Comme toutes les vieilles villes, surchargées et abandonnées, la Casbah d’Alger se dégrade au fil du temps. Dès la conquête d’Alger, le génie militaire français a entrepris de grandes percées transversales qui l’ont défigurée. Elles se sont poursuivies en rasant d’autres îlots vers les années 1930-1940. Après l’indépendance, la médina se vide progressivement de ses habitants pour laisser place à de nouvelles populations qui n’ont pas su l’entretenir. La Casbah se délabre, quartier par quartier et, inéluctablement, elle disparaîtra. Un vieillard, mourrant, peut-il retrouver sa jeunesse ? Dans un siècle, quelques poèmes la remémoreront. ( Abderrahmane Zakad – Urbaniste)
Après mille ans de murmure
La casbah aux larmes lasses
Subit le mépris les aventures
L’abandon le temps qui passe
Dans ses rues d’obscures rumeurs
Serpentent le jour ainsi que la nuit
Au détour des chats qui pleurent
Sur ses murs des chauves-souris
Et déjà des cils d’herbes humides
Sous les seuils et sur les frontons
Les éboulements en chutes timides
Enlacent l’agonie le tuf et le limon
On n’entrevoie ni seins ni hanches
Les filles ont quitté le printemps
Les poèmes tombent des branches
Les mots n’ont plus le sens d’antan
La Casbah est en somnolence
Elle gît geint et subit longtemps
L’absence l’oubli et l’insolence
Qui la confinent à l’abandon
© Abderrahmane Zakad
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