© L'implorante - Camille Claudel
Je suis seule
Les ivresses des jours heureux
s'estompent
dans une nuée floue
je ne vois plus que brumes...
Les années passent
les secondes se contractent
se décontractent selon ce que je vis
Me rappelle...
Souvenirs heureux
Malheureux
Bonheurs exquis
Sombres aussi
Je suis la veuve
d'un amant en sursis
Je suis l'amante
qui ne sera jamais plus
Je suis la femme-désir
d'un inconnu
Je suis celle qui est perdue
seule...
Chimères éphémères
sublimées au paroxysme
de l'imaginaire
la réalité crue, se pointant
au petit matin des esseulés
m'apparaît bien cruelle
et pourtant
je sais...
Je sais
que tout va recommencer
dès que je verrais l'Oiseau
ou la fleur offerte
c'est la Vie qui est en moi
je ne peux refuser
c'est Elle la coupable
de ces désirs d'exulter
de ce cinéma en plein air
que je regarde défiler
seule...
Je sais
je vais me retrouver dans mes nuages
imaginaire pas trop sage
je sais
qu'à nouveau, je vais espérer
que mon ventre redeviendra de braise
que je me ferai belle
pour l'imaginer
en peindre la réalité
je sais...
Je sais
que jamais personne ne viendra
jamais n'existera plus
d'amour partagé
eh oui ! Je sais...
Je sais que l'Amitié
prendra place à ma table
que sur l'Autel des Jours
ils seront tous là, pour moi...
Amis...
précieuse amitié
pour une femme seule
oui, seule...
Je ne suis que la veuve
d'un amant en sursis
je l'invente
pour en sculpter son image
à ma démesure
inaccessible
impossible
irréel
au goût de ciel bleu
à la saveur de miel bleu
dans ma sphère bleue
seule
je resterai
seule
à jamais
...Je sais...
Ode ©
15 mai 2000
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