2 octobre 2019
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06:35
« Dans le parc de veltrusy » - Antonín Slavíček, impressionniste tchèque (1870-1910)
Déjà les feuilles envolées
Achevées les symphonies
De cuivres et de pourpres majeurs…
Seul un soleil blanc
Aveugle les nuages
Et glisse sur les branches nues
Un frisson de métal.
Sous mes doigts une écorce blessée
Porte la cicatrice
De nos deux initiales…
Mais aujourd’hui je sais
Que mon temps est passé,
Et que tu ne viendras jamais,
Tout palpitant de sèves et de sang
Me donner l’illusion de la vie.
Bien longtemps après nous, mon cœur,
Quand nous aurons laissé en terre,
Notre trop tendre chair,
Les hampes des acacias
Déclineront encore
Leurs blanches floraisons
Et les châtaigniers
Déploieront vers le ciel
Leurs sombres apothéoses.
©Denise Bernhardt
Extrait du recueil de Denise Bernhardt, « La mangrove du désir », aux éditions Le chasseur abstrait.
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Denise Bernhardt
12 septembre 2019
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06:23
Illustration de Louis Morin
Comme des voiliers cinglant
Vers les océans d’amertume
S’échappent les poèmes…
Pourtant à la terrasse d’un hôtel,
Nous restons caressés par le vent
Dans le vertige de l’espace
Pour un non-sens délicieux.
Car rien ne peut donner vie
A nos silhouettes en contre-amour.
Vers le grand large, nos visages…
Et nos mains posées sur nos genoux
Comme dans un tableau
De Paul Delvaux.
Nulle parole à fleur de lèvres,
Et des arbres étrangers
Se lèvent dans nos yeux,
Tandis que les embruns effacent
Nos gestes ébauchés.
Ainsi parfois demeurent
Devant la mer,
Où l’éternité respire
Sa démesure,
Des âmes oubliées
En attente d’aurore.
©Denise Bernhardt
Extrait du recueil de Denise Bernhardt, « La mangrove du désir », aux éditions Le chasseur abstrait.
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23 août 2019
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06:22
Comme un lac qui vient poser
Ses baisers bleutés
Aux lèvres closes du rivage,
Mon amour s’amenuise et se perd,
Divaguant entre les monts obscurs,
Tel une barque frissonnante
Sur l’onde traversière.
Je n’irai plus m’enivrer
De miel et de nectar
En cueillant sur ta bouche
Les provendes mystiques,
Ni chercher dans la nudité
De tes silences,
Les aubes violines,
Mais je contemplerai
De mes doigts, ton visage,
Pour qu’inonde mon âme,
La blonde apesanteur
Du céleste Poème.
©Denise Bernhardt
Extrait du recueil de Denise Bernhardt, « La mangrove du désir », aux éditions Le chasseur abstrait.
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30 juillet 2019
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Un jour survient l’automne,
Le temps des morts,
Et des feuilles tombées,
Des pages qui se fanent
Des regards qui se voilent
Et des tâches d’ombre sur les mains.
Un jour s’en vient le temps
Des amours que l’on n’aura jamais.
Celui dont on rêvait
Tout au long de la nuit,
Et auquel on parlait
Avec les yeux.
Cet autre qui venait
Comme un dernier cadeau,
Pour s’en aller après
Sans peine, ni regrets.
Un jour il faut partir
Par les sentes mouillées
En trébuchant déjà
Sur les bogues rousses
Des châtaigniers,
Que le soleil enflamme
A travers la feuillée,
D’une lance de pourpre.
©Denise Bernhardt
Extrait du recueil de Denise Bernhardt, « La mangrove du désir », aux éditions Le chasseur abstrait.
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6 juillet 2019
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07:09
Nos âmes devenaient
Des étoiles siamoises.
Donne-moi ta main,
Laisse-toi couler silencieux
Dans l’ombre de mon être ;
Ta bouche effleure mon visage
Et mes paupières se ferment
Sous ton souffle ;
La paix suprême m’envahit
Dans l’étreinte des âmes.
Notre destin doucement s’inscrit
Sur les ailes du temps,
Et ton bras où je glisse mes doigts
Ne s’étonne pas.
