© Pieter Brueghel L'Ancien - La Tour de Babel
Argent virtuel
et anonyme
en ce jour nouveau
qui vas-tu immoler ?...
Qui vas-tu enrichir ?...
Les flèches de ton ascension
sur les lignes boursières
sont autant de potences
que tu ériges
pour pendre la liberté
des peuples innocents !
Tu brises d'un geste
sans remords et sans gloire
l'indépendance
de l'artiste
et la joie toute simple
de ses pas à venir…
Tu écrases la féerie
et la danse des dieux
pour ériger un temple
illusoire et cruel
où le Veau d'Or
trône sur la souffrance
des hommes sans futur
sans visage et sans voix…
Argent mortel et sombre
cercueil sans frontières
tu tires ta puissance
de la naïveté humaine
et tu bafoues l'esprit
brandissant des bas-fonds
tes graphiques absurdes
aux chiffres sanguinolents…
La fièvre ensorcelle
les faussaires du monde
mais là-bas… là-bas
tout là-bas
l'aube nouvelle
accouche d'un enfant
un enfant de la Terre
curieux et beau
comme le rêve
du premier matin
un enfant
avec le ciel dans les yeux…
L'orgueil… et l'égoïsme
cherchent à l’effaroucher
puis à vaincre son innocence…
Les sortilèges du Pouvoir
apparaissent alors
vêtus des promesses
de rires et de fêtes…
Mais l'enfant
demeure dans la lumière
cette image inquiète
qui trouble l'Avoir…
Alors la nature
se redresse
sur le mausolée
des poitrines ouvertes
brise le mirage
aux paroles perfides
pour que l'enfant
l'enfant aux yeux de ciel
puisse montrer
le visage du bonheur
et de la joie retrouvés…
© Victor Varjac
Extrait de la « La Rouille des Jours »
Antibes, le 17 juillet 2005
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