Les géographies imaginaires : poèmes de Barbara AUZOU, huiles de Francine HAMELIN, éd. unicité, coll. Le metteur en signe, 87 p., 2025, ISBN : 978-2-38638-185-0
Dans leur Avant-propos, les deux artistes signent une remarquable complicité, j’allais écrire « unicité ». Et deux bohémiennes va-nu-pieds qui savent que la poésie n’est pas un alibi de conscience mais essence de la vie (…) (Hamelin)
je reviens frapper à ta porte
au bord déjà de redevenir source
parce que l’ordre du monde m’apparaît
avec tout son poids de cheval pétrifié (…) (Auzou)
Respiration réciproque. Quête, échange de cartes secrètes : le ton est donné.
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Les titres et la Table des matières en fin de volume évoquent certes la géographie (mer, fleuve, dune, étoiles…) mais le cœur du texte est néanmoins, au fil des pages, essentiellement intérieur : celui de l’âme et de l’imaginaire.
Les huiles de Francine Hamelin sont décrites par elle-même comme des crypto-graphes : terme rare, caché, mystérieux. Utopies où se greffent et se bousculent en subtile intelligence les mots de Barbara Auzou avec frissons, moiteur et vertiges. Le verbe dissèque la pensée, la révèle.
Une rigueur certaine sculpte toutefois sa place dans l’espace-temps, tel un métronome ailé ; l’aurore se lève sur le rêve, les persiennes célèbrent l’aventure d’un rayon de lumière. La tendresse, jamais absente, donne de l’épaisseur au propos.
la feuille prend la forme de tout ce qui la réveille
c’est le tranchant doux de la connaissance
l’humilité de la poussière dans la ronde des ténèbres
qui remercient la chose regardée
saluent pareil la douceur de l’air
et la belle blessure de durer
Malgré cette cosmologie où s’évapore une éternité, on est dans les racines d’un royaume magique, dans les méandres et le delta d’un fleuve tout à la fois poétique et plastique, dans le rythme cardiaque de confidences non seulement chuchotées mais lentement bues et délicatement assimilées.
La phrase s’alanguit, sursaute, s’envole ; le trait quitte le pinceau avec force et pudeur. Heureux périple au gré de transparences.
Faire soi ce recueil, cette prose poétique scandée à la verticale d’une transcendance, ces huiles en majesté et surtout ces synergies à l’ombre du miroir.
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