Car nous sommes au-delà
Du jeu de la conquête,
Pénétrant dans la suavité
Des milles plénitudes.
©Denise Bernhardt
Extrait du recueil de Denise Bernhardt, « La mangrove du désir », aux éditions Le chasseur abstrait.
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13 juin 2019
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06:52
Aussi longtemps que les poètes crucifiés
Verront à leurs pieds
Les Saintes Femmes en pleurs,
Et que leurs Golgotha
Se couvriront de ténèbres,
Je chercherai dans la nuit
Ta main, pour souffrir moins,
Et je m'endormirai
Dans l'abandon d'une enfance nouvelle,
Avec contre mes lèvres,
Ton souffle qui vient mourir et renaître
Tel une petite vague d'amour.
©Denise Bernhardt
Extrait du recueil de Denise Bernhardt, « La mangrove du désir », aux éditions Le chasseur abstrait.
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20 mai 2019
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06:33
Dans le bruissement de la nuit,
S’enrouleront à l’arbre de la vie
Les jeux félins de mes doigts,
Pour que se gonflent de sang
Les tendres nervures de l’écorce
Parcourue des flammes du désir,
Alors nous réinventerons l’art
De suspendre l’ardeur
Des sèves jaillissantes,
Dans la profusion du plaisir.
Pour te laisser enfin
Recourir mon corps
Du miel lacté de la plénitude,
Quand emportée par nos enlacements,
Je serai entre tes mains
Comme une terre nue,
Que tu inonderas
De la mousson désespérée de l’amour.
©Denise Bernhardt
Extrait du recueil de Denise Bernhardt, « Le chant des Nébuleuses », aux éditions JEBCA, collection l’Immortel .
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29 avril 2019
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06:33
Quand on voit chaque jour
Se consumer l’innocence
Et s’évanouir la vie
A l’instant du bonheur.
Quand on voit s’avancer
Sous des jonchées de fleurs
Les petits cercueils blancs
De San Giugliano,
Tandis que crépitent
Les applaudissements sourds
Des vivants
Quand on voit l’enfant
Assassiné dans les bras de son père,
On implore le Ciel
Pour un peu de pitié
Un peu de compassion,
Nos cris retombent en pleurs
Des confins silencieux
De l’espace.
©Denise Bernhardt
Extrait du recueil de Denise Bernhardt, « Le chant des Nébuleuses », aux éditions JEBCA, collection l’Immortel .
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27 février 2019
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Dans le tourment de la révolte
Un homme dit à un autre :
« Je suis là, ne crains pas,
Unissons nos mains,
Pour que revienne le matin »
Et le second au troisième
Répète doucement :
« Ne crains pas, je suis là… »
Ainsi en est-il
Tout au long de la chaîne vivante.
Alors entre les hommes en lutte
Se crée une ligne de force,
Qui vibre dans les veines rouges
Et soulève leurs âmes.
Puissance égale à celle
De cette lame
Que rien ni personne
Ne pouvait briser.
©Denise Bernhardt
Extrait du recueil de Denise Bernhardt, « Le chant des Nébuleuses », aux éditions JEBCA, collection l’Immortel .
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7 février 2019
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07:26
Le retour de la mer – Félix Vallonton (Musées d’art et d’histoire de la ville de Genève)
Quand tu gardes ma main
Dans ta main prisonnière,
C’est mon cœur que tu serres
Dans un étau de chair.
Car, vois-tu, je n’ose
Ouvrir mes doigts
Pour laisser s’envoler vers toi,
Mes amours adolescentes.
Ta passion violente,
M’effraie plus qu’autre chose,
Et je ne sais si tu m’aimes
Pour moi-même,
Ou pour faire de moi, ta chose.
Donnons-nous un peu de temps,
Soyons paisibles
Comme l’eau plane,
Pour que nos ondes s’harmonisent
Et que s’unissent un jour, nos mains,
Dans l’étreinte confiante des âmes.
©Denise Bernhardt
Extrait du recueil de Denise Bernhardt, « Le chant des Nébuleuses », aux éditions JEBCA, collection l’Immortel.
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