Je ne jouerai plus à la guerre, ses cris sont à jamais bloqués dans mon estomac. Mots et maux encombrent l’horizon, je ne sais en délivrer le son.
J’ai vague souvenir de hoquets douloureux, vomis en bordure de fossé. L’herbe était si verte que j’étais honteuse de la souiller, coupable ainsi de retarder la fuite des adultes. Ils nommaient cela s’évacuer.
Je me rappelle avoir scruté le ciel, d’y deviner des drones vicieux camouflés sous le plomb des nuages. Leurs plaintes demeuraient silencieuses.
Je garde de ces faits de guerre une étrange responsabilité. De France, d’Irak ou d’Ukraine, une même peur lovée dans la chair, sensation d’interdit et impression douteuse d’en être et d’y avoir participé.
Devrai-je à jamais me sentir solidaire du chant des « sirènes » ? Celles-là faisaient gémir les chiens. Le père disait : « Les voilà qui hurlent encore à la mort ».
Je ne serai plus jamais la chienne de ces chiens.
©Jeannine DION-GUERIN
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
A pieds nus remonter
le lit du torrent qui s’essouffle
S’y perdre pour mieux rebondir
Juillet, en son filet d’eau
se prélasse sur son aire
quémande le repos
avant de se résigner désert
Ariane ma soeur
qu’êtes-vous venue y faire ?
©Jeannine DION-GUERIN
Extrait du recueil « Petite suite pour une convalescence » aux éditions « éditinter »
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
Elle se glissa entre chien et loup
plus louve que chienne d’ailleurs
et elle méconnut cette « Intruse »
jusqu’à la seconde d’éternité
où elle caressa son corps oblique
Dès lors, Camarade apprivoisée
des creux de solitude, obséquieuse
en ses tours, inattendue toujours
tantôt elles bouscule
tantôt aguiche une pensée
qu’elle modèle servile
ainsi qu’un chiot fidèle
©Jeannine DION-GUERIN
Extrait du recueil « Petite suite pour une convalescence » aux éditions « éditinter »
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
Nouveau texte de Jeannine Dion-Guérin qu’elle a écrit pour fêter une très belle nouvelle me concernant, nouvelle que je détaillerai bientôt, lors de la publication de mon prochain poème, bientôt ! Merci chère Jeannine !!
Tandis que la pivoine
pulpeuse sensuelle se pavane
au secret d’un jardin clos,
son cœur se prépare au détachement.
C’est qu’au plus haut de sa condition
elle se sait conviée à l’effacement.
De l’espérance le sort est fugitif
doit se soumettre au renoncement
Toute corolle éventée se fragilise
Sa beauté furtivement se « dé-pétalise » *
sous le souffle amoureux des vents.
(Inédit du 10/05/2023)
* Contraction inventive assumée…
©Jeannine DION-GUERIN
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
Rêves de mort
pleins la gibecière
amours en berne
fusil cassé sur le dos
comme sexe au repos
Au fond de la pupille
l’étincelle de fierté
de qui vient d’épauler
l’innocente tourterelle,
les guerriers mugissants
de l’automne* dernier
arpentent nos sillons…
Pom Pom Pom …
©Jeannine DION-GUERIN
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
S’effeuiller de souffle à souffle
tantôt retenu tantôt consenti
jusqu’à s’adopter brindille
mariée à l’humus
Se blottir en creux de chêne
cet élu que l’on sut toucher
caresser peut-être
vivant parmi les vivants
dont mission fut de pérenniser la chair
juste le temps d’un babil d’enfant
à son tour invité à la fête
maillon du mystère de l’amour
©Jeannine DION-GUERIN
Extrait du recueil « Petite suite pour une convalescence » aux éditions « éditinter »
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
Il est des renaissances étoilées
plus timides que semis étranglé
sous le tapis des mousses
Appelées à des danses nouvelles
craindraient-elles d’y mêler leur flux ?
Une source bien disposée
épouse de ses clapotis
la promesse d’une croissance
étouffée peut-être mais entêtée
à atteindre son but
©Jeannine DION-GUERIN
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits
Soigneusement dissimulée, pendue à sa patère, nombreux sommes- nous à posséder une robe usée jusqu’à la corde dite avec prétention « robe d’intérieur », à laquelle nous recourons aux incertains réveils de nos faussaires saisons.
La petite nouvelle est là pourtant, neuve, propre à nous rassurer, toute prête à endosser d’anciennes suppliques de chair comptant désormais « pour du beurre » … Mais comment lui faire adopter les notes tristes ou joyeuses des berceuses d’enfance, de celles qu’on se plaisait à chantonner sur la pulpe des doigts ou sautant à cloche pied ?
Bien que réfugiée dès lors dans nos tendresses plus chastes, notre robe de chambre démodée se plaît à évoquer à sa place la volupté des caresses velours, la ténacité des taches indélébiles, aussi coriaces à effacer que la faute originelle ayant enlisé le début des mondes.
Nous avons tous au fond d’un placard miteux, quelque pelure honteuse qui reprend à son compte la morosité de nos suppliques d’hier.
©Jeannine DION-GUERIN
Voir en fin de page d'accueil du blog, la protection des droits