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Je glisse… Je glisse
tel un murmure de sève…
Je glisse en silence
et jamais le présent
ne se pose sur la pierre…
Tous les cris
à peine éveillés
retournent dans la mer…
L’ombre aspire
nos voix trop frêles
qui s’éloignent
de nos gorges perdues…
Je glisse… je glisse
sans fermer les paupières…
Le regard ne suffit pas
à retenir le paysage…
Comment jaillir
plus loin que notre marche
quand notre course aveugle
appartient à l’autre rive…
Ah ! si seulement
j’avais appris l’éternité
je ne glisserai plus
comme une larme
sur le visage anonyme
d’un univers imperturbable…
De quelle triste lumière
suis-je donc habité
pour n’être même pas
une chose qui passe
et s’offre indifférente
à l’ultime plénitude
de l’espace absolu ?...
Je glisse… je glisse
et ne vaut même pas
une simple prière
ni même le feu
d’une étoile infinie
qui tourne… tourne…
sa gloire d’étincelles
dans les bras de l’oubli…
Je glisse… je glisse
et ne sens même plus
la main ferme des jours
dans la forge du cœur !...
© Victor Varjac
Antibes, le 6 juin 2001
Extrait du recueil « Le Dragon de Poussière » aux éditions
MELIS
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