fixe à moi, rimailleur de papier/ c'est de confisquer le mot/ dont je ne suis que le pâle écho ( Requête p. 23) Que voilà une humilité de bon augure ! Tout s'explique : la vie est courte, il est urgent de la vivre avec ardeur : '' Si brève la lumière/ qu'il importe de la bien fêter''(Bref l'incendie p.119) .
Néanmoins, nous sommes loin du ''Mangeons et buvons car demain nous mourrons'', il s'agit d'une précoce prise de conscience de ce que la nature nous enseigne et de marcher de concert ; regardons autour de nous :''Tout ce qui fut à l'origine stable/ devint au fil du temps mouvant/ poulpes dansant/poissons volant/ anémones de mer s'épanouissant...à chaque espèce son rang.'' (Fin d'un monde p.153)
Il faut en conclure que la position de l'auteur est bien loin de l'idée obscure, solitaire et contrite que l'on se fait du poète. Si une longue vie toute dédiée aux arts et aux lettres, vous emmène, comme tout un chacun, insidieusement vers l'épilogue : ''Plus faible est le flux/ de la vague qui se replie/Plus forte l'ampleur/de la déferlante qui suit'' (Du don de vie p. 145). On reste digne et créatif si possible ; on n'en est pas moins bien loin des honneurs de pacotille (''Arbre, apprends à renoncer/à la séduction de tes ramures/ ignore les colifichets de deux sous''( Rimes de fin d'été p.177)
Ainsi, au bout de tant d'années créatives, nous charme encore Jeannine DION-GUÉRIN, toujours aussi attachée au partage des joies de la vie :(Poète accueille ses bienfaits/ même si tu t'étonnes d'être/ encore ici à les célébrer. ( Du don de vie p.145)
« Et que la joie demeure !» :Un recueil plein de vie et de jeunesse, de la couleur, un rythme alerte. Bien loin du poète tourmenté qui se préoccupe de ''triturer la guimauve des mots'' ( Bilan p.171), Jeannine DION-GUÉRIN pousse l'élégance du geste jusqu'à ''Témoigner de ces petits riens/ qui troussent la peau, précèdent/ les mots passeurs d'eau '' J de la joie avec un grand J évidemment ! Le tout, ajouté à ''cette frénésie du pinceau/ flattant la corrida des noces/païennes de la Chair et du Mot ( De la vie la corrida p.184)
En cette période de sérieuse remise en question des rapports humains en ce monde, merci pour ce riche témoignage ! ''Et que la joie demeure ''chez tous vos lecteurs !
Jeanne CHAMPEL GRENIER
( Enseignante - Poète - Peintre - Chroniqueuse de revues d'art et de poésie )
« Et que la joie demeure » - Jeannine DION-GUERIN- Éditinter poésie
Amoureux de l'écriture, poésie, romans, théâtre, articles politiques et de réflexions... Amoureux encore de la beauté de tant de femmes, malgré l'âge qui avance, la santé qui décline, leurs sourires ensoleillent mes jours...